Pour répondre à la révolte contre les injustices sociales, la gauche doit inventer un changement de société crédible.
Toujours sur France 2 et après la tribune libre accordée aux âmes noires, nous avons eu droit à une séquence surréaliste consacrée au Parti socialiste, façon ultra Vème République. Nos éditocrates réunis semblaient plus disposés à évoquer la question des primaires que celle du programme. Reconnaissons que, certains protagonistes du PS se prêtent volontiers à ce type de réflexes. Si, pour une majorité de militants socialistes, les primaires sont attendues avec bienveillance, beaucoup expriment leurs craintes qu’une vulgaire « guerre des chefs » ne vienne anéantir la construction des idées. La bataille des ego aurait débuté et avec elle, comme un vieux film rembobiné, la machine à désillusionner le peuple de gauche…Entre nous, ces débats de posture sont-ils à la hauteur des enjeux actuels ? Il n’y a pas de quoi sourire. La France va mal. Et si les classes populaires se demandent légitimement : « Comment en finir avec le sarkozysme ?, c’est d’abord parce qu’elles expriment leurs souffrances sociales après des années de sacrifices… Refuser la personnalisation à outrance est donc une question de dignité citoyenne. Toute la gauche doit y réfléchir-non comme un défi, comme une exigence.
Le sarkozysme est en crise et le socle sur lequel le prince président avait construit son succès s’est profondément effrité. Quand on est de gauche, il y a tout lieu de s’en féliciter. Mais s’en contenter ne suffira pas, ce serait même mortifère. Après la séquence sociale que les Français viennent d’imposer au pouvoir, nous savons que nos concitoyens sont durablement ancrés dans une contestation du système, qu’ils critiquent désormais sans modération les « logiques du capitalisme financier » ou les solutions du FMI…Comment douter que c’est évidemment sur cet idéal d’égalité et de justice que doit se construire une dynamique de gauche ? Pour répondre à la révolte (massive) contre les injustices, la gauche doit préparer et inventer plus qu’une « alternance » douce et paisible, mais bel et bien un changement de société qui refonderait la République elle-même. Un enjeu de civilisation, rien de moins. En ce domaine, la responsabilité du Front de gauche est immense. Pour bousculer l’hégémonie du PS et réinstaller une espérance crédible, qui a tant fait défaut depuis une génération.
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