LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 31 juillet 2018

« Violences d’État », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Les motifs de censurer le gouvernement ne seront certainement pas épuisés cet après-midi par les deux motions déposées par des députés de droite et de gauche. Fruit de circonstances exceptionnelle, cette double censure venant de camps que tout sépare d’ordinaire est le recours qu’il reste à l’opposition pour rétablir la dignité d’un Parlement bafoué comme jamais par l’exécutif et ses relais à l’Assemblée nationale, entravée par son travail d’enquête sur les brutalités d’un agent de l’Élysée. Cette insurrection contre la violence faite à une institution au cœur de  la démocratie réunit dans un même sursaut la droite républicaine non caporalisée par la République en marche et la gauche par-delà les divisions de ses composantes.

Mais cette violence institutionnelle ne vient pas de nulle part. Elle est le produit d’un ordre politique qui théorise en tout la légitimité de la domination du fort sur le faible, du « gagnant » sur le « perdant », du riche sur le pauvre, de l’entrepreneur sur le salarié, du modèle économique de la « start-up » sur le fonctionnaire ou le cheminot « à statut », en un mot : du libéral sur le social. De cette doctrine, rien de bon et de juste ne peut sortir. Benalla et ses passe-droits sont le produit du même système qui muselle le Parlement, démolit le Code du travail, réprime les manifestants, méprise les syndicats et coupe les budgets des structures qui viennent en aide aux plus pauvres. À l’instar des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, qui tirent la sonnette d’alarme sur les 57 millions d’euros qui leur manquent – moins de 2% du cadeau annuel fait aux plus riches avec la fin de l’impôt sur la fortune.

Violences institutionnelle, sociale, policière ou para-policière vont de pair : cela, seule la censure de la gauche en portera la signification profonde, au-delà même de l’exposé des motifs circonstanciels qui accapareront les débats des députés. Dans cette dimension élargie, oui, l’affaire Benalla interpelle non seulement tous les démocrates, mais singulièrement les progressistes.

lundi 30 juillet 2018

« Chasse gardée », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Comme on pouvait s’en douter, force reste à la majorité. Ce qui est le produit légitime des urnes ne l’est plus quand cette force est détournée pour empêcher la recherche de la vérité. Pour les députés de la République en marche, la liberté d’enquête des parlementaires s’arrête là où commence la chasse gardée de l’Élysée. C’est-à-dire très tôt dans la chaîne de responsabilités qui remonte des agissements du garde du corps d’Emmanuel Macron, le 1er Mai, au premier cercle autour du chef de l’État, voire à ce dernier lui-même.

La présidente de la commission d’enquête, Yaël Braun-Pivet, a mis son veto : « il n’y aura pas d’autres auditions ou études de documents. » Comment expliquer que la députée déclare, contre l’avis de près de la moitié de la commission, le dossier bouclé et les responsables identifiés, quelque part à un niveau subalterne entre Alexandre Benalla et le chef adjoint d’un rayon de la préfecture de police, pendant que ses collègues au Sénat prolongent de six mois leurs investigations, avec le concours de tous les groupes politiques ? Et tandis, que quasiment quotidiennement, de nouveaux éléments, comme la présence de Benalla sur une autre scène de violence au Jardin des Plantes, montrent que l’on est loin d’avoir fait toute la lumière sur le rôle exact de l’obscur conseiller de la présidence.

Pendant ce temps, ce dernier, qui n’a jamais été auditionné par le Parlement, va de plateaux télé en journaux pour expliquer sa « vérité », à défaut de la vérité. Une défense de luxe pour celui qui jure ne pas faire partie des cercles « formatés’ du pouvoir…lesquels l’auront pourtant protégé comme un des leurs de l’action de la justice. C’est cet abus de pouvoir de l’exécutif qu’entend sanctionner la double motion de censure discutée demain – une de l’opposition de droite et une de la gauche PS-PCF-FI. Mais elle vise aussi à restaurer la dignité du Parlement bafoué par les relais trop zélés de l’Élysée à l’Assemblée. Un plaidoyer pour la séparation des pouvoirs, en quelque sorte.

dimanche 29 juillet 2018

ENCORE UN SUJET QUI MERITERAIT UN DEBAT POPULAIRE QUI N’AURA PAS LIEU (François André)



NOUS PUBLIONS CE TEXTE QUE NOUS A FAIT PARVENIR FRANCOIS ANDRE
        Alors que les travaux du gadget de Madame le Maire (la tour maraîchère) vont bientôt démarrer, le sujet nous est dévoilé au compte-gouttes. Nous devrions être accoutumés à la méthode qui est toujours la même, cependant à chaque fois la pilule a du mal à passer.
        Sur ce coup-là nous n’avons même pas droit au simulacre de concertation classique. Finalement ce n’est pas plus mal, ces multiples comédies sont lassantes ! 
 Ce qui nous a été annoncé préalablement ( mag’ Février 2016)
         - Au quartier de l’horloge une association expérimente la production de micro-pousses qui servira à une étude de faisabilité pour la tour maraîchère. Maintenant, il n’est plus question de micro-pousses qui, comme produits de qualité  devaient être consommées dans les restos chics. Actuellement, au quartier de l’horloge, sont également produits des produits maraîchers courants. Qu’en est –il de cette expérimentation ?
        - Le coût du jouet de Madame le Maire est estimé à plus de 4 millions d’euros. La ville espérait obtenir auprès de l’ANRU, une participation à hauteur de  900.000 euros, elle a été refusée. Où sont les mécènes ? Quel montage  financier a été retenu ?
        - Toujours à la même époque, C V écrivait : ‘’Cette tour maraîchère permettra l’accès à une alimentation de qualité pour tous les citadins’’. Le recensement de la population devait dater car par ailleurs, il était précisé que la production pourrait satisfaire les besoins alimentaires de 200 personnes. A ce jour Il est question d’un bol pour 200 familles !
        - De même, il était annoncé une production de près de 16 tonnes, à ce jour ce serait plutôt 12 tonnes (12 kg/m2 x 1000 m2) Etonnant non ?

A ce jour que savons- nous sur ce sujet ? (n° 85), Juin 2018)
        - Seront créés douze emplois. Bravo, la courbe du chômage va s’en ressentir !
        - Il sera produit 12 kg/ m2 de fruits et légumes. L’équivalent d’un’’ bol’’ alimentaire pour deux-cents familles (je suppose que c’est par semaine).
        - Des champignons pousseront sur du marc de café.
        - Il nous est assuré que les productions respecteront les principes de l’agriculture bio (c’est heureux !).
        - La suite est plus confuse, car en plus de remplir le’’ bol ‘’de quelques Romainvillois, il serait prévu de la vente directe en paniers. Des professionnels proposeraient des mets en restauration

(Supposons qu’il s’agira de mets végétariens). Il est également question d’épiceries solidaires. Notez qu’il est précisé que ces possibilités sont encore à l’étude. Depuis que le sujet est sur la table, ne trouvez-vous pas étranges tous ces balbutiements ?
        Toutes ces incohérences posent question. Certes sur le plan pédagogique, ce projet peut être positif. Cependant sans estimation chiffrée du coût de son exploitation et de son amortissement, il reste du domaine de la déraison .Il ne faut pas perdre de vue non plus le scepticisme affirmé par nombre de spécialistes en la matière, ainsi que la crainte d’un  bilan carbone négatif, généré (malgré le circuit de distribution court) par un éclairage artificiel permanent très énergivore.
        Ce projet peut paraitre attrayant, à la condition qu’il ne soit pas un gouffre financier répondant au seul but d’augmenter (pour ceux qui ne la connaissent pas) l’aura de notre Maire.
        Ne serait-il pas plus raisonnable  de commander ses légumes en panier aux associations telles que celle dont il est fait état dans le mag’ de Mai. Je cite :’’ association de près de quarante maraîchers bio qui travaille dans une démarche solidaire, en partenariat avec des fermes familiales…. Le ’’Panier légumes et fruits’’ à raison d’un par semaine est proposé à 63,20 euros par mois.

François ANDRE                                                                                                                    Juin 2018
 

vendredi 27 juillet 2018

« D’une arrogance à l’autre », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !



Finalement, l’un ne va pas sans l’autre. Les explications livrées hier par Alexandre Benalla au journal le Monde en disent autant sur la morgue de l’ex-collaborateur licencié que sur l’irresponsabilité d’Emmanuel Macron, qui continue, vaille que vaille, de lui témoigner haut et fort sa « confiance ». Au fond, on retrouve dans les mots d’Alexandre Benalla le même ton bravache et provocateur que celui employé par le chef de l’État lors de son discours mardi soir, devant les députés LaREM.

Le premier, tout à ses explications vaseuses sur son rôle dans la manifestation du 1er Mai, ne comprend même pas qu’on puisse lui reprocher sa brutalité. « Si je n’étais pas collaborateur de l’Élysée, je referais la même chose », ose-t-il. Le second, dans une harangue à ses troupes, n’hésite pas à railler les contre-pouvoirs républicains, du Parlement à la presse. Avant de lancer à l’attention d’un Benalla poursuivi pour violences aggravées : « Je suis fier de l’avoir embauché à l’Élysée ! » D’une arrogance à l’autre, nous voici face à deux personnages unis par un même sentiment de toute-puissance. Et une prétention bien mal placée.

À l’évidence, ces discours en miroir sur le mode « je n’ai de comptes à rendre à personne » devraient alerter sur la dérive monarchique qu’Emmanuel Macron n’hésite pas à imprimer à son quinquennat. Mais également sur le degré de violence jugée « légitime » que l’exécutif est prêt à laisser s’exprimer pour imposer ses vues. Le Défenseur des droits l’a évoqué avec brio, mercredi, devant la commission d’enquête parlementaire du Sénat. Au-delà du dérapage musclé de Benalla, Jacques Toubon pointe surtout le contexte de brutalité policière dans lequel il a eu lieu. Et la nécessaire réflexion à mener sur une doctrine du maintien de l’ordre plus respectueuse des libertés publiques, à commencer par celle de manifester.

Une suggestion sait-on jamais, qu’Emmanuel Macron serait bien inspiré de prendre au vol, plutôt que de s’enferrer et de défendre coûte que coûte ses affidés autant que ses intérêts.

jeudi 26 juillet 2018

« Inquiétante rupture », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Il faut vraiment que les parlementaires et les journalistes aient effleuré le point sensible pour que le président de la République se décide à sortir du silence étourdissant derrière lequel il pensait se protéger depuis l’éclatement de l’affaire Benalla. touché, Emmanuel Macron n’a pas supporté que soit porté atteinte à sa chasse gardée et questionnée sa responsabilité au travers des écarts de son garde du corps. Sa contre-offensive, très violente envers les pouvoirs qu’il ne maîtrise pas, est à la mesure  de la fragilité nouvelle de sa position, à l’issue d’une semaine où le Parlement et la presse ont fait montre d’une indépendance exemplaire qui fait honneur à la démocratie.

Provocante à l’extrême envers les institutions qui lui résistent, et que le chef de l’État n’hésite pas à accuser de vouloir le « salir » – voire de projeter de « basculer la République » parce qu’elles ne l’épargnent pas, lui ni ses obligés –, sa réaction est surtout inquiétante par la rupture qu’elle dessine avec  la fonction présidentielle telle qu’on la connaissait. C’est la réaction d’un homme aux abois, mais que sa puissance intacte et quasiment sans limites rend d’autant plus alarmante.

Une lutte est donc clairement engagée, dont l’enjeu dépasse l’indispensable vérité à établir sur des violences commises le 1er Mai par un agent de l’Élysée. Elle porte sur la liberté des pouvoirs non inféodés au président de la République d’exercer leurs attributions reconnues par la Constitution, et aujourd’hui menacées par la charge d’Emmanuel Macron.

Celui-ci clame sa « responsabilité », lui, l’intouchable de par sa fonction, et met au défi : « Qu’ils viennent (me » chercher ! », sur le ton de la confrontation destructrice avec ses opposants. Le respect dû aux institutions appelle un autre comportement, par lequel le président de la République se porte au-devant des attentes du Parlement pour s’expliquer en toute transparence. Pour que l’immunité ne rime pas avec impunité.

mercredi 25 juillet 2018

Ni plastiques ni déchets dans les océans !


25/07/2018 - PCF

Le retour de l'été ramène les plages et l'état des océans dans l'actualité. Le système actuel conduit à des modes de vie qui agressent gravement la biodiversité des océans. Ces phénomènes sont accentués par la mondialisation du commerce maritime et son augmentation du fait des grands groupes sous contraintes financières. Ainsi les barrières de corail sont fragilisées par le réchauffement climatique mais au cœur des océans, ce sont des tonnes de déchets. 7 millions de tonnes de détritus sont jetés chaque année dans les mers. 5.000 milliards de morceaux de plastiques flottent dans les eaux du globe.
Le flottage provoque la confusion entre un sac et une méduse : tortues, oiseaux, poissons croient s'en nourrir. Fragmentés par les vagues, les plastiques sont ingérés par les poissons puis retrouvent la chaîne alimentaire des humains avec des conséquences sur leur santé que l'on commence à appréhender.
Il n'est plus tolérable de continuer ainsi.
Les mesurettes prises, ici ou là, ne sont pas à la dimension du problème : incitations individuelles à la "vertu" et poubelles sur les ports ne suffisent pas. La "libre concurrence" est nocive pour la planète. Les autorités maritimes internationales et les États doivent réagir et vite.
Le PCF agit en ce sens et propose notamment des mesures concertées et vérifiables :

- Interdiction de la décharge de déchets en remblais sur le trait de côte
- Accélérer la dépollution des fleuves côtiers et des égouts des grandes villes côtières (avec aide aux pays pauvres)
- Contrôler les produits embarqués et les déchets ramenés à terre
- Bannir les plastiques pour les emballages embarqués
- Surveiller les rejets de déchets en mer comme cela se pratique pour les déballastages et dégazages sauvages
- Contrôler et réglementer la grande pêche hauturière et le chalutage. Modifier la nature des filets de pêche pour les rendre dégradables et éviter qu'ils ne se transforment en pièges redoutables ..…

Parti communiste français

Empêcher l'étouffement de l'affaire Benalla-Macron


25/07/2018 - PCF

Notre pays traverse une très grave crise institutionnelle et démocratique.

L’affaire Benalla est devenue officiellement une « affaire Macron » puisque le Président de la République revendique en être « le seul responsable », tout en affirmant n’avoir à en rendre compte devant aucune institution de la République, et surtout pas au Parlement. La démocratie est bafouée comme jamais. Le danger est d’autant plus grand qu’au même moment, Emmanuel Macron fait tout pour imposer une révision de la Constitution aggravant tous ses traits anti-démocratiques, même s’il vient d’en être provisoirement empêché par la suspension des travaux parlementaires sur cette révision.
Ce scandale d’État est révélateur de ce qui doit cesser au plus vite dans notre République: l’omnipotence et l’impunité dont jouit le Président de la République, hors de tout contrôle démocratique. Les conséquences de cette affaire seront durables, mais elles ne sont pas jouées. L’avenir ne sera pas le même selon que l’emportera dans l’opinion la colère, le dégoût, le discrédit de la démocratie ou au contraire la mobilisation populaire pour exiger la transparence et la justice jusqu’au bout dans cette affaire, l’abandon de la révision constitutionnelle programmée par Macron et au-delà une refondation démocratique de nos institutions jusqu’à l’avènement d’une nouvelle République fondée sur une nouvelle Constitution.
Une bataille majeure est désormais engagée. Les parlementaires communistes et notre parti l'avaient lancée avant même l’affaire Benalla en prêtant leur nouveau serment du jeu de Paume le 9 juillet, quand Emmanuel Macron est venu devant le congrès à Versailles.
Quels premiers enseignements tirer de cette affaire?
Premièrement, l’extrême gravité des faits. Le chef de la sécurité privée de l’Élysée, Alexandre Benalla, qui assurait déjà la garde rapprochée du Président pendant sa campagne, a été installé à un poste clé, cela en dehors et même à l’encontre des services de protection officielle de la police nationale. Cet homme a été protégé et ne cessait d’intervenir en dépassant ses fonctions. Aussi grave soit-il, le 1er mai n’a pas été un cas isolé. Pourquoi n’y-a-t-il pas eu plus tôt des réactions? Comment cela a-t-il été rendu possible? Parce que l’impunité présidentielle s’insinue comme un poison dans notre vie politique et institutionnelle, et que le sésame présidentiel s’impose au respect des règles publiques et démocratiques. Mais plus grave encore, on sait désormais, qu’une réforme de la sécurité de l’Élysée, actuellement assurée par un service de la police nationale et par un commandement militaire, envisageait d’introduire la sécurité privée dans le nouveau dispositif au plus haut niveau de l’État. Benalla n’était donc pas un accident mais la préfiguration d’un projet de privatisation rampante de la sécurité de l’Élysée qui marquait, comme en ont témoigné les syndicats de policiers, une défiance à l’égard des fonctionnaires, de leur statut et de leur mission de service public, de leur code de déontologie. Macron veut, à tous les étages de la République, des services à sa main, et il veut tout simplement appliquer à l’Élysée ses principes de destruction de l’appareil d’État public, avec les recettes d’austérité et de privatisation qu’il entend infliger à toute la société.
Deuxième enseignement, la gravité de la réaction de l’Élysée. Celle-ci a bafoué tous les dispositifs de protection de la démocratie et des règles publiques qui auraient dû être appliquées. L’Élysée a cherché à étouffer l’affaire et à la mettre sous le tapis, en pleine connaissance de ce qui s’était passé. Sans l’article du journal Le Monde, tout aurait continué comme avant. Sans la réaction du Parlement, qui a refusé de poursuivre l’examen du projet constitutionnel, celui-ci aurait été adopté à l’Assemblée nationale cette semaine par une majorité de godillots En Marche. Aujourd’hui, la stratégie d’étouffement a explosé. Deux commissions d’enquête parlementaire, une instruction judiciaire, et une enquête de l’IGPN sont en cours. Alors que fait le Président de la République? Il déclenche l’arme lourde : celle de la toute puissance présidentielle dans nos institutions. « Je suis le seul responsable et comme je n’ai de compte à rendre à personne, fermez le ban, et on reprendra la révision constitutionnelle quand je le déciderai ». Et il lâche cette formule incroyable, digne d’un forcené assiégé, reclus dans son château: « qu’ils viennent me chercher! » En clair, le Président dit qu’il s’assoit sur les procédures en cours, sur le Parlement, et qu’il décidera seul des suites à donner à cette affaire. Et c’est là que nous touchons au fond du problème démocratique posé à notre pays par la dérive de tout le système vers la monarchie présidentielle absolue, négation même d’une République digne de son ce nom.
En déclarant, comme viennent de le faire successivement Édouard Philippe et Emmanuel Macron, que le Président de la République n’a de compte à rendre qu’au peuple directement, autrement dit qu’il ne relève d’aucun contrôle démocratique entre deux élections présidentielles, ils sacralisent le fait que le quinquennat devient ainsi une période de pleins pouvoirs pour le Président de la République. Ils ont beau dire que le gouvernement, lui, rend compte devant le Parlement, c’est une duperie puisque tous les arbitrages relèvent désormais du Président de la République. Et c’est le sens profond de la révision constitutionnelle engagée: pousser à terme cette logique pour aboutir à une Présidence encore augmentée et une démocratie encore diminuée. Et pour cela, réduire d’un tiers le nombre de parlementaires ce qui les coupera davantage du peuple et permettra au passage de liquider le pluralisme politique des assemblées; réduire leur pouvoir d’amendement, leur maîtrise de l’ordre du jour parlementaire au profit du gouvernement; réduire le nombre, le rôle et la libre administration des collectivités locales; réduire de moitié le nombre de membres du Conseil économique, social et environnemental... On sait au service de quel projet Emmanuel Macron veut ce régime de pleins pouvoirs: la liquidation de l’État social pour le seul service des riches, du capital financier et du marché. Cette société dangereuse, inégale et anti-démocratique, dans laquelle l’injustice et l’autoritarisme marchent de pair, nous ne devons pas l’accepter.
Tirer toutes les leçons de l’affaire Macron-Benalla, c’est donc empêcher l’étouffement de cette affaire et soutenir jusqu’au bout la manifestation de la vérité et la mise en œuvre des sanctions et des mesures qu’elle rendra nécessaires. C’est notamment refuser la privatisation en marche des missions de sécurité. C’est au6delà amplifier la bataille pour l’abandon du projet constitutionnel macronien et empêcher la reprise des débats à la rentrée sur ces bases. C’est engager dans le pays un débat national d’ampleur pour la désintoxication présidentialiste du régime et la démocratisation profonde de la République. Les communistes et leurs parlementaires prendront toutes les initiatives nécessaires en ce sens.

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF,
Paris, le 25 juillet 2018.

« Démocratie », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !



Cacophonie, mensonges, rétraction, amnésies…Dans l’imbroglio de l’affaire Benalla, le mentir-vrai et le renvoi de patates chaudes sont devenus un sport de combat. Mais la séparation des pouvoirs a ceci de bon qu’il est dans les fonctions du législatif de contrôler l’action de l’exécutif. La mise en place de commissions d’enquête parlementaires en est un moyen et cet outil, a plus d’une fois montré son efficacité pour établir la vérité. La majorité LaREM  a tout fait pour empêcher sa mise en place. Mais toute majorité qu’elle est, elle a perdu, et c’est tant mieux.

Édouard Philippe, hier, devant l’Assemblée nationale a eu beau jouer une fois de plus la fable de la « dérive individuelle » d’Alexandre Benalla, la vérité se fraye peu à peu un chemin. La confrontation des auditions resserre l’étau autour de l’Élysée et des nombreux passe-droits accordés à ce conseiller, de son rôle parallèle au sein des forces de police à son appartement de fonction de 300 mètres carrés. Dans cette affaire, la duperie d’un Emmanuel Macron « chantre du renouveau » éclate en plein jour. Le scandale alimente la face noire de la politique et abîme un peu plus la démocratie.

Car il ne faut pas se réjouir de la crise, stigmate d’un régime à bout de souffle qui tient les citoyens pour quantité négligeable et poursuit son inexorable dérive vers un pouvoir sans partage du chef de l’État. Aphone face aux démonstrations de solidarité métissée après la victoire des bleus au Mondial de football, Marine Le Pen sort de sa boîte comme le diable dès que se présente l’occasion d’alimenter le « tous pourris ». la politique a besoin de retrouver sa noblesse d’idées, de projeter un avenir qui puisse dans le souffle de l’intérêt général, d’asseoir sa légitimité sur l’exercice d’une démocratie participative. Ce dont témoigne l’affaire Benalla, c’est que cet objectif n’est plus réalisable avec la Ve République. Et qu’il faut en changer.

mardi 24 juillet 2018

L'Apartheid institutionnalisé en Israël


24/07/2018 - PCF
Israël vient de s'engager dans une voie dangereuse et antidémocratique. En effet, son gouvernement, en votant ce jeudi 19 juillet par 62 voix contre 55 et 3 abstentions la loi fondamentale faisant d'Israël l'Etat-nation du peuple juif, enterre tout espoir de paix.
Le rapporteur de cette loi, le député du Likoud Avi Dichter n'a laissé planer aucun doute en déclarant: « Nous avons fait cette loi fondamentale pour empêcher la moindre velléité ou tentative pour transformer l'Etat d'Israël en une nation de tous ses citoyens. »
Au bout de sept ans, la lutte menée sous la pression des extrémistes nationalistes et religieux a abouti. Israël s'affirme dorénavant comme un état d'apartheid, où ne seront plus reconnus les mêmes droits aux citoyens juifs et aux citoyens palestiniens d'Israël.
Parmi les conséquences de cette nouvelle situation, seuls les Juifs ont droit à l'autodétermination; la langue arabe n'est plus la deuxième langue officielle d'Israël, Jérusalem est totalement annexée , et « le développement des communautés juives », considérées comme « valeur nationale »..
En 1948, dans la déclaration d'indépendance qui proclamait « la fondation de l'Etat juif dans le pays d'Israël » il était écrit: " il [l’État] assurera une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction, de croyance, de race ou de sexe".
Soixante dix ans après, ces principes sont trahis et l'apartheid est officiellement légalisé. 
La France comme signataire de la convention internationale contre le crime d'apartheid doit agir ! Le Parti Communiste Français en appelle instamment à Emmanuel Macron, président de la République, de ne plus se contenter d'une prudente réserve. Il en va de l'avenir de deux peuples; un avenir préservant le droit et la justice, seuls garants de la paix
Le PCF continue d'exiger  la reconnaissance de l’État de Palestine avec Jérusalem-Est comme capitale et la suspension de l'accord d'Association Union européenne/Israël.

lundi 23 juillet 2018

"LA FACE CACHÉE DU POUVOIR ABSOLU ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité du mardi 24 juillet


On avait coutume d’appeler le locataire de la Place Beauvau l’homme le mieux informé de France. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy avait décidé d’entamer sa conquête de l’Élysée depuis cette place forte, qui lui conférait un avantage sur ses concurrents. Avec Gérard Collomb à sa tête, désormais, le ministère de l’Intérieur est l’endroit le moins connecté du pays, l’une des dernières « zones blanches » de la République. Son occupant y vit à l’abri des bruits du monde, en particulier ceux qui touchent de près ou de loin aux responsabilités publiques dont il a la charge.
Benalla, qu’il a croisé au PC de la police, le 1er Mai ? « Je ne le connaissais pas. » Sa fonction, ce soir-là ? « Je n’en savais strictement rien. » Son vrai métier ? « J’ignorais sa qualité. » Les autres faits reprochés au garde du corps du chef de l’État ? « Jamais entendu parler. » Par conséquent, ne sachant rien, le ministre a préféré en faire le moins possible. Remonter les faits dont il a eu connaissance dès le 2 mai au procureur ? « Ce n’est pas au ministre de le faire. » Évoquer l’affaire avec le président ? Non plus, car Emmanuel Macron se serait montré davantage « préoccupé de la réforme constitutionnelle »… Circulez, il n’y a rien à voir, a semblé dire Gérard Collomb aux députés qui l’ont auditionné hier sous serment. L’histoire dira peut-être s’il a respecté ce dernier, tant ses dénégations semblent irréelles.
En attendant, une ligne de défense se dégage : l’exécutif va nier en bloc sa responsabilité et dévier les regards vers des lampistes. Une attitude méprisable, qui éclaire la face cachée du pouvoir absolu qu’Emmanuel Macron espérait s’octroyer, avant que ne s’enlise pour le bien public sa révision constitutionnelle. En ayant raison sur ce point de l’entêtement de l’exécutif, les oppositions à l’Assemblée nationale ont montré combien l’équilibre des pouvoirs est un bien précieux à conquérir et à promouvoir. Puisse cette crise renforcer le rôle indispensable du Parlement, en levant désormais les obstacles à l’audition du principal intéressé : Emmanuel Macron.

« Le roi est nu », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !



Le masque tombe. Et cette fois-ci, le roi est nu. L’affaire Benalla révèle l’État Macron « tel qu’il est », un appareil qui se pense au-dessus de tout, du Parlement, des syndicats, de la police et des lois. Le butin de délinquant en col blanc d’Alexandre Benalla est si élevé qu’il n’est déjà plus possible d’expliquer la casse par la storytelling individuelle d’un garde du corps abusant de sa position dominante. Tous les agissements de l’homme de confiance d’Emmanuel Macron mettent au contraire en évidence l’arrogance d’un pouvoir qui cadenasse la démocratie, s’infiltre dans les rouages de l’administration, distribue les consignes, protège les siens et travaille à mettre la Constitution en conformité avec une conception toute monarchique des institutions. En se percutant, les deux événements font sens.

Comment imaginer en effet, à partir de révélations qui laissent K.-O. debout la « République exemplaire » du chef de l’État, que la réforme constitutionnelle se poursuive ? Hier, les protestations des députés ont eu raison de l’acharnement des petits soldats de la Macronie à vouloir coûte que coûte continuer l’examen du texte. Les débats ont été suspendus « jusqu’à nouvel ordre ». On peine aujourd’hui à croire qu’il est encore possible d’inscrire dans la loi fondamentale des principes qui renforcent le pouvoir présidentiel, abaissent ceux des parlementaires et tiennent à distance les citoyens. En plein mois de juillet. Et sans référendum.

« C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites », écrivait Montesquieu, père de la démocratie représentative dans « l’Esprit des lois ». Pour le chef de l’État subitement devenu mutique, la « limite » a pris la force la force de l’ouragan avant même que la tempête se lève. En quelques heures, l’affaire Benalla est devenue une crise politique majeure. Qui va devoir livrer sa vérité.

samedi 21 juillet 2018

Le débat constitutionnel au Parlement doit être suspendu (Pierre Laurent)



Jusqu'à quand le scandale va-t-il durer sous les yeux effarés du pays tout entier? En quelques jours seulement, l'affaire Benalla est devenue une affaire Macron. Devant le scandale d'État que constituait la présence et les agissements de ce barbouze au plus niveau de l'État, les tergiversations et les mensonges de l'Elysée soulèvent chaque jour de nouvelles interrogations sur les raisons de sa protection, y compris au détriment des services de police.

Sans les révélations du Monde, personne ne saurait rien et tout continuerait comme avant. Sans la pression des parlementaires, il n'y aurait pas de commission d'enquête comme l'avaient demandé les députés communistes tout de suite après le 1er mai.

Aujourd'hui encore, malgré les demandes réitérées au Parlement, notamment par nos deux groupes à l'Assemblée nationale et au Sénat, le gouvernement refuse de s'expliquer.

L'affaire est grave. Toute la vérite doit être faite. La chaîne de responsabilités doit être établie et les sanctions prises en conséquence ainsi que les garanties données qu'il sera mis fin à ces agissements, ceux de Benalla ou tout autre équivalent.

Le débat constitutionnel au Parlement doit être suspendu au moins jusqu'à la fin des travaux des deux commissions d'enquête à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Car cette affaire montre le danger qu'il y a à accroître encore les pouvoirs personnels du Président. Le Président a trop de pouvoirs, la preuve en est une nouvelle fois faite. C est d'une autre Constitution dont le pays a décidément besoin. La leçon doit être retenue. 


Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

jeudi 19 juillet 2018

" De l'affaire Benalla à Adama ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité du vendredi 20 juillet



Qu’ils sont loin les selfies avec les héros de la Coupe du monde… Depuis jeudi, le scandale Benalla jette une lumière crue et tristement réaliste sur les coulisses de l’État jupitérien. Les exactions de ce proche conseiller de l’Élysée, et l’indulgence dont il a bénéficié, confirment de manière spectaculaire bien des choses jusqu’ici supputées. La violence institutionnelle dont n’hésitent pas à user les hautes sphères de la Macronie. Mais aussi le degré d’hypocrisie dont elle est prête à faire preuve pour la dissimuler.
Songeons qu’au lendemain d’un 1er mai brutalisé, le président accablait les manifestants : « Je n’ai aucune indulgence pour les grandes violences ou les tenants du désordre. » Au même moment, un de ses collaborateurs déguisé en policier jouait des poings sur un homme à terre dans une quasi-impunité. La garde rapprochée d’Emmanuel Macron croit sauver la mise en expliquant avoir sanctionné promptement les « gestes inadaptés » du chargé de mission. Elle a surtout réagi avec une mansuétude coupable – quinze jours de suspension – et une volonté de dissimulation répréhensible. Car, loin de simples « gestes inadaptés », Benalla est potentiellement l’auteur de « violences par personne chargée d’une mission de service public », ainsi que d’« usurpation de fonction ». Des délits passibles de trois et un an de prison. Les premiers de cordée de l’Élysée le savent. Mais ils ont préféré taper discrètement sur les doigts de leur boutefeu, laissant le procureur de la République dans l’ignorance. Sans une révélation opportune, Benalla continuerait à arpenter le Palais. Et ses supérieurs à tranquilliser leur conscience dans un détestable esprit clanique.
Évidemment, cet épisode déplorable, qui entache la crédibilité des propos présidentiels, va laisser des traces profondes. Et nourrir le sentiment que l’appareil d’État entretient une justice à deux vitesses, protégeant ses affidés, matraquant les autres. À l’heure où la famille d’Adama Traoré s’indigne de la lenteur de l’enquête, deux ans jour pour jour après la mort du jeune homme dans un commissariat, l’Élysée ne fait rien pour les rassurer.

mercredi 18 juillet 2018

" Irresponsabilité ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité du Jeudi 19 juillet



Faut-il en rire ou s’en désespérer ? La servilité face à leur maître des députés de la Macronie, qui vantent, après l’avoir combattue, la possibilité offerte demain au président-monarque d’avoir le dernier mot au Congrès face aux représentants de la nation, montre le degré d’abaissement du Parlement auquel conduit le régime actuel des institutions. Nul besoin d’en rajouter en permettant de piétiner jusqu’au bout la séparation des pouvoirs. Après avoir contraint les élus à écouter au garde-à-vous le discours du trône, l’omnipotence du chef de l’État serait ainsi consacrée, en même temps que son irresponsabilité, puisque le Congrès n’aurait nul moyen de le censurer. C’est ce qui se profile si la bien nommée majorité présidentielle entraîne par son vote le Parlement tout entier à se saborder lui-même en cédant aux désirs de l’Élysée.
Dans quelle démocratie au monde le président de la République ­réunit-il le pouvoir législatif pour lui annoncer qu’il amende de son propre chef un projet de loi constitutionnelle en vue d’élargir ses pouvoirs ? À part, peut-être, dans la Turquie d’Erdogan, cela n’existe pas. Et Emmanuel Macron fait mine de s’étonner du reproche qu’on lui ferait de « respecter la Constitution » en convoquant le Parlement une fois l’an à Versailles. Qu’il n’enfreigne pas la loi fondamentale, c’est bien le moins ! Le problème est, bien entendu, ailleurs : il réside dans la fuite en avant présidentialiste entamée avec la Constitution de 1958, et poursuivie par la réforme du quinquennat présidentiel en 2000, puis par la révision sarkozyste votée de justesse par le Congrès, il y a dix ans.
Au moins le texte fondateur de la Ve République avait-il été approuvé par référendum. Ce n’est pas la voie choisie par Emmanuel Macron qui, comme Sarkozy en 2008, préfère mener des tractations de couloir au Parlement. Comme quoi, on peut aspirer à devenir monarque absolu et s’accommoder du « régime des partis » qu’on fustige quand il s’agit de contourner le peuple.

« Dialogue social et faux semblants », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Sur la forme, le président de la République a concédé un point aux syndicats en les recevant ensemble, hier, avec les organisations patronales. Du jamais-vu dans ce quinquennat, après l’autoritarisme d’une première année durant laquelle les « corps intermédiaires » ont été souverainement méprisés, réduits au rôle de faire-valoir des « réformes «  du Château. Étiqueté « président des riches », Emmanuel Macron a besoin de se montrer davantage à l’écoute des attentes de la société, laquelle ne se résume pas aux « premiers de cordée ». Quitte à rétablir avec les syndicats, qu’il s’était efforcé de délégitimer, dans leur rang d’acteurs incontournables de la vie sociale.

Ces derniers affaiblis, tant par le rouleau compresseur macronien que par leurs divisions encouragées et entretenues par l’art de la manœuvre hollandiste durant le quinquennat précédent, auraient tort de bouder leur plaisir devant le revirement présidentiel. Sur le fond, pourtant, les motifs d’inquiétude demeurent plus forts que jamais.

Derrière un faux-semblant de dialogue social, le chef de l’État entend imposer son agenda et ses objectifs pour « jeter les bases d’un nouveau contrat social », comme il l’a annoncé au Congrès du Parlement, à Versailles, le 9 juillet. La négociation imposée des règles de l’assurance-chômage s’inscrit dans cet acte 2 des « réformes présidentielles ». Il s’agit, selon Emmanuel Macron, de « tirer toutes les conséquences » de la suppression des cotisations chômage des salariés, remplacées par le CSG, qu’on nous avait vendue sous le prétexte du pouvoir d’achat. Or, cela change tout, puisque, ouvrir des droits par la cotisation, les chômeurs ont « accès à un droit qu’offre la société mais sur lequel on ne s’est pas garanti à titre individuel, puisque tous les contribuables l’ont payé », dixit Macron. En d’autres termes, les privés d’emploi deviennent redevables à la société des prestations sociales qu’ils touchent : bienvenue dans le système macronien « de droits et de devoirs ». Une porte ouverte à tous les abus.

mardi 17 juillet 2018

« Bonheur », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !



« Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d’autre », disait Paul Éluard. C’est peut-être cela qui s’exprime au fond depuis la victoire de l’équipe de France au Mondial, un besoin inassouvi, devenu si rare, de pouvoir profiter à fond d’un trop-plein d’allégresse. Dimanche soir, à nouveau hier avec le retour des Bleus en France, la nuit s’est étirée et le jour la prolonge pour se compter nombreux, forts et joyeux dans la rue, se parler même sans se connaître, se côtoyer sans barrières sociales, ni frontières culturelles. Il s’agit d’une parenthèse, certes. Mais avouons qu’elle dit quelque chose de profond sur l’aspiration à pouvoir être tous ensemble heureux.

« Tous ensemble. » Il y a déjà du monde qui cherche cette partie de la parenthèse. Œuvre de récupération politique ou bataille d’interprétation, quelles que soient les motivations, la gomme est sortie pour renvoyer dans l’invisibilité la France qui vit ensemble. Le retour des idoles doit le plus vite possible être assimilé au mérite des gosses, parfois partis de rien, ont su devenir des « premiers de cordée ». Ceux-là auraient su vaincre les « inégalités du destin », ce culte de la réussite individuelle vantée par Emmanuel Macron lors de son discours devant le Congrès.

Le chef de l’État sait qu’il est attendu au tournant sur l’accusation de récupération politique. Alors, il joue finement. Mais dans le vestiaire, dimanche soir, tout à son espoir que cette coupe en or assimile son mandat à une France qui gagne plutôt qu’au président des riches, il a lâché : « Cet exemple, vous allez ME le porter ». Le lapsus est tellement révélateur ! Les 19 millions de téléspectateurs qui ont suivi France-Croatie, les millions d’heureux descendus dans les rues pour fêter une équipe à l’exemplaire solidarité ont en un mot renvoyés à leurs conditions de « losers », vous savez, ceux qui n’ont droit au bonheur que par procuration.

lundi 16 juillet 2018

Anti-terrorisme/Édouard Philippe : réaction du PCF


Édouard Philippe a présenté ce matin le nouveau plan anti-terrorisme. A la veille d'un week-end marqué par des rassemblements populaires importants (14 juillet, finale de la coupe du monde...) et où le souvenir traumatisant de l'attentat de Nice continue d'hanter les esprits, le gouvernement n'annonce rien de fondamentalement neuf.

La perspective d'un Parquet anti-terroriste reste critiquée dans la magistrature. La crainte d'un affaiblissement des moyens judiciaires dévolus à la lutte contre le terrorisme par la césure de l'anti-terrorisme, avec les autres services judiciaires notamment du Parquet de Paris, reste forte et les annonces du Premier Ministre sont peu précises de ce point de vue.
Toutes les mesures concernant les capacités de recherche et de prévention, semblent s'inscrire dans la droite ligne de la loi anti-terroriste du début d'année : le retour de l’État d'Urgence dans le droit commun sans traiter ni répondre aux critiques, interrogations et craintes qui s'expriment sur le caractère liberticide de ces mesures.

L'annonce de l'implication des maires et la possibilité de communiquer des informations avec les secteurs privés ou publics de défense et de transport autour du fichier FSPRT est très inquiétant. Il s'agit de leur donner des informations qu'ils ne sauraient traiter, ni en terme de sécurité ni en terme sociaux, sur des individus fichés et ce, sur la base d'un fichier dont les conditions d'inscription et de signalement ne sont pas complètement cadrées et claires.

Enfin, la mission centrale et les moyens renforcés annoncés pour le renseignement intérieur posent les questions de l'encadrement et du contrôle des pratiques.
Au final, sans rien annoncer donc de fondamentalement nouveau, il s'agit une nouvelle fois de renforcer des mesures qui interrogent. La lutte nécessaire contre le terrorisme ne doit pour autant pas servir de prétexte pour faire reculer la liberté en général et le respect des libertés civiques et publiques en particulier.

« Au-delà des étoiles », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité de ce jour !



Dans « Un singe en hiver », Jean Gabin avait l’habitude de laisser vaguer son imagination embrumée par l’alcool sur les rives du Yangsi Jiang. À l’image de cette délicieuse obsession, toute une génération de Français, soyons en sûrs, laisseront souvent planer leurs songes le long de la Moskova, à deux pas du stade Loujniki, où les bleus, d’une superbe victoire face aux Croates, ont décroché dimanche 15 juillet la deuxième coupe du monde de leur histoire. Pogba, Mbappé, Griezmann… désormais, ces noms sont inscrits au panthéon du sport, et fêtés, aux quatre coins d’une France chavirée de bonheur.

Beaucoup diront que cette magnifique victoire, passé les effusions de joies, n’offrira rien d’autre qu’un sentiment de fierté bon enfant et des envies de fraternité éphémères. Ce n’est pas faux. Mais, face à l’engouement de tout un peuple, on se prend aussi à espérer. Certes, les illusions de 1998 et son « black, blanc, beur » sans lendemain ont montré que la parenthèse ludique d’un Mondial ne réduit pas, à elles seules, les fractures d’une société minée par les inégalités. Mais cela ne veut pas dire, non plus, qu’on doit se condamner au cynisme impuissant. La fabuleux destin de cette équipe, où brillent l’esprit collectif et une multitude de gamins nés dans les banlieues populaires, restera comme un savoureux pied de nez à l’air du temps. À l’heure où les discours xénophobes fleurissent, ce sont les enfants d’immigrés qui portent haut les couleurs du pays. À l’heure où certains font l’éloge des premiers de cordée, c’est bien la solidarité du groupe qui a gagné. À l’heure où le gouvernement enterre un ambitieux « plan banlieues » et néglige le sport amateur, c’est bien de ces territoires méprisés qu’ont surgi les héros en short d’aujourd’hui.

Reçus à l’Élysée cet après-midi par Emmanuel Macron, les joueurs ne porteront pas qu’une coupe du monde à la main et une seconde étoile sur le maillot bleu. Mais symboliseront aussi, et ce n’est pas la moindre de leur victoire, cette exigence posée au pouvoir politique de faire vivre l’apogée de 2018 au-delà des terrains de football.

vendredi 13 juillet 2018

« Servile Europe », l’éditorial de Pierre Barbancey dans l’Humanité de ce jour !


Donald Trump peut se frotter les mains. Il lui aura suffi, à la veille d l’ouverture du sommet de l’Otan, de rugir via ses innombrables tweets, de faire la leçon à l’Allemagne et de les ridiculiser pour que les pays de l’Union européenne se plient à ses desiderata. Tels des élèves pris en faute, ils ont courbé l’échine devant le maître. Oui, ils vont augmenter leur contribution financière à cet organisme, vestige de la guerre froide. Et tant pis si cela se fait au détriment des peuples, du développement et de la paix dans le monde. « Ils ont accepté de payer et de payer plus rapidement », a tonné le président des États-Unis comme un capo de la mafia. Et le voilà triomphant ; « Je crois en l’Otan. » Plus grave encore est l’attitude d’Emmanuel Macron. Celui-ci, jamais en reste lorsqu’il s’agit de contenter l’allié américain, s’est cru obligé de le paraphraser : « L’Otan sort plus fort. »

Qu’on ne s’y trompe pas. Les politiques nationales et internationales sont étroitement liées. Si Emmanuel Macron s’attaque à tous les acquis sociaux et veut imposer toujours plus de sacrifices aux Français, il sait être dispendieux lorsqu’il s’agit d’armement. D’ici à 2025, demain donc, la France consacrera 2% de son PIB à ses dépenses militaires pour faire régner l’ordre dans le monde et conduire des guerres. C’est ce que viennent d’accepter les pays européens avec un président français en pole position. Surtout, ils donnent le feu vert à Washington pour une nouvelle reconfiguration mondiale, à commencer par le Moyen-Orient, région qui, avec l’Afrique subit de plein fouet la politique de l’affrontement.

Donald Trump veut une nouvelle guerre froide dans laquelle la Russie ne serait pas un adversaire idéologique mais, comme il se dit à propos de Vladimir Poutine, qu’il doit rencontrer lundi à Helsinki, un « concurrent ».,les peuples du monde, au contraire,  ont besoin de paix et de désarmement nucléaire,  d’une politique basée sur des rapports de réciprocité et de confiance.

jeudi 12 juillet 2018

« Monochrome », le billet de Maurice Ulrich !



La vie alors « était plus belle, et le soleil plus brûlant qu’aujourd’hui, écrivait Prévert. C’est comme dans les feuilles mortes, ce qu’écrit Laurent Joffrin, le directeur de Libération, dans un article consacré à un livre de Michel Winock, le Socialisme en France et en Europe. 

Les jardiniers d’Alice au pays des merveilles repeignaient les roses. Laurent Joffrin ripoline l’histoire dans un superbe monochrome. Ainsi, des utopistes du XVIIIe siècle aux sociaux-démocrates d’aujourd’hui, les socialistes d’Europe ont tous connu, « l’héroïsme des premières luttes ouvrières, les triomphes et les désastres de 1848 ou de la Commune (…) les réalisations glorieuses du socialisme suédois ou autrichien, le Front populaire, les triomphes réformistes de l’après-guerre »…

Au total, l’histoire du socialisme est « une bible du passé qui est un guide pour l’avenir ». Mais voilà. Le socialisme est en butte aujourd’hui à « une foule revancharde et intéressée, au sein de la droite arrogante ou de l’extrême gauche sectaire’, qui annonce au son des buccins sa disparition. C’est moche. Ce monde mérite-t-il Laurent Joffrin ?

« Le rêve collectif d’un partage », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



« Donner, recevoir, partager : ces vertus fondamentales du sportif sont de toutes les modes, de toutes les époques. Elles sont le sport », disait Aimé Jacquet. Chacun les éprouve quand elles s’extirpent de la boue des contrats mirifiques, des haines hooliganes et des calculs politiciens. La foule criait sa joie, mardi, sur les Champs-Élysées comme dans les quartiers populaires, ressentait comme sienne l’aventure collective d’une équipe de France qui se veut exemplaire, faite de grandes gueules et de plus discrètes, de joueurs de devoirs et de virtuoses, mais qui serrent les coudes sous l’orage des Diables.

Les défenseurs qui marquent rappellent qu’il n’y a pas des premiers de cordée et des sherpas mais un bloc qui réagit et s’adapte. « On gagne et on perd en équipé », martèle Zinédine Zidane. On sent les bleus capables de l’emporter en finale ou d’assumer un éventuel échec.

La part de rêve est immense mais est-on, au fond, autre chose que ses rêves ? Ceux de la beauté des gestes, du tous ensemble qui rassemble, de l’inconnu qui sourit ? Les songes souvent s’évaporent. Après le black-blanc-beur de 1998, resurgirent les spectres du Front national et de la xénophobie. Ils n’ont pas disparu même si la pleine lumière d’un pays rassemblé ne leur convient pas, leur discrétion de ces derniers jours en atteste. Mais le grand partage de 1998 a laissé une telle trace que les adolescents d’aujourd’hui espèrent l’éprouver à leur tour. Ils ont déjà empoigné le témoin. L’élan populaire, même s’il est dévoyé ou manipulé un jour, laissera une trace dans nos imaginaires et même dans nos modes de vie. Voyez comme les jeunes femmes s’emparent désormais d’une passion qui les délaisserait ! Le Mondial féminin, l’an prochain en France, aura après cela une toute autre allure.

Une finale perdue ne gommerait pas tout cela. Mais une finale gagnée renouvellerait l’alchimie du plaisir, du bonheur co – llec –tif, de se reconnaître dans cet aveu d’Éric Cantona : « Je joue pour me battre contre l’idée de perdre. »


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