LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 31 décembre 2018

À l'aube de cette nouvelle année, les communistes de Romainville et leurs élues vous présentent leurs meilleurs voeux !



Les communistes de Romainville, leurs élues, et leur site « Rassembleurs et Solidaires » vous présentent leurs meilleurs vœux pour 2019. Santé, joie et bonheur partagé. Cette nouvelle année qui montre le bout de son nez, revêt, à bien des égards, une dimension exceptionnelle. Nous souhaitons avec vous qu’elle soit celle de luttes victorieuses pour notre peuple, qu’elle apaise les douleurs, les drames et ses peines. L’intérêt général que portent les mouvements en cours peut l’emporter.

La colère qui, ces dernières semaines, a parcouru le pays de quartiers en villages, d’entreprises en lycées, ne s’est pas éteinte à l’aube de cette nouvelle année. Le mouvement des gilets jaunes qui revêt déjà un caractère historique, en est l’expression. Il survient après les mouvements sociaux contre la casse de notre droit au travail, celui de la défense de la SNCF, ou encore les Nuits Debout. Nous vivons un moment qui peut être source d’encouragement et d’espoir pour toutes celles et ceux qui souffrent dans leur chair et dans leur sang d’une politique répondant aux seuls intérêts du grand capital. Elle est d’une violence inouïe.

Oui, une augmentation du Smic, des salaires, des retraites et des prestations sociales représente des sommes importantes. Mais, l’argent coule à flots pour les dividendes, dans les paradis fiscaux et les emballages parfumés des cadeaux sociaux et fiscaux offerts aux grandes entreprises. Et que dire de ces 2600 milliards d’euros de monnaie créée par la Banque centrale européenne pour les banques privées qui servent si peu à l’investissement, au travail, à l’école ou à la culture.

On peut inverser cette logique mortifère et satisfaire d’abord le monde du travail et non la finance. C’est le cœur des luttes actuelles. Elles appellent une mobilisation de toutes les forces vives du pays. De la jonction des usines et des ronds-points des gilets jaunes, des écoles et des lieux de création, des villages et des quartiers, des services publics aux hôpitaux, peut naître un nouvel élan progressiste, social, démocratique et écologique. Les communistes de Romainville et leurs élues forment le vœu qu’elles permettent des prises de conscience pour que se constitue l’indispensable unité populaire. 

Pour tenter de reprendre la main, Macron a annoncé un grand débat national pendant deux mois. Son objectif est de faire participer à des réunions dans chaque région, une centaine de personnes tirées au sort. Foutaise ! Les communistes de notre ville vous invitent, dans notre diversité, à nous en mêler, à faire parvenir au couple Macron/Philippe, dans des « cahiers de la colère et de l’espoir » nos doléances. Pour en finir avec une politique au service exclusif « des plus riches », l’urgence est de passer aux actes. Nous exigeons d’être entendus dans la dignité et le respect !

Nos maîtres mots pour 2019, constance, fraternité, respect humain, combativité, sens du collectif !


dimanche 30 décembre 2018

« VŒUX. LES GILETS JAUNES SOUHAITENT UNE ANNÉE DE HAUTE LUTTE » (PIERRE DUQUESNE)


S’ils étaient moins nombreux à défiler entre Noël et le Nouvel An, beaucoup de gilets font part de leur conviction que leur mouvement va continuer en 2019.
En 2019, Emmanuel Macron va-t-il prendre une bonne révolution ? C’est en tout cas le vœu de nombreux gilets jaunes qui n’ont pas l’intention de retirer leur veste, ni de quitter les ronds-points, avec la nouvelle année. Sur Facebook, hier, ils étaient près de 8 400 à annoncer leur intention de participer à un réveillon gilets jaunes sur les Champs-Élysées. « Parce que nos vies sont des fêtes, et ne seront plus défaite », peut-on lire sur le carton d’invitation numérique de cet « acte VIII ». « Nous avons appris à nous retrouver, à nous rencontrer, à sortir dans l’espace public pour échanger, pour vivre, et non plus survivre. (…) C’est pour cela que nous invitons tous les gilets jaunes voulant continuer la lutte pacifiquement et de façon festive à venir sur les Champs-Élysées le 31 décembre pour fêter, ensemble, le passage à la nouvelle année. » Une année 2019 qui sera « riche de changements et de victoires », promet cet événement Facebook. Et d’ajouter : « Jour après jour, nous perdons de plus en plus de Liberté et d’Égalité. Mais nous gagnons de plus en plus de Fraternité. Et c’est cette Fraternité qui nous permettra de retrouver plus de Liberté et d’Égalité. »
«Ça va repartir en janvier»
Quasiment au même moment, à quelques mètres de là, Emmanuel Macron enregistrera ses vœux pour marquer « autorité et rassemblement », d’après les éléments de langage distillés par l’Élysée. En réalité, il espère tourner définitivement la page de cette mobilisation sociale qui a déjà fait reculer l’exécutif. Dans un courrier adressé aux préfets samedi, dont l’AFP s’est procuré une copie, le ministre de l’Intérieur a demandé la « libération complète et définitive » de la centaine de ronds-points encore occupés. Place Beauvau, on a aussi communiqué sur une mobilisation en décrue samedi (12 000 manifestants en France contre 38 000 le week-end précédent). Mais à Rouen, Marseille, Toulouse, Lille, Nantes, Amiens, Metz, il y avait encore des milliers de personnes mobilisées un 29 décembre, entre Noël et la Saint-Sylvestre. L’envie d’en découdre, parfois physiquement, est toujours présente. La violente répression aussi. À Nantes et Toulouse, deux individus ont été gravement blessés par Flash-Ball. À Rouen, la porte de la Banque de France a été incendiée. À Metz, où 1 200 personnes étaient réunies, des manifestants ont jeté des pavés et des grilles d’égout sur les forces de l’ordre. « On tient le coup même si on nous dit qu’on est de moins en moins nombreux. Là, il y a les fêtes de fin d’année, les vacances. Ça va repartir en janvier parce qu’il y en a marre qu’on nous prenne pour des lapins de six semaines », explique à l’AFP Murielle, employée de bureau à Bordeaux. Convaincue elle aussi que le mouvement va durer en 2019, Priscillia Ludosky, pionnière des gilets jaunes en Seine-et-Marne, a défilé à Marseille pour réclamer un « référendum sur la mise en place du référendum d’initiative citoyenne (RIC) » et « la baisse des taxes sur les produits de première nécessité ».
Et le mouvement, pas encore éteint, ne cesse de se réinventer, et d’engendrer de nouvelles mobilisations. Après les gilets jaunes, des enseignants demandent une revalorisation de leur métier sur les réseaux sociaux, sous le nom « stylos rouges ». À Commercy (Meuse), les gilets jaunes ont lancé un second appel pour proposer d’organiser une « Assemblée des assemblées » auto-organisées, chez eux en janvier. Cette « commune des communes, c’est le sens de l’Histoire », ajoutent les femmes et les hommes qui se succèdent dans cette déclaration lue sur YouTube.

« CHOSES VUES EN 2018 », L’ÉDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN, LUNDI 31 DÉCEMBRE »


Comme un élastique qui se tend. Loin de l’image d’une « mère des batailles » sociales, version guide suprême du grand soir, l’injustice continuant son chemin après l’imposture Hollande, un cri surgit dès janvier 2018 : « C’est l’austérité qui produit la maltraitance. » Les salariées des Ehpad révèlent au grand jour le sort inhumain réservé aux personnes âgées dans notre pays et à celles et ceux qui doivent veiller sur leurs dernières années. Logement social sacrifié, retraités modestes soumis à des hausses de CSG, lycéens à l’avenir bouché par un dispositif impitoyable de sélection sociale, une loi scélérate sur l’asile et l’immigration qui fait saliver à l’extrême droite lepéniste. Et déjà la stratégie de la tension un 1er Mai à Paris. Depuis plusieurs mois, dans ce contexte d’intransigeance de classe dans la casse des services publics, les cheminots et leur syndicat CGT tout particulièrement inventent une grève qui va marquer les cœurs et les esprits.
Indulgent avec les premiers de cordée et impitoyable avec les faibles, l’hôte de l’Élysée disserte sur le « pognon de dingue » de notre système de solidarité nationale et a le grand courage de tancer un adolescent dont l’impudence fut de chantonner l’Internationale là où furent assassinés Manouchian et ceux de l’Affiche rouge, et tant d’autres… Ce collégien est à peine moins âgé que ces autres jeunes qui marchent en bleu vers la gloire, tout un pays derrière eux, en juillet. Et à l’avant du bus, un invité surprise dont le nom, un certain Benalla, virera jusqu’au bout de l’an au sparadrap façon capitaine Haddock. L’élastique a atteint l’apogée de son étirement, et le quinquennat sa limite.
Depuis l’automne, entre une nouvelle pique de mépris, contre des retraitées agricoles cette fois, et un gouvernement fantôme orphelin de deux ministres, la couleur jaune s’est imposée aux ronds-points, rendant manifeste l’insupportable. Le souci des services publics, le refus de la haine et de la division, le partage d’idées comme la lutte contre l’évasion fiscale ont pris de la force toutes ces semaines. Tout comme d’autres images de nouvelles humiliations de jeunes, dans les Yvelines cette fois, alimentent une juste colère. Qu’elle ne dévie pas.

Vous aussi, servez-vous de l’Humanité pour vous faire encore plus et mieux entendre avec les cahiers de la colère et de l'espoir.



Dimanche, 30 Décembre, 2018

Je rêve d'un pays qui ne fabrique plus, qui n'exporte plus d'armes, qui ne soit plus responsable de crimes, de souffrances.
Je rêve d'un pays qui soutienne ses artisans, ses créateurs, ses agriculteurs, qui permette à celles et ceux qui produisent, créent de la richesse, d'être fiers de leur travail et d'en vivre dignement.
Je rêve d'un État qui au nom de la fraternité, accueille avec respect et humanité celles et ceux qui fuient la misère, la violence, la barbarie.
Je rêve d'école, de collège, de lycée, d'université où chaque jeune aura les mêmes chances de choisir et de construire son avenir.
Je rêve d'un pays dans lequel homme et femme seront traités à égalité.
Je rêve d'un pays où la démocratie sera une réalité, sera au coeur des familles, des villes, des écoles, des entreprises, des assemblées.
Je rêve d'un pays où il fera bon vivre, exister, aider et aimer et non plus consommer, gagner, dominer.
Je rêve d'un pays où la vie, la survie de notre monde, de notre environnement sera notre priorité.
Je rêve d'une France dans laquelle chaque citoyenne, chaque citoyen sera libre et respecté.
Je rêve d'une France multicolore, multi talents où nous pourrons enfin partager et avancer ensemble.

Rachel.

vendredi 28 décembre 2018

Gilets jaunes. Des ronds-points aux bulletins, quelle traduction politique ? (Maud VERGNOL)



À moins de cinq mois des européennes, entre les velléités d’une liste « 100 % gilets jaunes », l’extrême droite en embuscade et la défiance vis-à-vis des corps intermédiaires, l’aboutissement politique de ce mouvement citoyen inédit reste à écrire.
L’idée était dans l’air. Elle pourrait bien se concrétiser. Une vingtaine de personnes réunies sous la bannière « Coordination nationale des gilets jaunes » se sont réunies, le 20 décembre, à Paris pour travailler sur « une stratégie électorale » en vue des élections européennes, qui se tiendront le 26 mai prochain. « La perspective est bien de composer une liste pour les européennes », confirme Jean-François Barnaba, l’une des figures médiatiques du mouvement. « On est en train de mettre en place tous les groupes de travail, des pôles thématiques, dans lesquels des citoyens vont faire remonter du terrain un certain nombre d’idées et de revendications », assure également Hayk Shahinyan, qui a déposé les statuts d’une association, Gilets jaunes, le mouvement. Ce restaurateur de 25 ans, passé par les rangs du MJS (Mouvement des jeunes socialistes), est l’un des initiateurs de cette liste aux européennes.

Vers une liste aux européennes ?
« La plupart des gilets jaunes que j’ai rencontrés sont des gens qui ne votent plus depuis longtemps. On leur propose d’arrêter de boycotter les élections en rejoignant enfin un mode de fonctionnement innovant », explique-t-il. Alors, les gilets jaunes peuvent-ils devenir un mouvement politique ? Les personnalités qui encouragent la création d’une liste 100 % gilets jaunes, de Bernard Tapie à Francis Lalanne, en passant par l’écrivain Alexandre Jardin, peuvent en faire douter. Un milliardaire fraudeur fiscal, un chanteur dépassé ou un écrivain qui assurait les meetings d’Emmanuel Macron pendant la présidentielle… avec un tel attelage, difficile d’être crédible et de dessiner une cohérence politique. Pourtant, Jean-François Barnaba l’assure : « On crée les conditions pour que cette liste se réalise. » Un piège, craignent déjà certains gilets jaunes, qui s’inquiètent d’une division du mouvement. Sans parler d’une dispersion des voix, dont Emmanuel Macron et Marine Le Pen sortiraient vainqueurs, sans que cette irruption citoyenne, qui a remis les inégalités sociales au cœur du débat politique, ne trouve de débouchés lors de cette élection. La majorité s’en frotte déjà les mains et ne s’en cache pas. « Puisque chaque jour on nous dit “Voilà les nouvelles propositions”, eh bien, qu’ils s’organisent, qu’ils fassent une plateforme de propositions et qu’ils aillent aux élections », a lancé le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand. Le 8 décembre, un sondage réalisé par l’institut Ipsos créditait de 12 % d’intentions de vote une liste des gilets jaunes aux élections européennes.
Jeudi, c’était au tour de Florian Philippot d’annoncer la conduite d’une « liste hybride mi-Patriotes mi-gilets jaunes » aux européennes. « Ce n’est pas sorti de mon chapeau depuis trois semaines, je voulais déjà donner cette coloration sociale au Front national », se justifie l’ancien bras droit de Marine Le Pen, alors que le RN est toujours annoncé en tête du scrutin. Opposée à la hausse du Smic, la patronne du RN, dont le projet politique est en contradiction totale avec les aspirations démocratiques et sociales exprimées par les gilets jaunes, espère patiemment que le dévoiement de ce mouvement serve de marchepied à un débouché autoritaire, à l’image de ce qui s’est passé en Italie avec le Mouvement 5 étoiles.

Transformer la colère en espoir
« Saurons-nous faire grandir les conditions d’une issue émancipatrice ? » interroge la députée FI Clémentine Autain. La question reste entière, tant les formations de gauche avancent affaiblies et en ordre dispersé. « Notre but, ce n’est pas de récupérer, mais d’être récupéré, et j’ai l’honneur de vous dire que c’est fait », affirmait un peu rapidement Jean-Luc Mélenchon début décembre, alors que son mouvement, en panne de dynamique, peine à incarner naturellement le débouché politique des gilets jaunes. « La colère, si elle est seule, elle ne produit rien de bon », avertit Fabien Roussel. « Nous voulons donner aussi l’espoir et montrer qu’il y a d’autres choix à faire », explique le secrétaire national du PCF, qui souhaite une « liste ouverte à des gilets jaunes, des blouses blanches, des robes noires, des cols bleus » pour sortir du duel mortifère entre « l’Europe des technos » et « l’Europe des fachos ».

« Le trou noir », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



Dans le maquis des holdings et des filiales, la direction de Renault avait dissimulé une caisse noire afin de verser des compléments de revenus discrets à ses principaux dirigeants. Rien de visible pour les clients, rien de contrôlable par les salariés. Comme par hasard, les Pays-Bas accueillent la structure de ce montage secret au côté du siège social du constructeur automobile. Ses gouvernements sont accueillants pour les évitements et dissimulations fiscales. Au cœur de l’Union européenne, y prétendant à la respectabilité, les Pays-Bas abritent au moins une filiale stratégique de quatre-vingt-onze des cent plus grandes multinationales. Ils fonctionnent comme une gigantesque pompe financière qui draine 8 000 milliards d’euros de flux financiers, notamment vers les paradis fiscaux bien établis dans les Antilles néerlandaises. Après les mises en cause de l’affaire Carlos Ghosn, cela fait beaucoup…
Étrangement, ces épisodes qui font provisoirement la une des médias disparaissent immédiatement des discours de nos gouvernants et des commentateurs qui les accompagnent. Ils jugent l’oubli indispensable pour continuer à prêcher l’austérité, les sacrifices pour les salariés et les retraités ou la réduction des dépenses publiques. Pour dénoncer « le coût du travail », supprimer l’ISF et, l’an prochain, engloutir 40 milliards d’euros dans le Cice, il faut censurer les coûts monstrueux du capital.
Comment Murielle Pénicaud pourrait-elle prétendre qu’une hausse du Smic serait une catastrophe économique, si l’opinion savait que la direction du groupe dont elle était la DRH, Danone, propose des augmentations 2019 inférieures au coût de la vie, et ne concède que 150 euros de prime de fin d’année, alors que les bénéfices se sont élevés à 1,7 milliard en 2017 et qu’ils seront supérieurs en 2018 ? Il est promis aux actionnaires que le rendement sera encore accru de 2 % et de somptueux bonus défiscalisés – jusqu’à 600 000 euros ! – sont empochés par les dirigeants du groupe. Un mur du silence à briser.

Patronat. Dans le sillage de Ghosn, un système de revenus opaques chez Renault



Une poignée de dirigeants du constructeur français auraient profité de compléments de revenus versés par la holding néerlandaise commune à Renault et Nissan, RNBV, sans que les instances du groupe en soient informées. Un scandale pour la CGT, qui a saisi l’État actionnaire.
L’affaire Carlos Ghosn change de dimension. Elle n’est plus seulement l’histoire de la dérive individuelle d’un homme assoiffé d’argent. C’est désormais tout un système impliquant la direction de Renault qui est en passe d’être découvert, avec les révélations qui s’enchaînent à propos de la holding commune de l’alliance entre le constructeur français et son partenaire japonais Nissan. Selon plusieurs médias, RNBV (pour Renault-Nissan B.V.), société domiciliée dans le paradis fiscal que sont les Pays-Bas, servirait discrètement de caisse noire pour octroyer de copieux compléments de revenus à quelques très hauts privilégiés membres de son directoire. Ainsi, l’un des dix membres de ce tout petit cercle (qui compte cinq dirigeants de Renault et cinq de Nissan) aurait touché entre 80 000 et 130 000 euros par an, en plus de sa rémunération perçue au titre de ses responsabilités chez Renault. Et cela aurait perduré « pendant plusieurs années », selon des « documents confidentiels » révélés jeudi par France Info.
Une pratique « légale » confirmée par la direction de Renault auprès de la radio, et qui concernerait tous les membres du directoire de RNBV, Carlos Ghosn inclus. Mais aussi Thierry Bolloré, actuel directeur général délégué de Renault, chargé de gouverner l’entreprise par intérim après l’arrestation du président de l’Alliance Renault-Nissan au Japon, le 19 novembre.

Des éléments qui n’apparaissent nulle part dans les comptes
Des procédés condamnés et dénoncés par la CGT Renault, qui a adressé, le 11 décembre, un courrier au ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire. Le syndicat y fait état du « fonctionnement opaque » de la structure de gouvernance de l’Alliance, qui « nourrit jour après jour beaucoup d’interrogations ». En particulier, « les administrateurs salariés de Renault (…) sont totalement privés d’informations relatives au fonctionnement, aux débats et décisions prises au sein de RNBV », relève la CGT. « Ces éléments n’apparaissent nulle part dans les comptes et les résultats de Renault, confirme Fabien Gâche, délégué syndical central CGT du groupe. RNBV est une nébuleuse, sur laquelle nous n’avons aucune information depuis au moins 2012. On ne sait pas ce qui s’y dit, on ne connaît pas le budget, on ne sait rien de cette boîte noire. »
Les choses ne devraient pourtant pas se passer ainsi, si l’on en croit ce qui est écrit dans les documents officiels de Renault et les statuts de RNBV, que l’Humanité a consultés. On peut y lire que cette holding, fondée en 2002, soumet ses décisions « aux organes de direction et d’administration de Renault, qui s’assurent de leur conformité à l’intérêt social de Renault ». Les émoluments distribués depuis un paradis fiscal aux membres de son directoire auraient-ils été jugés conformes à « l’intérêt social » de la marque française, si ses administrateurs en avaient eu connaissance ? Rien n’est moins sûr.

Un véritable passeport pour l’évasion fiscale
Dans les faits, RNBV gère ses affaires loin des instances censées la contrôler. Les assemblées générales de ses actionnaires se tiennent exclusivement à Amsterdam ou à Haarlemmermeer, sur l’emprise de l’aéroport d’Amsterdam, le temps de valider les comptes annuels, sur convocation du directoire. Un véritable passeport pour l’évasion fiscale, sans droit de regard possible. « Qui décide de la hauteur des rémunérations ? Qui finance, de Renault ou de Nissan ? Nous n’en savons rien, sans compter que cela signifie que ces revenus-là sont hors impôts en France », pointe Fabien Gâche.
L’affaire est d’autant plus sensible que l’État est détenteur de 15 % du capital de Renault, et dispose à ce titre d’un administrateur. « L’État étant actionnaire, il y a des comptes à demander », a réagi le sénateur PCF Éric Bocquet, rapporteur d’une commission d’enquête parlementaire sur l’évasion fiscale. Contacté jeudi par l’Humanité, le cabinet du ministre de l’Économie et des Finances temporise. « Le ministre vient de recevoir le courrier de la CGT, on va regarder, l’administrateur de l’État n’a pas plus d’informations que celui des salariés », nous déclare-t-on à Bercy, où l’on met en avant « l’audit demandé par Renault sur Renault » lui-même, comme gage de volonté de transparence.
Ce n’est pourtant pas la première fois que sont évoquées les pratiques financières opaques mettant en cause RNBV. Dès 2017, l’agence Reuters révélait les « bonus cachés » dont aurait bénéficié Carlos Ghosn, via des transferts de fonds à une société néerlandaise. Le 28 novembre dernier, neuf jours après l’arrestation du PDG de l’Alliance, l’Express pointait à son tour « les sociétés de Renault et de Nissan installées aux Pays-Bas » comme autant de « boîtes noires », dont RNBV. Juste avant que Nissan demande officiellement, le 12 décembre, l’ouverture d’une enquête indépendante sur sa holding commune avec Renault, soupçonnée d’avoir assumé des frais « n’ayant que peu à voir avec sa raison d’être », selon les Échos. En particulier, des revenus dont Carlos Ghosn n’aurait pas à « divulguer les montants publiquement ». Difficile donc de soutenir, comme l’a fait Bruno Le Maire dès le 20 novembre, qu’« il n’y a rien de particulier à signaler » concernant la situation fiscale du président de Renault dans l’Hexagone. À moins, ironise la CGT, que cela soit l’aveu « que M. Carlos Ghosn ne paye pas d’impôt en France »…
Sébastien Crépel




jeudi 27 décembre 2018

GILETS JAUNES : TROIS MOIS DE PRISON FERME POUR LA MILITANTE PCF



Maria B., militante communiste de la Drôme, comparaissait ce mercredi 26 décembre pour « violence en réunion ». Elle a été condamnée à neuf mois d’emprisonnement, dont six assortis du sursis simple, avec interdiction de manifester pendant trois ans.
Convaincu qu'ils ont voulu « bouffer du flic » le 8 décembre, le procureur a réclamé 12 mois de prison, dont six avec sursis, ainsi que 10 000 euros d'amende, dont la moitié avec sursis, pour trois des prévenus, deux hommes de 22 ans et la militante de 37 ans. Pour le quatrième, « le plus violent et le plus déterminé à en découdre » selon lui, il a réclamé 18 mois de prison dont six avec sursis, et 15 000 euros d'amende dont la moitié avec sursis. Le magistrat a enfin réclamé trois ans d'interdiction de manifester pour tous les mis en cause.

On vous raconte le parcours de cette militante depuis son arrestation lors d’un rassemblement des gilets jaunes, le 8 décembre à Valence

En ces jours de fête, Maria B. a eu un emploi du temps rempli de tâches assez inhabituelles. La militante communiste de 37 ans, qui a pris sa carte au PCF à la dernière Fête de l’Humanité, s’est affairée à remplir un carnet d’adresses, à mettre des timbres, des livres et des vêtements adéquats de côté. « L’avantage traître », dit la jeune femme, d’avoir douze jours de détention provisoire à son actif. L’idée ? Se préparer psychologiquement à toute éventualité.

Car c’est aujourd’hui que cette habitante de Die (Drôme) et boulangère bio, ainsi que trois autres personnes, est jugée pour « violence volontaire en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Elle est soupçonnée d’avoir participé à l’agression du directeur départemental de la police lors d’un rassemblement des gilets jaunes, le 8 décembre, dans une zone commerciale de Valence. Ce jour-là, les autorités décident de dégager le terrain et l’ambiance est électrique. C’est alors que le patron de la police, présent en personne, ceinture l’un des manifestants qui prenait la fuite. Selon la police, « une dizaine de gilets jaunes lui sont alors tombés dessus, le faisant chuter au sol », rapporte l’AFP.

Des consignes fermes d’« aller au contact, de casser le mouvement »
Pour Maria, qui la semaine précédente battait le pavé à l’appel de la CGT, « il était évident que le ministère de l’Intérieur avait donné des consignes d’extrême fermeté ». Et même, dit-elle, d’« aller au contact, de casser le mouvement ». « J’ai eu la peur au ventre. Je n’avais jamais vécu ça en manifestation. On voit des images de violence sur les réseaux sociaux et, là, j’y étais confrontée », souffle-t-elle. La scène, très brève, a été filmée et ne montrerait aucunement Maria comme à « l’initiative de la violence », pointe son avocat, Me Bertrand Beaux, mais elle s’inscrit dans un contexte global d’affrontement.

Deux personnes sont arrêtées, deux autres le sont dans l’après-midi, dont la militante PCF, alors qu’elle a rejoint la marche pour le climat, également à Valence. L’interpellation est musclée, comme l’atteste une vidéo postée sur la page Facebook du PCF de la Drôme. La militante est placée en garde à vue pour quarante-huit heures, avant une possible comparution immédiate. Ce que refusent les quatre interpellés, qui souhaitent préparer leur défense. Ce sera donc la détention provisoire à Lyon, dans l’attente du procès, le lendemain de Noël. Pour Me Beaux, « le contexte national », avec un pouvoir désireux d’« envoyer un message à l’extérieur », a « joué » pour placer en détention des individus sans casier judiciaire.

Maria est alors « coupée du monde », dit-elle. Aucun coup de fil personnel n’est autorisé et il lui faut attendre plusieurs jours avant d’obtenir un bloc de papier, deux enveloppes et deux timbres. La jeune femme raconte le refus de l’administration de lui faire parvenir ses lunettes – et son obligation, donc, de porter ses lentilles de contact jetables pendant dix jours –, le personnel en sous-effectif et « sous-payé », la solidarité entre codétenues présumées innocentes… « Certaines sont là depuis des mois. Je me suis rendu compte de la chance que j’avais de ne pas avoir d’enfants, puisque, pour leur part, elles étaient sûres de ne pas les voir pour Noël. » Au bout d’une semaine, la jeune femme reçoit les premiers courriers la rassurant sur les formalités liées à sa soudaine disparition. Puis affluent les lettres de soutien de « camarades de Die, de Valence ». D’une par jour, le nombre est passé à une dizaine. « Je ne les lisais pas toutes d’un coup, pour ne pas avoir le reste de la journée à meubler. Du coup, j’espaçais pour faire durer le plaisir », rit-elle au bout du fil. Elle apprend tardivement qu’une demande des quatre familles des interpellés – qui « se sont rapprochées par la force des choses », observe Maria, un sourire dans la voix – est transmise au tribunal pour leur remise en liberté. Le 20 décembre, la bonne nouvelle tombe. « Ce sont quatre cas différents avec un point commun : le cadre carcéral pour des personnes sans casier judiciaire, en pleine période de Noël, n’est pas évident », souligne Me Beaux, qui qualifie la détention d’« excessive ».

Le PCF a relayé l’information sur les réseaux sociaux
Autre point qui a pesé, de l’avis de l’avocat : la mobilisation à l’extérieur. La fédération PCF a alerté la presse, relayé l’information sur les réseaux sociaux, organisé un rassemblement devant la préfecture, imprimé des affiches… puis le parti, depuis Paris, a alerté toutes les fédérations avant d’évoquer le cas de Maria en conseil national. « Ils n’aiment pas trop ce type de publicité. Que cette mobilisation vienne d’un parti a pesé », observe Jean-Marc Durand, secrétaire fédéral, qui connaît Maria depuis deux Fêtes de l’Humanité, où elle a offert ses talents de boulangère sur le stand de la Drôme.

Cette « énergie » et ces « réseaux déployés », Maria ne les a réellement découverts qu’en sortant. En plus du « stress que (sa) disparition a provoqué chez (ses) proches ». « Les camarades ont pris soin de ma mère. Ça, je ne leur en serai jamais assez reconnaissante. Je suis d’autant plus touchée que je suis une jeune membre du parti. C’est là qu’on voit toute la chaleur humaine au sein de ce que je préfère appeler une famille politique. » « À quelque chose malheur est bon », dit-elle, d’autant qu’habituellement elle reste loin de sa famille, résidant en Bretagne, pour Noël. « C’est toute l’ironie de la situation. On devait, dans la vallée, se réunir entre personnes “seules”. Et, finalement, j’ai eu ma belle-sœur et ma mère avec moi. » Un Noël, « improvisé », qui « revient à son essence même ». À l’aube du procès – politique tant il illustre une « remise en cause de notre droit à manifester » selon ses mots –, Maria garde « une boule au ventre » : « J’ai du mal à dormir, contrairement à ma période de détention où je n’avais pas de prise sur les événements. Mais tout l’amour que j’ai reçu m’a regonflée à bloc. »
Audrey Loussouarn

« Cette colère-là couve aussi de longue date », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce matin !


Les mouvements étaient tous les deux tapis dans les consciences. Ils ont jailli en même temps dans le débat politique. En cette fin d’année, la révolte des gilets jeunes contre la misère se double d’une fronde contre l’inaction du gouvernement face au réchauffement climatique. La pétition lancée par quatre ONG, « l’Affaire du siècle », qui réclame de l’État des mesures politiques efficaces pour enrayer la surchauffe, est devenue en une semaine la plus signée de France. Enregistrer 1,8 million de soutiens dans un climat social chargé et pendant la trêve de Noël, c’est du jamais-vu ! Cette colère-là couve aussi de longue date. Et sous la pression du rêve de justice sociale des gilets jaunes, elle muscle sa voix progressiste affirmant que « la lutte contre les changements climatiques ne doit pas se faire au détriment des plus fragiles ».

Que n’a-t-on pas entendu sur l’opposition des deux mouvements ! Hier encore François de Rugy considérait, dans le Parisien, le succès de la pétition comme une « réplique » aux gilets jaunes qui parlent de l’écologie « comme un problème ». Faut-il donner au ministre de la Transition écologique lecture du texte des ONG ? « L’État doit prendre les mesures qui s’imposent tout en garantissant la justice sociale », écrivent-elles. Quand la jaune réclame le rétablissement de l’ISF, le vert exige que les investissements soient financés majoritairement par les plus aisés ». Il s’agit bien là d’imposer une répartition des richesses qui génère de l’égalité sociale et environnementale

Des logements accessibles et bien isolés, des transports propres et gratuits, une énergie renouvelable à bas prix, des milliers d’emplois investis dans la transition écologique…Voilà de mesures qui à coup sûr recueilleraient l’assentiment de la population. À l’exact inverse d’une taxe carbone punitive qui s’avère n’être en rien une mesure écologique. WikiLeaks vient à son tour de le confirmer : sa fonction a toujours été de financer les allègements de cotisations patronales.

mercredi 26 décembre 2018

« Causes communes », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour ! »



Je suis un patriote de l’l’humanité, proclamait Charlie Chaplin. Les habitants de ce bourbonnais qui accueille des migrants (voir l’Événement, p.4) pourraient aussi revendiquer ce titre. Dans cette terre « rouge », marquée par la résistance, l’hospitalité trouve sa source dans un internationalisme populaire et dans un républicanisme profond. Ailleurs dans le pays, d’autres aussi ouvrent leurs bras aux échoués des guerres et des misères semées pas le capitalisme. Certains le font au nom de leur foi, plus courageux que le porte-parole des évêques de France, interrogé hier par une radio. Pour eux, la pille des mots ne suffit pas. Le geste charitable non plus. Leurs actes s’élaborent collectivement pour vivre ensemble et même  revivifier des territoires qui s’étiolent.

De fait, ces bras ouverts affichent un en soumission à la rengaine haineuse entonnée par les Zemmour, Finkielkraut ou Le Pen, aux replis qui divisent, aux rejets ou aux murs qui enferment. On trouve plus de hauteur de vue à la Petite-Marche (Allier) qu’au palais de l’Élysée, où un président désavoué par l’opinion a cherché à se refaire une santé en lançant le débat national notamment sur l’immigration et l’identité. Emmanuel Macron a dû faire marche arrière mais l’intention signale que, pour grader un système dévoué aux très très riches, ses partisans peuvent se retrouver pour faire des étrangers des boucs émissaires. Cela se voit ailleurs, au sein même de l’Union européenne ou aux États-Unis, pourtant terre de migrations.

« À temps nouveaux, devoirs nouveaux », lançait Victor Hugo. Les dérèglements climatiques obligent déjà à penser autrement, à envisager le monde comme notre espace commun, à penser le développement comme un droit pour tous les peuples, et le progrès social et écologique comme un objectif à partager. Ces ruraux solidaires en plantent des graines de ces causes communes, bien au-delà d’une belle histoire à raconter le temps d’un Noël.

lundi 24 décembre 2018

« Prime éphémère ne fait pas bon salaire », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !


Ils font partie de ces salariés  que le travail rend pauvre. Rémunérés au Smic horaire, soumis aux temps partiels imposés, combien sont-ils, les soutiers de Carrefour à avoir rejoint les gilets jaunes ? Nombreux, c’est sûr. Nombreuses surtout. Vendeuses, caissières ou manutentionnaires, des milliers de femmes « gagna la misère » sont devenues les vigies du combat pour une vie digne. Elles n’ont pas obtenu une revalorisation du Smic mais ont contribué à arracher l’annonce d’une prime exceptionnelle…qu’elles ne vont pas toucher…

« Bompard, lâche la prime ! » interpellent les gilets jaunes et rouges sur un rond-point près de Toulouse. Le PDG de Carrefour, patron aux 14 millions d’euros de rémunération en 2016, refuse pour l’heure de négocier le bonus. Rien qu’avec l’argent du Cice, rondelet jack - pot de 134 millions d’euros de crédits d’impôts versés par l’État, le groupe pourrait verser plus de 1 euro de prime à chaque employé. Après tout, cet argent était censé leur revenir, sous forme d’emplois. Mais non. Même quand le rapport des forces lui échappe, le riche mène la guerre des classes. Carrefour empoche, refuse la prime. Et licencie.

Face à l’ampleur de la révolte et aux risques de contagion, certaines grandes entreprises lâchent tout de même un peu de lest, non sans profiter de l’effet d’aubaine gouvernemental qui exonère la prime d’impôts et de cotisations sociales. Mais un coup de pouce éphémère ne fait pas un bon salaire au long cours. Le réconfort est ponctuel. En ne s’attaquant pas à la répartition des richesses, les mesures d’urgence de l’exécutif ne comblent pas la fracture sociale. Or, le climat est devenu propice aux revendications. Après la fronde des policiers pour de meilleurs salaires, les fonctionnaires « exclus » de la prime se rebiffent. La CGT et FO préparent des actions à la rentrée. Même si l’acte VI du mouvement fut moins mobilisateur, les gilets jaunes n’ont pas dit leur dernier mot. La trêve de fin d’année risque de n’être qu’un court répit.


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