L'école, un indicateur de civilisation
L’investissement toujours plus important dans l’éducation, l’accès de tous à l’enseignement, est un signe majeur des progrès de civilisation. Aujourd’hui, tous les signaux d’alarme sont enclenchés qui indiquent une véritable régression. La part de l’investissement éducatif diminue dans le produit intérieur brut de la France. Les enquêtes indiquent des inégalités croissantes dans l’accès au savoir et un recul de la France dans les palmarès mondiaux parce qu’elle privilégie une élite restreinte au détriment de la promotion massive des générations. Moins d’enseignants, moins de moyens consacrés
aux cités populaires, un retour vers les impasses
de la sélection… L’austérité dogmatique rivalise
avec les ringardises d’un Jean-François Copé prônant
un examen à l’entrée en sixième. Dernière provocation,
le gouvernement asphyxie l’école publique mais
accorde 4 millions d’euros supplémentaires
à l’enseignement privé !
La droite a fait le choix de favoriser les 10 % d’élèves les plus performants en abandonnant la mobilisation contre l’échec scolaire. En laissant tomber ceux qui ne suivent pas, c’est tout le dynamisme d’une société, sa capacité à répondre aux défis des sciences et des techniques, sa cohésion sociale qui sont mis à mal. La promotion de l’élite contre l’égalité républicaine caresse les réactionnaires dans le sens du poil, comme la suppression de la carte scolaire ou des Rased en avait été l’illustration. Mais les résultats d’ensemble sont désastreux !
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin du peuple ! » tonnait Danton à la Convention. L’apostrophe retrouve subitement une charge révolutionnaire face au discours soporifique de Luc Chatel et aux saignées envisagées dans le budget de la nation. La justice sociale à l’école – qui passe par des mesures inégalitaires pour assurer la promotion de tous – est une condition de l’efficacité du système scolaire.
Le délaissement de l’éducation nationale par la droite n’est plus même caché. Le mauvais sort réservé aux jeunes enseignants, jetés sans formation devant les élèves, est pour eux fort douloureux, synonyme d’angoisse ou de déprime. Mais pour nos enfants, il est ravageur. Leur vie peut en être définitivement plombée. « Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligence humaine », écrivait Victor Hugo. Le pouvoir ne fait pas le pari de l’intelligence...
Les progressistes ont fait, au long de l’histoire, un objectif majeur de l’accès de la masse d’une génération au plus haut niveau d’éducation possible. Cela témoigne d’une ambition pour toute la société, par l’avènement d’une citoyenneté plus consciente et mieux maîtresse d’elle-même. Là réside l’intérêt général ; ici s’ouvre un chantier pour la gauche.
Patrick Apel-Muller
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