LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 31 octobre 2018

« Trompe – l’esprit », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



À travail égal, salaire égal. C’est, parmi les mesures proposées aux Français dans le sondage Harris Interactive que nous publions, celle qui recueille le plus d’assentiment avec celle prônant un renforcement des sanctions contre les employeurs coupables de discriminations liées à l’origine, la nationalité, la couleur de peau ou la religion. Plus de 80%. On peut noter à l’intention de ceux trop prompts à rapprocher l’extrême droite et une part de la gauche que leurs électeurs sont à l’opposé. Plus de 92% pour la gauche et « l’extrême gauche », 50% pour le Rassemblement national.

En un temps où les poisons de l’intolérance et de la xénophobie se diffusent de la Hongrie à l’Italie et contaminent le monde, on peut apprécier le fait que nombre de Français aient, semble-t-il, encore une certaine ambition d’égalité et de justice, en approuvant également l’anonymat des CV et les recours collectifs en justice pour les victimes des discriminations.

Les chiffres baissent sensiblement, quand bien même l’approbation reste majoritaire, dès lors qu’il est question de la régularisation des travailleurs étrangers, de leur titularisation dans la fonction publique ou de leur droit de vote. L’égalité des salaires et l’accès à l’emploi n’implique pas à un même niveau l’égalité des droits et ‘accès à la citoyenneté. Une différence qui ne peut sans doute être dissociée de l’instrumentalisation de la question migratoire par la droite et l’extrême droite, mais aussi bien par le pouvoir.*

Gérard Collomb, quelques jours avant son départ, parlait de « submersion » sans être désavoué. On sait que c’est essentiellement sur cette question qu’Emmanuel Macron voudrait faire porter le débat des élections européennes en  opposant « progressisme » aux populismes. C’est évidemment un trompe-l’œil ou plutôt un trompe – l’esprit. Ce que semble indiquer ce sondage, c’est qu’il est possible de porter le débat en France à un haut niveau en faveur de l’égalité et de la justice sociale, comme de l’exercice de la citoyenneté pour toutes te tous.

mardi 30 octobre 2018

Hausse des prix des carburants : Non au racket qui frappe le pouvoir d'achat


La hausse massive des prix des carburants crée une émotion légitime. En effet tous les habitants sont touchés quels que soient leurs revenus. Nombreux sont les salariés disposant de petits revenus qui sont obligés d’utiliser leurs véhicules ne serait-ce que pour aller travailler, et pour qui ces hausses représentent une perte lourde de pouvoir d’achat.

Le PCF demande l’annulation de la hausse de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour 2019 pour l’ensemble des carburants.

Les communistes militent pour une fiscalité écologique socialement juste. Il faut réduire massivement la production de gaz à effet de serre, et évidemment celles émises par les véhicules particuliers. Mais la hausse indifférenciée des prix des carburants n’est pas la bonne méthode : elle frappe le pouvoir d’achat des plus pauvres, pendant que les plus riches gardent leurs « droits de polluer ». Sous couvert de fiscalité écologique, le gouvernement ne fait qu’essayer de combler en partie le trou qu’il a creusé dans les caisses de l’État avec ses cadeaux aux plus riches et aux entreprises. Le racket sur les automobilistes frappe le pouvoir d’achat des plus modestes et n'a aucun impact sur l’environnement.
Il faut dissuader massivement l’acquisition de véhicules polluants.
Il faut en tout premier lieu pénaliser fiscalement l’achat de grosses voitures polluantes ainsi que la part des véhicules diesel, dont la contribution à la dramatique pollution atmosphérique n’est plus à démontrer.
Le PCF propose donc une forte hausse du malus automobile, à partir de 100 grammes de CO2 par kilomètre parcouru pour tous les véhicules à essence (et non 117 comme actuellement), et plus élevé pour tous les véhicules produisant plus de 120 grammes de CO2 par kilomètre.
Pour les motorisations diesel, le malus doit démarrer dès 80 grammes de CO2 émis par kilomètre parcouru, et devenir plus élevé dès 100 grammes de CO2 par kilomètre.
Une politique pour une automobile plus vertueuse, conjuguée avec des investissements massifs pour les déplacements en transports publics et à vélo : c’est l’avenir des déplacements dans notre pays.


« APOCALYPSE BRASIL », L’ÉDITORIAL DE PATRICK LE HYARIC DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !


Le plus grand pays d’Amérique latine – dixième économie mondiale –, le Brésil, vient allonger la trop longue liste des pays basculant dans le nationalisme d’extrême droite. 
Le politicien de troisième zone qui vient d’y être élu n’a pour ligne politique que la haine, l’apologie de la dictature, de la torture, du racisme, de l’homophobie et de la misogynie, jusqu’au meurtre, surtout pour « les rouges ». Derrière cette élection plane l’ombre de l’âme damnée de M. Trump, M. Bannon, qui sévit aussi depuis quelques mois en Europe.
Cette élection ne profitera en rien aux pauvres des favelas de Rio, ni à la classe ouvrière, ni aux peuples indigènes, ni aux paysans sans terre, ni aux femmes, ni aux cadres. Il sera le président des grands secteurs de l’agrobusiness et des trafiquants de bois contre la biodiversité, des grandes firmes cotées en Bourse contre l’emploi, des évangélistes et des militaires, des milices privées et de certains grands médias. M. Trump trouve ici un nouvel allié de poids au cœur de l’Amérique latine contre l’accord de Paris sur le climat ou comme soutien à Israël et ennemi du Venezuela et de Cuba.
Ces derniers mois de campagne électorale ont accentué tous les maux de la crise qui taraude le Brésil. Et le refus de Bolsonaro de débattre avec le candidat du Parti des travailleurs, Fernando Haddad, n’a été que le révélateur non seulement de son inconsistance et de son incompétence mais surtout de son rejet foncier de l’essence même de la démocratie, qui implique la confrontation des idées et des projets. Son essor a pris racine dans la crise financière mondiale de 2008 puis dans cette crise politique amplifiée par le coup d’État parlementaire de 2016 contre Dilma Rousseff, qui avait eu le tort, selon les milieux patronaux, de convoquer une constituante et l’outrecuidance de vouloir réunir une commission nationale de vérité pour faire la lumière sur les violations des droits humains perpétrées par l’État sous la dictature. Celle que Bolsonaro défend justement. Ajoutons-y la récession économique, le désastreux gouvernement Temer et cette prétendue opération « mains propres » qui n’avait pour seul objectif que d’emprisonner Lula pour l’empêcher de se présenter à cette élection présidentielle contre l’avis de l’ONU. Ce fut la version brésilienne du « Hitler plutôt que le Front populaire ».
Ce nouveau coup de tonnerre dans la géopolitique mondiale risque de porter ses violents éclats jusqu’ici avec le rejet de l’accord climat, le soutien à la militarisation, l’amplification de la concurrence pour exporter encore plus de produits agricoles en Europe. Au-delà, le nouveau modèle d’indépendance des pays dits « émergents » des Brics risque d’être remis en cause. Et les dirigeants américains trouvent un nouvel allié pour créer les conditions de détruire tout projet de construction européenne alternative pour permettre aux puissances financières de leur pays de renforcer leur domination au cœur d’une crise économique inquiétant jusqu’à de nombreux cercles libéraux dans le monde.
Le débat politique en Europe et dans notre pays doit se nourrir sérieusement de ce qui vient de se passer et aider à analyser sans œillères les raisons de cette déflagration nouvelle. Les démocrates, les travailleurs, les syndicalistes et tous les progressistes du Brésil vont avoir besoin sans attendre de notre vigilance et de notre solidarité pour empêcher l’apocalypse. Au-delà, notre responsabilité est immense pour contrecarrer cette nauséeuse vague brune qui s’étale ici et sur le monde entier.

lundi 29 octobre 2018

Brésil : Plus que jamais aux côtés des progressistes et démocrates brésiliens



Au terme de la séquence électorale au Brésil, c'est l'inquiétude qui est de mise après l'élection de Jair Bolsonaro (55% des voix contre 45% pour Fernando Haddad du Parti des travailleurs).
L'homme qui a dit tout au long d'une campagne agressive et violente vouloir gouverner « pour la majorité, pas pour la minorité », en pointant d'une manière affirmée les noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d’ONG, les défenseurs de l’environnement, les journalistes, plonge le pays dans une profonde fracture.

Ce résultat intervient dans un pays confronté depuis plusieurs années à la fragilité des institutions, avec le coup d'État contre Dilma Rousseff et la prison pour Lula, empêché d'enregistrer sa candidature, contrairement aux recommandations de l'ONU.

Après les États-Unis, l'Europe de l'Est et les Philippines, l'arrivée de Bolsonaro, adepte de la dictature marque un nouveau tournant inquiétant dans un mouvement mondial d'expansion des nationalismes de droite.
Depuis l’annonce des résultats, les messages de félicitations à Bolsonaro des néolibéraux latino-américains et du monde occidental (Trump et Marine Le Pen en tête) ne cessent de tomber. Et pour cause, sa ligne de conduite épouse un recours massif à la police militaire pour gérer les problèmes de criminalité urbaine, une économie clairement néolibérale avec un programme caressant le marché dans le sens du poil : réforme des retraites, indépendance totale de la Banque centrale, privatisations et réduction de la taille de l’État, suppression des droits des travailleurs, renoncement à l'alphabétisation et aux enseignements fondamentaux dans les zones rurales éloignées où les institutions scolaires seraient « trop chères à entretenir » ainsi que soutien à l'agrobusiness qui met en péril la biodiversité du pays.

En promettant « un grand nettoyage du pays des marginaux rouges, des hors-la-loi gauchistes », se profilent une purge comme jamais le Brésil n'en a connue et un risque de basculement vers un régime anti-démocratique, répressif, sans contre-pouvoir, aux couleurs d'un « fascisme rampant ».
La communauté internationale, européenne notamment, qui n'a eu de cesse de brandir le flambeau de la démocratie de part et d'autre de la planète, est restée bien muette ces derniers mois face à la situation brésilienne et porte une lourde responsabilité. Au-delà d'être une menace pour les seuls Brésiliens, c'est un risque d'instabilité pour toute la région où les forces de droite extrême sont à l'offensive, mais également à l'échelle internationale.
Les forces progressistes brésiliennes, loin de baisser les bras comme l'a déclaré Fernando Haddad, vont rester mobilisées. Le PCF, fidèle à ses valeurs et à son soutien permanent, sera à leurs côtés. Il en appelle à la communauté internationale et lui demande de se ressaisir contre la menace de la « peste brune », encouragée par ce résultat, en prenant des mesures politiques humanistes, sociales et solidaires, volontaristes d'émancipation humaine. Cela nécessite pour nous, forces communistes et progressistes, des efforts considérables de solidarité et des propositions claires au service des libertés fondamentales, de la justice sociale de la démocratie et de la préservation de la planète.

« Haine », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !



« HIAS aime amener des envahisseurs pour tuer les nôtres ». Tels sont les mots du tueur de la synagogue de Pittsburgh, dans cette mouvance de l’alt – right, raciste et antisémite, qui a soutenu l’élection d’un Trump. Avant même d’avoir un mot pour les victimes et leurs familles, l’hôte de la Maison Blanche a eu deux réflexes : comme il avait osé le faire lors des tueries du Bataclan ou celles du lycée de Parkland, il en a rajouté dans sa défense obsessionnelle du lobby des armes à feu et de la peine de mort. Ses diatribes, sur les réseaux sociaux comme sur les estrades, contre les migrants, que défend par ailleurs l’organisation juive HIAS, sont de la même eau brunâtre. Deux jours après les colis piégés expédiés par un autre de ses soutiens, on peut mesurer le poids sanglant de certains mots et idées.

Cette haine s’est aussi déversée brutalement depuis plusieurs semaines au Brésil, quand, après des mois et des mois de chasse au Parti des travailleurs et d’usure dans la corruption de ses successeurs, l’accession au pouvoir du fasciste Bolsonaro a été en vue, applaudie par les adeptes, de la pègre de la Bourse, version locale du « plutôt Hitler que le Front populaire ». Lui aussi déverse ses slogans, relayés par les sectes évangélistes et leurs médias. Les nervis font le reste.

L’on retrouve des deux côtés de l’Atlantique, leurs mêmes soutiens, de Salvini à Le Pen en passant par Steve Bannon. Ceux qui ont appelé en 2017, au second tour de l’élection présidentielle, à mettre au plus bas dans les urnes la représentante française de cette internationale brune ont donc eu pleinement raison. Deux ans plus tard, et sans surprise, entre les coups de massue néolibéraux et le politique indigne menée contre les migrants, la politique du président Macron alimente aussi le pire, en l’absence d’une alternative crédible. Dans le bras de fer désormais engagé, croiser la colère sociale avec l’esprit d’humanité et de solidarité, comme à Montreuil ces jours-ci, le souci de rassembler plutôt que celui de dominer devient d’une profonde urgence.

LE BRÉSIL SOMBRE À L'EXTRÊME DROITE. BOLSONARO, ÉLU PRÉSIDENT



Le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, a été élu dimanche président du Brésil, avec 55,3% des voix, contre 44,7% à son adversaire de gauche Fernando Haddad.
Ces résultats ont été communiqués par le Tribunal supérieur électoral (TSE), après dépouillement de plus de 98% des bulletins de ce second tour de la présidentielle dans la première puissance d'Amérique latine. Quelque 147 millions de Brésiliens ont voté pour départager le candidat d'extrême droite et son adversaire du Parti des Travailleurs (PT) de l'ex-président emprisonné Lula.
Jair Bolsonaro succèdera à Brasilia au président Michel Temer, pour un mandat de quatre ans, au 1er janvier 2019.
Fernando Haddad a immédiatement demandé que ses "45 millions d'électeurs soient respectés" après l'élection de Jair Bolsonaro, qui avait promis à ses opposants "la prison ou l'exil".
De nombreux électeurs de gauche se sont rendus aux urnes avec un livre sous le bras, un pied de nez aux électeurs de Jair Bolsonaro, dont certains s'étaient photographiés votant au premier tour avec une arme. "1984" de George Orwell ou encore "Comment meurent les démocraties" de Daniel Ziblatt et Steven Levitsky faisaient partie des titres sélectionnés par les électeurs qui, sous les mots clé #LivroSim et #Armanao (Livre oui, arme non), postaient des photos sur les réseaux sociaux.
Autre livre et autre message, Dias Toffoli, le président de la Cour suprême, s'est rendu aux urnes avec la Constitution. "Le futur président devra respecter les institutions, la démocratie et l'Etat de droit", a-t-il déclaré. Pour Marcio Coimbra, de l'Université presbytérienne Mackenzie, le Brésil a des garde-fous solides avec "un parquet fort, une Cour suprême forte et un Congrès qui fonctionne".
"La démocratie est en danger. Les libertés individuelles sont en danger", a déclaré Haddad à la sortie du bureau de vote.  Après une dure campagne de l'entre-deux tours, alimentée par des discours de haine et émaillée de violences, le vote s'est déroulé dans le calme, a confirmé le ministre de la Sécurité publique, Raul Jungmann.
Le président sortant Michel Temer a indiqué de son côté que la transition débuterait "dès demain", lundi.
Dans un pays miné par une violence record, le marasme économique, une corruption endémique et une crise de confiance aiguë dans la classe politique, Jair Bolsonaro a réussi à s'imposer comme l'homme à poigne dont le Brésil aurait besoin. Catholique défenseur de la famille traditionnelle, il a reçu le soutien crucial des puissantes églises évangéliques et a indigné, par ses déclarations outrancières, une bonne partie des Noirs, des femmes et des membres de la communauté LGBT.

vendredi 26 octobre 2018

Italie : La Commission européenne légitime le gouvernement d’extrême-droite



La censure du budget italien par la Commission européenne est un magnifique cadeau fait au gouvernement d’extrême-droite. Elle lui offre un puissant vecteur de légitimation en remettant en cause la souveraineté populaire, celui de chaque pays et de chaque parlement à pouvoir choisir en toute souveraineté ses orientations budgétaires. Elle s’en prend aux mesures qui donnent l’impression de vouloir rompre avec les politiques néo-libérales en portant sur l’abaissement de l’âge de départ à la retraite et sur le revenu « de citoyenneté » minimum.

Dans le même temps, la Commission européenne ne critique absolument pas d’autres mesures budgétaires qui s’inscrivent parfaitement dans le cadre libéral : amnistie fiscale, flat tax, privatisations… 
Cette censure montre à quel point la Commission européenne est aveuglée dans son adoration du veau d’or libéral, austéritaire et autoritaire qui fait le fondement de la construction capitaliste de l’Union européenne actuelle et quels sont les intérêts de classe qu’elle défend. La poursuite de cette politique et des dégâts sociaux qu’elle génère fait le lit de l’extrême-droite ethniciste. 

Empêcher cette extrême-droite de prospérer en Europe implique de rompre avec de telles politiques. Il est urgent de rompre le corset autoritaire et austéritaire qui étrangle les peuples et les nations d’Europe, en remettant en cause le pacte budgétaire européen. C’est la condition nécessaire pour ouvrir la voie à d’autres coopérations entre les peuples européens, alliant respect de la souveraineté populaire et mise en commun de politiques quand cela sert les intérêts du plus grand nombre. C’est la vision d’une union des peuples et des nations souveraines et solidaires que défend le PCF.

jeudi 25 octobre 2018

« Orages », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain vendredi


« Nul homme n’est une île complète en soi-même, tout homme est une part du continent, une part du tout ». A la veille du second tour de l’élection présidentielle au Brésil, les mots du poète et prédicateur anglais John Donne sont de notre temps. La possibilité de l’élection du candidat Jair Bolsonaro n’est pas seulement une menace dramatique pour le peuple brésilien et la démocratie, c’est une menace de plus pour le monde. Le pays qui semblait avoir pris avec les années Lula le chemin du progrès social, de la justice, voit revenir les spectres de la torture, de l’arrogance de caste, du racisme. Jamais la droite et l’extrême- droite brésiliennes n’ont accepté le nouveau cours des choses. Elles veulent retrouver leurs privilèges, en posant sur le peuple un talon de fer.
Mais cette élection ne concerne pas que le Brésil. A l’heure du défi climatique, Bolsonaro partage avec Donald Trump un cynisme criminel. Après eux le déluge. Si jamais il est élu, l’exploitation forcenée de la forêt amazonienne va reprendre à grande échelle menaçant toute la planète tandis que les populations indigènes subiront un génocide qui ne dira pas son nom. 
Nous vivons une sorte de basculement du monde. Nous voyons le retour au pouvoir d’extrêmes droites sans vergogne et les démocraties sont de nouveau en proie aux démons du racisme, de l’intolérance. Chez ceux qui se prétendent progressistes, les inégalités grandissent et les puissants se servent à la louche. On sait comment se termine la phrase de John Donne : « Et si tu entends sonner le glas, ne demande pas pour qui il sonne. C’est pour toi ». Nous n’en sommes pas là. Jair Bolsanaro peut-encore être battu dimanche, il nous faut l’espérer. Partout dans le monde, les forces de progrès n’ont pas désarmé et nous sommes appelés à de nouveaux combats. Les chicailleries et les egos de la gauche apparaissent dérisoires et absurdes quand doivent se retrouver les femmes et les hommes de bonne volonté contre l’orage. « Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat ».

Injustice(s), de Jean-Emmanuel Ducoin, dans son bloc-notes de l’HD du 26 octobre



Jean-Luc Mélenchon et le «sacré».

Choc. Après avoir théorisé, dès 2010, l’entrée dans «la saison des tempêtes», ce qui justifiait à ses yeux la stratégie du «bruit et de la fureur» en tant qu’acte politique de combat permanent résumé en une seule formule: «Qu’ils s’en aillent tous!», Jean-Luc Mélenchon est-il allé trop loin, lors des perquisitions conduites dans les locaux de la France insoumise, à son propre domicile ainsi qu’à ceux d’une dizaine de ses collaborateurs? Désireux de la justesse des termes dont use l’ex-candidat à la présidentielle –particulièrement lui, eu égard à ses talents d’orateur que personne ne méconnaît–, le bloc-noteur s’est interrogé en l’entendant, ceint de son écharpe tricolore, hurler aux policiers: «Ma personne est sacrée», «la République, c’est moi!». Formellement, l’élu de la nation –surtout le législateur– peut revendiquer une sorte de statut «sacré», symbolique et concret. Oui, la République, c’est aussi l’élu, il en «représente» une bonne part comme corps constitué, mais un corps collectif et non individualisé… En s’adressant aux policiers et au procureur, Jean-Luc Mélenchon parlait-il en son nom ou au nom de la représentation nationale dont il est l’un des maillons? Chacun possède désormais sa propre interprétation sur le sens de cette phrase –«la République, c’est moi!»– éructée autant par émotion légitime que par colère, au point que certains se demandent si cette éventuelle ultra-personnalisation –moi contre tous– se raccorde bien avec les idées de quelqu’un qui aspire à un changement profond de nos institutions, à commencer par une dé-présidentialisation de notre République. Nous comprenons le choc subi: une perquisition est une mesure de police à la fois brutale et éminemment attentatoire aux libertés individuelles – droit au respect de la vie privée, droit au respect du domicile, droit de propriété notamment. Or, les perquisitions dont il s’agit n’ont sans doute pas été spectacularisées par hasard: ampleur de la mobilisation policière, cadre de l’enquête préliminaire qui ne permet pas l’exercice des droits de la défense et qui est entièrement sous le contrôle du parquet, lui-même dépendant de la chancellerie. Le leader de la FI avait-il tort de dénoncer une «offensive politique»?

Ambition. Comédie hypocrite d’un côté: haro politico-médiatique, toutes tendances confondues, sur le comportement «inadmissible» et «coupable» de Mélenchon. Victimisation surjouée de l’autre: mise en place de la théorie du complot forcément globalisé… Et si l’on se calmait un peu? Un responsable politique, même de tout premier plan, a le droit de crier contre ce qu’il croit être une injustice. S’il est exact d’affirmer qu’il y a souvent inégalité de traitement –les plus faibles en savent quelque chose!–, l’exercice de ce droit de critiquer de manière véhémente réclame néanmoins du sang-froid et, en vérité, une haute ambition de la parole publique. Pourquoi réclamer le même sort judiciaire que LaREM, par exemple, alors qu’on critique à juste titre le laxisme à l’endroit du parti macroniste, pour des accusations plus graves encore? Nous ne voulons pas d’une gauche qui soit «moins pire» que d’autres, mais irréprochable. Il en est de même avec la liberté de la presse. Si les journalistes sont parfois des «abrutis», jusques-et-y compris à Radio France, et si une majorité d’entre eux ont désormais pieds et poings liés aux groupes capitalistiques qui possèdent leurs titres et les assujettissent, le bloc-noteur sait trop que les appels au peuple à se soulever contre les médias ou à les «pourrir» ne résoudra en rien les fractures sociales et le sentiment croissant d’injustice qui radicalisent la sémantique. Le bloc-noteur aime trop moquer, ici même et fort souvent, la médiacratie comme les éditocrates à son service, pour sombrer dans la brutalité stérile du «tous pourris, tous vendus». La liberté de la presse, elle aussi, est sacrée. Se battre pour les conditions nouvelles de sa réalisation pleine et entière: voilà notre but. Qui ne nécessite aucunement le recours aux fantômes du passé. 

« Une démission industrielle », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



Durant les six premiers mois de 2018, l’industrie française a encore perdu 2600 postes. L’hémorragie a ses pics, GM&S, Ford ou Ascoval, mais elle se poursuit à bas bruit dans des secteurs stratégiques ou de façon diffuse dans le tissu de la sous-traitance. Les importations grimpent à vive allure, tandis que la balance commerciale penche toujours plus vers les déficits. En quarante ans, la part de l’industrie dans le PIB a été divisée par deux. Nos gouvernants déplorent parfois une fermeture, mais ils laissent faire. Convertis à un libéralisme échevelé, ils imaginent des privatisations, des cadeaux fiscaux, de déréglementations du travail mais n’encouragent pas l’investissement, la qualification réelle des emplois ou les transitions nécessaires pour répondre aux défis écologiques. Le bradage d’Alstom, dont le président de la République est personnellement comptable, en est un exemple accablant. Non content d’avoir accepté un pavillon américain, le pouvoir admet aujourd’hui le sabordage d’une entreprise majeure dont certaines branches – transport, énergie, éolien marin… – auraient dû jouer un rôle considérable dans une transition de nos productions.

La course à la financiarisation, à une rentabilité maximale fondée sur le court-termisme des dividendes et l’écrasement du travail salarié, sur une mondialisation ravageuse pour les sociétés humaines et pour l’environnement, sur la précarité pour tous et les gâchis en série, menace le présent et l’avenir. De tous ? Pas des PDG du CAC 40 en tout cas, qui ont touché en moyenne 5,1 millions d’euros en 2017, en hausse de 14%. Et pour que les consciences des seigneurs de notre économie ne regimbent pas, leurs revenus sont de plus en plus constitués en actions. La croissance des dividendes devient alors pour eux une priorité personnelle, au détriment de l’essor et de la qualité des activités de leurs entreprises. L’industrie ne représentera pas un atout pour l’avenir de l’humanité sans changer les ressorts de ce système.

mercredi 24 octobre 2018

« Merci », le billet de Maurice Ulrich !


Le temps s’est gâté pour Emmanuel Macron. Insensiblement pourtant, sa politique obtient certains résultats, peu visibles certes, mais bien réels pour ceux qui en bénéficient, on n’ose pas dire qui en profitent. 

Certes, les retraités râlent, quand bien même, selon le président lui-même, ils n’ont pas de raisons de se plaindre. Pour les ménages les plus modestes, la perte de pouvoir d’achat est réelle. 

Pour la majorité, les hausses de carburant sont durement ressenties. Mais derrière l’arbre des mécontentements, se cache une forêt heureuse. On l’apprenait hier, selon un rapport dû au crédit suisse sur la richesse dans le monde, le nombre de millionnaires (en dollars) s’est accru de 259 000 en France entre la mi-2017 et la mi-2018. 2,147 millions de Français le sont désormais et ce nombre devrait atteindre les trois millions dans les cinq prochaines années. 

Cette progression est la plus forte après celle enregistrée aux États-Unis avec Donald Trump. Alors, qu’est-ce qu’on dit quand on est content ? Merci, monsieur le président (de la République).

« Les quatre loups », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Ce pourrait être une profession de foi : « Ceux qui seraient tentés de penser qu’il y aura moins de crèches ou d’écoles maternelles construites en Allemagne à cause de notre business n’ont rien à faire ici. » Humanistes ou simples citoyens attachés à la justice et aux services publics, circulez. Ici on fait de l’argent, on amasse du pognon. Cette phrase en forme de parangon du cynisme, on la doit à l’avocat fiscaliste Hanno Berger, qui a organisé, à partir de l’Allemagne dès 2007, comme l’ont révélé la semaine passée 19 médias européens dont le Monde, un système de fraude fiscale massive à l’échelle européenne portant sur 55 milliards d’euros en quinze ans au préjudice des États.

On pourrait sans doute l’inscrire au-dessus de la porte d’entrée de chacun des cabinets de conseil dont nous parlons ici. Les big four, les quatre gros : PwC, Deloitte, EY, KPMG. Ils dominent le marché de l’évasion fiscale sur le fil de la légalité à l’usage des multinationales. Ils jouent un rôle majeur dans la perte de quelque 500 milliards chaque année pour les États. Mais il y a plus. Ils jouent un rôle actif en matière de politiques publiques. Le cabinet KPMG intervient auprès de 6000 collectivités territoriales et propose ses recettes de management et de gestion.

On retrouve des poissons-pilotes des quatre cabinets au niveau de toutes les institutions. PwC a participé au niveau de la Commission européenne à la plateforme de réflexion contre l’optimisation fiscale… C’est confier aux loups l gestion de la bergerie. En France, l’évasion fiscale approcherait désormais les 100 milliards. C’est plus que le déficit de l’État, invoqué à l’appui de toutes les mesures d’économie budgétaire qui se mettent en place. Alors qu’à l’Assemblée se discute le budget de la nation, où est la transparence ? Où est la lutte contre ces pratiques ? Le ministre du budget a indiqué hier que les banques qui auraient fraudé dans l’affaire Hanno Berger seraient poursuivie. À suivre…Ces milliards sont des crèches, des écoles maternelles…Les officines de la fraude fiscale n’ont rien à faire ici.

mardi 23 octobre 2018

« Podium », le billet de Maurice Ulrich !



Qui a dit qu’il y avait des bisbilles entre la France et l’Italie. D’accord, « gardez ces migrants que je ne saurais pas voir ». « Pas question, gardez-les vous-mêmes »…Mais çà, c’est l’écume des choses car sur le fond, c’est le cas de le dire, c’est plutôt la bonne entente. 

Ainsi, au salon du secteur naval de la défense qui s’ouvre aujourd’hui au Bourget, les stands des champions français et italien Naval Group et Fincantieri seront côte à côte, tandis que la création d’une coentreprise est envisagée. 

Le secteur en tout cas est très porteur avec 45 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde et les leaders mondiaux sont très sollicités pour la lutte sous-marine, souligne le directeur de ce secteur au sein du groupe Thales. 

Une lutte, dit-il encore, « qui est une sorte de sport qui n’a pas de médaille ». Certainement. Si tout un équipage est envoyé par le fond avec son sous-marin pour cercueil, c’est assez difficile ensuite de monter sur le podium même à la deuxième place.

« Crimes contre l’humanité », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !



L’homme dont le nom est attaché à l’offense aux millions de juifs, vieillards et bébés, femmes et hommes, massacrés dans les camps d’extermination en niant leur mise à mort s’est fait connaître en 1978 par une tribune acceptée par le Monde. Robert Faurisson y défendait l’ancien commissaire aux questions juives de Pétain, Darquier de Pellepoix, qui avait osé déclarer qu’« à Auschwitz on n’a gazé que les poux ». Avec sa mort, le négationnisme est-il passé ? Non, pas plus que l’antisémitisme. Mais la loi Gayssot, comme celle, dite Taubira, reconnaissant enfin en l’esclavage un autre crime contre l’humanité, ont contribué à donner des armes pour combattre l’esprit de haine que lui et ses congénères ont fait prospérer depuis Lyon, déjà.

Aujourd’hui, la bête immonde dont parlait Brecht revêt mains visages. Par « Pragmatisme », la cheffe du RN n’emploie pas publiquement par exemple le terme potentiellement génocidaire de « grand remplacement », né dans les égouts nazis. Non, elle se contente de mettre au compte du relativisme culturel les appels au meurtre du fasciste et raciste Bolsonaro au Brésil. Et d’applaudir au succès de ses amis xénophobes de l’AFD allemande ou de l’extrême droite flamande. Ou d’en appeler au modèle hongrois d’Orban. Ou d’envisager te retrait de la double nationalité pour les seuls « extra-européens ».

Masquée sous la plume de certains chroniqueurs ayant pignon sur rue, sous l’exécration de la « créolisation » de la langue et du métissage des peaux, une formidable charge explosive de haine raciste répand son poison dans la société. Parce que nous en sommes au moins à la quatrième génération de jeunes Français dont les ancêtres sont nés de l’autre côté de la Méditerranée à qui l’on colle l’étiquette « issus de l’immigration ». parce qu’il est d’autres jeunes tout aussi français qui ont l’épiderme franchement sombre, ce qui en fait l’autre cible de prédilection des contrôles au faciès et autres bavures, parfois mortelles. En la matière aussi, nous avons à refuser toute division.

dimanche 21 octobre 2018

Ces « auxiliaires »…, l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain lundi 22 octobre !



 Les accompagnants, unis au sein d’un collectif "AESH-AVS, unis pour un vrai métier", savent de quoi ils parlent.

«Ce vote, j’en suis convaincu, vous collera à la peau comme une infamie.» Chacun se souviendra longtemps de la colère froide de François Ruffin, le 11 octobre. Le député FI, qui défendait une proposition de loi relative à l’inclusion des élèves en situation de handicap portée par le Républicain Aurélien Pradié (comme quoi) et soutenue par toute l’opposition, prête à améliorer son contenu, fustigeait ainsi les élus la République en marche pour avoir rejeté le texte sans même participer aux échanges. Une petite «motion de rejet préalable» et, pour les députés macronistes, il n’y avait rien à débattre. Handicap ou pas handicap, circulez!

Odieux, le procédé témoignait de l’incapacité de la majorité à regarder le monde réel sans cette dose de profond mépris – qui lui vient de si haut. Oui, une infamie. Ne pas vouloir discuter d’une scolarité inclusive, qu’il s’agisse de la question du handicap  ou non, c’est refuser, de débattre de l’accueil de tous les enfants sans distinction à l’école de la République. Les accompagnants, unis au sein d’un collectif "AESH-AVS, unis pour un vrai métier", savent de quoi ils parlent. Ils témoignent dans l’Humanité et dénoncent la «grande mascarade» du gouvernement, les promesses non tenues du président et l’irresponsabilité des discours. La réalité du terrain ne ment pas. Accompagnants non ou mal formés, avec des contrats précaires  permanents, sans parler de ces milliers d’élèves sans soutien réel. Conditions de travail dissimulées; manque de prise en charge minimisé…

Une statistique permet de comprendre ce qui se passe. Plus nous progressons dans le parcours scolaire, moins nous trouvons dans les classes d’enfants  en situation de handicap. En 2017-2018, il y en avait 320 000 en milieu ordinaire, seulement 96 884 au collège, 31 128 au lycée, tandis que nous ne dénombrons que 25 000 étudiants identifiés… Les moyens manquent cruellement. Quant à la situation professionnelle  ultra-précarisée des «auxiliaires» et des «accompagnants» (les mots en disent long parfois), elle ne suscite plus guère de vocation, et pour cause. Tout cela méritait – et mérite toujours – un grand débat parlementaire. Et bien plus: de vraies décisions. 

vendredi 19 octobre 2018

Retraites : « le projet gouvernemental, un immense recul de société » !« Une réforme pour vivre dignement est possible !


Le système par point s n’a que deux objectifs : baisser chaque année la valeur des points, et donc diminuer le niveau des pensions, et obliger le salarié à reculer son départ en retraite pour prétendre à un taux sans décote. La retraite calculée sur l’ensemble de la carrière ne prendra plus en compte les meilleures années. Plus grave, la valeur des points collectés et transformés en pension variera en fonction de différents critères : nombre de futurs retraités, espérance de vie, mais surtout selon la situation économique. Le système devant obligatoirement être à l’équilibre, on se doute que les pensions seront en permanence ajustées par le bas. Système universel peut-être, mais au rabais, sans aucun doute !

EN SUÈDE : UNE RÉFORME SIMILAIRE CATASTROPHIQUE !
Le système prévu par le gouvernement s’inspire de ce qui se fait en Suède où le système par points a été mis en place en 1994. Le modèle suédois est loin d’être le modèle radieux décrit par Macron : la crise de 2008 a contraint à abandonner ce système pour 2009 et 2010 et la chute du PIB a entraîné une chute des pensions.
Aujourd’hui, pas moins de 300 000 retraités Suédois vivent sous le seuil de pauvreté. Les pensions du retraité équivalent en moyenne à 53% de leur salaire de fin de carrière, contre 60% en 2000. On constate que le modèle suédois loin d’améliorer le système des retraites, appauvrit grandement les retraités.


DES PROPOSITIONS EXISTENT POUR DE MEILLEURES RETRAITES POUR TOUTES ET TOUS !
À l’opposé du projet gouvernemental, il faut remettre sur le métier la grande œuvre  du communiste Ambroise Croizat, en allant au bout de l’ambition de la Sécurité Sociale pour construire une sécurité sociale universelle du XXIe siècle pour sécuriser tous les moments de la vie avec notamment un nouveau progrès du système de retraite.

VOILÀ DES PROPOSITIONS
1.     Créer une sécurisation de l’emploi et de la formation pour éradiquer le chômage et la précarité. Cela permettrait une cotisation tout au long de la vie pour garantir de meilleures retraites. 100 000 emplois = 1,5 milliards d’euros pour la sécurité sociale. 1% d’augmentation générale des salaires = 2 milliards de cotisations supplémentaires.
2.     Garantir le droit de partir à 60 ans avec une retraite digne : d’au moins 75% du revenu d’activité pour une carrière complète (37,5 ans de cotisations). Aucune pension ne doit être inférieure au SMIC revalorisé à 1800 euros brut.
3.     Créer une « Maison commune des régimes »pour organiser les solidarités internes aux régimes et entre régimes, l’égalité femmes/hommes, la reconnaissance de la pénibilité, la prise en compte des carrières longues, les solidarités financières antre régimes avec le retour à des élections sociales permettant de réintroduire la démocratie dans la gestion du système des retraites.
4.     Les revenus financiers doivent contribuer au financement des retraites : alors que ces revenus ne cessent de progresser au détriment des salaires, il convient de les faire cotiser au même taux que la cotisation patronale assise sur les salaires. Cela rapporterait 27 milliards d’euros à la sécurité sociale. Il convient également de moduler les cotisations en fonction de la politique d’emploi et de salaire de l’entreprise.

« Impasses et chemins d’espoir », l’éditorial de Michel Guilloux dans l’Humanité de ce jour !



« Une vague de fond » et non « quelque chose de sporadique ». L’avertissement est de l’un des responsables de la CGT retraités. Au-delà des manifestants dans les rues ce 18 octobre, à l’appel de neuf organisations, on entend parler d’une colère tout aussi profonde chez d’autres catégories qui commencent à se manifester et jusqu’au monde agricole, qui paie un lourd tribut, y compris humain, à l’étranglement du pouvoir d’achat d’une catégorie de la population qui représente une part conséquente de l’électorat… »Vague de fond », la formule pourrait aller comme un kimono au monde sportif qui, derrière Teddy Riner, mobilise par centaines des signataires contre la saignée infligée à ce secteur par le projet CAP 22, mêlant mépris pour le service public et mise à mort du tissu associatif qui l’irrigue.

Il y a, entre ces deux pôles, un désormais profond de climat social et autant de facteurs explicatifs au caractère subitement crépusculaire de l’intervention du chef de l’État, en phase avec la pâle allure qu’a prise son nouveau gouvernement. Pas de doute, il n’y aura pas de nouvel élan avec en coulisses nous dit-on, un François Bayrou qui succède à un Gérard Collomb dans le rôle du parrain, ni de changement de cap avec ses ex-cadres de multinationales alimentaires promus à l’écologie, après avoir vanté les vertus de l’huile de palme pour les laits pour bébés…

Arriver, en quelques jours, à ce que tout soit brouillé par une piètre polémique, accents parfois inquiétants, au point qu’un lepéniste patenté comme Louis Alliot se permette de qualifier d’ «extrémiste » Jean-Luc Mélenchon, devrait alerter. Dans ce climat délétère de populisme qui prospère, de l’Italie au Brésil, des États-Unis à la Hongrie, cette extrême droite demeure en embuscade. En revanche, et comme pour le pouvoir d’ailleurs, l’herbe lui est coupée sous le pied quand convergent colères sociales et souci de rassemblement le plus large, pour des chemins d’espoir plutôt que des impasses.

jeudi 18 octobre 2018

Quartier Pierre Curie : 153 signatures pour la sauvegarde du caractère pavillonnaire !



Les promoteurs immobiliers continuent de faire main basse sur la ville. Ils vont de porte en porte visiter les propriétaires de pavillons, afin d’acheter leurs biens pour monter de juteuses opérations immobilières. 

C’est le cas dans le quartier Pierre Curie, Oradour, Benfleet, Ainsi, 153 personnes ont signé une pétition, après avoir pris connaissance d’un projet à l’angle des rues Pierre Curie et Oradour. D’ores et déjà un permis de construire a été déposé pour la construction de 16 logements au 79 rue Pierre Curie. Sans compter les pressions exercées auprès des pavillons voisins pour rendre l’opération plus fructueuse. 

Cela fait des années que les promoteurs font la loi à Romainville avec la bénédiction des élu-e-s de la majorité municipale. Ces 153 signataires leur disent : Stop à la destruction de notre cadre de vie. Nous voulons sauvegarder le caractère pavillonnaire de notre ville.

« Binaire », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



On aimerait, après son intervention à la télévision marquée par l’opposition binaire qu’il a tracée entre ce qui serait son progressisme et les populismes ou les nationalismes, poser cette question à Emmanuel Macron : les retraités qui vont manifester aujourd’hui avec toutes leurs organisations, associatives ou syndicales, où les range-t-il ?

Il suffit de la formuler pour qu’apparaisse le cadre mensonger dans lequel il entend enfermer les débats à venir autour des élections européennes aussi bien que les débats dans le pays et la contestation grandissante de sa politique. Ce ne sont pas seulement ses provocations et son arrogance qui lui sont reprochées, ce sont ses choix et leurs résultats. Car résultats il y a, mais pas ceux dont il se prévaut en évoquant les « réformes » accomplies par son gouvernement. La réalité toute simple, c’est que le pouvoir d’achat des plus modestes a régressé et que celui des plus riches a connu une incroyables progression jusqu’à plus 17%. La réalité, pour ne citer que cela, c’est que cet argent n’a contribué, en aucune manière, à l’investissement et à la création d’emplois.

Moi ou le chaos, avait dit le général de Gaulle, Emmanuel Macron nous rejoue la partition mais il la répète en farce aux accents dramatiques sur-joués. C’est la vieille ficelle de l’opposition ami-ennemi. Qui n’est pas avec moi est contre moi. Il n’est pas vain de constater à ce propos que dans son appel aux énergies de la nation et de toutes les bonnes volontés, s’il a cité les associations et les élus, il s’est bien gardé de citer les syndicats, ne serait-ce que pour les définir sous la forme commode des « partenaires sociaux ». Alors, où les range-t-il eux aussi ? Emmanuel Macron le sait parfaitement : les oppositions à sa politique, les oppositions à la politique européenne actuelle telle qu’elle est pilotée depuis Bruxelles en échappant aux citoyens ne sont pas du populisme ou du nationalisme, même si les forces d’extrême droite font tout pour les récupérer. Mais il joue délibérément et cyniquement avec le feu.

mercredi 17 octobre 2018

Massacre du 17 octobre 1961 : L'heure est à la reconnaissance officielle de ce crime d’État indissociable du colonialisme


Le 57e anniversaire du massacre du 17 octobre 1961 intervient à quelques semaines de la reconnaissance officielle par le président Macron de la responsabilité de l’État dans l'enlèvement, la torture et l'assassinat de Maurice Audin, mathématicien, militant communiste engagé aux côtés du peuple algérien dans sa lutte pour l'indépendance.
La mise à mort, ce 17 octobre 1961, par la police française d'au moins 200 manifestant-e-s algérien-ne-s venu-e-s défiler, souvent en famille, protestant pacifiquement contre le couvre-feu imposé par le préfet de police, Maurice Papon, pour la paix et pour l'indépendance de l'Algérie a été couverte et encouragée par les plus hautes autorités de l’État.
Comme si la mort violente de près de 300 morts en 3 mois de répression policière en région parisienne ne suffisait pas, les événements du 17 octobre, les morts et les rafles et 11 000 arrestations de même que ces 3 mois de terreur ont été sciemment occultés pendant des décennies tout comme les massacres de Sétif (8 mai 1945), les massacres de 1947 à Madagascar, et Charonne (février 1962) par un État colonial prêt à utiliser toute la violence possible pour réduire à néant l'aspiration à une Algérie libre, indépendante et souveraine. De même, la connivence de l’État et de l'OAS qui organisa attentat sur attentat à Paris et Alger a été délibérément minorée au cours des années suivantes.
Rendre hommage aux victimes du 17 octobre c'est pour la France reconnaître par la voix de ses plus hautes autorités d'aujourd'hui son entière responsabilité dans la guerre coloniale et les crimes d’État commis contre le peuple algérien.
C'est contribuer à restaurer la dignité des victimes et la dignité de la République, c'est prendre en considération la douleur des victimes brisées, civiles ou militaires, la douleur des familles et répondre à l'exigence de vérité et de justice des Algérien-ne-s et Français-es de 2018.
Le Parti communiste français, avec ses militant-e-s et représentant-e-s élu-e-s, participera comme chaque année aux hommages et commémorations des victimes du massacre du 17 octobre 1961 qui se dérouleront demain mercredi, et appelle la population à se joindre en nombre aux cérémonies organisées en France.

« À BOUT DE SOUFFLE », L’ÉDITORIAL DE PATRIK APEL-MULLER DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !



Une dose de rien et trois mesures de pas grand-chose. Du remaniement si longtemps différé, les éléments de langage du pouvoir répétaient qu’il illustrait l’ambition de faire au mieux… à l’image des directions du personnel des grandes entreprises. 

À l’arrivée, une galerie d’échines souples et de seconds couteaux tient lieu d’équipe. L’aimantation politique qu’avait produite le nouveau président dans sa campagne politique a perdu son magnétisme et ne recueille plus que de la limaille. Tout au plus notera-t-on qu’un nouveau cadre dirigeant du CAC 40 se place sous les ors de la République, venu du groupe Danone. Quant à l’ambition politique, elle se borne explicitement à faire du pareil au même.
Après avoir traîné en longueur, cet épisode aura confirmé l’épuisement politique de la Macronie confrontée à une opinion qui désormais peut mesurer sur pièces les effets des choix gouvernementaux. Les modifications dans la distribution de huit portefeuilles n’y changeront rien : les Français ne nourrissaient pas de faux espoirs, ils ne sont donc pas déçus. La tambouille des courants de la majorité a remplacé le mirage du nouveau monde. Le souffle court, l’attelage va poursuivre sa route pour amputer les retraites, faire trinquer les salariés pour le bonheur des très riches, privatiser, libéraliser… En résumé, faire du vieux.
De l’inédit, on en aura trouvé dans les opérations de police contre Jean-Luc Mélenchon, son entourage et la France insoumise. Ni LaREM – les comptes de la campagne de la présidentielle d’Emmanuel Macron ont été pointés – ni le Modem – suspecté dans des affaires d’assistants parlementaires – n’ont connu pareil traitement. À quoi vise cette opération ? Le premier ministre, interpellé à l’Assemblée, s’est retranché derrière l’indépendance de la justice, une notion bien élastique aux yeux d’un homme qui est fortement intervenu dans la nomination du nouveau procureur de Paris. Eaux troubles...

mardi 16 octobre 2018

18 octobre 1961, la presse choisit son camp



Au lendemain de la manifestation pacifiste des Algériens, réprimée dans le sang, seuls l’Humanité et Libération dénoncent cette nuit de massacre.
«Ray Charles pourra chanter ce soir. Après le passage du service de désinfection, le Palais des sports a retrouvé son aspect habituel. » C’est une des annonces que fait placidement France-Soir, dans son édition parue trois jours après l’assassinat de près de 300 Algériens, le 17 octobre 1961 à Paris. Avec le parc des expositions et le stade Coubertin, le Palais des sports avait été transformé en lieu de détention où la police avait parqué des Algériens dans des conditions inhumaines.

Les policiers se livrent à une véritable chasse à l’homme
Ce soir du 17 octobre, répondant à l’appel du FLN, 30 000 « Français musulmans d’Algérie » manifestent sous la pluie dans les rues de Paris. Celles-ci leur sont interdites depuis l’infamant couvre-feu décrété par les autorités françaises douze jours plus tôt, avec l’aval du premier ministre, Michel Debré. Le caractère pacifique du rassemblement est garanti par les organisateurs, qui vont jusqu’à fouiller les manifestants. Sur ordre de l’ancien fonctionnaire de Vichy Maurice Papon, devenu depuis préfet de police de Paris, les policiers vont pourtant se livrer à une véritable chasse à l’homme. Papon exige aussi qu’aucun journaliste ne soit présent sur les lieux, contraignant ces derniers à ne disposer que des sources officielles, notamment les informations délivrées par la préfecture. Au total, près de 14 000 manifestants seront arrêtés. Près de 300 d’entre eux seront jetés à la Seine ou exécutés. Le lendemain, dans la presse, la majeure partie des titres vont appuyer ou relayer la version officielle tandis que d’autres journaux, plus rares, dont l’Humanité, refusent de fermer les yeux.

Ainsi le Figaro se fend d’un article retraçant le fil de la journée heure par heure et dans lequel on peut lire dès les premières lignes qu’« il y a eu des heurts, mais (que), grâce à la vigilance et à la prompte action de la police, le pire – qui était à craindre – a pu être évité ». Il ne manque pas d’y adjoindre le communiqué officiel de la police après avoir titré en une : « Violentes manifestations de musulmans algériens hier soir à Paris ».

« Sur le trottoir, sept corps étaient allongés »
Dans les kiosques, le quotidien à grand tirage Paris-Jour barre sa une d’un titre alarmiste : « 20 000 Algériens maîtres de la rue à Paris durant trois heures ! », tandis que l’éditorialiste accable les Algériens qui « ont pu défiler en plein cœur de la capitale sans avoir demandé l’autorisation et en narguant ouvertement les pouvoirs publics et la population ». Pour l’historien Alain Ruscio, la majeure partie de la presse de l’époque se faisait nécessairement l’écho de la méfiance « et même du racisme vis-à-vis de la communauté algérienne », entretenu dans la population. « Mais des journaux comme Libération et l’Humanité dénoncent tout de suite les exactions de la police. Le journal France nouvelle, édité par le PCF, parle même de pogrom », souligne l’historien.

L’Humanité, souvent troué de grands carrés blancs depuis le début de la guerre d’Algérie, décrit la situation au début de la manifestation dans son édition du 18 octobre : « Il y avait des femmes qui scandaient des youyous, il y avait des enfants que les travailleurs algériens avaient amenés avec eux. Mais en plusieurs endroits les policiers et les CRS ont chargé et tiré. » Le journal, qui précise ne pas pouvoir tout dire à cause de la censure gaulliste, titre en une : « Plus de 20 000 Algériens ont manifesté dans Paris. Combien de morts ? » En page 7, le journal communiste décrit ce qui se passe peu de temps après, à deux pas de son siège, situé à l’époque rue du Faubourg-Poissonnière, dans le 9e arrondissement, lorsque le cortège d’Algériens se retrouve face à un car d’agents de police. « Il y eut un moment d’hésitation, puis le chauffeur du véhicule descendit sur la chaussée et tira un coup de feu en l’air : ce fut le signal. Aussitôt, les agents descendirent du car et vidèrent les chargeurs sur les manifestants qui tentaient de trouver refuge dans le restaurant et l’immeuble contigu. » Et l’Humanité de poursuivre la description macabre : « Sur le trottoir, devant le restaurant, sept corps étaient allongés », remettant en cause les chiffres fournis par l’AFP. Le Parisien libéré annonce lui aussi sept morts tout en décrivant un Paris envahi par « les meneurs et les tueurs ». Des qualificatifs utilisés à l’époque par la droite populiste qui ne manque pas de pointer la seule responsabilité du FLN. Même dans le Monde, pourtant plus mesuré dans sa description de la sanglante nuit, Jacques Fauvet pointera du doigt le FLN « puisque, ici et là, c’est le terrorisme musulman qui est à l’origine de ces drames ». Et dans le quotidien l’Aurore, pro-Algérie française, les journalistes n’hésitent pas à dénoncer « la lâcheté habituelle » des meneurs qui « mettaient les femmes et les enfants en avant comme à Bizerte ».

Des dizaines de cadavres d’Algériens repêchés dans la Seine
Le lendemain de la manifestation, Libération, journal issu de la Résistance et dirigé par Emmanuel d’Astier de la Vigerie, tentera d’envoyer un reporter pour pénétrer dans le parc des expositions, où il entendra des cris de douleur et d’effroi. C’est aussi à partir de ce jour que des dizaines de cadavres d’Algériens seront repêchés dans la Seine. Le travestissement de la vérité n’est alors plus possible et un consensus gagne alors la presse, même réactionnaire. Dans le même temps, celle-ci chassera petit à petit le drame de ses colonnes, comme pour faire disparaître les Algériens une seconde fois.


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