LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 31 juillet 2017

" Cynisme ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité de ce jour !


L’histoire se répète, le mépris aussi. Une semaine après l’annonce du coup de rabot sur les APL, le décret signé par le gouvernement, le 20 juillet, détaillant les économies des différents ministères témoigne à nouveau de cette logique implacable visant les plus précaires. On découvre ainsi, de ligne en ligne, que la politique de la ville, essentielle pour financer les dispositifs d’accompagnement dans 1500 quartiers pauvres, sera amputée de 46,5 millions d’euros, soit 11% de son budget total. Un peu plus haut, 185 millions d’euros s’évaporent, comme si de rien n’était, des crédits alloués aux HLM, menaçant la construction de 12 000 logements PLAI, ceux aux loyers les plus bas…

On le voit, derrière l’arithmétique et l’aridité de ce décret, se dessine une désespérante vision de société où les populations les plus fragiles jouent désormais les variables d’ajustement. En ce sens, l’idéologie macronienne, loin du renouveau proclamé, est d’une triste banalité. Dans ce monde là, vu et revu, l’inégalité sociale n’est pas un combat à mener de front mais la quasi-vertu d’une organisation où chacun est le propre patron de son existence. Dans ce monde là, on croit encore à la fameuse théorie du « ruissellement », réfutée par le FMI lui-même, où l’enrichissement des plus fortunés retombe comme par magie sur les plus pauvres. Dans ce monde là, ôter cinq euros par mois à ceux qui n’ont presque rien, ou encore mettre en péril le travail associatif dans les territoires en difficulté, tient lieu de politique publique.


Douze ans après les révoltes urbaines de 2005, la saignée que les Diafoirus du gouvernement s’apprêtent à infliger aux millions d’habitants des quartiers populaires relève à la fois du cynisme et de la faute politique. Cynisme, car Emmanuel Macron sait que ces populations ne l’ont pas élu. Faute, car fragiliser encore ces territoires maltraités, c’est fragiliser toute la communauté nationale. « Le mépris est une pilule qu’on peut avaler mais qu’on ne peut pas mâcher », disait Molière. Et encore moins digérer.

vendredi 28 juillet 2017

" Tout peut arriver ", l'éditorial de Pierre Barbancey dans l'Humanité de ce jour


Désormais, tout peut arriver au Venezuela.  Le blocage voulu par l’opposition au pouvoir bolivarien est en passe de gagner tout le pays. Et il est à craindre que le scrutin organisé dimanche pour élire une assemblée constituante, décidé par le président Nicolas Maduro, et qui pourrait être une solution de sortie de crise, ne suffise pas à éteindre l’incendie. Depuis des années maintenant, le Venezuela est la cible de toutes les attaques, intérieures et extérieures. Le crime d’Hugo Chavez, à l’époque, redonner au peuple tout son pouvoir et la maîtrise de ses richesses naturelles, à commencer par le pétrole. Une politique qui va alors donner des résultats : les Vénézuéliens vivent mieux, leur pouvoir d’achat augmente, la démocratie bat son plein. C’en est trop pour l’oligarchie locale et sa représentation politique, soutenue notamment par les Etats-Unis, qui tentent même un coup d’état, contré dans la rue par la population qui soutient son gouvernement.

Pourtant, à la mort du Commandante, la machine va se détraquer. La difficulté à diversifier une économie dépendante du pétrole et une perte de terrain des idées « chavistes » ouvrent la voie à une opposition d’autant plus dopée que le charisme de Maduro n’est pas celui de Chavez ; les difficultés économique s’accentuent et le pouvoir perd son soutien populaire. Dans le camp « chaviste » des voix s’élèvent également, critiques, pour reprendre la main politique et économique. Mais dans un apys où la corruption a toujours refait surface, le combat est difficile.


L’opposition, qui a remporté les dernières législatives, ne cache plus ses ambitions : en finir avec une politique qualifiée de « socialiste », c'est-à-dire qui néglige les intérêts de la grande bourgeoisie. Elle est aidée par les erreurs du pouvoir mais aussi, et surtout, par les aides américaines de toutes sortes. « Nous ne voulons pas être Cuba » est désormais l’un des slogans criés dans les manifestations. La marge de manœuvre est réduite quel que soit le résultat du scrutin de dimanche. Désormais, tout peut arriver au Venezuela. Y compris un putsch, comme l’Amérique latine en a tant connu dans son histoire.

jeudi 27 juillet 2017

" La boursicoteuse ", l'éditorial de Jean- Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !

C’est vieux comme le capitalisme : les spéculateurs aiment l’exploitation. L’exploitation des salarié(e)s. Depuis l’industrialisation de notre vieille Europe, les noms des maîtres œuvrant     pour l’universelle vindicte patronale ne manquent pas. Ils s’accumulent sur une longue liste noire. Ce sont des noms de coupables, qui agissent souvent sans bruit mais qui, comme des machines, dans leur engrenage, dans leurs laminoirs, prennent les femmes et les hommes criant, tandis qu’eux, c’est en silence qu’ils les broient. Un nom vient de s’ajouter à cette triste liste. Celui de Muriel Pénicaud.



Les révélations que nous publions risquent de secouer la ministre du travail. Non pour d’éventuelles raisons judiciaires, puisque les faits sont « légaux », nous rétorquera-t-on. Mais bien pour des raisons politiques. Et morales. Voyez-vous, avant d’être nommée par Macron au gouvernement, Mme Pénicaud était directrice générale des ressources humaines chez Danone. Beaucoup louent d’ailleurs son passage chez le leader mondial des produits laitiers. Comment réagiront-ils à la lecture de l’Humanité ? Car, selon les comptes officiels de l’entreprise pour l’année 2013, que nous avons consultés, Mme Pénicaud a réalisé plus d’un million d’euros de plus – values boursières, par un simple jeu d’écritures, en une seule journée ! Et pas dans n’importe quelles circonstances. Quand croyez-vous qu’elle décida de revendre une partie de son paquet de stock- options de chez Danone ? Le 30 avril 2013, jour où elle exploita une spectaculaire remontée de l’action…juste après l’annonce de 900 suppressions d’emplois. Les restructurations, çà plaît à la Bourse et çà rapporte aux puissants. Résultat de ce coup digne des maîtres des forges : un profit immédiat de 1,1 million d’euros !


Souvent, la responsabilité meurtrière des financiers se dérobe, s’évanouit dans une sorte d’obscurité. La voici en pleine lumière. L’ex –boursicoteuse  peut-elle « moralement » conduire la casse du Code du travail, l’aménagement du CDI version Medef, la dérégulation du CDD, et. ? Osera-t-elle affirmer que faciliter les licenciements s’avérera bénéfique pour à l’emploi, donc aux salarié(e)s ? En somme, Muriel Pénicaud est –elle encore digne du titre de ministre « du Travail » ?

mercredi 26 juillet 2017

" Moment de vérité ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !


Voilà un incendie que le gouvernement n’est pas près d’éteindre. La décision couperet de ponctionner les plus pauvres en baissant l’aide au logement de 5 euros par mois, alors que les plus riches vont renflouer leur portefeuille de 2 milliards d’euros avec la réforme de l’ISF, constitue un moment de vérité. Associations, syndicats, partis antilibéraux, et même les bailleurs sociaux s’offusquent du préjudice qui frappe les plus démunis. 60% des personnes qui bénéficient de l’APL vivent sous le seuil de pauvreté. Pour elles, 5 euros, c’est deux repas de cantine, une journée de reste à vivre, une semaine de pain.

Avec la même arrogance que Marie-Antoinette en son temps, on imagine le chef de l’État être capable de s’écrier : « s’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche ! » Emmanuel Macron fait déjà collection des sentences anti-pauvres : les ouvriers « illettrés » de Gad, les « alcooliques » du bassin minier, les chômeurs trop fainéants pour avoir les moyens de se « payer un costard », les jeunes incapables de « devenir milliardaires », ou encore les « gens qui ne sont rien », ce peuple laborieux des gares. Passé maître en l’art du mépris de classe, le jeune coq de l’oligarchie fait des émules. « Si à 18, 19 ans, 20 ans, 24 ans, vous commencez à pleurer pour 5 euros, qu’est-ce que vous allez faire de votre vie ! » glose Claire O’Petit, députée de la République En marche de l’Eure.


Il y a 10 ans, la droite décomplexée de Sarkozy lâchait la bride d’un discours anti-pauvres assumé. Depuis, le dédain social est devenu une colonne vertébrale du camp libéral afin d’asseoir la domination des classes supérieures et les privilèges qui vont avec. Les gens de peu, eux, sont renvoyés parmi les « assistés ». Face à la bourrasque de réprobations sur la baisse des aides au logement, le gouvernement annonce une réforme globale à la rentrée dont il n’est pas difficile de deviner la logique, quand le ministres de la Cohésion des territoires annonce qu’il faut arrêter le « camion fou des dépenses. »

mardi 25 juillet 2017

" Etat de grâce " ?, l'éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l'Humanité de ce jour !


Les commentateurs de la « chose » publique ont décidément la mémoire tendre et sans doute mériteraient-ils quelques sévères admonestations, histoire de leur rappeler que la politique, c’est sérieux. Ainsi, il aura suffi d’un baromètre de l’Ifop pour voir resurgir cette novlangue qu’aucune raison n’étayait jusque là, sauf à tordre la réalité. Lisez bien : « Pour Macron, l’état de grâce est fini ». Depuis quarante-huit heures, journaux, télés et radios tournent en grande boucle pour « analyser » la perte de dix points de « l’indice de satisfaction » du chef de l’État, comme s’il leur fallait prolonger l’une des métaphores grégaires du Tour de France : quand on arrête de pédaler, on n’avance plus…

Voici donc la « fin » de « l’état de grâce » du monarque élu. Ah bon ? Vous aviez vu un « état de grâce », vous ? Les amnésiques règnent en maîtres. Ont-ils déjà tous oublié leurs explications – pourtant concrètes – sur le fait que Macron n’avait pas été élu par « adhésion » mais en grande partie par « défaut » ? Et omettent-ils tous que ce président tient sa légitimité représentative de la pire élection parlementaire de toute notre histoire républicaine ? Les taux d’abstention aux deux tours des législatives, 51,29% puis 57,4%, ne furent pas seulement un triste record absolu à des élections parlementaires depuis l’instauration du suffrage universel, en 1848 ! Près des deux tiers des Français en âge de s’exprimer n’avaient pas exercé leur droit… Et au cœur de l’été, à la faveur d’un sondage, on vient nous parler de « l’état de grâce » de Macron, comme si celui-ci avait seulement existé. Ce furent les quatre tours de scrutin électoraux qui portaient en eux le venin de la disgrâce !


Ce qui se passe est plus prosaïque. Loi travail XXL, hausse de la CSG, baisse des APL, mesures fiscales favorisant les plus aisés, etc. : la multiplication des mesures libérales, certes prévues, est cette fois En marche forcée. Alors, chaque jour un peu plus, la France sociale craque. Résultat ? La cote de Macron se situe deux points en dessous de celle de Hollande en juillet 2012. Accordons au moins du crédit à ce seul chiffre …

lundi 24 juillet 2017

" Assez de faux-semblants, des actes ", l'éditorial de Patrick Le Hyaric dans l'Humanité de ce jour


Que le Conseil de sécurité de l’ONU soit dans l’obligation de se réunir à propos de la crise ouverte par l’installation illégale de détecteurs de métaux à l’entrée de l’esplanade des mosquées à Jérusalem dit beaucoup de la gravité de la situation créée par le pouvoir israélien. Mais, si cette réunion ne servait, une fois de plus, qu’à calmer la protestation justifiée du peuple palestinien, l’Onu se rendrait elle-même responsable de la non-application du droit international qu’elle édicte.

Le gouvernement de droite israélien agit ainsi car il bénéficie de criminels silences, de coupables complicités et de sordides encouragements, parmi lesquels ceux de M. Trump, de M. Macron et des cercles européens. Trop de gouvernements, dont le nôtre, tolère l’accélération des destructions de maisons de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, la colonisation, l’allongement du sinistre mur de séparation, le vol de l’eau, l’emprisonnement de jeunes et de travailleurs palestiniens, l’étouffement de Gaza. Dans ces conditions, il faut être de mauvaise foi pour s’étonner de l’explosion de la bouilloire qui parcoure les rues palestiniennes. Il s’agit donc d’interpeller les autorités françaises pour qu’elles réclament des actes forts visant à appliquer le droit international. Cela suppose des initiatives politiques et des sanctions envers le pouvoir israélien, notamment en cessant la livraison d’armes et en réduisant certaines coopérations qui servent à renforcer la colonisation.


L’Union européenne doit avoir le courage de rompre l’accord d’association tant que l’ultra-droitier pouvoir de Tel-Aviv ne s’engage pas dans un processus de négociations pour la reconnaissance de deux États. Deux vrais États ! Pas un État croupion palestinien comme on l’envisage dans quelques chancelleries, mais celui défini par les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale. Il en va de la sécurité de tous. Assez de paroles, des actes maintenant.

vendredi 21 juillet 2017

" La langue coupée ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !


La crise qui a éclaté entre Emmanuel Macron et son chef d’état-major en cache une autre. Celle, plus globale, que provoque le rapport de plus en plus problématique du président de la République avec les autres institutions du pays, fat d’autoritarisme et de brutalité. Le militaire parle avec sincérité aux députés ? Il doit être remplacé sur le champ par un autre à la langue coupée. C’est, en substance, le message que le chef de l’État fait passer. Nul doute que le successeur du démissionnaire se tiendra comme la Grande Muette devant la représentation nationale.
Le général de Villiers est le fusible qu’Emmanuel Macron fait sauter pour court-circuiter le Parlement, déjà rudement maltraité par la méthode des ordonnances sur le Code du travail. Ses élus se trouvent directement atteints dans leur fonction de contrôle de la politique de défense et d’élaboration du budget de la nation, et déconsidérés de manière inédite par un président de la République qui assimile leur travail à de « l’étalage de débats sur la place publique ». Il se trouve malheureusement peu de forces politiques pour soulever le problème. « Si la parole des militaires n’est plus totalement libre devant les représentants de la nation, auxquels ils ont des comptes à rendre, cela signifie que notre pays, la République, est aux portes d’un changement de régime qui tourne le dos aux principes démocratiques qui sont les siens », alertent les communistes.


La question posée dépasse celle du bien-fondé ou non des positions qui ont coûté son poste au chef d’état-major. Elle est de savoir si le Parlement peut encore exercer ses prérogatives sur des choix aussi graves que celui de la guerre ou de la paix, de la poursuite ou non d’opérations extérieures aussi ruineuses budgétairement que dangereuses et contre-productives politiquement, de la part belle faite à la dissuasion nucléaire à l’inverse des exigences internationales de désarmement ou de la participation de la France à une organisation sous domination états-unienne comme l’OTAN. Quand il va de la sécurité collective, il ne peut être question de « domaine réservé » du président de la République.

jeudi 20 juillet 2017

Collectivités territoriales : " la méthode change mais la finalité reste la même !


Les collectivités locales au régime sec. Réduction du nombre d’élus locaux, 13 milliards d’économies au cours des cinq prochaines années, suppression totale à terme de la taxe d’habitation…



Ce sont les principales mesures annoncées hier par le président Macron devant les représentants des communes, départements et régions. La douche est glaciale pour nous, élus locaux, qui avons déjà vu nos dotations amputées de 9,5 milliards d’euros les trois dernières années du quinquennat Hollande.

La méthode change mais la finalité reste la même. Le chef de l’État préfère responsabiliser les élus locaux en leur demandant de réduire d’eux-mêmes les dépenses de leur collectivité. D’où l’idée d’un " pacte ". Ceux qui ne joueraient pas le jeu, a-t-il toutefois prévenu, verraient leurs dotations baisser l’année suivante. »

Emmanuel Macron enlace les petits élus locaux, au risque de les étrangler. Le régime annoncé hier au Sénat ressemble plus à une soupe à la grimace qu’à un menu étoilé offert sur les hauteurs de la Tour Eiffel. Communication apaisée pour mauvaise réforme.

La conférence des territoires vient de livrer une belle démonstration de la capacité de l’exécutif à souffler le chaud et le froid pour, au final, figer le pays dans l’austérité et le chacun pour-soi. Le chef de l’Etat jure faire de la lutte contre la fracture territoriale une " priorité ", mais le résultat de son plan sera de franchir une nouvelle étape de déconstruction de l’égalité républicaine.

Il va, en effet, accroître les inégalités entre territoires et donc de faire apparaître une France encore plus fracturée. Nouvelle purge pour les collectivités et les services publics. La conséquence de ces choix de politique d'austérité assumés est d'éloigner toujours plus les citoyen(e)s des décisions locales in fine de la démocratie.

Être moderne, être "progressiste" comme le chef de l’état aimait le dire pendant sa campagne, c'est de donner plus de moyens aux maires, aux élus locaux qui sont en prise directe avec les habitant(e)s.


BEN AMAR Youssef, Conseil municipal délégué ville d'Allonnes. Membre du bureau national de l'Association nationale des élus communistes et républicain.

" Tout repenser, de l'entrée au dessert ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !


À peine ouverts, les états généraux de l’alimentation dégagent déjà un petit goût amer. La séance inaugurale invite à table quelques 500 convives dont beaucoup craignent de rester sur leur faim face à des assises qui enserrent les enjeux alimentaires dans le problème de la « création de la valeur ». La course à la productivité et la guerre des prix, menée par des distributeurs sans scrupules font déjà de nombreuses victimes. Les agriculteurs sont poussés à la faillite, la terre est asphyxiée par des intrants chimiques, le climat étouffe sous le trop-plein d’engrais et la population s’abîme la santé. En France, où la culture de la table fait office de patrimoine, la malbouffe gagne du terrain. Les plats industriels, trop riches en sel, en sucre, en gras, envahissent les assiettes.

« La destinée des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent », assurait Brillat-Savarin dans la physiologie du goût. L’alimentation est au carrefour de multiples enjeux. Son rôle nourricier façonne le rapport à la terre et à la mer. Sa fonction économique dialogue avec la souveraineté alimentaire. Son usage culturel touche aux notions de plaisir, de convivialité, de vivre-ensemble. Pour qu’elle reste un puissant vecteur d’inclusion et d’identité, il faut tout repenser, de l’entrée au dessert.


Sans quoi, on peut déjà prédire la fin. Face au naufrage du productivisme, Emmanuel Macron va redire ce soir son intention d’accompagner la transformation du système productif. Mais pas pour tout le monde. La coexistence de deux modèles permettra de protéger les intérêts financiers de la poignée de multinationales qui, de la semence à l’assiette, ont fait main basse sur l’alimentation. À elles, le bénéfice d’une production de masse, uniformisée, insipide, à destination des familles modestes. À côté, la montée en charge d’une production vivrière de qualité à portée des porte-monnaie plus fournis. Alors, l’accès au bien-manger restera un privilège. Qu’il faudra abolir.

lundi 17 juillet 2017

" Choc fiscal façon Sarkozy ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !


Le gouvernement a bien embrouillé son message mais, bribe après bribe, la cohérence de sa politique apparaît au grand jour, loin des balivernes sur le prétendu dépassement des notions de gauche et de droite. Pour la saisir, il faut s’écarter des analyses collant trop à la communication de l’exécutif, qui tantôt se présente comme celui des sacrifices et des hausses d’impôts, puis, le jour d’après, comme celui des cadeaux et des allègements fiscaux, et qui, au bout du compte, prétend réduire les déficits en relançant la croissance, à moins que ce ne soit l’inverse. La vérité est plus simple : le gouvernement Philippe est tout cela en même temps, mais pas pour tout le monde à la fois. L’OFCE, un organisme économique rattaché à Sciences Po, a fait les comptes des effets de ses annonces sur les revenus des ménages : ce sont en réalité 1% des plus riches, soit 280.000 foyers, qui va se remplir les poches grâce aux mesures sociales et fiscales du gouvernement.

Ce 1% devrait toucher près de 15.000 euros de plus par an, principalement en baisses d’impôt sur la fortune et sur le capital – les 9% les mieux lotis situés juste en dessous n’y gagnant pratiquement rien – , contre  81 euros de « gains » toutes mesures confondues, pour les 10% des Français gagnant 1200 euros par mois ou moins. Le directeur de l’OFCE, Xavier Timbeau, parle de « choc fiscal » en faveur des riches à la façon de « Sarkozy 2007 »…Et encore, cela sans compter l’« impact sur le revenu des ménages » de la réduction des dépenses publiques.


Car il faut bien que quelqu’un paie la facture en suppressions de services publics et coupes dans les prestations sociales. Ses conséquences commencent aujourd’hui à la conférence des territoires, où les collectivités seront « invitées » à se délester de 1   0 milliards d’euros en cinq ans. Osons le rapprochement : la baisse des impôts sur le capital coûtera 6,5 milliards ; celle de l’impôt sur les sociétés, 10 milliards. La mort des services publics locaux n’est en rien une fatalité à laquelle il faut se résoudre.

jeudi 13 juillet 2017

" Macron banalise la délinquance climatique ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !


Emmanuel Macron se rêve en héros du climat. Mais il invite à Paris le chef de troupe des présidents climato-sceptiques. La petite ritournelle de l’hôte de l’Élysée, qui « ne désespère jamais de convaincre », ne sème au vent que de l’illusion. Au G20 la semaine dernière, c’est Donald Trump qui a convaincu tous les autres chefs d’État de céder à ses quatre volontés. Les Etats-Unis, pays le plus émetteur de gaz à effet de serre par habitant dans le monde, ont obtenu un blanc-seing pour vendre leurs énergies fossiles quand bien même tous les experts hurlent qu’il faut les laisser sous terre pour éviter un fatal emballement.

En diplomatie, les actes ont un sens. Emmanuel Macron accueille Donald Trump en grande pompe, parade sur les Champs-Élysées et diner étoilé. Fin mai, il a reçu Vladimir Poutine à Versailles alors que le président russe venait de remettre en question la responsabilité des activités humaines dans le coup de chaud qui oppresse la planète. Le compte à rebours est enclenché. Une récente expertise publiée dans la très sérieuse revue « Nature » estime qu’il reste trois ans pour prendre les bonnes décisions et rester dans les clous d’une hausse des températures qui ne dépasse pas les 2° C. En invitant Trump à Paris, le chef de l’État français banalise la délinquance climatique.


Pis, la convocation unilatérale d’un « sommet d’étape » sur les financements climat en France le 12 décembre prochain révèle un mépris certain pour la diplomatie internationale. La 23e conférence climat de l’ONU (COP23) doit se dérouler en novembre. Elle sera, pour la première fois, organisée par un petit État du Pacifique que les bouleversements du climat promettent de noyer sous les eaux, les Îles Fidji. Cette COP doit prioritairement travailler sur les aides financières pour permettre aux populations les plus menacées de faire face aux dérèglements. Sans quoi, les 250 millions d’habitants aujourd’hui menacés deviendront les déplacés de demain, ces migrants même contre lesquels Donald Trump construit des murs.

mercredi 12 juillet 2017

" Haro sur les ouvriers " !, l'éditorial de Patrick Le Hyaric dans l'Humanité de ce jour !


Après les agents des services publics, les ouvriers ! À pas de loup, mais de loup vorace, le gouvernement Macron-Philippe tente de mettre à genoux l’ensemble du monde du travail. Avec le remplacement du compte pénibilité sur réclamations patronales par un vague compte dit de prévention, le gouvernement adresse une gifle aux travailleurs les plus exposés et exploités. La manutention de charges lourdes, les postures pénibles, les vibrations mécaniques et les risques chimiques ne sont désormais plus dans les salons gouvernementaux considérés comme des travaux pénibles. Ils deviennent par simple circulaire exclus du champ d’application de la loi, au moment où ils veulent déchiqueter le droit du travail.

Révoltant pour toutes celles et tous ceux qui, sous la canicule, font les routes ou réparent les rails, construisent des bâtiments ou déchargent des camions ! Les mêmes qui touchent de petits salaires et partent le moins en vacances. Certes, la précédente loi avait été qualifiée ‘d’usine à gaz », mais au lieu d’en corriger les défauts, le pouvoir en profite pour occulter toutes les souffrances au travail. Il y a aussi le travail en souffrance. Car, telles est bien la question : il ya urgence à lancer un vrai débat sur…le travail, son sens, son utilité, sa pénibilité dans un monde où l’on prône la « flexibilité » et le concurrence de tous contre tous. Du même coup, le gouvernement s’attaque à la sécurité sociale en faisant peser sur elle, et non plus sur les cotisations spécifiques employeurs, le financement de sa contre-réforme.


Au service du syndicat du grand patronat qui hurle de joie, le gouvernement s’affiche chaque jour plus doux avec les puissants et plus féroce avec les faibles. Les droits des ouvriers et employés soumis aux tâches les plus rudes, à l’espérance de vie la plus courte à cause des maladies professionnelles doivent être défendus sans attendre. C’est un enjeu d’intérêt général qui concerne la santé des travailleurs comme l’économie du pays. Les coûts générés par la pénibilité et les effets du stress au travail représentent près de 3% des richesses produites. Replaçons le travail au centre de nos actions.

mardi 11 juillet 2017

" Les vacances, un combat à mener ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité de ce jour


N’en déplaise à certains marronniers médiatiques, les méduses, les orages ou encore les embouteillages ne sont pas les seuls à menacer les vacances. L’ombre la plus dangereuse qui plane sur ce droit fondamental reste l’impossibilité, pour une large partie de la population, d’en bénéficier, tout simplement…Les images de quais de gare bondés et d’autoroutes surchargées ne doivent pas faire illusion. Cette année encore, 40% des Français feront l’impasse sur cette bouffée d’oxygène essentielle, principalement par manque de moyens.

La France vit ce paradoxe depuis longtemps. D’un côté une économie touristique florissante ; de l’autre un accès aux vacances profondément inégalitaire. En haut de l’échelle, 82% des cadres supérieurs font leurs bagages chaque année. En bas, à peine un ouvrier sur trois. Pis : l’écart se creuse depuis une décennie, faisant du départ en vacances un des marqueurs sociaux les plus flagrants.

La faute à la crise ? Au chômage ? À la précarité galopante ? Évidemment. Mais auxquels il convient d’ajouter l’inaction coupable des gouvernements successifs. Le combat pour assurer l’accès aux vacances pour tous n’est pas mené à la même hauteur. Depuis 2001, la politique sociale des loisirs est secondaire. Et survit, bien souvent grâce à l’implication d’associations comme le Secours populaire français ou à la ténacité des acteurs du tourisme solidaire. Mais les hautes instances de l’État, les bienfaits des congés en termes de perception de soi, de vivre-ensemble ou encore de santé sont superbement ignorés au profit d’un tourisme à la sauce macronienne vu sous l’angle unique de la balance commerciale.


Au fond, les vacances ne sont pas allées de soi. Ce temps à part d’oisiveté constructive heurte, quasi philosophiquement, les logiques de rentabilité immédiate et le fantasme de travailleurs corvéables à merci. Plus de quatre-vingts ans après 1936, la démocratisation de ce droit reste une lutte à gagner.

jeudi 6 juillet 2017

" Derrière l'affichage ", l'éditorial de Paule Masson dans l'Humanité de ce jour !


Sur le papier, l’affiche a de la tenue. En haut, un ministre convaincu que la lutte contre le réchauffement climatique est une urgence absolue qui ne peut être pensée en dehors d’un monde bâti sur la solidarité ; au milieu un plan interministériel qui affiche l’ambition d’aller plus loin que l’accord de Paris ; en bas, la signature du chef de l’État. Nicolas Hulot présente ce matin le plan climat du gouvernement, sans doute en espérant que les 60 milliards de compression de dépenses publiques annoncés par le premier ministre ne soient pas en train de décoller un coin de l’affiche. Car transition écologique et austérité ne font pas bon ménage, sauf à considérer, comme l’a laissé entendre Édouard Philippe, que les missions d’intérêt général peuvent être assumées par d’autres que le service public.

L’« autre, c’est le marché, addict aux subsides de l’État dès lors que l’investissement est source de profits. Les partenariats public-privé sont déjà légion en matière de protection de l’environnement et le concept à la mode « d’économie verte » repose sur la logique d’échanges qui attribue une valeur financière à la nature (la terre, l’eau, l’air, la forêt). Pour être crédible, la plan climat doit donc ajouter aux objectifs ambitieux d’atteindre la neutralité carbone en 2050, de diviser par deux les déchets, d’en finir avec les logements « passoires thermiques », une efficace fiscalité qui taxe les riches pollueurs et ne crée pas de nouvelles inégalités.


Le réchauffement climatique n’est pas une crise parmi d’autres. Il redessine le monde et oblige à changer d’ère. Le véritable danger consiste à précipiter les transitions dans les bras des intérêts égoïstes, qui ne manqueraient pas de creuser un gouffre entre les biens lotis du changement climatique et les autres. Trump a clairement choisi cette option. Nicolas Hulot a fait ajouter le mot « solidaire » au nom de son ministère pour tenter de penser le basculement dans un avenir commun. Une chose est déjà sûre, le champ lexical ne suffira pas.

mercredi 5 juillet 2017

" 2000 disettes...", l'éditorial de Maud Vergnol dans l'Humanité de ce jour !


Cette fois l’assistance ne s’est pas assoupie. Au lendemain du gloubi-boulga libéral infligé au Congrès par le Président de la République, les députés sont enfin rentrés dans le vif du sujet hier, puisque c’est à Édouard Philippe qu’a incombé l’ingrate besogne de présenter l’addition. Certes, il l’a fait avec tous les égards du genre, comme ces patrons qui vous offrent un chocolat avant de vous annoncer un licenciement. Mais, la feuille de route gouvernementale enfin sur la table, les effets de l’anesthésie générale vont pouvoir se dissiper. Loin des promesses de campagne d’un candidat qui prétendait renverser la table, c’est l’enlisement austéritaire que propose la majorité, recyclant les recettes mortifères déjà appliquées sous les deux précédents septennats. Celles qui répondent, encore et toujours, aux injonctions de Bruxelles plutôt qu’aux aspirations populaires.


Enfermée dans l’obsession budgétaire, la nouvelle majorité compte faire monter la France dans le TGV libéral, qui balaiera protections et progrès social, entravera toujours davantage les services publics et l’autonomie des collectivités locales. Au terminus : un eldorado pour la finance et ceux qui ont déjà tout. Après l’opération séduction du gotha de Wall Street entreprise par Bruno Lemaire à New-York, Édouard Philippe leur a donné hier de nouvelles preuves d’amour, confirmant l’axe économique stratégique du gouvernement : profiter du Brexit pour « améliorer l’attractivité de la place de Paris », quitte à faire de la France un nouveau genre de paradis fiscal. Car, étonnamment, le premier ministre, qui n’a pas manqué de verser des larmes de crocodile sur la dette, « ce volcan qui gronde de plus en plus fort », n’aura pas abordé l’évasion fiscale, qui coûte pourtant la bagatelle de 80 milliards d’euros par an à la France. Pour s’imaginer ce qui nous attend, il fallait donc lire entre les lignes, les angles morts, et les lapsus…comme celui qui ne manquera pas de lui coller à la peau : 2000 disettes…

mardi 4 juillet 2017

" Un vertige de platitudes ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour !


Qui craignait le vertige devant « la pensée complexe » du président est désormais rassuré. Emmanuel Macron a infligé aux parlementaires qui avaient déféré à sa convocation un long prêche cauteleux, un chapelet de platitudes et un hachis de grands principes réduits à des banalités. Le trône et son discours sonnent creux. Leur libéralisme semble un collier de perles…L’Élysée promettait un cap ; il a livré un enfumage. Si les menaces contre le Code du travail ou contre « la société des statuts » sont confirmées, si la République est réduite à un « pacte girondin », il faudra attendre, pour connaître les traductions et l’addition sévère, la déclaration de politique générale d’Édouard Philippe aujourd’hui. Déjà les smicards ne sont pas augmentés et la légère hausse du point d’indice des fonctionnaires est annulée. Ceux qui « ne sont rien » n’auront rien et ceux qui ont tout et sont tout aux yeux d’Emmanuel Macron peuvent caresser les plus doux rêves.

En matière de réforme constitutionnelle, le président a cependant confirmé son intention d’ajouter à l’abaissement du rôle des parlementaires court-circuités par les ordonnances la diminution de leur nombre. En annonçant une « dose de proportionnelle », il réduit sa promesse que « toutes les sensibilités soient justement représentées » à la mesure d’un échantillon. Afin de tordre le bras de députés ou de sénateurs pour certains réticents, il a brandi la menace d’un référendum.


Tout çà pour çà, direz-vous. Le défilé en grandes pompes à Versailles avait pour seul but d’affirmer l’absolutisme présidentiel et sa prééminence sur toutes les institutions. Les élus qui n’y étaient pas – communistes et insoumis – n’ont pas voulu cautionner cette dérive institutionnelle vers une présidence sans partage et ont choisi les uns et les autres de manifester, plutôt que de fléchir le genou devant ce pâle monarque.

lundi 3 juillet 2017

" Pas de place pour la Smic à Versailles ", l'éditorial de Sébastien Crépel dans l'Humanité de ce jour !


Inclassables à gauche ou à droite, Emmanuel Macron et son gouvernement, vraiment ? Il y a pourtant de vieilles habitudes qui trahissent un pedigree. Prenons le Smic, par exemple. À chaque fois qu’une majorité a été élue sous les couleurs de la gauche, le salaire minimum a augmenté dans la foulée au-delà de sa revalorisation légale. Oh, souvent de façon très insuffisante – mais toujours substantiellement quand la coalition au pouvoir incluait le PCF : 5% de coup de pouce en 1981 et 2,25 en 1997, contre 0,4% en 1988 et 0,6% en 2012. Changement de pied quand la droite revient aux affaires : à part en 1995 (2,2% de coup de pouce, campagne sur la « fracture sociale » oblige), les smicards sont condamnés à se faire des nouilles encore, pour paraphraser un slogan anti-loi El Khomri. Zéro en juillet 1986, 1993, 2002 et 2007.


Juillet 2017 s’inscrit dans cette « tradition » d’austérité droitière. Ceux qui (sur) vivent avec le Smic devront patienter jusqu’à la baisse des « charges » promise – c’est-à dire financer eux-mêmes leur augmentation par la baisse de « charges » promise par la baisse de leur salaire brut – et la hausse de la prime pour l’activité payée par les impôts de tous. Derrière, toujours le même tabou patronal du « cout du travail » qu’il faudrait sans cesse baisser, sous peine de détruire des emplois. Mais l’écrasement des salaires, lui, renchérit le coût du capital : c’est l’autre tabou dont Macron et le Medef ne parlent pas. À elles seules, pendant que le Smic gagnait péniblement 1% au début de l’année, les dix plus grosses fortunes se sont enrichies de 84 milliards d’euros en un an : + 35%. Le dixième de ces gains –oui le dixième – rendu au travail permettrait de financer, incluses les soi-disant « charges » sociales, une hausse de 30% du salaire annuel des 1, 6 million de travailleurs payés au Smic, soit 444 euros brut par mois (345 euros net). En d’autres termes, de porter le Smic à 1500 euros net. Voilà un acte qui ferait beaucoup plus pour le renouveau de la politique qu’un discours du trône à Versailles.


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