LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 10 avril 2020

« Priorités », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Il ne fait aucun doute qu’Emmanuel Macron annoncera, lundi soir, la prolongation du confinement bien au-delà de la date du 15 avril, date à laquelle personne ne croyait, le gouvernement moins que quiconque quand il n’a cessé de se revendiquer de la transparence. Sauf que le confinement est pertinent à la condition de pouvoir en sortir. Quels moyens ? Quelles priorités ? Ce sont les réponses à ces deux questions que l’on attend.

La situation de crise sanitaire dramatique s’accompagne d’une crise économique dont on a peine encore à mesurer l’ampleur des effets. Mais elle s’accompagne aussi d’une crise sociale majeure qui ne fait que commencer. Près de 6 millions de salariés au chômage partiel et pour lesquels une indemnisation à 100% devrait être la règle « quoi qu’il en coûte » ; des millions de salariés, en plus bien entendu des soignants et des professions directement engagées auprès des malades, contraints de travailler dans des conditions qui devraient être sévèrement contrôlées. C’est bien de s’adresser aux joggeurs avenue Foch, mais qu’en est-il des directions d’entreprise, de grande surface, quant aux moyens qu’elles mettent en œuvre pour protéger leurs salariées et salariés ?

Le Conseil scientifique alertait aussi, hier, sur la situation « des classes sociales les plus populaires qui ne peuvent, objectivement pas passer deux mois enfermées dans leur appartement », avec ce qu’on sait de la situation des élèves les plus modestes, des situations familiales tendues. Cela implique, on l’a dit, des moyens sans aucune mesure avec ceux jusqu’alors déployés. Masques, tests de dépistage, en laissant de côté la piste inquiétante et sans doute illusoire du traçage. Et cela implique que ces moyens doivent être tournés, de manière absolument prioritaire, vers les populations les plus menacées. Ce n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est le chemin indispensable pour que des enfants retournent à l’école, pour que le virus soit circonscrit. C’est un levier indispensable pour en sortir au plus vite.

jeudi 9 avril 2020

« Table rase », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité de ce jour !



Il ne suffit plus de se payer de mots, il faut des actes ! La pandémie qui « hors de tout contrôle pourrait coûter la vie à plus de 40 millions de personnes », selon Oxfam, presse les dirigeants politiques d’agir. Mais pas n’importe comment, et surtout pas en recyclant les recettes ultralibérales d’hier qui ont aggravé les crises structurelles qui défigurent le quotidien de milliards d’êtres humains. On ne le répétera jamais assez, l’épidémie agit comme un miroir grossissant des injustices. Si le virus peut frapper tout un chacun, il n’est pas égalitaire. Il exacerbe les situations d’extrême fragilité des plus démunis. Le confinement de la moitié de l’humanité n’occulte pas les misères, il les décuple.

La déflagration économique et financière, qui s’amorçait avant même l’explosion de Sars-CoV-2, s’annonce encore plus violente que la crise de 2008. Couplée aux conséquences désastreuses de la pandémie, l’onde de choc sera d’une brutalité dramatique. En fait, elle l’est déjà. La presse espagnole fait état de 900 000 emplois démolis. Le cortège de chômeurs a brutalement grossi aux États-Unis, où plus de dix millions de personnes viennent de perdre leur travail. L’Organisation internationale du travail évoque la destruction de 25 millions d’emplois dans le monde, d’après une fourchette basse.

Le rapport d’Oxfam que nous présentons dans nos colonnes est un cri d’alarme qui place les puissances face à leurs responsabilités. L’impact économique de la crise sanitaire pourrait précipiter un demi-milliard de personnes supplémentaires dans la pauvreté, selon, l’ONG, qui plaide pour un sauvetage économique mondial ambitieux à même de ne laisser personne de côté. Les prochaines réunions de la Banque mondiale et du FMI, des ministres des Finances du G20 doivent accoucher de réponses radicalement transformatrices afin de protéger les citoyens et soutenir les pays les plus pauvres, acculés contre le mur d’une dette illégitime. La pandémie jette une lumière crue sur les orientations capitalistes qui se sont soldées en 2008 par des chèques en blanc signés aux banques et une austérité mortifère pour les peuples. De ce passé – là  aussi, il faut faire table rase.

mercredi 8 avril 2020

Adresse aux salarié-e-s !



Le monde du travail est en première ligne pour affronter une crise sanitaire d’une ampleur inédite. Infirmières, éboueurs, caissières, agents de nettoyage, dockers, cheminots, fonctionnaires territoriaux, ouvrier-e-s de l’industrie agro-alimentaire, médecins, livreurs..., salariés du public comme du privé, c’est vous qui maintenez la France debout, c’est vous qui êtes en première ligne face au péril. Hier ignorés, parfois pointés du doigt comme des privilégiés, vous êtes aujourd’hui nos héros ordinaires, célébrés par tous.


Et pourtant, sans attendre, le gouvernement prépare les Français, et particulièrement ceux qui sont au front, à de nouvelles politiques d’austérité. Il prend aussi appui de l’épreuve actuelle pour attaquer encore le droit du travail. Pour les communistes, tout doit d’abord être fait pour protéger les salariés. Les mettre à l’abri de l’épidémie en cessant les activités non indispensables d’une part, en mettant d’autre part tous les moyens de protection à la disposition de celles et ceux qui doivent continuer à travailler, dans la production et dans les services publics. Mais les protéger également dans leurs droits, contrairement à ce qu’autorisent les ordonnances gouvernementales, en mettant en cause les droits à congés ou en allongeant gravement la durée du travail, pour ne citer que ces exemples.


Des années durant, on a désigné votre travail comme un coût qu’il fallait à tout prix réduire pour être « compétitif », pour permettre de satisfaire aux exigences de rentabilité de grands actionnaires jamais repus de dividendes. Des années durant, les gouvernements successifs ont affaibli vos services publics au nom d’objectifs comptables, contraires à l’intérêt général et dégradant sans cesse vos conditions de travail. Jamais ils n’ont écouté les salariés alertant sur les conséquences de leurs décisions.


Le pouvoir actuel porte lui-même de lourdes responsabilités dans la situation dramatique à laquelle est confronté notre pays. Il a amplifié les politiques d’austérité au nom de la prétendue nécessité de baisser des dépenses publiques, d’affaiblissement des services publics (et particulièrement de l’hôpital public). Il a accompagné et justifié les abandons industriels, de cadeaux à la finance et aux grandes fortunes qui ont lourdement affaibli notre pays au moment où il doit affronter l’épidémie actuelle. Notre pays est devenu incapable de fabriquer les protections indispensables, les traitements et les matériels médicaux. Le gouvernement s’est aussi attaqué à vos droits de salariés, jusqu’à supprimer les CHSCT, décision dont on voit aujourd’hui l’absurdité.
Oui, tous les moyens doivent être mobilisés immédiatement, ceux des plus riches et ceux des multinationales, ceux des banques et des assurances, pour que notre société, une des plus riches du monde, protège ses salariés, du public comme du privé.


Vous pouvez compter sur les communistes, sur leurs élus et leurs militants, partout dans le pays, pour défendre votre santé comme pour défendre vos droits, comme nous l’avons fait pendant le mouvement sur la réforme des retraites ou depuis des années pour défendre le budget de l’hôpital public.
Le capitalisme n’a plus d’avenir. Et vous pouvez compter sur le Parti communiste pour mettre fin aux politiques libérales qui ont tant abîmé nos services publics et notre industrie, abandonné la recherche, privilégié la concurrence européenne, car il est temps de promouvoir un autre modèle économique respectueux de l’être humain et de la nature.

Préparons les jours heureux dans les entreprises et les services publics, exigeons immédiatement :
  • La garantie à chacun de 100 % de ses revenus, 100 % de ses congés, RTT ou CET.
  • La mobilisation de 10 milliards pour l’hôpital public, pour répondre à l’urgence et commencer la reconstruction de notre système de santé.
  • La mobilisation de tout le système bancaire pour défendre le maintien de l’emploi et des salaires, pour la reconquête industrielle, pour le développement de tous les services publics et la transition écologique, et pas, comme après 2008, pour reprendre des activités spéculatives.
  • Une nouvelle démocratie dans l’entreprise pour que les salariés pèsent réellement sur les choix de gestion, qui ne peuvent plus être mis entre les mains de ceux qui ne recherchent que la rentabilité financière.

Oui, il n’est pas trop tôt pour combattre efficacement la crise sanitaire et la catastrophe économique et sociale qui vient. Il n’est pas trop tôt pour inventer et construire tous ensemble une autre logique où l’argent n’est plus une finalité pour quelques nantis mais bien un levier pour l’épanouissement de tous.

Vous pouvez compter sur les communistes pour y travailler avec vous. En campagne contre le capital pour protéger les salarié-e-s !
Alors que des millions de Français.es sont confinés depuis trois semaines, des millions d’autres sont contraints à poursuivre leur activité professionnelle. Si les salariés qui sont indispensables à la réponse aux besoins immédiats et vitaux du pays - comme les personnels de santé - doivent pouvoir exercer leur métier avec le matériel de protection adapté, pour tous les autres, nous demandons l’arrêt de l’activité pour les protéger et protéger l’ensemble de la population. La remise en cause des droits des travailleurs par la loi d’urgence sanitaire est inacceptable et indéfendable. Nous demandons l’abrogation immédiate des mesures prévoyant la possibilité pour l’employeur d’augmenter la durée de travail jusqu’à 60 heures hebdomadaires, de décider des périodes de congés payés ou de la prise de jours de RTT.



« Révélateur », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !



 Logement, éducation, emploi, territoires… le moment historique que nous vivons collectivement illustre et ravive les disparités déjà prégnantes au cœur de la société française. 

Dans le registre des copies mises au propre, il en est une, limpide et sans rature, qui ne méritera ni correction ni contestation d’aucun jury composé de savants experts. Après des semaines de pandémie et de confinement, une évidence saute en effet aux yeux de tous, même de ceux qui, jadis, se montraient peu réceptifs à ce genre de réalité : l’épidémie est un éclatant et impitoyable révélateur des inégalités sociales.

Logement, éducation, emploi, territoires… le moment historique que nous vivons collectivement illustre et ravive les disparités déjà prégnantes au cœur de la société française. Si des travailleurs autrefois invisibles – dans des métiers jugés indispensables à la continuité de la nation – sortent enfin de l’ombre et jouissent de la reconnaissance au moins verbale de tous, ces mêmes agents de nettoyage, ouvriers, auxiliaires de vie, etc., se trouvent sur deux fronts en même temps. Non seulement ils continuent à aller travailler, au risque d’attraper la maladie, mais ils se débattent dans des conditions matérielles difficiles qui se dégradent encore à mesure que la crise avance. Et que dire, alors, des millions de chômeurs, de précaires et de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ? Est-il nécessaire de le répéter: pendant la pandémie et le confinement, les plus touchés sont les plus pauvres, là où ils survivent, dans les quartiers populaires et les zones rurales laissés à l’abandon. Pour eux, ce sera même la double peine puisqu’ils en paieront plus durement les conséquences sociales après…

Parmi les principales victimes? Les enfants, pour lesquels l’école à distance s’avère soit un casse-tête, soit un frein à l’égal accès à l’éducation. Beaucoup de professeurs multiplient supports et canaux pour que leurs élèves continuent à consolider leurs savoirs, mais une part non négligeable de leur public semble hors d’atteinte, sachant qu’un tiers des 25% les plus pauvres ne possèdent pas d’ordinateur. L’éducation nationale se déclare «sans nouvelles» de 5 à 8% des scolarisés. Ce chiffre, dans les quartiers populaires, serait compris entre 20 et 35%! L’école «à la maison» accroît les inégalités scolaires. Une véritable bombe à retardement supplémentaire…


mardi 7 avril 2020

« Le forcené de Nancy », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !




Retranché dans ses certitudes d’un autre temps, le directeur de l’Agence régional de santé (ARS) du Grand-Est a provoqué un choc, ce week-end, en annonçant vouloir poursuivre, quoi qu’il en coûte,  les suppressions de près de 600 postes et 174 lits d’hôpitaux programmées de longue date au CHRU de Nancy. Rien au monde, pas même la crise sanitaire du Covid-19, ne le fera renoncer au plan prévu, a – t – il affirmé en substance, lundi, auprès d’une chaîne régionale. Le ministre de la Santé l’a pourtant démenti la veille, mais le jusqu’au-boutiste libéral de ce haut cadre ne doit pas faire oublier qu’il rien fait d’autre que répéter ce qui était jusque très récemment la doxa unanimement partagée ces vingt dernières années par les responsables gouvernementaux et leurs relais sur le terrain.

L’épisode révèle en tout cas la logique de forcené à l’œuvre  chez les instigateurs des réformes successives de l’hôpital, insensibles aux ravages dont leurs choix politiques sont la cause. Le doute et la remise en question ne font pas partie du vocabulaire de ces technocrates, qui ont élevé le mépris des alertes d’où qu’elles viennent – soignants, usagers, élus locaux ou opposition parlementaire – au rang de mode de pensée et d’action du libéralisme.  C’est pourquoi on peut prédire sans se tromper que, à l’instar de l’acharnement du directeur de l’ARS, la volonté des démolisseurs ne faiblira pas devant la crise sanitaire et que ceux-ci chercheront, derrière les mots rassurants du président de la République sur l’exclusion de tout « retour au jour d’avant » et la promesse d’un « plan massif d’investissement » pour l’hôpital, à reprendre la man dès le virus vaincu.

Raison de plus pour ne pas estimer la partie gagnée et prendre pour argent comptant les belles paroles de ceux dont la population paie aujourd’hui le lourd bilan. la franchise cynique du directeur de Nancy doit servir d’alerte, tout comme les déclaration pour le moins peu nettes du ministres Olivier Véran selon qui « les plans de réorganisation sont suspendus à la grande consultation qui suivra ». En d’autres termes, du passif le gouvernement n’a pas fait table rase : la bataille ne fait que commencer.

lundi 6 avril 2020

« Les charognards à l’affût ! » (Patrick Le Hyaric)



En même temps » qu’ils multiplient les éloges sur les personnels de santé des hôpitaux publics, nos gouvernants commandent en douce des rapports qui visent à poursuivre l’asphyxie de notre système de santé public !
Cette haute trahison, cette forfaiture, intervient alors que médecins, infirmiers ou réanimateurs se saignent aux quatre veines pour soigner et sauver des vies en mettant la leur en danger, du fait même des pénuries et négligences gouvernementales. Ce sale coup se prépare dans les arrière-cuisines peu ragoutantes des industries chimiques, des assurances privées, des banques et des cabinets ministériels. Les voici qui affûtent en bande organisée des projets pour tirer parti du drame planétaire et relancer le business capitaliste. Par devant, le président de la République proclame d’une voix apeurée que la santé appartient « aux biens et service qui doivent être placés en dehors des lois du marché». Par derrière, il commande à la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l’Etat dont l’indépendance a encore été réduite avec la récente loi « Pacte », un rapport dont l’objectif est d’accélérer le processus de marchandisation de la santé. Ce même processus qui nous conduit aux actuelles hécatombes. 
Dans une copie destinée au cabinet élyséen, le service de prospection stratégique de la Caisse des dépôts prône le désarmement total de l’Etat social et de la protection des citoyens, la mise en concurrence plus grande des secteurs publics et privés pour abaisser encore les rémunérations des personnels de santé. Il propose d’accélérer les privatisations de l’hôpital public avec les fameux partenariats « public-privé » qui ont tous conduit à des fiascos sanitaires et économiques. Seules les banques s’en frottent les mains.
Et rien n’est prévu pour augmenter les dépenses publiques de santé puisque nos ronds-de-cuir insistent pour maintenir le corset avec le fameux « objectif national des dépenses d’assurances maladie », tandis que seule la dette des cliniques privées serait restructurée au-delà des engagements gouvernementaux. La stratégie des commanditaires de ce rapport est de pousser les feux d’un capitalisme sanitaire, appuyé sur un capitalisme numérique et financier. Des catégories de personnels seraient remplacées par une cohorte de start-up alliées aux grandes compagnies d’assurances comme AG2R ou Malakoff Humanis, des firmes chimiques comme Astra-Zeneca, des filiales du crédit agricole et de la banque postale. Et, grande innovation des technophiles du capital, puisque les banques et la Caisse des dépôts ont garanti ces dernières années  des  milliards d’euros aux grands croisiéristes dont l’activité a spectaculairement chutée, on transformera ces grands bateaux en « navire-hôpital en contrepartie d’une rémunération ». Inouï !
Ainsi au cœur de la pandémie, au centre d’un malheur planétaire, les milieux d’affaires en lien avec des secteurs décideurs de l’Etat réfléchissent aux moyens non pas de protéger les êtres humains, mais à la meilleure façon de profiter de la situation. Ceci, en mettant l’épargne populaire à disposition de la relance d’un capitalisme dont de plus en plus de personnes mesurent les impasses mortifères. La riposte s’impose. Les débats et les prises de positions ne doivent pas rester confinés, il faut une entière transparence sur les dettes des hôpitaux et réclamer leur annulation totale, obtenir une augmentation substantielle des rémunérations des travailleurs de la santé, le retour sur tous les conquis détruits des agents du service public, un plan audacieux d’embauches, la réouverture des hôpitaux fermés, la relance de la recherche fondamentale.
On trouve bien des centaines de milliards pour le secteur privé. On doit bien en trouver pour l’hôpital public. Au-delà, une grande politique de la santé publique dans le cadre d’une sécurité sociale de la vie doit être inventée, non pas avec les technophile de la Caisse des dépôts mais avec le concours de tous les intéressés, salariés et usagers. 


« Le cri de la LDH », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



L’état d’urgence sanitaire a été proclamé, mais qu’en est-il de l’État de droit, qui n’admet aucune interruption pour garantir les libertés publiques ? Cette garantie passe en premier lieu par le respect de la Constitution, qui limite les droits et s’impose à tous, en dépit des critiques parfaitement fondées que l’on peut adresser à un texte consacrant un régime présidentialiste à l’extrême. Il vaut mieux en effet une Constitution imparfaite que pas de Constitution du tout pour s’opposer à l’absolutisme et à l’arbitraire.

Or, il n’est pas exagéré d’écrire que cet ordre constitutionnel est aujourd’hui remis en cause par l’acceptation, par l’organe même chargé en dernier ressort de le faire respecter, d’entorses à la légalité qui auraient été regardées comme tout à fait intolérables avant l’état d’urgence sanitaire. Ici aussi, pas de confusion : on ne peut pas déborder d’amour pour une instance comme le Conseil constitutionnel, dont les jugements sont souvent marqués d’un conservatisme pesant, et s’inquiéter de ce que signifie, sur le plan du droit, sa mise en sommeil forcée. Non seulement ses membres ont choisi de fermer les yeux sur la décision du gouvernement de s’asseoir sur le respect de la loi fondamentale à l’occasion de l’examen du paquet législatif instaurant l’état d’urgence sanitaire, amis ils se sont inclinés devant leur mise en congés d’office jusqu’au 30 juin prévue pour ces mêmes textes.

Cette décision pourrait paraître à première vue n’intéresser que les férus de droit. Dans une déclaration produite vendredi, la Ligue des droits de l’homme (LDH) montre combien elle concerne chaque citoyen. « Par sa décision, écrit la LDH, le Conseil constitutionnel accepte que les libertés publiques soient drastiquement restreintes tout en en différant le contrôle. » Le gouvernement qui dirige désormais par ordonnances, n’aura en effet aucun compte à rendre au Parlement, ni au Conseil constitutionnel. L’inquiétude vaut bien au-delà du 30 juin et du retour présumé au « droit commun » : car ainsi se crée pour l’avenir « une jurisprudence qui ouvre la voie à toutes les exceptions et donc à tous les renoncements », prévient la LDH.

dimanche 5 avril 2020

Triste nouvelle. François Giacalone vient de nous quitter !



Nous venons de l’apprendre. Atteint par cette saleté de virus, François Giacalone vient de nous quitter. Né le 22 septembre 1936 à Tunis, c’est en 1961, devant Gérard Machelart alors premier adjoint de Pierre Kérautret, que Ghislaine et François décideront d’unir leur vie. Sofia Dauvergne officiera à l’occasion de leurs noces d’or en 2011. 

Les résidents de la Cité Gagarine, où il vivait depuis près de 50 ans, après avoir habité Avenue Wilson, ne reverront plus sa silhouette, le voyant arpenter les escaliers pour diffuser l’Humanité-Dimanche. Communiste, François, avait, dans les années 60, assumé la responsabilité de membre du secrétariat de la section du Parti Communiste de notre ville. Il n’a jamais cessé d’être ce combattant inlassable d’un monde plus juste, plus humain et plus solidaire. 

Ces dernières années François, s’était beaucoup investi contre la destruction de sa cité et pour un projet de rénovation et de réhabilitation. En 2001, François deviendra le président de l’OPHLM de Romainville. François Giacalone a été un dirigeant et un militant bénévole du CAR Romainville. On l’avait surnommé « l’homme des stades », toujours présent pour voir évoluer les joueurs de Romainville. Il était encore là, avec le FC, à la fin du mois de septembre 2019, pour le match de qualification de la coupe de France au stade Jean Guimier. 

Dans ces douloureuses circonstances, les communistes de Romainville et leurs élues, partagent la douleur de Ghislaine, son épouse, de ses enfants, Valérie, Cyril et Grégory et de ses petits-enfants. Ils leur adressent leurs plus sincères condoléances et les assurent de toute leur affection

vendredi 3 avril 2020

« Privilégié(s) » (Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin) !



 De nombreux écrivains s’assignent au rôle de privilégiés sans même s’en rendre compte, dans des récits de confinement à la manière de journaux intimes. Au final, cette désagréable impression de découvrir les pense-bêtes sans intérêt de la classe bourgeoise. 

Usages. Le propos qui suit – quelque peu exalté et probablement irritant pour beaucoup – provoquera sans doute des réactions non moins désapprobatrices. Mais que voulez-vous. À l’heure de la crise sanitaire, sa petite conscience de classe n’a rien à envier à celle, surexposée, des dominants qui s’ignorent, disons plutôt des privilégiés qui s’y complaisent sans avoir l’air d’y toucher. Car, voyez-vous, elles et ils s’assignent à ce rôle sans même s’en rendre compte, avec des mots précautionneux trempés dans les bons usages littéraires sinon les bons sentiments, avouant même, au gré de leur inspiration, l’étrange complexité de leur tâche: raconter leur confinement, à la manière d’un journal intime. Le bloc-noteur, lui-même auteur, ne citera pas les «gens de lettres» auxquels il pense et qu’il a lus parfois avec sidération dans de nombreux journaux et magazines en quête de récits capables d’accrocher le lecteur – louable intention. Un prix Goncourt par-ci, une grande plume par-là, et au final cette désagréable impression de découvrir les pense-bêtes sans intérêt de la classe bourgeoise, litanie de maisons de campagne, de terrains verdoyants et d’herbe verglacée, de pépiements d’oiseaux à la fraîche rosée, de paysages impressionnistes qui témoignent de certaines vies mais ne disent qu’imparfaitement la réalité de ceux pour qui le confinement s’avère une authentique épreuve. En temps de «paix», lire le temps-qui-passe-depuis-nos-nombrils est déjà une sinécure, alors en temps de «guerre sanitaire»… 

Égaux. L’une prévient – belle humilité – que tout le monde n’a pas «la chance» dont elle dispose en évoquant son cadre quotidien. Ce mot, «chance»… Comment l’interpréter, quand par lui l’auteure en question voulait aussi signifier: riches ou pauvres, nous sommes tous égaux devant le virus, qui frappe au hasard. Ce n’est pas faux. À un détail près: pendant la pandémie, les plus touchés sont les plus pauvres. Ce sera même la double peine, puisqu’ils en paieront longtemps le prix, après. Et pendant ce temps-là, nous voilà abreuvés de chroniques de l’élite littéraire dans des médias dominants qui donnent la parole à ceux qui en ont toujours eu le privilège. Drôle de moment, n’est-ce pas, alors que soi-disant la France entière honore ses «héros», ces travailleurs invisibles d’hier devenus troupes de première et de seconde ligne d’aujourd’hui ? Curieux sentiment, quand un ami résume ainsi la situation: «Les cadres en télétravail, les prolos au front!» Singulière époque, tandis que nous croulons sous les statistiques qui montrent à quel point le confinement ravive des disparités et les inégalités déjà prégnantes dans tout le pays – logement, éducation, accès aux soins, emploi, etc. Au fond, il n’y a donc rien d’étonnant à constater que les réseaux sociaux regorgent, ces jours derniers, de milliers de «posts» indignés ou railleurs devant semblable exposition du «confinement confortable». Pour les «sans» des quartiers populaires ou d’ailleurs, privés de choses élémentaires, et qui constituent la masse du peuple, non, nous ne sommes pas tous égaux face à l’épidémie ! Ici-et-maintenant, la décence nécessiterait de ne pas l’oublier…

Peurs. Ajoutons qu’un journal de confinement, au cœur de cette tourmente historique, ne vaut d’exister que s’il permet de saisir le social et ses fractures encore grandissantes, que tentent de repousser, telles de mauvaises herbes, les solidarités qui montent de partout. Auteurs, racontez cela! Prenez date, comme certains autres le démontrent. Imaginez le futur différent. Transcendez vos propres peurs en découvrant celles des autres. Car, quand tout cela sera fini – à quel horizon? – et que les «moins que rien» de Mac Macron auront retrouvé l’usage de leur corps, ils pourraient bien se rappeler à notre bon souvenir. Et pas qu’avec des phrases.


« Volatils », le billet de Maurice Ulrich !



Le Covid-19 ne respecte rien. Les Échos le révèlent à la une : « Comment le virus a contaminé les marchés financiers ». En plus de la vie, il s’en prend à la Bourse. Et c’est si fragile les marchés. Ça va, çà vient, çà fait des bulles, et l’éditorial du  quotidien de Bernard Arnault le confirme : « Même très élevée, la volatilité fait partie du fonctionnement des marchés, savoir la tolérer aussi. » 

Et il en faut de la tolérance : « Les géants du CAC 40 ont effacé plus de 450 milliards de capitalisation eu premier trimestre. » Effacé, le mot est joli quand on chipote sur l’indemnisation du chômage partiel, quand les hôpitaux ont été étranglés, quand le ministre Gérald Darmanin en appelle à la solidarité nationale pour aider les entreprises et ne dit rien de l’ISF. 

Alors quoi ? « La seule chose à faire est d’attendre en confinant ses économies comme sa personne. » Bien sûr, mais on a bien l’impression que les marchés n’ont pas attendu le virus pour être complètement malades.

« Le don et l’impôt », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



C’est l’un des paradoxes du moment. Dans ce point de bascule entre chien et loup, où même le président de la République se montre économe en certitudes sur ce qui subsistera du « monde d’avant » dans le « jour d’après », se dégagent plus nettement encore qu’auparavant les quelques principes inamovibles sur lesquels le gouvernement a réglé son action, et qu’il n’entend pas jeter aux orties malgré la pire pandémie du siècle.

Parmi ceux-ci, le stupéfiant épisode de « l’appel aux dons » du ministre de  l’Action et des Comptes publics pour financer « l’effort national » jette une lumière crue sur le véritable culte que ce gouvernement voue à la propriété privée – celle des plus riches, la précision va de soi. Comment expliquer, sinon, le choix de s’en remettre à une générosité incomparablement plus aléatoire, moins efficace et moins juste que l’impôt – c’est bien pour cela qu’il a été inventé –, plutôt que de revenir, même temporairement, même partiellement, sur la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) décidée au début du quinquennat . Et cela, alors même  que cet appel aux dons est en soi l’aveu du besoin urgent et vital des ressources dont on s’est privé. Tout au sommet de l’échelle des valeurs de ce gouvernement la défense du bien des riches prime donc en toutes circonstance sur les buts sociaux les plus précieux : la santé publique, la satisfaction des besoins essentiels ou même la relance d’une économie sinistrée comme jamais.

Les mêmes qui n’hésitent pas à nous bercer de promesses de nationalisations à venir de « nouveau capitalisme » à visage humain n’ont pas les mêmes audaces verbales quand il s’agit de parler de gros sous. Pendant qu’on « nationalise » en paroles seulement, l’action publique s’en remet dans les faits aux caprices de la volonté privée. Avec cet argent soustrait à l’impôt, la boucle est bouclée. C’est le stade suprême de la privatisation. Et celui, aussi de la comédie du « changement » jouée par ceux qui ont intérêt à ce que rien, au fond, ne change vraiment, comme dans le Guépard, de Lampedusa.

jeudi 2 avril 2020

Des actes nouveaux pour changer le système (Patrick Le Hyaric)


L’angoisse nous étreint face à l’hécatombe provoquée par ce puissant virus qui court et attaque le monde entier. Déjà, les deuils frappent autour de chacun d’entre nous.
Les personnels soignants font preuve d’un dévouement appelé à devenir un mètre étalon de courage et d’humanité. Leur sacrifice est d’autant plus exemplaire qu’il prolonge une lutte dure et tenace, trop dédaignée en haut lieu. Les pouvoirs successifs et leurs comptables, dont ceux de la Cour des comptes, les ont sciemment désarmés. Comme ils ont méprisé toutes celles et ceux qui, ne se revendiquant pas « premiers de cordée », font tourner la France : transporteurs ou caissières, employés communaux ou livreurs, policiers ou enseignants, auxquels manquent cruellement masques et tests du fait des choix de réduction des crédits publics.
Il y a urgence à réquisitionner les entreprises capables d’en fabriquer comme celles qui peuvent produire l’oxygène, les respirateurs, les blouses, les lits, l’alcool hydro-alcoolique ou les médicaments qui commencent à manquer. Le dogme crasse du « moins d’Etat » doit être jeté au bûcher et toute tentative de rogner les budgets de la santé publique considérée comme une forfaiture.
Jamais la santé n’est apparue aussi nettement comme un bien commun et non une marchandise, et l’hôpital comme un lieu de la vie et non une entreprise. C’est toute la filière qui doit dès maintenant être bâtie ou rebâtie avec la mise au rencart de tous les plans de fermetures de lits et d’hôpitaux et la création rapide d’un pôle public du médicament.
Chaque jour met désormais à nu l’incapacité des classes possédantes et dirigeantes à affronter ce moment historique. Elles n’ont pour autant, pas renoncé à développer un capitalisme sanitaire et un capitalisme numérique. Une lutte se déroule bien en ce moment-même, au cœur de la lutte contre l’épidémie, avec les mêmes termes : la loi de l’argent ou le bien être humain.
Pour mener cette lutte, le gouvernement s’est donné les « pleins pouvoirs ». C’est ainsi que la ministre du travail, quelques jours après avoir clamé son intention d’interdire les licenciements, s’est empressée de se contredire en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une « formule choc pour marquer les esprits »… Le ministre de l’économie n’est pas en reste qui a refusé de contraindre les entreprises à ne pas verser de dividendes, avant de se raviser sous pression syndicale. Le rétablissement de l’ISF, la  suppression du CICE, la lutte contre l’évasion fiscale et la production nationale stratégique doivent être fermement défendus. Le temps est révoqué où les communistes étaient moqués, vilipendés quand ils proclamaient « produisons français ».
L’entreprise Luxfer, seule usine de bouteilles d’oxygène sacrifiée par ses actionnaires doit être nationalisée sans barguigner, comme l’entreprise Famar, capable de produire rapidement un million de boites de médicaments à base de chloroquine, dès lors qu’est avérée son efficacité. Voilà des éléments de « ruptures ».
Et que l’on cesse de dire que la santé n’est pas du ressort de l’Union européenne. L’argent de la Banque centrale européenne doit être orienté vers les caisses des Etats pour les hôpitaux, pour la relance industrielle des secteurs liés à la santé, les services publics, les collectivités territoriales, les associations de solidarité, le logement des plus démunis qui souffrent encore plus du confinement, les secteurs de la création culturelle et de la presse écrite.
A l’opposé des pleins pouvoirs, c’est un comité spécial d’urgence sanitaire sous l’égide du premier ministre, des présidents des assemblées parlementaires, avec les groupes parlementaires, une délégation du comité économique et social, les syndicats, les associations, les chercheurs et le monde médical qui devrait piloter quotidiennement la crise, avec le souci d’inclure la solidarité avec les pays du sud menacés par la vague. La résolution de cette crise et les étapes à franchir exigent de la transparence et la confrontation démocratique avec des diagnostics partagés et une autre manière de prendre les décisions.

« Légitime débat », l’éditorial de Cédric Clérin dans l’Humanité de ce jour !



La France est au ralenti. Hormis les travailleurs qui vivent un rythme effréné de la lutte quotidienne contre le virus, beaucoup ont pris leurs marques dans un univers ouaté, aux bruits sourds. Il semble que le président de la République aimerait que cette atmosphère feutrée s’applique au débat démocratique. Avec un Parlement atrophié, des assemblées locales vides, les initiatives citoyennes confinées, la démocratie est déjà sous cloche. Emmanuel Macron ne souffre pourtant pas que l’opposition émette la moindre remarque sur la gestion de la crise ou les raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là. Les critiques sont « irresponsables », dit-il. Pointer la pénurie de masques ou de respirateurs que tout le monde constate, aux effets terrifiants, c’est déjà trop. Alors interroger les causes ? Vous n’y pensez pas.

En effet, l’hôte de l’Élysée étend désormais son argumentaire aux gouvernements précédents. « Quand on vit quelque choses qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir prévu il y a dix ans. » Pardon, mais si. Si le candidat à la présidentielle d’alors avait lu l’Humanité il y a trois ans, il aurait appris de la bouche de l’urgentiste Christophe Prudhomme que « notre système n’est plus capable de répondre à une banale épidémie de grippe ». On savait donc.

Si, constatant son erreur, il lit nos pages aujourd’hui, il y découvrira un douloureux rappel : « À 63 reprises entre 2011 et 2018, la commission européenne a recommandé aux États membres de l’UE de privatiser certains pans du secteur de la santé ou de réduire les dépenses publiques en matière de santé », nous dit Martin Schirdewan, coprésident de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen. Cette politique libérale, dogmatiquement austéritaire en Europe et en France et qu’Emmanuel Macron continue de soutenir, a une lourde responsabilité dans l’incapacité du continent à faire face au coronavirus aujourd’hui. C’est l’un des enseignements majeurs. Pour que « le jour d’après ne ressemble pas au jour d’avant, comme ne cesse de le répéter le président, c’est faire œuvre démocratique que de le dire.

mercredi 1 avril 2020

Tous égaux face à l’épidémie ? Mon œil ! (Patrick Le Hyaric)


Ce n’est pas vrai. Selon que vous soyez « premier de cordée » ou prolétaire, vous n’êtes pas égaux face à ce foutu virus. Il y a celles et ceux qui ont pu quitter à grandes enjambées les beaux quartiers de Paris et des grandes villes et doivent parait-il planquer leur voiture immatriculée 75 derrière leur belles villas avec vue sur la mer, la montagne et la campagne verdoyante. Et, il y a celles et ceux qui restent assignés à résidence dans leur cité. Les premiers ont délaissé leurs beaux logements spacieux, lumineux, tout propres quand les seconds d’Aubervilliers ou de Saint Denis s’entassent dans de petits logements, parfois insalubres, dont la fenêtre donne sur le bâtiment d’en face ou sur la froideur d’un parking vide ou encore sur le désert d’une friche où hier s’élevait une usine textile ou métallurgique, celles qui auraient pu, aujourd’hui, servir à produire des masques ou des respirateurs artificiels. 

Ces « invisibles » d’hier sont ceux qui sont au front. Vous savez ces gens «  qui ne sont rien «  sorti de la bouche pleine de morgue du monarque. Ils sont personnels soignants, salariés du public qui entretiennent les écoles, assurent la sécurité, les transports, le nettoyage, les services communaux, la poste,….Ils nettoient et approvisionnent les villes jour et nuit, soignent  au risque d’être contaminés parce qu’un état n’a prévu ni masques de protection, ni suffisamment de gel désinfectant, ni vêtements adaptés, ni tests de détection. L’ état qu’il est censé diriger ,  a été jusqu’à leur dire que masques et tests ne servaient à rien, puis les a forcés à rester chez eux tout en les appelant à aller   voter puis rejoindre les paysans dans leurs champs ! Leurs enfants, confinés dans d’étroits appartements, n’ont bien souvent pas accès à la fameuse « continuité pédagogique », faute d’ordinateurs. Un million d’enfants n’ont plus de contact avec l’école.
S’ils veulent prendre l’air (ce qui est très déconseillé), alors les foudres d’un pouvoir leur tombent dessus avec ces fameuses autorisations à remplir dix fois par jour pour descendre sur le trottoir ou aller au supermarché sinon c’est le PV assuré. Ainsi les populations les plus pauvres de Seine Saint-Denis sont au moins 10% verbalisées plus souvent qu’ailleurs. Ce ne sont pas les mesures administratives qui nous sortiront d’affaire : ce sont la prévention, les moyens, le dialogue, l’explication et toujours l’explication.
Les maires  sont les maillons indispensables du lien social et des solidarités. Ou, ceux que les libéraux ont tant méprisés, à cause parait-il d’un fameux mille-feuille, non, pas celui de la pâtisserie mais le fameux mille-feuille territorial qui coûterait trop cher. Tout coûte trop cher au royaume de la droite macroniste sauf peut-être la mort. Ces morts qu’on pourrait éviter et qui menacent plus qu’ailleurs en Seine-Saint-Denis tant est grande l’inégalité face au risque de contamination. Alors qu’à Paris, on compte 77 lits pour 100 000 habitants, ils ne sont que 42 dans ce département déshérité où il y a peu est venu se pavaner le Premier ministre avec une besace pleine de … beaux discours. Sa population est pourtant celle qui aujourd’hui est en première ligne et prend le plus de risques. 
Nos larmes ne sécheront pas si vite après l’annonce de tous ces décès d’anonymes, de médecins, de patrons d’unités de soins, d’infirmières, de soignants, d’élus qui tous avaient l’autre, les autres  au cœur. Tous victimes, certes d’une pandémie mais d’autant plus meurtrière qu’elle trouve un système de santé rongé par des années d’austérité d’une politique inspirée par les froids critères comptables imposés de Bruxelles. En considérant l’hôpital public comme une entreprise comme les autres, ont lui a ôté ses défenses immunitaires. Alors que le nombre de malades ne cesse de grandir, plus aucun hôpital de Seine-Saint-Denis ne peut en accueillir de nouveaux. Ils sont transportés vers Nantes ou ailleurs tandis que l’hôpital Jean Verdier de Bondy dépérit !
Oui la banlieue, et tout le prolétariat urbain porte plainte. Justice doit passer et advenir.  Un ministre des caisses publiques a parlé hier d’une cagnotte solidaire, visant à faire payer aux pauvres leur solidarité. Et, son voisin de palier à Bercy a timidement dit aux actionnaires de se modérer sur les dividendes en attendant que les sans tests, les sans masques, les sans blouses continue d’aller dans les Ehpad et les unités de soins, quand leur police est chargé de fouiller les caddies pour détecter ce qui ne serait pas de « première nécessité » Une idée pour leur réflexion. Que l’on institue vite un impôt spécial sur les grandes fortunes, sur les sociétés et les banques cotées en bourse, sur les compagnies d’assurance et sur tous ceux qui cachent leur fortune dans les paradis fiscaux. Il pourrait s’appeler « coronacapital » Non ?  Il faudra non seulement rendre justice à celles et ceux qui sont aujourd’hui au front mais leur rendre le pouvoir. C’est ce qui s’est fait à la Libération. Au grand bénéfice de toutes et de tous. De l’intérêt général.


Un grand merci aux 15612 lectrices et lecteurs qui se sont rendues sur notre blog au mois de mars !



Vous avez été 15612 à vous rendre sur notre blog durant ce mois de mars, soit 504 par jour.

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L’article «  La colère monte face à ce gouvernement » 1117 fois

L’article « Remède démocratique » 1068 fois

Merci de votre fidélité !


« Grande gueule », le billet de Maurice Ulrich !



« Qu’il ferme sa gueule, qu’il soit médecin, il y en a marre des gens comme lui… » Quoi que l’on pense des débats sur la chloroquine, on ne peut que s’étonner de cette injonction de Danien Cohn-Bendit sur LCI, où il est désormais éditorialiste, adressée au professeur Didier Raoult. 

L’épisode, malgré les temps que nous vivons, pourrait n’être que cocasse mais il pose tout de même question. Au nom de quoi, au nom de quelle expertise l’agité du bocal, devenu un soutien zélé de l’Europe libérale et d’Emmanuel Macron, entend-il faire taire un éminent infectiologue hors de tout débat scientifique et expérimental et, en plus, « les gens comme lui ». Qui sont-ils d’ailleurs, on aimerait qu’il le dise. 

Historiquement on sait ce qu’il en fut des prétentions des uns et des autres à régenter la science. Giordano Bruno et Galilée en payèrent le prix comme plus tard Freud et Einstein, tandis que la science prolétarienne amenait les vaches soviétiques à produire deux fois plus de lait que les vaches capitalistes…Allez, on rigole.

« Irresponsables », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Ainsi, selon les mots d’Emmanuel Macron hier à Angers, seraient « irresponsables » celles et ceux qui « construisent des certitudes avec les connaissances d’aujourd’hui quand ça n’était pas celles d’hier ». En d’autres termes, personne ne savait que l’épidémie allait nous frapper, et nous frapper désormais de plein fouet, avec la vague qui, après avoir submergé l’Est, submerge l’Île-de-France et ne premier lieu la Seine-Saint-Denis. Non, en effet, mais le 17 octobre 2019, une note du ministère de la Santé, alors que 250 services d’urgences étaient en grève dans le pays, chiffrait à 4200 le nombre de lits supprimés en 2018. Pour le regretter ? Pas vraiment, puisqu’elle évoquait, en parallèle, des petits progrès de la médecine ambulatoire. Sitôt opéré, sitôt renvoyé, et de toute manière les chiffres étaient très loin du compte. La même note parlait d’un déficit de plus de 4000 infirmières et infirmiers, et évoquait l’insuffisance des rémunérations. À la même date, on comptait 17500 lits fermés en six ans…

Irresponsables, Monsieur le président ? Mai 2019, novembre, décembre, février 2020, les hospitaliers, des aides-soignantes aux sommités médicales, manifestaient avec tous leurs syndicats, et alertaient, sonnaient l’alarme, « hôpital en danger ». Après le journée du 14 février et alors que 600 médecins de premier plan sont en grève administrative, Agnès Buzyn, encore ministre de la Santé, annonçait qu’elle recevait les hospitaliers…à la mi-mars !

Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’alerte, ni d’alarme, mais de cet appel « à l’aide », au secours, de la directrice du centre hospitalier de Metz où un sixième médecin vient de mourir. Ici, comme en Île-de-France, médecins et soignants redoutent ce choix terrible auquel ils vont être confrontés, auquel ils le sont déjà : faire vivre ou laisser mourir. En annonçant, hier, 4 milliards d’euros pour les masques, des respirateurs, des médicaments, Emmanuel Macron ne faisait que révéler l’ampleur des manques pour ne pas avoir entendu les milliers de soignants qui mesuraient les risques pris pour des raisons politiques et idéologiques. Qu’on ne vienne pas nous mentir. Irresponsables ?

mardi 31 mars 2020

Ah, Monsieur Darmanin ! (Patrick Le Hyaric)


Il ne manquait plus que ça ! Il faut bien donner son décor à « l’union sacrée » décrétée par le pouvoir, fut il en carton-pâte. Ainsi, M Darmanin, ministre  de l’Action et des Comptes publics – autrement dit « du budget soumis aux critères de stabilité » – et zélateur d’une politique fiscale inégalitaire comme jamais, sort ses grands airs pour appeler les Français, particuliers comme entreprises, à abonder un fonds de solidarité. Solidarité ! Heureux que vous ayez retrouvé ce mot.

Ce fonds est selon vos mots  M. Darmanin « une façon [pour les entreprises et les particuliers] d’apporter leur contribution à l’effort de solidarité de la nation ». Il y a un mot pour cela, M. Darmanin, l’impôt ! L’impôt que vous êtes évertués à dénigrer et à rendre injuste au nom d’un imaginaire ruissellement. L’impôt que vous avez amputé de 4 milliards d’euros de recettes par an en exonérant d’ISF les actifs financiers. L’impôt qui sert à éponger, chaque année, les  40 milliards d’euros de cotisations dont vous avez exonéré les entreprises. L’impôt sur les sociétés que vous avez abaissé. L’impôt sur le capital que vous avez transformé dans ce concept « globish » de « Flat-Tax pour cacher le petits cadeaux à la finance. Et, puis pourquoi avoir baissé pavillon devant les géants du numérique qui ne font aucun effort pour le bien commun au moment même ou les travailleurs vivent dans l’angoisse avec un « salaire de la peur »
Votre prétendu « nouveau monde » renoue ainsi avec la charité d’ancien régime. Elle permettra  aux plus riches de soulager s’ils le souhaitent leur mauvaise conscience – ce qui n’est jamais gagné-, et au moins riches de culpabiliser, tant il est vrai que la culpabilité peut être un ressort pervers pour mettre au pas la population. Mais en aucun cas de créer les conditions d’un nouveau contrat social.
Ah, Mr Darmanin les Français, ne réclament pas la charité. Et les classes populaires,  les travailleurs n’ont pas attendu qu’une parole ministérielle les enjoigne à la solidarité : elle se manifeste au quotidien, dans le village ou dans la cité, par mille et un gestes envers les personnels soignants, les personnes vulnérables.  Et les salariés montés au front pour faire tourner le pays le font avec un sens du devoir qui a depuis bien longtemps quitté les actionnaires gloutons auxquels vous avez eu tant de mal à dire qu’ils devront se passer cette année de leurs dividendes. Encore qu’on demande à voir. Rétablissez l’ISF, imposez les revenus financiers, chassez l’évasion fiscale, interrogez les compagnies d’assurance et les banques : voilà ce qui serait une vraie « contribution à l’effort de solidarité de la nation ». On vous aiderait à le faire Mr Darmanin.

« Grosses têtes », le billet de Maurice Ulrich !



Les grands esprits s'en mêlent. Pour Michel Onfray, un danger vient "des tribus des zones perdues", c'est-à-dire des quartiers populaires. Pour le philosophe italien Georgio Agamben, l'épidémie était une "invention" jusqu'à ce qu'il précise sa pensée: "

Cela ne doit pas s'entendre dans un sens purement subjectif, les historiens savent bien qu'il y a des conspirations pour ainsi dire objectives qui semblent fonctionner en tant que telles".

Et, bien sûr, on attendait Alain Badiou pour qui il est mal venu pour les gauchistes, les gilets jaunes ou même les syndicalistes "de continuer a faire tapage sur Macron, leur cible dérisoire de toujours", alors même que, l'épidémie déjà "ils ont multiplié les regroupements incontrôlés et les manifestations tapageuses".

Non, pour le grand philosophe qui se réclame toujours de son communisme à lui, le temps est venu "de travailler mentalement, comme par écrit et par correspondance, à de nouvelles lignes de la politique". Peut-être, mais il faut avoir une grosse tête.


« Essentiel », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !






Tandis que des morts tombent, ceux qui continuent de travailler se mettent-ils en danger d’être contaminés et, potentiellement, de transmettre le virus?

Notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, utilise parfois des mots qui tombent sous le sens. En affirmant, lundi matin, que la sécurité sanitaire des salariés face à la pandémie de Covid-19 était «la priorité absolue», nous nous disions sans aucune ironie qu’il ne pouvait clamer le contraire. En revanche, le tempo de cette intervention solennelle témoigne d’un moment particulier de la crise. Alors que nous sommes encore confinés dans la première étape d’un processus marqué par la sidération, les peurs et l’urgence vitale de se protéger et de se nourrir, dans l’attente d’un pic épidémique qu’on ne cesse de nous annoncer, une question hante la société française: tandis que des morts tombent, ceux qui continuent de travailler se mettent-ils en danger d’être contaminés et, potentiellement, de transmettre le virus?


Dans les usines, les entrepôts, les transports, les commerces, etc., où les salariés de «seconde ligne», jugés indispensables à la survie du pays et qui vont encore au front dans des conditions sanitaires souvent aléatoires, les alertes et les droits de retrait se multiplient légitimement. Tous réclament des mesures de protection de grande ampleur, ce que ni les entreprises en question – la plupart du temps – ni l’État ne peut leur assurer. Bruno Le Maire a beau répéter: «Il faut garantir la continuité économique du pays, mais ça ne peut pas se faire au détriment de la sécurité sanitaire des salariés», ces paroles, pour l’heure, sonnent creux. Des centaines de milliers d’employés attendent toujours des masques, des gants, des équipements…


D’autant que, pour en rajouter dans la confusion, de nombreuses entreprises – Safran, Michelin, Airbus, Arcelor-Mittal, Dassault, etc. – décident de reprendre, une partie de leur production dès ce début de semaine. Mais à quel prix? De deux choses l’une. Soit l’expression «limiter les activités économiques non essentielles» veut dire quelque chose, soit, là encore, il ne s’agit que d’affichage. Certes, il est sûrement difficile de trouver le juste équilibre entre la bonne gestion de «l’essentiel» et la définition de ce qui ne l’est pas. Toutefois, n’est-il pas temps de décider clairement que toutes ces activités «non vitales» doivent être stoppées? Au moins pour se souvenir d’une autre urgence: les vies valent plus que les profits



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