LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 30 novembre 2018

PPE : "L’accès à l’énergie pour tous dans le respect des accords de Paris"



L’ambition du gouvernement de faire de la France un pays neutre en carbone en 2050 demande une véritable politique énergétique ambitieuse. Les mesures annoncées dans le cadre de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) n’y répondent pas. Pire, elles sont dangereuses.

Le gouvernement ne dit rien en matière de maîtrise publique du secteur énergétique. Or la libéralisation du secteur a conduit à la disparition de savoir-faire pourtant indispensables à la transition énergétique. L’annonce de la fermeture de réacteurs nucléaires, moyens de production pilotables, n’est pas acceptable pour pouvoir maintenir une sécurité d’approvisionnement indispensable pour notre pays. D’autant qu’elles accompagnent la mise en concurrence des barrages hydrauliques et la fermeture annoncée des centrales thermiques d’ici à 2022 dont certaines ont des projets de reconversion en biomasse que le gouvernement veut ignorer.
Les communistes proposent :
  • La pérennisation des tarifs réglementés de l’énergie et une TVA à 5,5% sur le KWH pour améliorer immédiatement le pouvoir d’achat des ménages.
  • La préservation de l’électricité, bas carbone en préparant le renouvellement du parc nucléaire français pour atteindre les objectifs climatiques européens.
  • Pour agir sur les émissions de CO2 le gouvernement doit revoir sa feuille de route sur la libéralisation du rail, accélérer le report modal des marchandises de la route vers le rail, le trafic fluvial et les véhicules propres routiers.
  • Restaurer en totalité le Crédit d’Impôt Rénovation Energétique (CIRE), récemment divisé par 2) pour atteindre l’objectif de rénovation de 500 000 logements par an inscrit dans la loi de transition énergétique.

« Camisoles », le billet de Maurice Ulrich !



On se souvient peu d’Henri Guaino, quand bien même il fut le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy et l’auteur de nombre de ses discours. C’est grâce à lui, par exemple, une pointure intellectuelle, que l’on apprit à Dakar que l’homme d’Afrique n’était pas vraiment entré dans l’histoire. 

Cette semaine c’est l’hebdomadaire l’Obs qui le soustrait momentanément à la critique rongeuse des souris pour une analyse de la crise des gilets jaunes. Et donc, dit-il, « ce mouvement une sorte de phobie anti-Macron, perceptible depuis quelques mois. (…) On cherche une dimension politique alors que la dimension psychologique me semble beaucoup plus importante. (…) La phobie n’a pas de rationalité politique, çà ne se contrôle pas. (…) la gestion psychologique de cette crise sera cruciale ». 

Voilà la bonne idée. Les dingues, çà se soigne. Tranxène et Valium pour les 80% de Français qui approuvent le mouvement, douche à l’eau froide pour tous et sevrage du diesel, ou, mieux encore, remplacer, les gilets jaunes par des camisoles de force.

« Rouge de colère », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !




C’est le caractère imprévisible des commencements qui fait le politique. Nous y sommes. Qui aurait pu prévoir il y a quinze jours qu’un coup de gueule à la pompe réussirait à faire redescendre Jupiter sur terre et à replacer la question sociale au centre du jeu politique ? La chute est brutale pour le pouvoir macroniste, proportionnelle à la violence infligée aux classes populaires depuis le début du quinquennat. Les travailleurs pauvres, les chômeurs de longue durée, les galériens de l’ubérisation, les classes moyennes déclassées, tous les humiliés par le mépris des puissants sortent de l’invisibilité en jaune fluo.

La « star-up nation » voulait les réduire au silence de la servitude volontaire. Ils envahissent les rues pour dire stop. Une question de survie. Bien qu’inclassable et composite, et donc imprévisible, ce mouvement ne peut laisser indifférent, ceux qui ont la justice sociale au cœur, au risque de le pousser dans les bras de l’extrême droite, dont le gouvernement assure opportunément la promotion permanente. Les rendez-vous parisiens de samedi, où pourraient s’additionner les colères isolées et les revendications collectives, seront décisifs pour la suite. Celles envoyées hier à la presse et aux députés démontrent qu’il ne s’agit pas d’une simple « jacquerie », ou autre « ligue factieuse ».

Augmentation des salaires, services publics, répartition des richesses, retraites, démocratie…les cahiers de doléances s’inscrivent à l’encre rouge, témoignant d’une politisation bien plus forte que présumée. Pourtant celle-ci échappe jusqu’à présent aux structures collectives, ce qui en fait sa force, mais aussi sa fragilité. Car les gilets jaunes sont également le produit d’un macronisme qui s’est acharné à dépolitiser le débat public, confisqué par une poignée de technocrates, à délégitimer partis et syndicats, à nier les clivages de classe. Un boomerang qu’il se prend aujourd’hui en pleine figure, et qui pourrait ébranler sévèrement la suite du quinquennat.

jeudi 29 novembre 2018

« Leçons », le billet de Maurice Ulrich !



C’est le bon moment sans doute pour donner des leçons aux ploucs. « Et si le populisme prospérait aussi sur le terreau de l’inculture économique ? » s’interrogeait, avec toute la hauteur de vue d’un médecin de Molière, un chroniqueur du Monde, il y a deux ou trois jours. 

Car, voilà, il y a en économie une exception française. En bref, nous sommes nuls. La preuve en est que deux citoyens sur trois ne font pas vraiment confiance à l’économie de marché et, même, 64% estiment que la lutte des classes est une réalité. Quelle idée ! 

Mais où diable va-t-on chercher tout çà qui aboutit à ce que, « ressassé à l’envie, l’idéal inégalitaire rend les inégalités insupportables », alors même qu’elles sont chez nous moins criantes que dans bien des pays riches et que le taux de pauvreté (14,2% de la population selon l’Insee) est stable depuis une vingtaine d’années ». 

De quoi se plaint-on ? Le brillant chroniqueur du Monde devrait séance tenante se rendre sur un rond-point ou un péage d’autoroute pour expliquer tout çà. On ne doute pas de son succès.

RÉVÉLATION : « LA VRAIE RAISON DE LA HAUSSE DES PRIX DES CARBURANTS » (PATRICK LE HYARIC)



L'impôt indirect sur les automobilistes et les familles qui doivent remplir leur cuve de fuel pour l’hiver sert à combler les cadeaux sociaux et fiscaux au grand patronat. C’est le pouvoir macroniste lui-même qui en fait l’aveu dans un document gouvernemental baptisé « Projet de loi de finances 2019 : rapport économique, social, et financier, perspectives économiques des finances publiques », épluché par les organismes internationaux et la Commission européenne plus soucieuse de « trajectoire budgétaire » austéritaire que de « trajectoire climat ». « (Les) baisses de prélèvements seront partiellement contrebalancées par la poursuite de la montée en puissance de la fiscalité sur le tabac et de la fiscalité écologique, ainsi que par la suppression de la niche fiscale pour certains usages du gazole non routier », y est-il exposé. Voilà qui est clair.
Dans ce volumineux texte de 231 pages, on trouve nichée, page 70, la justification en ces termes des hausses de taxes sur les prix des carburants : « En ce qui concerne les prélèvements obligatoires, l’année 2019 est fortement affectée par le double coût ponctuel pour les finances publiques de la transformation du Cice en allégements de cotisations. » Cette justification sonne comme un second aveu : le Cice est un coût pour les finances publiques. Il n’a toujours pas fait la démonstration de son efficacité pour faire baisser le chômage, mais il permet, en revanche, d’améliorer le taux de profit. « Les mesures nouvelles contribuent à réduire le taux de prélèvements obligatoires de 0,8 point de PIB essentiellement du fait de cette bascule du Cice », peut-on encore lire. C’est un troisième aveu : le pouvoir reconnaît qu’il abaisse la contribution des entreprises au bien commun. Il n’a plus qu’à exposer avec une clarté cristalline que ce sont les familles populaires et les travailleurs, quand ils se chauffent ou se déplacent, qui paieront pour renflouer les coûts du Cice.
Le président de La République aura beau se démener, il ne peut pas faire prendre des vessies pour des lanternes et les ponctions fiscales assorties d’impôts indirects – les plus injustes qui soient – pour un grand élan écologique. Démonstration est ainsi faite que ce n’est pas le climat qu’il cherche à sauver mais les rentes des plus fortunés et le capital.

« Révélation et manipulation », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Les révélations que nous publions aujourd’hui sur l’affectation de la taxe carbone confinent à ce qui pourrait être un scandale d’État. Alors qu’elle a été présentée comme la contribution des automobilistes à la transition écologique, les documents sont là. Elle est évoquée dans le rapport dont nous publions des extraits comme une compensation de pertes de recettes en lien avec le Cice.

En d’autres termes, le président de la République et son gouvernement ont-ils plongé depuis quinze jours le pays dans une véritable crise politique au nom du souci de l’environnement alors qu’il n’en est rien ? Emmanuel Macron et Édouard Philippe doivent s’expliquer au plus vite. Avant-hier encore, le premier tentait de mêler, sans succès du reste, la fibre écologique et la fibre sociale pour se refuser à choisir, disait-il, entre la fin de mois et la fin du monde. On comprend que ce tricotage est une manipulation.

Quoi qu’il en soit 80% des Français ont jugé insuffisantes « ses propositions ». C’est énorme et un fossé peut être sans précédent dans la Ve République se creuse entre le pouvoir et l’opinion, le pouvoir et les attentes des citoyens. Le problème qui nous est posé est entier en ces jours où monte une protestation sociale multiforme certes, mais inédite, en même temps que va s’ouvrir dans quelques jours la COP24. La question n’est pas de savoir s’il faut opposer fins de mois et fin du monde. Elle est celles des conditions démocratiques et sociales à même de changer en profondeur une économie mondiale de prédation. On parle, s’agissant de transition écologique, de mettre à contribution les transports aériens et maritimes, sans doute, mais il nous faut penser au-delà, c’est-à-dire en termes de mode de production, d’aménagement des territoires, de gestion sociale des ressources et des masses financières. La politique d’Emmanuel Macron est à l’inverse.

mercredi 28 novembre 2018

« Tests », le billet de Maurice Ulrich !



On ne parle pas de corde dans la maison d’un pendu. On se souvient peut-être qu’Emmanuel Macron s’était refusé à parler des ventes d’armes de la France à l’Arabie saoudite lors de sa visite au salon de l’armement au Bourget. Sinon, on peut. 

Dans un entretien accordé à la presse économique, l’amiral Laurent Isnard, commandant des opérations spéciales de la France s’en fait même le VRP : « Les forces spéciales travaillent déjà avec des start-up, des PME et des grands groupes. Traditionnellement, nos commandos testent en premier les nouveaux matériels en conditions réelles et partagent avec l’industrie leur retour d’expérience, ce qui permet de faire mûrir très vite les technologies et de les commercialiser. » 

Sans doute, et il est heureux, de ce point de vue, qu’il y ait suffisamment d’occasions de prouver la valeur de nos armes pour faire tourner la boutique. Il serait d’ailleurs légitime que les membres de nos commandos qui procèdent à ces tests, de même que les populations testées, touchent leur petit pourcentage. Pensez-y, amiral.

mardi 27 novembre 2018

« Le mépris, la honte », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mercredi 28 novembre



 

Emmanuel Macron avait des réponses urgentes et sérieuses à apporter à deux préoccupations majeures. Et ? Rien. 

Hallucinant… Emmanuel Macron avait donc des réponses urgentes et sérieuses à apporter à deux préoccupations majeures: la colère sociale grondante d’un côté, la transition énergétique d’un autre côté, chacune conditionnant nos choix fondamentaux en tant qu’horizon. Il a donc pris la parole, l’air grave. Mais les historiens des vaines élocutions retiendront qu’il a osé affirmer qu’il n’opposait pas «fin de mois» et «fin du monde». Et après ? Rien. Absolument rien. Le vide sidéral, que certains grands astrophysiciens observent aux confins de l’univers. Une heure de discours, c’est long, surtout pour ne répondre à aucune – mais aucune – des attentes des Français. Seule une forme de mépris atavique peut expliquer une telle indigence à mesurer la température de son propre pays, quand la fin d’un mois signifie parfois la fin d’un monde. Dans sa bouche, l’enjeu écologique est posé sans aucune ambition politique ni philosophique. Quant à l’impératif social immédiat, il est totalement passé sous silence, nié, passé au laminoir de sa toute-puissance supposée.

Les Français, gilets jaunes ou pas, doivent ressentir de la stupeur et un profond sentiment de honte à son égard! À ceux qui réclament légitimement de pouvoir boucler leur budget mensuel dans trois jours, avec la perspective des fêtes de fin d’année déjà en tête, Macron dit: on vous donnera des nouvelles dans trois mois, après avoir réuni un énième comité Théodule. On croit rêver. Aucune mesure d’accompagnement pour soutenir le pouvoir d’achat ou réduire la fracture territoriale. Aucun signal donné en matière de justice sociale. Le voilà hors sol, déconnecté des réalités. En particulier lorsqu’il évoque le consentement à l’impôt... sans évoquer les 358 000 familles exonérées de l’ISF, alors que ces dernières, soustraites des solidarités de notre pacte social, détiennent la moitié du PIB de la France. 

Pendant ce temps-là, les plus modestes trinquent, leurs yeux perlent d’amertume. Nous ne devons pas nous taire, mais au contraire savoir répondre à ces peines, n’ignorant pas, une fois de plus, que nous restons en ces luttes le couteau fécond de leurs plaies. Inutile d’être devins. À l’invraisemblable mépris de Macron répondra une colère redoublée et peut-être incontrôlable. Entre lui et les citoyens de ce pays en souffrance, le divorce est prononcé. 

« À SENS INIQUE », L’EDITORIAL DE MICHEL GUILLOUX DANS L’HUMANITE DE CE JOUR



Le vent change mais le pouvoir reste à côté de ses pompes. Une semaine avant la première manifestation des gilets jaunes, le chef de l’État en pleine « itinérance mémorielle » (sic) lâchait cette sentence jupitérienne : « L’essence, c’est pas bibi. » Et dimanche, au lendemain d’une nouvelle journée de protestations, un des multiples préposés au ruissellement de la parole unique expliquait que le « tournant » emprunté par le gouvernement avec sa loi d’orientation des mobilités « ne porte pas sur le contenu de notre politique, il porte sur la méthode ». Surtout rester droit dans ses godillots.
Le projet présenté hier témoigne d’un pouvoir arc-bouté sur sa ligne de fond et cherchant à détourner la colère sociale sur les collectivités locales, qui apprécieront le geste. Si les péages urbains ont disparu faute de volontaires, c’est sur elles que reposerait l’essentiel du poids budgétaire de ce plan, avec en prime le défaussement de Pôle emploi pour des aides aux chômeurs. Il fallait y penser. On pourrait sourire en évoquant la sensibilité aux trottinettes électriques. Mais avec l’incitation à promouvoir des applications d’aide aux trajets, le ministère des Transports reste dans les clous d’un « nouveau monde » exclusif de tout le reste et c’est bien là tout le problème.

Restent les routes à l’abandon, les lignes ferroviaires supprimées ou menacées de l’être et la question numéro un dans les bouches de nombre de ces gilets jaunes : le pouvoir d’achat. Celle-ci est renforcée par la conscience de plus en plus aiguë des choix à sens inique du pouvoir – de ses attaques contre les retraités et les jeunes à la suppression de l’ISF. On est bien loin ici des terrains de prédilection de l’extrême droite, qui, comme le pouvoir d’ailleurs, n’aime rien tant que la division et la chasse aux migrants. Tous deux ont peur que la colère sociale, sourde ou manifeste, puisse rencontrer les idées d’augmentation du Smic, de salaires dignes, et d’impôts pour les riches et autres évadés fiscaux ou encore de services publics et de transports dignes de ce nom. Un autre ruissellement est possible…

« LE TEMPS », LE BILLET DE MAURICE ULRICH !


Un pavé de 1 656 pages. C’est le travail sur l’évaluation nationale du climat réalisé aux États-Unis par l’Administration nationale océanique et atmosphérique, avec les contributions de treize agences fédérales et quelque trois cents scientifiques, qui vient d’arriver sur le bureau de Donald Trump. 
La semaine dernière il sortait encore une de ses bouffonneries tragiques à propos d’un temps un peu frais. « Qu’est-il donc arrivé au changement climatique ? » Ceci, qu’énumère le rapport : incendies ravageurs, inondations comme celle du Missouri en 2011 mettant en danger une centrale nucléaire, ouragans gagnant l’intérieur des terres, pénurie de neige dans les Rocheuses mettant en cause les ressources en eau, etc. 
« Les menaces dues au climat sur le bien-être physique, social et économique des Américains s’accroissent. » Commentaire de Trump sur la chaîne CBS : « Ces phénomènes ne sont peut-être pas causés par l’homme » et le climat « pourrait repartir dans l’autre sens ». Aussi vrai que la machine à remonter le temps.

lundi 26 novembre 2018

PAUVRE CARLOS GHOSN !


On en pleurerait presque. D’après l’édition de vendredi du Figaro, il paraît que les conditions de détention de Carlos Ghosn, le patron français de Renault-Nissan, sont « extrêmement sévères », sous la surveillance de gardiens « intraitables ».

Dans son article, qui lance un regard très cru sur les droits des prisonniers au Japon, Régis Arnaud égrène le quotidien de Carlos Ghosn et de ses codétenus : une cellule de 6 mètres carrés, un futon, un coussin et une table, un réveil en musique, du riz et de la soupe dont il semblerait qu’ils ne « soient pas mauvais ».

Il n’a pas le droit de s’allonger hors certaines heures, mais peut lire, cantiner plusieurs fois par semaine et a même communiqué avec son avocat et l’ambassadeur de France. Il est sûr qu’une garde à vue peut nuire au moral, même dans des conditions moins drastiques que celles-ci.

De là à nous faire pleurer sur l’un des hommes les plus rétribués de France, quand un voleur de pâtes dans un supermarché se prend directement de la prison ferme, il y a comme une sorte d’indécence.

« Planète », le billet de Maurice Ulrich !



« Non, non, je ne connais pas cet homme »…L’histoire est célèbre, qui a déjà un peu plus de deux mille ans. Au lendemain de la crucifixion de Jésus, qui l’en avait pourtant averti « avant que le coq n’ait chanté tu m’auras renié trois fois », Pierre croise successivement trois personnes qui l’interrogent…

L’histoire est restée donc comme étant le reniement de saint Pierre, qui mena toutefois par la suite une carrière honorable de disciple. Carlos Ghosn n’étant pas crucifié mais épinglé, disons, par la justice japonaise, cela ne va pas sans troubles chez nombre de grands patrons, d’autant que les révélations qui se font jour sur sa fortune et ses dépenses somptuaires alliées à une mégalomanie galopante font un peu mauvais genre. 

Ceux-là, bien au contraire, et comme on le suppose, mènent une vie austère, quasi monastique et consacrent leurs millions d’euros annuels aux bonnes œuvres. Ainsi, dit l’un d’entre eux dans le journal du Dimanche : « C’est, ou plutôt c’était un PDG jupitérien. Il n’a jamais été de la même planète que nous. »

dimanche 25 novembre 2018

MOBILISATION GÉNÉRALE POUR QUE VIVE L’HUMANITÉ (PATRICK LE HYARIC)



Patrick Le Hyaric a rappelé la place particulière de l'Humanité dans la presse 
française, sans occulter les difficultés financières et politiques qui pèsent sur l’avenir.
La mainmise de magnats à la tête de complexes industriels sur la presse française est un poison lent pour notre démocratie. Prenant l’exemple de Patrick Drahi, patron de SFR, le directeur de l’Humanité, Patrick Le Hyaric, a dénoncé une opération de large ampleur qui n’est « pas sans conséquences sur les contenus journalistiques eux-mêmes » : les annonceurs règnent sur le contenu diffusé, et c’est la « course au clic » qui demain rémunérera les journalistes si on n’y prend pas garde. Devant le congrès du PCF, lors d’un des temps forts qui ont émaillé ce rendez-vous, Patrick Le Hyaric a ainsi caractérisé une « stratégie de prédateurs » visant à faire pression sur les secteurs industriels et économiques. Car posséder un média et ses moyens de diffusion est un levier considérable dans l’opinion…
Un but qui ne peut être atteint que collectivement
Dans ce contexte, défavorable à l’émergence d’autres modèles, « l’Humanité tente de tenir toute sa place ». C’est un combat pour la dignité que portent l’Humanité, l’Humanité Dimanche et l’Humanité.fr, a souligné Patrick Le Hyaric. De la mise en valeur des batailles dans les entreprises (Paprec, Arjowiggins, les Ehpad…), en passant par le soutien aux mouvements sociaux, aux « bâillonnés », aux « invisibilisés », nos titres « de création communiste » « appuient les luttes et les nourrissent d’analyses et de confrontations fructueuses ». Il s’agit, selon le directeur, d’« aider à faire germer les ferments de l’émancipation humaine ». Un but qui ne peut être atteint que collectivement, avance-t-il, en lançant « un nouvel appel pour que vive l’Humanité », doublé d’une « campagne de souscription et de dons ». Car « si on ne s’occupe pas de l’Humanité, d’autres savent que ce journal et la Fête de l’Humanité ont une valeur », prévient-il, citant le cas de l’hebdomadaire Marianne, racheté par un oligarque tchèque « pour le prix de sa dette ». Outre les communistes, c’est vers « tous ceux qui se préoccupent de la démocratie », les démocrates, les républicains, les personnalités intellectuelles, que se porte cet appel : «Chacun peut et doit, à sa juste mesure, se faire l’avocat de nos titres, a invité Patrick Le Hyaric. C’est l’une des conditions du rayonnement de nos idées.»
Grégory Marin

POUVOIR D’ACHAT. LES GILETS JAUNES NE RETOURNENT PAS LEUR VESTE



Alors que le fossé se creuse entre les « premiers de cordée » chouchous du président et les plus modestes, toujours sans interlocuteur malgré la persistance de leur mobilisation et de leurs revendications, l’urgence sociale demeure.
Le gouvernement a beau souligner « un fort affaiblissement de la mobilisation », samedi les gilets jaunes étaient plus de 100 000 (106 301, selon le compte très précis du ministère de l’Intérieur) à manifester dans toute la France. Certes, d’un point de vue arithmétique, on note une déperdition de forces (ils étaient 282 710, selon le ministère, le samedi précédent), mais le territoire reste maillé de jaune encore aujourd’hui. Une présence qui montre combien le mécontentement sur le pouvoir d’achat est fort. Le gouvernement, bien en peine pour répondre à cette question, multiplie les échappatoires.
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’appuyant sur des actes et des mots bien réels mais pas structurels du mouvement, a d’abord renvoyé les gilets jaunes à la seule extrême droite. Selon lui, les « séditieux » manifestants parisiens ont « répondu à l’appel de Marine Le Pen » et voulaient « s’en prendre aux institutions ». Un écho du 6 février 1934 (marche des ligues factieuses d’extrême droite sur l’Assemblée nationale) qui passe assez mal... Le président de la République a botté en touche d’une autre manière, en annonçant la création d’un « haut conseil pour le climat » composé d’experts, selon l’Élysée. Un organisme placé sous l’autorité du premier ministre censé « susciter moins de crispations » sur la « politique énergétique et ses conséquences fiscales », précise le Journal du dimanche. Et qui a l’avantage de contourner les corps intermédiaires, avec lesquels le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, estimait qu’il fallait construire un « pacte social de la conversion écologique ». Le premier ministre l’avait rabroué : ce n’est pas ce que « demandent les gilets jaunes ».
L’exécutif sait, lui, ce que veulent les manifestants : de la « pédagogie ». Ce que va faire, promis, Emmanuel Macron. Nullement en s’adressant aux Français pour détailler des mesures sur la vie chère, mais à huis clos, devant les membres du Conseil national de la transition écologique, avec l’objectif, a-t-il déclaré à la presse, de donner le « cap » de cette transition afin de la rendre « acceptable ». Le fossé se creuse.
Grégory Marin


samedi 24 novembre 2018

Pour le pouvoir d'achat : " Augmentons les salaires et les retraites "



De tout le pays monte la colère populaire contre l'injustice sociale et fiscale.
Qu'ils portent des gilets jaunes, des blouses blanches ou des robes noires, des millions de femmes et d'hommes n'acceptent plus le sort qui leur est fait. Ils le disent haut et fort : "Trop, c'est trop ! On ne peut continuer à vivre avec des salaires de misère, des pensions sans cesse rognées, des allocations sacrifiées sur l'autel de l'austérité."
Nous sommes des leurs !

Ce gouvernement au service de la finance a multiplié les cadeaux fiscaux à une poignée d'ultra riches. De l'autre, il aggrave les difficultés et la précarité pour les salariés, les privés d'emplois, les jeunes, les retraités. Les femmes en sont les premières victimes.

Nous disons que la transition écologique, vitale à l'heure où l'humanité est menacée de terribles catastrophes, ne peut être menée à bien sans progrès social et sans changer notre modèle économique.
Avec les femmes et les hommes mobilisés dans les rues, dans les entreprises, dans les quartiers, nous voulons une économie au service de l'humain. Il faut une autre utilisation de l’argent pour produire autrement, pour partager les richesses créées par le travail.

L'heure est à la conquête de nouveaux pouvoirs, de l'entreprise à la République, jusqu’à l’Union Européenne.
Il faut cesser de culpabiliser la majorité de notre peuple. Pour que chacune et chacun puisse vivre dignement, il y a besoin d'augmenter les salaires, les pensions, les minima sociaux. Il y a besoin de services publics réhabilités (école, écologie, recherche, système de santé, culture, accessibles à toutes et tous), d'investissements massifs dans les transports collectifs, la rénovation énergétique des logements.

Les moyens pour y parvenir existent. Partons à leur conquête !
Le gouvernement doit répondre à la souffrance et à la colère du pays. Dès le 1er janvier 2019, l'impulsion doit être donnée d'une augmentation générale des salaires et des pensions, dans le public comme dans le privé : le SMIC doit être augmenté de 200 euros nets. Les négociations doivent s’ouvrir au plus vite dans toutes les branches professionnelles comme dans la fonction publique.
Pour financer la transition écologique d'autres choix fiscaux, budgétaires et financiers s'imposent, dès la Loi de Finances 2019. Comme l'a fait notre chef de file pour les élections européennes, Ian BROSSAT, nous exigeons :
  • de ramener le taux de la TICPE à son niveau de 2017 et l’affecter réellement à la transition écologique,
  • une taxation exceptionnelle des 10 milliards de profits annuels des compagnies pétrolières ,
  • la taxation du kérosène,
  • le maintien des lignes ferroviaires de proximité, menacées de fermeture, le développement du fret ferroviaire,
  • le retour à une TVA de 5,5 % sur les transports en commun.
Et revenir sur l’ensemble des mesures fiscales en faveur des plus riches et des profits (ISF…).

Solidaires de celles et ceux qui se mobilisent pour le pouvoir d'achat et contre l'austérité, engagé dans toutes les luttes pour les droits sociaux et pour l'emploi, appelant à faire un grand succès de la journée syndicale du 1er décembre, le Parti communiste français, réuni en congrès, est plus que jamais déterminé à faire monter cette exigence fondamentale : "L'Humain d'abord !"


jeudi 22 novembre 2018

« Oui, mais non », le billet de Maurice Ulrich !



Ayant gracié deux dindes pour Thankgiving, Donald Trump a absous dans un même élan le prince saoudien Mohammed Salmane dans l’affaire du sordide assassinat du journaliste Jamal Khashoggi : « Nos agences de sécurité continuent à évaluer toutes les informations mais il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de ce tragique événement – peut-être que oui, peut-être que non »…

Peu importe car le président américain entend « rester un partenaire solide de l’Arabie saoudite pour assurer les intérêts de notre pays, d’Israël et de tous les autres partenaires dans la région ». Sauf au Yémen, où la guerre conduite par l’Arabie saoudite a déjà fait des milliers de morts et accule à une famine sans précédent des centaines de milliers d’enfants. 

En France, on préfère la discrétion. Emmanuel Macron avait été ferme : « Le compte n’y est pas sur l’enquête saoudienne », avait-il déclaré, mais, « en même temps » semble-t-il, on ne va quand même pas se fâcher avec un si bon client. C’est oui mais non, en français.

« L’heure de décoloniser le patrimoine », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour !



Il n’est pas loin le temps où un chef d’État français pouvait professer : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme n’est pas assez entré dans l’histoire. » Une conception malheureusement trop courante dans notre pays encore marqué par les traces de l’imaginaire colonial. Pourtant, de l’Empire du Mali à celui du Ghana, en passant par le royaume du Kongo, l’Afrique est forte d’un riche passé. Son histoire s’est transmise oralement ou de manière écrite. Elle s’inscrit également dans les œuvres d’art, dont une partie a été accaparée par les puissances coloniales et guerrières. Sous les jougs français, britannique, belge, les pays colonisés ont vu leur culture, leur histoire pillées jusqu’à entraîner, chez quelques-uns des trous de mémoire…

Un rapport officiel d’importance sera rendu à Emmanuel Macron, vendredi, par deux anniversaires, l’une française, Bénédicte Savoy, l’autre sénégalais, Felwine Sarr. Ces derniers ne préconisent rien de moins qu’une restitution systématique et pérenne des œuvres pillées, dès lors que leur pays d’origine les demande. Ils présentent, également, le chemin à parcourir pour lever les obstacles juridiques, ces objets étant, souvent, entrés dans le « patrimoine français », obligeant pour les restituer à faire adopter une loi par le Parlement. Les chercheurs répondent aux faux arguments, selon lesquels les États où retourneraient les œuvres seraient incapables de s’en occuper. On l’ignore trop souvent, mais, loin des idées reçues, l’Afrique subsaharienne ne compte pas moins de 500 musées, informent à juste titre les universitaires.

En créant les conditions d’une restitution des œuvres pillées, Paris s’honorerait ; c’est une toute nouvelle relation que la France pourrait établir avec les pays concernés, fondée sur la coopération et l’égalité. Ce serait également respecter l’histoire de chacun des peuples, qui porte en elle une part de l’histoire universelle.

mercredi 21 novembre 2018

« Étoffes », le billet de Maurice Ulrich !



Parlons chiffons. On n’a rien de nos jours contre la marque Hugo Boss, qui vend, ce qui n’est pas rien, un costume pour homme sur six dans le monde, ce que nous disent, entre autres choses, deux pleines pages de pub dans un grand quotidien. 

Mais on ne peut s’empêcher de citer cette présentation. « Hugo Boss, l’étoffe des héros. Depuis près d’un siècle la marque allemande habille les hommes du monde entier ; des personnages politiques aux célébrités en passant par les artistes et les jeunes cadres urbains. Un style fonctionnel que se déploie aussi dans l’art et dans le sport pour s’inscrire dans le quotidien de chacun. » 

C’est qu’un petit quelque chose nous gêne dans cette présentation idyllique. Le fondateur de la marque, Hugo Ferdinand Boss, a habillé les chemises brunes dès 1924, dessiné et produit les uniformes des SA, des SS et des jeunesses hitlériennes jusqu’à l’effondrement du Reich. Désolé pour ce rappel de l’étoffe des héros.

« Dérobades ? », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Le changement de pied d’Emmanuel Macron, qui s’était engagé l’an passé à se rendre chaque année au congrès de l’Association des maires de France (AMF), semble à priori une dérobade. Il recevra à l’Élysée ceux qui voudront s’y rendre. Jacqueline Gourault, la ministre de la Cohésions des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, dont le titre à rallonge est inversement proportionnel à sa marge de manœuvre, s’efforçait hier de botter en touche en opposant les maires, qu’elle assure rencontrer sur le terrain, à l’AMF, « qui exprime moins d’envie de dialoguer avec le gouvernement et semble dans une posture plus politique ».

Alors que plus de 10 000 maires sont réunis depuis hier Porte de Versailles, ce n’est pas vraiment mettre de l’huile dans les rouages grippés des rapports entre l’exécutif et les élus locaux. Rappelons aussi l’épisode de « Balance-TonMaire », il y a quelques semaines, où des élus de la République en marche invitaient à dénoncer ceux qui n’avaient pas appliqué la baisse de la taxe d’habitation. On peut entendre dans ces conditions cette question de François Baroin, le président de l’AMF, laquelle regroupe des maires de tous les bords : « les élus locaux sont-ils rangés dans la catégorie des corps intermédiaires bloquants d’une société repliée sur elle-même ? »

À bien y regarder, il semble que oui. La pression financière exercée sur les communes est une mise en cause de la démocratie. Quels choix pour une commune quand elle est conduite à gérer l’austérité contre l’attente des citoyens ? C’est sans doute le but recherché et c’est l’une des raisons qui font que près de 50% des maires ne veulent pas se représenter. En réalité, pas plus qu’il ne veut répondre aux gilets jaunes, le président de la République ne veut entendre les élus les plus proches des citoyens avec la volonté d’imposer sa politique avec son clan de fidèles et sa majorité présidentielle, contre l’opinion et les élus s’il le faut. Son absence, Porte de Versailles, plus qu’une promesse non tenue, a les allures d’une provocation.

mardi 20 novembre 2018

« Leçons d’histoire », le billet de Maurice Ulrich !



Il aurait juste voulu rappeler les leçons d’histoire. Ah bon, lesquelles ? Devant le tollé suscité par ses propos abjects sur la PMA, la procréation médicale assistée, Laurent Wauquiez a feint hier de reculer. Dimanche, il avait déclaré devant une assemblée de Sens commun que son ouverture à toutes les femmes conduirait à l’eugénisme, avec cette phrase ignoble : « tout ceci a déjà été fait par un régime, c’est le nazisme. » 

Il faut une sérieuse altération de ce même sens commun pour dire que vouloir un enfant, en l’occurrence pour les couples de femmes, serait de l’eugénisme, lequel est précisément l’idée d’une sélection des humains en séparant en quelque sorte le bon grain de l’ivraie ou les bons ovules des mauvais. 

À Sens commun où ses propos ont été très appréciés, on est vent debout contre la PMA, l’homosexualité y est considérée comme une maladie, une déviance. Laurent Wauquiez le sait et devrait se souvenir des leçons de l’histoire et du triangle rose dans les camps de la mort.

lundi 19 novembre 2018

« Un monde à part », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mardi 20 novembre !



En direct, la chute de Carlos Ghosn, le PDG de Renault et l’un des plus grands patrons d’industrie de la planète.

Il était l’homme des rémunérations indécentes, tellement, qu’il les assumait avec le cynisme de ceux qui ne doutent de rien, surtout quand il s’agit de leur propre portefeuille. Le voilà mis en accusation au pays du Soleil-Levant, arrêté manu militari puis interrogé par des enquêteurs japonais, et enfin publiquement lâché par les autres dirigeants de Nissan, qui ont annoncé illico presto son remplacement, dès ce jeudi… En direct, la chute de Carlos Ghosn, le PDG de Renault et l’un des plus grands patrons d’industrie de la planète. Que lui reproche-t-on? D’avoir, pendant de nombreuses années, déclaré des revenus inférieurs au montant réel, sans parler d’autres malversations, telles que l’utilisation de biens de l’entreprise à des fins personnelles. Si les faits sont avérés, le boss de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi ne sera bientôt plus rien du tout sur l’archipel… et probablement en France.

On a beau être l’incarnation vivante d’un monde à part – celle de la caste des premiers de cordée qui imposent et osent tout –, cette fraude fiscale, même pratiquée au Japon, aura également des conséquences au pays de Macron… Il y a tout lieu de croire que Carlos Ghosn ne sera plus longtemps encore PDG de Renault. Et nous nous souviendrons – avec ironie – que l’emblématique maître du losange s’affichait encore à côté du président (merci pour la suppression de l’ISF!) lors de son «itinérance mémorielle», le 8 novembre, à Maubeuge, lorsque ce dernier fut interpellé par un salarié de Renault.

La parade s’achève. Autant l’admettre: nous ne lâcherons ni la moindre larme ni la plus petite lamentation sur son sort. Car si l’impudence et l’avidité n’ont pas de frontières, celles de Carlos Ghosn en matière de salaire personnel en disent long sur l’homme et ses méthodes. Pour mémoire, rappelons qu’il a perçu de Renault 7,4 millions d’euros pour la seule année 2017, auxquels s’ajoute la modeste contribution de Nissan, 8,8 millions d’euros. Nous écrivons souvent que le coût du capital est une arme contre l’emploi; ajoutons que le coût du capital personnel est aussi une arme contre les salariés de sa propre entreprise. Mais c’est un monde à part, vous dit-on. Jusqu’à un certain point…

« Philanthropie », le billet de Maurice Ulrich !



Ce n’est pas nouveau et le sujet revient régulièrement dans la presse, à part dans l’Humanité, on se demande pourquoi. Mais bref, la semaine passée, un dossier de l’Express, courant sur une vingtaine de pages évoquait « Les bonnes résolutions pour votre argent en 2019 ». Les bons placements, le « dynamisme des dividendes »…La retraite par capitalisation qui pourrait bien, tiens donc, « connaître une renaissance dans les prochaines années ». 

Mais attention. Tout cela ne peut nous faire oublier que nous avons un cœur. Ainsi une pub de la Fondation de France nous présente une bonne personne. « Quel est le point commun entre un chercheur et un chien d’aveugle ? ». « Ma générosité ». 

Et pour joindre l’efficacité aux sentiments nobles, la page suivante nous explique comment donner pour payer moins d’impôts. Pourquoi pas, puisque « la philanthropie est souvent plus rentable que les fonds spécialisés dans l’innovation ». Heureusement qu’il y a des pauvres, des handicapés et des malheureux.

« Si loin, si près », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



Sont-ils si loin les uns des autres ces centaines de milliers de gilets jaunes qui ont bloqué samedi les routes de France et ces dizaines de militants d’Attac qui fêtaient hier à leur manière l’inauguration du magasin Apple des Champs Élysées ? la première capitalisation boursière du monde s’est en partie constituée sur l’évitement de l’impôt, avec la complicité des gouvernants. Aux uns, l’on fait payer la facture d’une industrie polluante ; aux autres sont destinés les tapis rouges et les cadeaux fiscaux. Ce sentiment d’injustice dans le fonctionnement de la société indigne cette écrasante majorité de Français qui soutiennent les barrages routiers. Bien sûr, s’y mêlaient la propagande réactionnaire sur le refus de l’impôt, la nécessaire réduction des services publics, « le ras-le-bol fiscal » auquel le ministre Darmanin voudrait identifier le mouvement. Mais ce dernier porte en lui une révolte d’une autre nature, celle-là même qui a contraint hier soir le premier ministre à des contorsions à la télévision.

Incontestable succès, la mobilisation des gilets jaunes se heurte à l’obstination méprisante de la Macronie. Ses hiérarques craignent que lâcher prise donne de la crédibilité aux revendications salariales, à l’exigence de services publics – notamment de transport en commun – de qualité ou à celle de l’imposition des très très riches, si bien servis depuis un an et demi. Les cheminots, les syndicalistes face à la loi travail, les enseignants…se heurtent à la même brutalité.

Beaucoup de ceux qui portaient des gilets jaunes se tiennent à l’écart de la politique. Mais celle-ci, entre les mains des libéraux et des oligarques, s’occupe d’eux. Ce mouvement, lancé sur les réseaux sociaux, est rentré dans l’arène du débat public. Pour durer, il a besoin des propositions transformatrices afin de garantir la justice sociale et une transition écologique qui ne se fasse pas sur le dos des couches populaires.et donc de dialoguer avec les forces qui portent ces projets.

vendredi 16 novembre 2018

" Point de vue sur la lettre de madame la Maire de Romainville au président de la République " ::



Nous avons pris connaissance d’une lettre de Madame la Maire de Romainville adressée au président de la République. Madame Valls y évoque, à juste titre, la baisse des effectifs au commissariat des Lilas, dont dépend notre commune. Cependant, nous sommes amenés à constater que ce désengagement de l’État a été, d’une certaine manière, encouragé par la création de polices municipales dans les 4 villes que compte la circonscription ; (Bagnolet, le Pré Saint-Gervais, Les lilas et Romainville). Dans notre ville, une trentaine de personnes y sont affectées et dotées de plusieurs véhicules. Mais le constat est sans appel, rien ne peut remplacer une présence effective d’une la police nationale. La majorité municipale, est même allée jusqu’à abandonner une revendication pourtant ancienne, celle de l’implantation d’un commissariat de plein exercice à Romainville.

Ce désengagement de l’État en matière de services publics ne se limite malheureusement pas à la police nationale. La recette perception a fermé ses portes. Nous dépendons maintenant du centre des impôts de Noisy-le Sec, également avec Les Pavillons-sous-Bois. Les attentes sont interminables. Et il y a tout à craindre avec le prélèvement à la source qui voit le jour en janvier prochain. Ne rêvons pas, malgré les tranquillisants, que les gouvernants nous ont administré à haute dose, il y aura forcément des « bugs ». La situation peut s’avérer ingérable.

Plus de centre de sécurité sociale, il faut se déplacer aux Lilas. Plus d’agence pour l’emploi. Quant à la poste, c’est l’embouteillage. Sans compter que sa privatisation a tout aggravé. Dans plusieurs quartiers de notre ville, les facteurs font deux tournées. C’est ainsi Que dans une partie du quartier des Grands-Champs le courrier est distribué au plus tôt à 15  heures. Et tout cela dans un silence « religieux » de la part de madame Valls et de sa majorité municipale. Aujourd’hui, "constater" ne suffit plus. NOUS DEVONS REVENDIQUER LA RÉIMPLANTATION DE SERVICES PUBLICS DANS NOTRE VILLE (Sécurité Sociale, recette-perception, commissariat).

Dans le courrier que la première magistrate de notre ville adresse à Emmanuel Macron, il est également question du projet ANRU dans le quartier Gagarine. Nous citons : « l’Agence Nationale du Renouvellement Urbain nous retarde dans la rénovation du quartier en nous imposant des règles qui ne prennent pas en compte les difficultés que nous connaissons notre territoire concentre 38% de logements sociaux (Nous notons, enfin que les 50%, répétés à satiété, il n’y a pas encore si longtemps, ont disparu du propos, c’est heureux) et 20% au total des logements très sociaux de la Métropole du Grand Paris. Les règles administratives voudraient la reconstruction de logements PLAI dans un territoire qui en compte déjà beaucoup alors que l’objectif fondamental de l’ANRU est bien de diversifier l’habitat et de favoriser la mixité fonctionnelle. » On croit rêver ! Nous pensions légitimement que madame la Maire allait revendiquer davantage de moyens financiers ! Non c’est pour s’élever contre la construction de logements sociaux !

Depuis des années maintenant toutes les constructions (et elles sont nombreuses) qui sortent de terre, et orchestrées par les promoteurs immobiliers à l’affût, sont pour l’essentiel des logements en accession à la propriété. Peu importe les 2200 demandeurs d’un logement social, qu’ils aillent voir ailleurs ! C’est un fait, les jeunes et de nombreuses familles, pourtant romainvilloises depuis bien longtemps, quittent notre ville. Nous osons à peine y croire. La majorité municipale se fait rappeler à l’ordre pour ne pas accorder suffisamment d’intérêt au logement social ! Et çà se dit de gauche ! Dans le domaine de l’habitat, comme dans d’autres domaines, c’est aux besoins de tous qu’il convient de répondre. Cela s’appelle l’intérêt général ! Un concept pourtant cher à madame la Maire. Mais entre les paroles et les actes, il y a un fossé.

« Un livre », le billet de Maurice Ulrich !



Au cas où on passerait par-là, inutile de chercher Dostoïevski au 43 e festival de littérature du Koweït, qui s’est ouvert mercredi. Il n’y a pas sa place. Au cours des cinq dernières années 4000 livres ont été interdits par le ministère de l’information dans cet émirat où la Chambre des députés est désormais dominée par des élus conservateurs. 

Parmi les auteurs interdits figuraient déjà Victor Hugo, Gabriel Garcia Marquez, avec cent ans de solitude. On pense que, côté jeunesse, il aura fallu écarter les aventures du Club des cinq, où une fille tient le premier rôle, ou bien évidemment les œuvres sulfureuses de la comtesse de Ségur…

Le Koweït, au moment de la création du festival, dans les années 1970 à 1980, a été un foyer culturel avec une revue Al-Arabi, diffusée largement dans les pays arabes. Ces dernières semaines des militants ont protesté contre cette censure. En attendant, on peut faire une proposition aux autorités. Maintenir le salon du livre sans livres, ou un seul.

« Trop d’injustices », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !


Vous trouverez de tout parmi les « gilets jaunes ». Et même des patrons et des agitateurs d’extrême droite, mais surtout des salariés, de ceux qui galèrent jusqu’à la fin du mois, se paient des vacances au rabais ou y renoncent, courent les routes pour se rendre au travail ou conduire les enfants à l’école et au sport, qui ont dû s’éloigner des villes centres pour trouver à se loger à peu près dignement, qui voient leurs salaire, APL ou retraite rognés…Comme la grande majorité des Français qui les soutiennent. Depuis dix-huit mois que gouverne un président arrogant et méprisant, ils constatent une injustice croissante avec ces ultra-riches qui ont bénéficié de la suppression de l’ISF et d’une kyrielle de cadeaux, quand eux paient l’addition, celle des carburants mais aussi des services publics qui s’étiolent, des droits sociaux qui s’affaiblissent. Cette toile de fond explique la flambé de colère. Trop d’injustices accumulées.

Vers quoi penchera ce mouvement ? Les poujadistes de service voudraient l’enfermer dans un « ras-le-bol fiscal » qui s’accompagnerait du renoncement à des politiques publiques de progrès et à des augmentations de salaires. Le combat contre les dérèglements climatiques sera-t-il affaibli par le prétexte écologique brandi par le gouvernement pour faire payer les milieux populaires ? Pas si facile. Une réaction de classe, parfois confuse, parcourt les rangs des gilets jaunes. Elle peut prendre de la force si elle dialogue avec la gauche de transformation, rencontre des propositions alternatives, dispose de porte-voix politiques.

« Politiques »…le mouvement s’en méfie, qui a trouvé ses relais sur la Toile ou dans des proximités du quotidien. Des déceptions au long-court l’expliquent. Sur les barrages ou sur les points de rassemblement, beaucoup n’ont jamais manifesté, ni même rencontré des militants depuis des années. Mais là, ils se bougent, contraignent le gouvernement à lâcher quelques miettes et forcent Emmanuel Macron à des manœuvres d’urgence sur le pont du « Charles de Gaulle ». À suivre.


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