Le CAC 40 creuse le déficit
En 2009, si les groupes de l’indice vedette de la Bourse de Paris ont réalisé 47 milliards de bénéfices, ils ont réduit leurs effectifs en France de plusieurs milliers de postes et privé la protection sociale d’importantes ressources. Les groupes du CAC 40 ont joué un rôle important dans le creusement du déficit de la Sécurité sociale : c’est ce que révèle le décompte de l’évolution de leurs effectifs en 2008 et 2009, effectué à partir d’informations données par les directions. En cause, leur politique d’emploi. L’an dernier, leurs effectifs en France ont baissé d’environ 60 000.
Ils sont passés, en un an, de 1 720 164 à 1 661 752 salariés. Ce qui a eu pour effet de réduire leurs versements à la Sécurité sociale. Le déficit de celle-ci a doublé en 2009 par rapport à 2008, pour atteindre 20,3 milliards d’euros. La raison en est simple : 255 000 emplois ont été perdus en France l’an dernier, un record ! Pour la première fois depuis 1945, la masse salariale a subi une baisse en 2009 : moins 1,3 % ! Peugeot et Renault sont en tête des dix plus importants réducteurs d’emplois de l’Hexagone. Les autres industriels – Michelin et Schneider Electric – apportent, de ce point de vue, une forte contribution. Mais, fait remarquable, quatre groupes de service font partie de ce hit-parade, avec notamment PPR – le groupe qui englobe les magasins du Printemps, la Fnac, etc. –Accor, France Télécom… France Télécom, justement. Le groupe ne peut, lui, invoquer sa situation financière pour justifier ses coupes claires. Il a réalisé, en 2009, un bénéfice approchant les 3 milliards d’euros.Ils sont d’ailleurs nombreux, les milliardaires du profit, à avoir dégraissé leurs effectifs hexagonaux. Les 40 du CAC ont, au total, réalisé 47 milliards de bénéfices. Et ils comptent, notamment grâce à cette politique de baisse du coût du travail encouragée par le gouvernement, les augmenter sensiblement en 2010.Certes, la compression des effectifs en France des champions du CAC n’est pas due en totalité à des suppressions net d’emplois. Quelques baisses s’expliquent par des cessions d’activité. C’est ce qui explique en grande partie que l’effectif de Veolia se soit contracté de 15 000 postes. Mais, par ailleurs, on ne peut évaluer le rôle des vedettes de la Bourse de Paris en matière de suppressions d’emplois uniquement en mesurant l’évolution du nombre des CDI et des CDD. Renault, Peugeot, Vinci et Bouygues ont, en premier lieu, taillé dans leurs effectifs intérimaires. Le seul secteur de la construction a supprimé, en 2009, l’équivalent de 22 000 emplois à temps plein dans l’intérim, l’industrie, 97 900 postes ! Par ailleurs, les grands groupes ont accentué leur pression sur leurs sous-traitants, en poussant certains à la faillite ou à des réductions d’effectifs.Le redressement des comptes de la protection sociale passe bien par une autre politique de l’emploi. Il faut se rappeler que le régime général de Sécurité sociale a retrouvé son équilibre dans les périodes de forte création d’emplois et de recul du chômage. Cela a été le cas en 1999, 2000 et 2001, années au cours desquelles les comptes ont été excédentaires, successivement de 0,5, 0,7 et 1,1 milliard d’euros. Durant cette période, l’Insee constatait : « Entre janvier 1999 et mars 2000, le nombre de personnes ayant un emploi a augmenté de 600 000. » Dès 2002, les groupes ayant de nouveau resserré leurs effectifs, le régime général est redevenu déficitaire.Aujourd’hui, il faut réformer le système de financement de la protection sociale afin qu’il aide à la création d’emplois. Cela suppose de moduler les cotisations en fonction des politiques d’emploi des entreprises, en favorisant celles qui en créent et en taxant celles qui en suppriment par souci de rentabilité.
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