Les mystères de Romainville

Des dizaines de romans inspirés par les « Mystères de Paris seront publiés de par le monde : les mystères de Marseille, les Mystères de Londres, les Mystères de Naples, les Mystères de Munich, les Mystères de Lisbonne…

En ce mois d’avril nous avons les mystères de Romainville. Pas pour vous remémorer le récit du « chourineur » nous expliquant dans l’œuvre d’Eugène Sue que « lorsque les chaufourniers ne travaillaient pas, il allait ramasser du bois sec à Romainville pour faire sur les charbons une grillade saignée ».

Non c’est au budget 2012 de notre ville que nous pensons. Il faut en effet remonter à la nuit des temps pour retrouver une seule page du magazine rendant compte du Conseil municipal qui lui était consacré. Sur un sujet qui constitue l’acte essentiel d’une collectivité locale, c’est inquiétant.

Aucun chiffre ne nous est communiqué. Quelle est la part du fonctionnement et de l’investissement, nous n’en savons rien. Quelles sont les priorités retenues, nous n’en savons rien. Quelles sont les conséquences des transferts de compétence vers l’agglomération « Est Ensemble », nous n’en savons rien. À quel niveau se situe l’endettement de la ville, nous n’en savons rien. Quelle est l’évolution de la fréquentation des centres de loisirs et de vacances, nous n’en savons rien. Quelle est la part des dépenses de personnel dans le budget de fonctionnement, nous n’en savons rien. À combien se chiffre le nombre de personnels intérimaires ou contractuels, nous n’en savons rien.

Certes dans l’énoncé personne n’est oublié. Amélioration du cadre de vie, efforts vers la jeunesse, l’emploi, le logement. Soutien au tissu associatif. Actions envers les seniors, les publics en réinsertion et las actifs. Amélioration de l’offre culturelle. Et puis le futur quartier de l’horloge, la place des commerces. Et voilà qu’apparait le quartier des trois communes avec la ZAC Jean Lemoine.

Tout cela dans un flou artistique rarement atteint, sans que soient pointées les actions envisagées. Des mots répétés à l’envie : audace, sobriété, solidarité. Et après la « prospérité partagée », c’est « l’humain fait l’urbain ». Quant à la parole des habitants de notre ville, ce sera pour une autre fois.

Les cris de « Résistance » « Place au peuple » « Prenez le pouvoir » repris par des centaines de milliers de personnes dans les meetings et rassemblements du Front de gauche ont décidément bien du mal à arriver aux oreilles des élus de la majorité municipale. En matière de démocratie locale, nous en sommes encore à ce fameux « Élisez-nous et nous ferons le reste ». Il n’est pas exagéré de parler de recul historique en la matière. Les conseiller-e-s d’opposition sont méprisés. Lorsque l’opinion des citoyens est sollicitée c’est, dans le meilleur des cas pour faire valider des décisions déjà prises. On peut continuer à faire semblant de ne rien entendre, mais alors attention eu retour de bâton.

Nos interrogations sont d’autant plus vives que nous lisons dans ce même entretien : « La sécurité est une demande forte des habitants. C’est une des prérogatives de l’État et pourtant face à son retrait, c’est bien la municipalité qui prend en charge les dépenses liées à ce service public ». Nous voudrions comprendre, car nous sentons dans ces propos une confusion et une sorte de résignation. La police nationale doit continuer de jouer le rôle qui doit être le sien, sous l’autorité de l’Etat.

Le désengagement de ce dernier ne peut conduire à voir peu à peu la police municipale assumer des missions qui ne sont pas les siennes. Les policiers municipaux n’ont pas la même formation. Ils ne sont pas armés, et nous osons espérer qu’il en sera encore ainsi. Comment se résigner à voir les effectifs de la police nationale fondre comme neige au soleil pendant que ceux de la police municipale ne cessent d’augmenter ? Mesurons les dangers pour la démocratie que constitue une telle dérive. Le droit à la sécurité ne sera pas assuré dans de bonnes conditions sans la présence de policiers nationaux sur le terrain et en plus grand nombre.