La victoire de mélenchon
La victoire de Jean-Luc Mélenchon
Jean- Luc Mélenchon a gagné : François Hollande et Nicolas Sarkozy se prennent pour lui. Ils veulent investir la rue pour communier avec le peuple, montrer leur force, prouver que la dynamique est de leur côté. Ils ne lui laisseront pas la Bastille en trophée.
Le 15 avril, une semaine avant le premier tour de la présidentielle, en plein marathon de Paris, les troupes de Hollande se réuniront à Paris du côté du château de Vincennes et, à quelques lieues de là, les supporters de Sarkozy manifesteront place de la Concorde. "Que la majorité silencieuse s’exprime !", lance le président sortant, un rien grandiloquent, comme aux grandes heures du gaullisme menacé.
La rue avant les urnes. Cela signe cette drôle de campagne si typiquement française, qui a débuté comme une bataille d’experts, à la fois sérieuse et aseptisée, avec la mondialisation pour horizon et le risque de déclassement pour obsession et se finit "au peuple" dans le bruit des manifestations. Comme si la France devait d’abord rester la France.
Au commencement de la campagne, il y avait des tableaux de désendettement et des colonnes de chiffres : moins de dépenses, plus d’impôts pour faire reculer la dette et éviter la banqueroute. Nicolas Sarkozy, qui n’était pas encore candidat, avait placé la barre très haut en prenant la vertueuse Allemagne pour exemple.
Il voulait même faire campagne avec la chancelière à ses côtés. François Hollande avait suivi sans faiblir, avec même une louable constance : lui aussi réduirait les déficits et fermement, mais à sa façon. C’était la voie de la raison, à vrai dire peu empruntée en France en période électorale.
Et pour cause : la rigueur de gauche ressemble beaucoup à celle de droite. Bonnet blanc et blanc bonnet. Ni l’une ni l’autre ne font rêver. Jean-Luc Mélenchon s’est engouffré dans la brèche. Il a apporté à la campagne son verbe et cette dose de radicalité qui donne du piment aux promesses de changement.
Depuis, Sarkozy et Hollande regardent le troisième homme d’un air envieux. Ils ont beau le prendre pour un fieffé démagogue, ils voudrait partager la joyeuseté de sa campagne.
Le phénomène Mélenchon est né du talent de son géniteur mais pas seulement. Nicolas Sarkozy a attisé la flamme lorsque, dépouillé de ses habits de président, il a abandonné chiffres et graphiques pour jouer "le peuple contre l’élite", l’Hexagone apeuré contre "l’Europe passoire". En flattant "la France du non", il a donné des ailes à celui qui l’avait représentée lors du référendum de 2005.
Aujourd’hui, il ne sait plus s’il doit se réjouir d’avoir fait grimper un concurrent sur le flanc gauche de François Hollande ou se mordre les doigts d’avoir dopé le total des voix de gauche.
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