Le vote Mélenchon : sans peur
Ça continue. Dans une longue interview à Libération, François Hollande remet le couvert sur le vote utile et efficace. Silence sur le fait que le total des intentions de vote pour la gauche n’a jamais été aussi élevé, grâce à la progression du Front de gauche. Silence sur les sondages qui le créditent de 54 à 57% au second tour. Silence sur l’impossibilité de revivre un nouveau 21 avril 2002. Son seul leitmotiv est d’être le plus haut possible au premier tour. Comment ? En allant convaincre sur son projet, en décidant les abstentionnistes d’aller voter ? Non. Il l’a dit à ses militants, en allant « chercher les voix qui lui manquent sur Mélenchon ». Pour cela, il n’hésite même pas à réécrire l’histoire. Il nous dit : « En 1981, Marchais a fait 15%. Est-ce que c’est ce résultat qui avait permis la victoire de la gauche ? Pour une part ! C’est surtout le fait que François Mitterrand ait été haut au premier tour qui a fait la victoire. Ma responsabilité est donc de faire le meilleur résultat au premier tour ».
Rétablissons la vérité : Au premier tour Giscard d’Estaing, président sortant, obtint 28,32% des suffrages. François Mitterrand et Georges Marchais rassemblaient respectivement 25,85% et 15,35%. Cela a-t-il empêché François Mitterrand d’être élu ? Et comment l’aurait-il été sans les voix qui se sont portées sur le candidat communiste. Or François Hollande est aujourd’hui crédité de 26 à 29% ? Un score supérieur à celui qu’obtint Mitterrand.
Le problème est ailleurs. Il nous l’explique dans son entretien de libération, nous le citons : « L’enjeu est de savoir sur quelle ligne politique je peux gagner l’élection présidentielle ». Tout est dit. Le discrédit de Nicolas Sarkozy devait permettre une « alternance » fondée sur une alliance réunissant le Parti socialiste, Europe-Écologie les Verts et le Modem. Quant au Front de gauche, il devait rester une force d’appoint, bien « utile » pour les seconds tours. Mais patatras, le peuple décide de s’en mêler et vient bousculer ce scénario. Cette situation porteuse d’avenir et d’espoir déclenchent de véritables tirs de barrage de toutes les forces politiques, du patronat et des médias dominants. Ceux là même que ne dérangeait pas un FN à 20% se répandent à longueur de discours et de chroniques sur les dangers que représente le Front de gauche. Certains vont jusqu’à expliquer que sa montée en puissance ferait le jeu de Sarkozy.
Ce qui met en rage ces beaux esprits n’est pas le danger d’une victoire de Sarkozy, mais le fait que la vague montante du Front de gauche fait voler en éclats les rêves d’une recomposition politique qui se serait nouée entre le PS, EELV et le Modem autour d’un projet social-libéral. Une telle recomposition impliquait de marginaliser toutes les forces progressistes de gauche, en abandonnant au FN la représentation politique des classes populaires comme le préconisait la fondation Terra Nova*. La dynamique autour du Front de gauche et de son candidat qui prend naissance dans un mouvement populaire de fond a bousculé la stratégie de ces faiseurs d’opinion. Le Front de gauche entend bien de pas se laisser enfermer dans une « dictature de l’alternance molle ». Avec ces présidentielles il se fixe trois objectifs : Mettre une claque à l’extrême droite, chasser Sarkozy et donner un élan nouveau à une gauche du changement.
*Think Tank social libéral, inventeur des primaires du PS.
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