Remanier, et après ?
Aux spéculations sur le remaniement, le premier ministre a répondu par un maintien du cap politique quand les Français exigent, par exemple, plus de justice fiscale.
D’une proposition absente du programme présidentiel, la loi sur les retraites est devenue la réforme « test » du gouvernement. Quitte à éclipser toutes les autres. À ce titre, et depuis son vote, qu’attendre du remaniement annoncé depuis l’été ? Si ce n’est, comme certains voudraient l’entendre, donner un visage « plus social » au gouvernement qui accompagnera Nicolas Sarkozy jusqu’en 2012.
Avec les jours s’égrène le lot de spéculations et, mercredi, François Fillon a lancé l’une de ces phrases sibyllines dont il a le secret quand les esprits s’échauffent : « Je crois à la continuité de notre politique réformiste parce que l’on ne gagne rien à changer de cap au milieu de l’action et parce que le redressement de la France réclame de la durée. » Balayées d’un revers, les arguties sur la manière de couper l’herbe sous le pied des centristes ou des signes à donner à l’électorat du Front national ? Pour éclairer son propos, le premier ministre a ajouté : « Cette politique est équilibrée, et ce n’est pas en la faisant basculer à gauche ou à droite que l’on obtiendra des résultats. Cela n’est pas non plus en reniant ce que l’on a fait ou en nous excusant d’avoir réformé que nous convaincrons nos concitoyens. Les Français nous jugeront sur notre cohérence, notre droiture et notre franchise. »
Changement de climat idéologique
Dans le même temps, près de huit Français sur dix jugent que le remaniement « ne permettra pas au chef de l’État de retrouver la confiance de ses compatriotes », selon un sondage BVA Avanquest pour la Tribune et BFM. Réagissant à l’offre de François Fillon de prolonger son service à Matignon, le socialiste Gérard Collomb s’interrogeait : « Nicolas Sarkozy a-t-il si bien réussi dans sa politique économique et sociale qu’il faille garder la même ligne ? » Les questions soulevées par le mouvement social dépassaient de fait la seule question des retraites, mêlant répartition des richesses ou justice fiscale, comme le confirme une enquête d’Harris Interactive, réalisée pour l’Humanité Dimanche. Ainsi, 78 % des Français se disent favorables à une augmentation du smic, des minima sociaux et des pensions. De même, 67 % d’entre eux sont favorables à la création d’un impôt sur les revenus du capital qui échappent au contrôle citoyen. Autre fait intéressant : parmi cette tranche, 66 % des classes socioprofessionnelles supérieures y sont favorables comme 67 % des classes populaires. Par ailleurs, 78 % des sondés s’expriment en faveur de l’augmentation des impôts des plus riches et 53 % pour la suppression des exonérations de cotisations sociales. Cette enquête illustre le changement de climat idéologique quand, il y a quelques années encore, les discours sur le déficit public ou le coût du travail nourrissaient le fatalisme.
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