Remaniement : l'analyse de Pierre Laurent
« Une fuite en avant dans les choix antisociaux en fait de nouvelle phase »
Pour le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, le remaniement du gouvernement est la marque d’une radicalisation du «cap droitier et régressif» du pouvoir sarkozyste.
Vous évoquiez une opération "consternante" à l"annonce de la reconduction de François Fillon à Matignon. Une fois connu le détail du gouvernement, maintenez-vous votre appréciation ?
Pierre Laurent. Absolument. Le décalage entre les intentions que marquent la nomination de ce gouvernement et les attentes de changement et les urgences qu’exprime le pays le confirme : en rassemblant tous les leaders de l’UMP, ce gouvernement se radicalise dans la défense d’un cap droitier et régressif. En butte à son isolement croissant dans le pays, Nicolas Sarkozy choisit de répondre en s’enfonçant dans l’épreuve de force avec notre peuple pour poursuivre coûte que coûte sa politique de régression sociale. C’est un choix aux antipodes de la réorientation complète des choix gouvernementaux qu’imposait la situation. On parle d’équipe resserrée, mais il s’agit en fait d’un commando de l’UMP pour infliger au pays un traitement de choc.
La droite voulait ouvrir une "nouvelle phase" politique après la réforme des retraites. Le remaniement en est-il la concrétisation ?
Ségolène Royal a appelé, hier à "anticiper les rassemblements de l'entre deux tours de l'élection présidentielle"avec les "centristes" écartés du gouvernement. Y a-t-il un espoir dans cette voie ?
Tandis que Nicolas Sarkozy va diriger le G20, Dominique Strauss-Kahn vantait hier sur les ondes la politique du FMI qu'il dirige...Quelle place pour l'alternative dans le duel Sarkozy-DSK auquel certains voudraient résumer la présidentielle ?
Ne faut-il pas pour cela accélérer la construction du projet partagé et la désignation du candidat du Front de gauche ?
Pierre Laurent. Le temps est venu de faire grandir et émerger dans le pays un projet de gauche dans lequel se reconnaissent la grande majorité des participants aux mobilisations sociales sur les retraites. Nous ne répondrons pas aux attentes en nous contentant de désigner un nom, il faut que ce projet se formalise et rassemble celles et ceux qui se reconnaissent dans des objectifs sociaux audacieux. Sinon, la démarche du Front de gauche sera marginalisée par la compétition présidentielle.
Entretien réalisé par Sébastien Crépel
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