La pauvreté s'installe en France
Chômeurs, étrangers sans ressources mais aussi salariés: près d'1,5 million de personnes ont eu recours à l'aide du Secours catholique en 2009, un nombre en augmentation compte tenu de la crise économique. Le rapport annuel de l'association relève un point commun à toutes ces personnes: l'extrême faiblesse de leurs ressources, insuffisantes pour faire face aux dépenses courantes, encore plus aux dépenses imprévues.
"Toutes ces personnes en difficultés ne sont pas de mauvais gestionnaires", souligne Pierre Levené, secrétaire général du Secours catholique: c'est "l'insuffisance de leurs ressources, absolument criante", qui est en cause."On est proche du scandale de laisser autant de gens avec si peu", sosuligne-t-il.
En 2009, pour la seconde année consécutive, le nombre de personnes accueillies par les 63.000 bénévoles du Secours catholique a progressé et atteint 1,48 million, soit 80.000 personnes de plus qu'en 2008. Le nombre de "situations de pauvreté" parmi les ménages rencontrés a progressé de 2,1%, à 637.200, en particulier dans les rangs des familles avec enfants, des moins de 40 ans et des personnes "inclues" dans la société, Français ou étrangers en règle. Cette hausse s'explique par une augmentation du nombre d'étrangers, avec ou sans papiers, mais aussi, pour les Français actifs, par les effets de la crise économique: chômage et baisse du pouvoir d'achat.
Le nombre d'actifs employés ou en recherche d'emploi (62% du public, +2,5 points) "représente l'essentiel de la hausse", note le rapport. "Le travail pauvre ne recule pas malgré la mise en place du revenu de solidarité active (RSA) en 2009", précise-t-il. Chez les demandeurs d'emploi, l'ONG rencontre "un plus grand nombre de personnes pour qui aucune perspective d'amélioration de l'emploi ne se dessine alors que la mise en place du RSA devait rendre l'emploi plus attractif". Parallèlement, "même si les prix se sont stabilisés en 2009, l'augmentation des revenus n'a pas compensé les hausses de prix intervenues précédemment".
Beaucoup de ménages sont dans des situations de surendettement
En décortiquant les budgets de 1.163 ménages vivant non pas dans la grande exclusion mais dans une "pauvreté ordinaire", le Secours catholique évalue le revenu mensuel médian à 759 euros hors aides au logement. Les dépenses incompressibles : loyers, énergie, eau, mutuelles et assurances, impôts, transports, scolarité, représentent 515 euros, soit 68% du budget, les dépenses de la vie courante (alimentation et habillement) 265 euros. A la fin du mois les comptes sont déjà dans le rouge (-21 euros). Il reste encore à financer, souvent par le crédit, les dépenses imprévues (pannes, problème de santé) et les dépenses "souples" (entretien du logement, du véhicule, loisirs), que l'on peut retarder. Le solde plonge alors à -141 euros.
"Beaucoup de ces ménages sont dans des situations de surendettement. Ensuite c'est l'accumulation et un cercle vicieux duquel ils ne peuvent jamais sortir complètement", explique Pierre Levené. Une situation particulièrement complexe en milieu rural, "où l'absence de transports publics complique encore la tâche des actifs", souligne-t-il.
A partir de ce constat le Secours catholique dresse une liste de propositions: "créer un environnement plus porteur" pour les actifs avec davantage de places en crèche et de transports en milieu rural, mais aussi relever les minima sociaux et revaloriser les aides publiques au logement, favoriser les contrats à temps plein et la formation.
Pour lire le rapport, cliquez ici.
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