L'Otan lance le bouclier de tous les dangers
Ressuscitant les logiques de la guerre froide, les 28 chefs d'Etat de l'Alliance donnent le feu vert au projet très coûteux d'une ceinture antimissile autour de l'Europe.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Otan, réunis en sommet à Chicago, ont adopté solennellement dimanche la première phase de l'installation d'un bouclier antimissile en Europe. Trois autres étapes devraient suivre avant une mise en oeuvre complète du système à l'horizon 2018.
"Se défendre contre les missiles est indispensable. Nous faisons face à des menaces réelles", a plaidé le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, en désignant l'Iran. Mais l'exercice signe, de fait, une sorte de résurrection de la guerre froide, propice à toutes sortes d'escalades. Moscou se sent visé et a menacé de répondre en déployant à son tour des missiles dans l'enclave russe de Kaliningrad. Et pour bien marquer la gravité des faits, Vladimir Poutine, a refusé d'assister au G8 de Camp David qui a précédé le sommet de l'Otan.
Plusieurs spécialistes évoquent le manque de fiabilité de cette sorte de ligne Maginot du ciel européen qui n'assurerait pas une protection à 100% contre une hypothétique attaque extérieure. Autre gros défaut du bouclier, il va coûter très cher. Et c'est l'Europe qui serait amenée à payer l'essentiel de la facture. Par contre, le grand bénéficiaire sera l'industrie d'armement états-unienne qui en détient la technologie.
François Hollande est apparu quelque peu mal à l'aise sur ce dossier. Il a finalement accepté de signer l'engagement de la France dans ce projet aux côtés des autres Etats de l'Alliance atlantique, alors qu'il a ouvertement fait part de sa "réticence"à l'égard du bouclier antimissile, en avril dernier durant sa campagne électorale. Il s'est justifié en faisant valoir d'abord une"nécessité pragmatique", puis en indiquant devant les journalistes français qu'il estimait avoir obtenu les inflexions nécessaires "à la suite des réserves" formulées auprès de ses collègues de l'Alliance.
Il n'empêche : l'Otan vient de franchir une étape dans la relance de la course aux armements, selon une logique de puissance de bloc très dangereuse pour la paix. Sans compter les ressources financières gaspillées pour une Europe qui n'a guère besoin de cela aujourd'hui.
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