LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 24 mai 2012

Changer l'Europe, c'est un combat (Francis Wurtz*)

Nous mettons en ligne la chronique de Francis Wurtz parue dans « l’Humanité Dimanche » de cette semaine. Elle a le grand mérite de ne pas enjoliver les choses, de ne pas peindre la réalité en rose. Elle est un appel clair à l’intervention de nos concitoyens pour changer la donne et faire réussir la gauche. Le nombre de voix et de député-e-s que comptera le Front de gauche au soir du 17 juin : Voilà un atout essentiel pour peser sur les rapports de forces.

« La méthode dont nous sommes convenus consiste à mettre toutes les idées, toutes les propositions sur la table et à voir ensuite quelles sont les traductions juridiques pour le mettre en forme », a déclaré François Hollande à l’issue de son premier entretien avec Angéla Merkel.

En attendant on fait quoi ? Disons-le tout de go : sans un sacré bouger du rapport des forces d’ici au Conseil européen de la fin juin, il n’y a aucune chance que l’on débouche sur la « réorientation » des politiques européennes dont le nouveau président a suscité l’espoir en France comme chez nos voisins du sud de l’Europe. Et ce pour au moins trois raisons.

D’abord, pour positives que soient plusieurs idées reprises par François Hollande pour stimuler la « croissance », celles-ci ne sont pas du tout à la hauteur des transformations qu’exige la crise de loin la plus grave que l’UE ait jamais connue (25 millions de chômeurs, 115 millions de pauvres, la zone euro en récession, des pays pris à la gorge par les marchés financier…)

Ensuite, parmi « toutes les propositions sur la table » figurent celles de 12 chefs de gouvernement connus pour leur obsession libérale. Pour eux, les chemins vers la « croissance » passent par « l’assouplissement du marché du travail » (faciliter les licenciements), « l’ouverture des marchés » (davantage de concurrence), ou la « simplification des lois » (moins de contraintes pour les employeurs)…Aller dans leur sens ne conduirait pas vers une « réorientation » des politiques européennes mais vers leur accentuation.

Enfin François Hollande, rappelons-le, ne remet pas en cause le « pacte budgétaire » lui-même, pas plus que les directives et les règlements exprimant la même logique (« sixpack »).

Alors que faire d’ici la fin juin pour contribuer à ce que les décisions du Conseil européen soient prises dans un rapport des forces plus favorable aux transformations nécessaires ? Pour le nouveau premier ministre, Jean-Marc Ayrault, « plus l’appui des citoyens sera fort aux législatives, plus nous pourrons agir ». Mais « l’appui » à quoi ? À la non remise en cause du pacte budgétaire, simplement « complété » par des mesures notablement insuffisantes qui risquent d’être mâtinées d’autres franchement libérales ?

Non, il faut être clair : changer l’Europe c’est un combat ! Les élections législatives doivent permettre de progresser dans ce combat. Elles doivent exprimer des exigences réellement transformatrices dont le président pourra-devra- être porteur dans les négociations impitoyables à venir ! En particulier, les exigences qui touchent aux missions de la Banque centrale européenne, seul levier nous permettant de nous libérer de la toute-puissance malfaisante des marchés financiers.

Ces élections doivent aussi exprimer une franche solidarité avec les forces sociales et politiques qui résistent en Europe à la politique que nous voulons enrayer puis inverser. Je pense en premier lieu à la Grèce, aujourd’hui menacée d’exclusion de la zone euro et d’abandon si ses citoyens donnaient le 17 juin prochain, la majorité à une gauche favorable à l’euro mais opposée à l’austérité et à la descente aux enfers du pays.

Sur ce double plan, dans les positions actuelles de François Hollande, le compte n’y est pas ! C’est au Front de gauche qu’il appartient sur ce plan aussi, de faire réussir la gauche.

(*) Député honoraire du Parlement européen.

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