Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, ressort des tiroirs quelques vieilles lunes fiscales et les livre, rafraîchies, au pouvoir politique, pour qu’il s’en serve.
Editorial par Claude Cabanes
La poudre, l'édito de Claude Cabanes
On pourrait dire aujourd’hui des éminents dignitaires de la très éminente Cour des comptes, ce que l’on disait autrefois de certains hauts personnages de l’armée française : « Ils n’ont pas inventé la poudre, mais ils s’en servent ! » C’est ce que fait le président de cette ancestrale institution, Didier Migaud : il ressort des tiroirs quelques vieilles lunes fiscales et les livre, rafraîchies, au pouvoir politique, pour qu’il s’en serve.
L’obsession de l’austérité est leur horizon commun : elle leur tient lieu de pensée politique. Nous voilà à des années-lumière des grands discours sur le changement demain matin. Il est vrai que M. Migaud doit sa solennelle fonction à l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy…
On serait bien injuste de ne s’acharner que
sur lui. La Cour des comptes, l’Élysée et Matignon forment le triangle d’or, solidaire de la ligne générale de paupérisation du peuple français et de la nation. Parfois cependant les circonstances sont bien malheureuses: ainsi
ce jour où le président de la Cour des comptes a découvert la lune de la réduction des moyens de l’assurance chômage(malheur à Pôle emploi
où se côtoient le calvaire des chômeurs et le calvaire
de ceux qui les reçoivent), donc ce jour-là ou presque,
un homme sans travail s’est immolé par le feu devant
le bâtiment de la souffrance…
Donc la Cour des comptes et son timonier fournissent à la chaîne à Messieurs Hollande
et Ayrault du « minerai » (comme on dit aujourd’hui
dans l’industrie de la viande…), du « minerai d’austérité ». Un jour, elle propose de tirer à vue
sur les pensions de certains retraités (au risque
d’ouvrir un abîme politique sous les pas du pouvoir…) ;
un autre, de réduire la voilure des collectivités territoriales; va-t-elle bientôt mettre sur le tapis, l’impôt sur les remboursements de la Sécurité sociale? À moins que ça ne soit déjà fait, mais cela nous a échappé…
Le dernier « coup », c’est la taxation des allocations familiales.Un vieux spectre blanchi sous
le harnais, qui hante depuis longtemps les crânes
de droite ou de gauche, plutôt d’une certaine gauche… Quelle ironie! En 1981, dans la foulée de la victoire
de François Mitterrand, l’équipe de Pierre Mauroy
et des ministres communistes, les augmentait de 50%! Les temps ont changé, certes, mais enfin, en est-on arrivé à un tel désastre qu’il faille « punir » les fameuses « allocs » qui datent de 1932, sont servies à près de cinq millions de ménages, et sont l’une des couleurs fortes du paysage social français ? Il paraît qu’il faudrait extraire 2 milliards 600 millions d’euros des dépenses familiales… C’est un certain Monsieur Fragonard qui a été chargé
de descendre dans la mine… On ne lui souhaite pas bonne chance.
Pas d’argent! C’est le hululement du grand perroquet national, économique, politique, médiatique et idéologique. On nous raconte des histoires. Par exemple : un rapport récent du Conseil des prélèvements obligatoires (le CPO), révèle que l’impôt (8 %) sur les bénéfices des banques commerciales (qui sont énormes) est 6 fois inférieur à ce qu’il est en Allemagne, 4 fois inférieur à ce qu’il est en Grande-Bretagne, 3 fois inférieur à ce qu’il est en Italie… Nous sommes battus seulement par l’Autriche.
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