Chaud et froid d'un week-end, l'édito de Patrick Apel-Muller
"La feuille de route paraît désormais suffisamment claire pour que toutes les nuances du PCF aient décidé
d’y travailler ensemble sans les déchirements du passé", note Patrick Apel-Muller dans l'édito de l'Humanité de ce lundi spécial 36ème congrès du PCF.
Le temps se couvre. À Bruxelles, François Hollande a lâché prise et David Cameron, allié à Angela Merkel, retourne à Londres en vainqueur: le budget européen n’est plus seulement d’austérité, il devient de régression, sacrifiant non seulement les investissements utiles mais même les secours aux plus démunis et la solidarité avec les États de l’Union frappés par une catastrophe naturelle. Désormais, la toile de l’UE laisse voir sa trame: la concurrence libre et non faussée ou bien, selon l’expression de Marx, « toutes les activités englouties par la cupidité ». Même les lasagnes! Farcies d’on ne sait quoi par on ne sait encore quel escroc de haut vol. En France, la fin du débat sur le mariage pour tous, qui a vu défiler d’un même pas la droite et l’extrême droite contre l’égalité des droits pour les homosexuels, laisse la place à uneparade de séduction du FN à l’égard de l’UMP. Marine Le Pen prône des désistements réciproques lors des élections à deux tours, tandis que son père souhaite constituer des listes avec des membres de l’UMP à Marseille. Il n’y a pas que la neige qui fasse frissonner.
Contraste. En sortant de leur congrès, les délégués du PCF avaient chaud au cœur. Unis comme ils ne l’avaient pas été depuis longtemps, ils se sentaient combatifs et dynamiques. Plantés au centre de la gauche, résolus à mettre en échec l’accord sur l’emploi, dicté par le Medef et signé par des syndicats minoritaires, ils vont sans délai se mobiliser sur trois sujets : l’amnistie pour les syndicalistes poursuivis en justice, l’adoption de la loi sur les licenciements boursiers et le droit de vote des étrangers aux élections locales. Au-delà, c’est le carcan de l’austérité qu’ils veulent faire exploser.
« Il va falloir faire avec nous, comme on est », a lancé Pierre Laurent, à peine réélu secrétaire national, comme en réplique aux menaces de rétorsion aux municipales auxquelles s’était laissé aller le matin même le président socialiste de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. L’ambition? Rassembler la gauche, les syndicalistes, les militants associatifs pour que cette période politique ne se termine pas avec l’enterrement de promesses mort-nées. Le but? Construire un « communisme de nouvelle génération »émancipé des échecs antérieurs afin de « réinventer le monde ». La feuille de route paraît désormais suffisamment claire pour que toutes les nuances du PCF aient décidé d’y travailler ensemble sans les déchirements du passé.
Nota bene. Aucune équipe de France 2 n’a assisté au congrès du PCF, pourtant long de quatre jours. Il faut lancer un cri d’alarme. Est-ce le résultat d’une pénurie de moyens qui dépasserait tout ce qu’on sait ? La direction de l’information aurait-elle égaré le pluralisme pourtant inscrit dans ses obligations ? Le service public aurait-il été subrepticement privatisé ?
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