Législatives : la domination du PS crée des obligations
Si la tendance du premier tour des élections législatives se confirme dimanche, le Parti socialiste aura les mains libres pour gouverner le pays. La bipolarisation accompagne la présidentialisation du régime autant qu’elle l’accentue.
L’élimination à Hénin Beaumont de Jean-Luc Mélenchon, qui fut une haute figure de l’élection présidentielle, les déboires du président du MoDem, François Bayrou, dans le Béarn, sont le révélateur d’un phénomène très profond : hormis le PS et l’UMP, peu de formations politiques compteront dans la prochaine Assemblée nationale.
On ne parle pas seulement du Front national, qui n’a jamais réussi à s’imposer au Palais-Bourbon – si l’on excepte l’élection de 1986, qui lui avait permis d’obtenir 35 élus à la faveur de la proportionnelle.
On songe surtout à ceux qui naguère comptaient : les centristes, les communistes , les écologistes. Tous les trois se trouvent aujourd’hui en grande difficulté, menacés de ne pas disposer d’un nombre de députés suffisant (15) pour pouvoir constituer un groupe. C’est pour le coup un vrai revers.
L’avantage pour François Hollande et son gouvernement est majeur. C’est en réalité la configuration rêvée pour temps de crise : une unité de vue au sommet de l’Etat qui se prolonge par une identité de vue au Parlement. De quoi limiter les interminables négociations entre partenaires indociles.
La France fait à cet égard figure d’exception en Europe. Mais cette anormalité due aux effets impitoyables du scrutin majoritaire à deux tours oblige à d’infinies précautions. Car c’est un fait que la démocratie participative est en crise, que le record d’abstention constaté au premier tour des élections législatives (plus de 40%) a pour effet d’entretenir une forte rancœur chez tous ceux qui s’estiment mal représentés.
Le plus grand risque que courent François Hollande, Jean-Marc Ayrault et son gouvernement est de devoir assumer seuls la cure de remise en ordre des finances publiques qui se profile dès le lendemain du scrutin et qui ne plus être différée, sauf à ce que la France endosse la lourde responsabilité de faire exploser la zone euro.
Le gouvernement devra donc avoir pour priorité politique de donner à ses petits alliés l’illusion qu’ils comptent encore, d’éviter l’arrogance face à une UMP déjà mobilisée par le combat de 2017 et surtout de parler au pays et d’y trouver des relais.
La domination du Parti socialiste dans les territoires devrait lui faciliter la tâche. A ceci près que beaucoup d’élus craignent de tout perdre lors des élections intermédiaires de 2014 si la rigueur est mal comprise.
On peut avoir tous les pouvoirs sans avoir pour autant les mains tout à fait libres.
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