le 15 Juin 2012
Grèce
En grec, le mot espoir se dit Syriza
À la veille des élections du 17 juin, menaces et chantages sur les électeurs s’intensifient. Car la gauche radicale, qui prône des choix autres que l’austérité, a le vent en poupe.
Les dirigeants européens font monter la pression sur la Grèce à la veille des législatives du 17 juin. Jeudi, le premier ministre slovaque Robert Fico, du parti de gauche Smer-SD, a menacé : « Si les Grecs ne respectent pas les conditions fixées quant à l’assainissement de leurs finances publiques, la Slovaquie rejoindra les pays qui demanderont la sortie de la Grèce de la zone euro ». « Je crois que la Grèce devrait rester dans l’euro, à condition de respecter ses engagements », a affirmé José Manuel Barroso. Et le président français, François Hollande, a cru bon d’en rajouter à son tour. Interviewé sur la chaîne de télévision grecque Méga, l’une des plus regardées : « Si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute perspective de redressement, alors il y aura des pays qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro. »
Des menaces qui passent mal
Ces menaces passent mal. Elles confirment que la souveraineté du pays est bien entamée depuis que le premier ministre social-démocrate, Georges Papandréou, a fait appel aux « plans d’aide » du FMI et de l’UE : des prêts en échange de l’application d’un programme d’austérité drastique. La population a pu en mesurer les conséquences. Le chômage frappe 21,9 % des habitants selon les statistiques officielles, la pauvreté croît sans cesse.
Ces menaces passent mal aussi, car le principal parti visé est Syriza. La coalition de la gauche radicale, menée par Alexis Tsipras, est arrivée en deuxième position des législatives du 6 mai. En s’opposant depuis le début au programme concocté par l’UE et le FMI, en dénonçant l’austérité, Syriza a obtenu le soutien d’une grande part de la population. Toutefois, aucun gouvernement n’a pu être constitué. Alors que les électeurs sont de nouveau appelés aux urnes pour choisir leurs députés, Syriza est au coude-à-coude avec Nouvelle Démocratie (ND) dans les sondages.
Syriza veut « restaurer la croissance »
ND a gouverné avec le Pasok et l’extrême droite dans un gouvernement d’union nationale. Or, contrairement à ND, Syriza a annoncé vouloir mettre un coup d’arrêt aux mémorandums, ces textes qui résument les mesures d’austérité à prendre en échange des prêts financiers. Antonis Samaras, le dirigeant de ND, s’appuie ainsi sur les déclarations des Européens pour faire monter la peur dans un pays où plus de 70 % de la population sont pour le maintien dans la zone euro. Pour lui, l’arrivée de Syriza marquerait « la porte ouverte à un désastre, la sortie de la zone euro ». Présenter les élections comme un référendum sur le maintien du pays dans l’euro revient cependant à oublier la réalité des propositions de Syriza. Tsipras ne cesse de répéter qu’il « maintiendra le pays dans la zone euro », qu’il veut « restaurer la croissance ». Et de dénoncer « l’incorrigible Samaras » qui répète « le chantage des prêteurs ». Car, dans le fond, ce qui se joue le 17 juin en Grèce concerne aussi la question de la démocratie en Europe.
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