Michelle Demessine : "Le Front de gauche a cassé le discours de la fatalité"
Entretien. Le Front de gauche tient meeting ce mardi soir à Lille, sur les terres de Michelle Demessine. La sénatrice PCF du Nord décrypte pour l'Humanité.fr la dynamique du Front de gauche.
Avant même la tenue du meeting de Lille, ce mardi soir, Michelle Demessine pressentait un nouveau succès populaire pour le Front de gauche. "Je n'ai jamais connu une telle dynamique, expliquait la sénatrice du Nord, adjointe au maire de Lille et vice-présidente de Lille Métropole. Encore ce matin, nous recevions des appels pour des réservations dans les bus qui viennent à Lille. Des gens qui n'ont pas l'habitude de l'action politique se décident à venir au dernier moment."
Quand avez-vous perçu l'enclenchement de cette dynamique de campagne ?
Michelle Demessine. Après l'émission Des Paroles et des actes. Des choses ont été dites alors qui ont ouvert des perspectives et suscité un intérêt pour le candidat Front de gauche. Ensuite, Bastille, et la marche du 18 mars pour la VIe République, c'est le gros coup. Quand je suis rentrée de Paris, tout le monde me demandait "alors tu y étais", avec admiration pour ce que nous venions de réaliser là-bas. Jean-Luc Mélenchon constitue pour beaucoup la bonne surprise de cette élection qui ne passionnait pas grand monde au départ. Sur le terrain, cela suscite la discussion, sans qu'on ait besoin d'interpeler les gens. Pour moi, cet engouement traduit deux choses. Tout peut arriver encore jusqu'au soir du premier tour, le 22 avril. On peut essayé de manipuler une élection en utilisant un fait d'actualité, comme certains ont tenté de le faire avec les drames de Montauban et Toulouse. Mais on ressent en ce moment une nouvelle confiance dans la politique. Il est possible de tenir un nouveau discours qui éveille les consciences et qui ne se rattachent pas au "tous pourris" que certains veulent véhiculer. D'autre part, nous avons cassé le discours de fatalité, du "c'est comme ça et on ne peut rien y faire", du fait qu'il n'y a pas de solution. "
"La colère sociale a trouvé un nouveau chemin"
Avez-vous déjà connu pareil engouement pour la chose publique ?
Michelle Demessine. Il faut remonter à 2005 et au référendum sur le traité européen pour ressentir un tel intérêt. A l'époque, lorsque nous faisions du porte à porte, les gens nous disaient spontanément: "Pour nous, c'est non au traité". A nouveau, la colère sociale a trouvé un autre chemin que le "tous pourris". Cette dynamique actuelle vient de loin. De 2005, donc, puis de la naissance du Front de gauche, avec des acteurs politiques qui se sont engagés pour faire vivre une grande alternative. La très bonne campagne de notre candidat permet d'accentuer le phénomène. Je suis ainsi frappée de voir autant de jeunes dans nos meetings, nos rendez-vous de campagne. C'est un signe.
"Nous cognons très fort sur le FN"
Quels thèmes portent cette dynamique ?
Michelle Demessine. L'emploi, le logement, les difficultés de la vie quotidienne, mais aussi le parler vrai, la sincérité, le fait de montrer clairement notre programme. Un autre phénomène joue aussi en notre faveur. Nous cognons très fort sur le Front national. Cela permet d'engager la discussion avec des Français de diverses origines qui se sentaient abandonnés de la politique et qui se retrouvent aujourd'hui dans nos propositions contre toutes formes de discriminations. Des militants du Parti socialistes se reconnaissent plus dans notre programme partagé que dans celui du candidat PS. Idem chez certains sympathisants Verts. Mais le phénomène le plus marquant pour moi, ce sont tous ces gens qui renouent avec la politique grâce au Front de gauche. Des gens qui ne votaient plus vont revenir aux urnes.
Comment le Front de gauche peut-il encore progresser ?
Michelle Demessine. C'est justement vers cette abstention, qui s'annonce plus forte qu'en 2007, que nous devons avancer. Notre dynamique populaire et citoyenne peut intéresser, car les gens veulent être actifs dans la campagne. Notre porte a toujours été ouverte. Le Front de gauche et son candidat ont toujours dit "prenez le pouvoir". Nous allons continuer d'aller sur le terrain pour convaincre les gens que le chemin se fait avec eux, qu'ils ne sont pas spectateurs. Ce travail, nous le mènerons jusqu'au premier tour, mais aussi après et pendant la campagne des législatives, pour aller vers les plus éloignés. Il faut du monde pour aller convaincre. Mais pour la première fois depuis 2005, des gens viennent spontanément vers nous en nous demandant des tracts, des affiches. Il y a un vrai engouement populaire autour du Front de gauche et de son programme.
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