LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 31 juillet 2018

« Violences d’État », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Les motifs de censurer le gouvernement ne seront certainement pas épuisés cet après-midi par les deux motions déposées par des députés de droite et de gauche. Fruit de circonstances exceptionnelle, cette double censure venant de camps que tout sépare d’ordinaire est le recours qu’il reste à l’opposition pour rétablir la dignité d’un Parlement bafoué comme jamais par l’exécutif et ses relais à l’Assemblée nationale, entravée par son travail d’enquête sur les brutalités d’un agent de l’Élysée. Cette insurrection contre la violence faite à une institution au cœur de  la démocratie réunit dans un même sursaut la droite républicaine non caporalisée par la République en marche et la gauche par-delà les divisions de ses composantes.

Mais cette violence institutionnelle ne vient pas de nulle part. Elle est le produit d’un ordre politique qui théorise en tout la légitimité de la domination du fort sur le faible, du « gagnant » sur le « perdant », du riche sur le pauvre, de l’entrepreneur sur le salarié, du modèle économique de la « start-up » sur le fonctionnaire ou le cheminot « à statut », en un mot : du libéral sur le social. De cette doctrine, rien de bon et de juste ne peut sortir. Benalla et ses passe-droits sont le produit du même système qui muselle le Parlement, démolit le Code du travail, réprime les manifestants, méprise les syndicats et coupe les budgets des structures qui viennent en aide aux plus pauvres. À l’instar des centres d’hébergement et de réinsertion sociale, qui tirent la sonnette d’alarme sur les 57 millions d’euros qui leur manquent – moins de 2% du cadeau annuel fait aux plus riches avec la fin de l’impôt sur la fortune.

Violences institutionnelle, sociale, policière ou para-policière vont de pair : cela, seule la censure de la gauche en portera la signification profonde, au-delà même de l’exposé des motifs circonstanciels qui accapareront les débats des députés. Dans cette dimension élargie, oui, l’affaire Benalla interpelle non seulement tous les démocrates, mais singulièrement les progressistes.

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