LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 19 juillet 2018

" De l'affaire Benalla à Adama ", l'éditorial de Laurent Mouloud dans l'Humanité du vendredi 20 juillet



Qu’ils sont loin les selfies avec les héros de la Coupe du monde… Depuis jeudi, le scandale Benalla jette une lumière crue et tristement réaliste sur les coulisses de l’État jupitérien. Les exactions de ce proche conseiller de l’Élysée, et l’indulgence dont il a bénéficié, confirment de manière spectaculaire bien des choses jusqu’ici supputées. La violence institutionnelle dont n’hésitent pas à user les hautes sphères de la Macronie. Mais aussi le degré d’hypocrisie dont elle est prête à faire preuve pour la dissimuler.
Songeons qu’au lendemain d’un 1er mai brutalisé, le président accablait les manifestants : « Je n’ai aucune indulgence pour les grandes violences ou les tenants du désordre. » Au même moment, un de ses collaborateurs déguisé en policier jouait des poings sur un homme à terre dans une quasi-impunité. La garde rapprochée d’Emmanuel Macron croit sauver la mise en expliquant avoir sanctionné promptement les « gestes inadaptés » du chargé de mission. Elle a surtout réagi avec une mansuétude coupable – quinze jours de suspension – et une volonté de dissimulation répréhensible. Car, loin de simples « gestes inadaptés », Benalla est potentiellement l’auteur de « violences par personne chargée d’une mission de service public », ainsi que d’« usurpation de fonction ». Des délits passibles de trois et un an de prison. Les premiers de cordée de l’Élysée le savent. Mais ils ont préféré taper discrètement sur les doigts de leur boutefeu, laissant le procureur de la République dans l’ignorance. Sans une révélation opportune, Benalla continuerait à arpenter le Palais. Et ses supérieurs à tranquilliser leur conscience dans un détestable esprit clanique.
Évidemment, cet épisode déplorable, qui entache la crédibilité des propos présidentiels, va laisser des traces profondes. Et nourrir le sentiment que l’appareil d’État entretient une justice à deux vitesses, protégeant ses affidés, matraquant les autres. À l’heure où la famille d’Adama Traoré s’indigne de la lenteur de l’enquête, deux ans jour pour jour après la mort du jeune homme dans un commissariat, l’Élysée ne fait rien pour les rassurer.

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