« La démocratie et en même temps », l’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !

La recette de la réforme constitutionnelle en préparation peut-être aisément résumée : 1/3 de populisme en réduisant le nombre des élus comme dans aucun pays voisin ; 1/3 de garniture décorative avec une dose infime de proportionnelle ; 1/3 de plat de résistance, avec la diminution du temps de délibération des parlementaires et un poids accru de l’exécutif.

Les mêmes qui s’alarment des élections italiennes reproduisent le scénario qui y a conduit ; une réforme du travail qui a donné tous pouvoirs au patronat ; un tripatouillage constitutionnel pour réduire l’expression populaire ; une euro-béatitude impuissante à faire partager le flot des migrations ; une dévotion aux grandes fortunes et l’hostilité à l’égard des syndicats ; l’obstination à éradiquer la gauche du paysage. Résultat : le metteur en scène Matteo Renzi a été chassé du plateau, occupé désormais par les démagogues 5 étoiles et les xénophobes de la Ligue. La leçon semble perdue pour nos gouvernants qui continuent à se prétendre démocrates, et en même temps…Tout aussi bien que par les ténors de LR qui ne voient pas que l’étreinte de Berlusconi avec l’extrême droite a étouffé le premier et légitime la seconde.

L’extrême centre macronien ne peut se déprendre d’une certaine parenté avec l’extrême centre de Renzi ; la même pente le guette. L’indifférence au sort de la majorité modeste de la population constitue un autre point commun. Le rejet de la loi en faveur des aidants familiaux, soutenue par l’ensemble des associations du secteur et portée par le communiste Pierre Dharréville, en est l’illustration. La diagonale de l’indifférence croise la verticale brutale du pouvoir. « Circulez, nous ne voulons rien voir », carillonnent les répétiteurs de LREM à l’Assemblée nationale. Ils se disaient progressistes, ils s’assuraient démocrates. Et en même temps…