LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

dimanche 30 octobre 2011

Pierre Laurent : "Le gouvernement des marchés sort renforcé de ce sommet européen"

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, dénonce «un renforcement
autoritaire au plan européen pour imposer une politique que les peuples ne supportent plus». Entretien.
Comment appréciez-vous la décision d’effacer une partie de la
dette grecque et de renforcer le Fonds européen de stabilité
financière ?
Pierre Laurent. Je ressens beaucoup d’inquiétude. Ceux qui
se félicitent des résultats du sommet européen risquent de déchanter très vite
car le plan adopté reste dans 
les rails qui ont conduit à la crise et l’ont
aggravé depuis trois ans. L’effacement d’une partie de la dette grecque a été
rendu inévitable par l’attitude des banques et 
des dirigeants européens qui ont
mis ce pays à genoux, et dont on constate le résultat catastrophique. Mais les
mesures envisagées, qu’il s’agisse de la recapitalisation des banques ou du
renforcement du FESF, ne s’accompagnent d’aucune contrepartie en termes de
réorientation des politiques du système bancaire et financier. On ajoute des
sommes colossales dans le système sans changer les règles du jeu. Les conditions
de nouvelles crises sont donc réunies. Le cri de joie des spéculateurs de la
Bourse 
à l’annonce des résultats du sommet n’est pas une bonne nouvelle.

L’austérité renforcée dans les pays de la zone euro est-elle
efficace pour réduire la dette publique ?
Pierre Laurent. Cette fuite en avant est dramatique, la
Grèce en est la preuve éclatante. Le plan d’austérité imposé à ce pays n’a fait
que l’enfoncer dans la crise et a fait exploser sa dette publique. Malgré cela,
les dirigeants européens se sont engagés à renforcer l’austérité dans leurs pays
respectifs, alimentant ainsi la spirale actuelle au lieu d’en sortir.

Le gouvernement envisage une hausse de la TVA pour renflouer les
caisses 
de l’État. Qu’en pensez-vous ?
Pierre Laurent. Alors que les patrons des grandes banques
françaises se sont octroyé des augmentations de revenus de 44 % en 2010, frapper
le pouvoir d’achat populaire serait un scandale et une folie, car cela
détériorerait encore le pouvoir d’achat des ménages, donc la consommation et
l’activité économique. D’autant que la hausse envisagée de la TVA n’est pas la
seule mesure qui frappe durement le pouvoir d’achat des ménages. Après la taxe
sur les mutuelles, sur le tabac et les sodas, le gouvernement envisage de taxer
les indemnités de licenciement ou de rupture de contrat de travail. Et
maintenant, une augmentation de la TVA, qui est l’impôt le plus injuste, serait
inacceptable. Il faut inverser ces politiques, en réformant la fiscalité pour
rétablir de la progressivité de l’impôt sur le revenu et imposer le capital de
manière efficace.

Avec une gouvernance économique renforcée au niveau européen,
quelle place reste-t-il à la souveraineté 
des peuples ?
Pierre Laurent. La souveraineté est d’ores et déjà gravement
mise en cause. Il est d’ailleurs frappant de constater que la seule dirigeante
européenne qui ait osé se présenter devant son Parlement avant le sommet
européen est la chancelière allemande, tout simplement parce que le sommet
devait consacrer toutes les mesures qu’elle préconisait. Nous sommes dans une
logique de renforcement autoritaire au plan européen pour impulser une politique
que les peuples ne peuvent plus supporter. Contrairement à ce que l’on entend,
cela n’a rien à voir avec un renforcement de l’Europe politique, parce que la
politique, c’est le droit de choisir. Or là, ce qui est renforcé, c’est le
gouvernement des marchés, nommé par les dirigeants européens et la Commission
européenne. C’est évidemment totalement contraire à l’esprit démocratique qui
devrait prévaloir en Europe. Il est donc urgent que les citoyens exigent, lors
des élections nationales, le retour du pouvoir aux Parlements nationaux et aux
instances démocratiques.

Quelles principales mesures alternatives préconisez-vous pour
sortir de la crise ?
Pierre Laurent. Il faut récupérer au plus vite le pouvoir
sur les politiques financières, monétaires et de crédit. Cela signifie que plus
un seul euro ne doit être injecté dans le système bancaire et financier sans
qu’en contrepartie la puissance publique n’exige un pouvoir sur l’orientation du
crédit et l’utilisation de l’argent des banques. Il faut mettre sous
surveillance le système bancaire et financier. Il faut reconstituer au plus vite
un pôle public bancaire et financier, ce qui implique des nationalisations, pour
changer l’orientation du crédit. La France doit également exiger la modification
du statut et des missions de la BCE et l’utilisation de son pouvoir de création
monétaire pour le mettre au service du développement économique.

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