Il n'y a pas de parcours résidentiel sans construction de logements sociaux en plus grand nombre

Les élus de la majorité municipale ne perdent jamais une occasion pour jurer la main sur le cœur qu’ils combattent la spéculation immobilière et que l’emprise des promoteurs sur notre ville serait une vue de l’esprit. Nous vous invitons donc à aller visiter ce site : http://www.villa-solea-romainville.fr. Vous y apprendrez que les premières annonces de biens commencent à fleurir sur la toile. Un T4 duplex de 69 m2 pour 1250 euros, un T3 de 64 m2 pour 1050 euros, un T2 de 42 m2 pour 870 euros etc. C’est une pratique bien connue de nos jours. L’immobilier reste une valeur sûre pour les spéculateurs. Alors on se rue vers des opérations qui comme celles-ci présentent l’énorme avantage de donner droit à une TVA à 5, 5% au lieu de 19,6%. Qui plus est les « investisseurs » qui achètent ces logements pour les louer bénéficient d’avantages fiscaux grâce à la loi « Scellier », qui fort heureusement devrait disparaître à la fin de l'année 2011. Nous ne savons pas combien de logements sont achetés par ces « investisseurs » dans ce programme, mais il n’est pas rare d’en compter 25 à 30%. Dans le cas qui nous occupe, les terrains ont été acquis par la commune auprès d’un propriétaire privé, puis revendus au promoteur. Mais, dans de nombreux cas ce sont des biens communaux qui leur sont cédés. Il s’agit donc bien d’un choix délibéré. Un choix politique et financier. Car enfin, si c’était la dimension sociale qui animait nos édiles, ils auraient pu mettre une partie de ces terrains à disposition de l’OPH pour construire des logements sociaux, en sachant que le coût du foncier reste l’obstacle majeur. Il est impératif que le logement redevienne un droit et une priorité nationale. C’est pour cela que le programme du Front de gauche propose d’abroger la loi Boutin. Il fait la proposition d’engager un plan d’urgence national pluriannuel de construction de 200.000 logements publics sociaux par an pendant cinq ans. De bloquer les loyers, de porter le budget logement à 2% du PIB en crédits de paiement et de revenir à une aide à la pierre à hauteur de 40% du coût des opérations, avec des prêts bonifiés et de longue durée de remboursement. Mais ce changement tant espéré ne peut se réaliser sans la détermination et l’engagement des collectivités locales. Sur ce plan, le Front de gauche propose une application résolue de la loi SRU élargie en remontant, à 30% en zone de tensions et à 25% sur le reste du territoire, le seuil minimal de logements sociaux. Pour autant cela ne peut exonérer une commune comme la nôtre, par exemple, de construire des logements sociaux pour permettre aux jeunes de notre ville, en particulier, de pouvoir continuer à y vivre. Ce n’est malheureusement pas ce choix qui semble être fait. Expliquons-nous. Dans le magazine d’informations municipales d’octobre, l’inauguration d’une résidence de 26 logements en accession sociale à la propriété est accompagnée de ce commentaire : « Ces bâtiments seront accessibles notamment aux jeunes Romainvillois qui souhaitent continuer à vivre dans notre commune ». Nous ne vivons décidément pas sur la même planète. Dans 99% des cas c’est d’abord vers le logement social que les jeunes de notre ville s’orientent. Et lorsque quelques uns d’entre eux ont les moyens d’accéder à la propriété, ils vont ailleurs. Là où les coûts sont plus accessibles. Par ailleurs, nous apprenons dans ce même magazine sous la plume de madame le Maire et du Président de l’OPH qu’un projet ANRU est proposé dans le « quartier » Gagarine. Qui pourrait s’opposer à sa rénovation ? Mais comme il n’y a pas de projet ANRU sans « déconstruction », une question nous vient à l’esprit : COMBIEN DE LOGEMENTS VONT ENCORE DISPARAÎTRE ? Nous sommes en droit de nous demander s’il s’agit vraiment d’améliorer le cadre de vie des locataires qui y vivent, ou bien davantage de changer « l’image » de notre ville, en contribuant, nous pesons nos mots, à stigmatiser le logement social. Stigmatisation que l’on prétend pourtant combattre. Ainsi lorsqu’on répète à l’envi que Romainville compte 50% de logements sociaux, n’est-ce pas pour laisser entendre qu’il y en a assez. En réalité notre ville en compte 4763 pour 10736 logements, soit 44%. Le beau mot de « cité » est proscrit du vocabulaire, pour laisser place au « quartier Cachin ou Gagarine ». Et que dire du contenu des réponses de monsieur le président de l’OPH aux jeunes demandeurs de logement. On y lit que le nombre de demandeurs de logement se situe à « 2800 ». N’est-ce pas monsieur Champion lui-même qui écrivait en décembre 2010 « que Romainville recense 1475 demandeurs ». L’annonce de ce chiffre farfelu de 2800 n’est-il pas fait pour décourager ces jeunes et les inciter à aller voir ailleurs ? On ne peut pas parler « de véritable parcours résidentiel » en évacuant la nécessaire construction de nouveaux logements sociaux. C’est une réalité incontournable.