LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 27 mars 2019

« Rapport aveugle et faux remède », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !



Il y a une logique de l’absurde à l’œuvre  dans le rapport sur l’autonomie et la dépendance qui va être remis demain à la ministre de la Santé. En grossissant à peine le trait, il propose de couper le bras au patient pour remplacer celui qui fonctionne mal. Nul ne peut nier à priori que les questions liées au vieillissement prennent une importance grandissante dans la société. Les personnels des Ehpad ne cessent d’alerter sur la situation de leurs établissements et des personnes qui s’y trouvent.

Dans un livre poignant, Suzanne, le journaliste Frédéric Pommier leur fait écho en évoquant, comme pourraient le faire nombre de proches, le cas de sa grand-mère, 92 ans : « On me parle des repas immangeables et, quand on sait que certains cuisiniers n’ont que 4, 50euros pour faire quatre repas dans la journée, çà peut difficilement être bon. On me raconte des toilettes, que le personnel n’a pas le temps de faire en entier, les douches, pour Suzanne c’était une fois par semaine »… Et que dire de toutes celles et tous ceux qui n’ont pas les moyens de payer une maison de retraite et sont condamnés à la solitude et à une dépendance plus grande encore.

Oui, le rapport pose le problème, les problèmes, mais c’est la réponse envisagée qui est absurde, disions-nous. En résumé, il faudrait financer l’autonomie et la dépendance à volume constant. Autrement dit, en agissant sur les retraites et les dépenses de santé. C’est dire d’abord que le problème n’est pas envisagé à sa véritable échelle. Dans les décennies à venir, il faudra inventer bien d’autres choses que des équilibres comptables pour assurer le bien-être du grand âge. Comment ne pas voir, sinon, mais le rapport est délibérément aveugle semble- t-il, qu’en rognant sur les dépenses de santé, qu’en envisageant de prendre sur les retraites ou de reporter l’âge du départ, le prétendu remède va aggraver le mal. On sait que moins on se soigne, plus on travaille longtemps, et plus on risque de mal vieillir. Les questions du vieillissement sont aujourd’hui au cœur du fonctionnement de nos sociétés, en France et ailleurs, parce qu’elles posent celles du rapport au travail, aux transports, les questions de l’environnement, mais aussi celles d’une fiscalité plus juste, de services publics plus proches des citoyens, dont les plus âgés. En les ignorant, le rapport participe du cynisme du macronisme. Feindre de réformer pour au total régresser. Ce sont sans doute ces questions parmi d’autres que posait samedi à Nice, la retraitée, Geneviève Legay.

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