LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 4 mars 2019

ÉLECTIONS EUROPÉENNES. LAREM PRENDRA LE PRÉSIDENT MACRON AU PIED DE LA LETTRE (GREGORY MARIN)



Le chef de l’État lance la campagne de la République en marche dans la presse européenne. Sans sortir du clivage « progressistes-nationalistes », il l’adoucit, refusant de choisir entre « une ouverture béate et le retour au nationalisme ».

En Macronie, le ruissellement fonctionne surtout en matière de prise de décisions politiques. Il fallait donc attendre qu’Emmanuel Macron parle pour que la campagne de la République en marche pour les élections européennes soit officiellement lancée. C’est chose faite. En signant une tribune qui a vocation à être publiée, dans plusieurs journaux en France et en Europe, disponible depuis hier soir sur Internet, le chef de l’État donne « les bases » de la campagne européenne de la République en marche. Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, estimant que « c’est le rôle du président de proposer une orientation pour l’Europe », en avait déjà livré la teneur hier matin sur France Info. « On est dans une transition, il y a des risques très forts. » Évoquant la « montée du nationalisme », le Brexit, des « enjeux économiques forts », le cadre LaRem estime qu’il y a besoin d’un « leadership en Europe et, aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui l’incarne ».
Peut-on souscrire à l’idée émise par Gabriel Attal que « les peuples européens sont en attente d’un leadership » ? Le chef de l’État en tout cas y croit, qui a choisi l’Italie, avec laquelle il était en froid sur le traitement de l’immigration (malgré des résultats très similaires), pour donner un avant-goût de sa campagne, sous la forme d’un entretien dans l’émission Che tempo che fa, sur la Rai Uno. « Cette campagne, elle, ne doit pas être entre une ouverture béate et le retour au nationalisme », a plaidé Emmanuel Macron. On perçoit toujours le clivage « progressistes-nationalistes » cher à LaRem et à son véritable patron, mais le ton s’est quelque peu radouci.
Les marcheurs n’ont pas de tête de liste, mais un président en campagne

Lors du discours de la Sorbonne, en septembre 2017, il avait fustigé « les passions tristes de l’Europe » – nationalisme, identitarisme, protectionnisme, souverainisme de repli –, qui menaçaient l’idée qu’il se fait du fédéralisme européen (sur laquelle LaRem rallie pour cette campagne le Modem et l’UDI), voire la simple bonne entente entre les peuples. Aujourd’hui, il ne condamne plus aussi ouvertement les « ennemis de l’Europe », l’Italien Matteo Salvini en tête, ou Viktor Orban en Hongrie. En proposant, refrain connu, une « Europe qui peut mieux protéger les peuples », Emmanuel Macron mord sur les marges de ces « populistes » qu’il dénonce par ailleurs, notamment en France le Rassemblement national de Marine Le Pen qui, de souverainiste et antieuropéen, est passé sous l’influence des identitaires de son premier cercle à une vision européenne et localiste. L’« Europe des peuples » est donc une dénomination qui peut séduire l’ensemble de l’arc politique européen… et assurer, peut-être, une visibilité au Parlement européen à l’Alliance des démocrates et des libéraux (Alde) à laquelle LaRem devrait se rallier, en vue d’arbitrer entre des sociaux-démocrates en perte de vitesse et une droite qui se réorganise autour de ses éléments les plus durs.
Emmanuel Macron et son mouvement ont identifié l’urgence de changer de ton. C’est qu’afficher des convictions pro-européennes sans débouchés politiques ne suffit pas : lors du discours de la Sorbonne, en septembre 2017, le président rêvait tout haut d’une « Europe refondée », avançant une cinquantaine de propositions… qui dix-huit mois plus tard n’ont pas trouvé de traduction. Le président devait hier s’adresser « aux peuples et pas aux institutions », assurait au Monde le président du groupe la République en marche à l’Assemblée nationale, Gilles Le Gendre, en promettant des « solutions très concrètes » : « Il va proposer des choses qui parlent aux peuples, qui répondent aux anxiétés, aux espoirs. » L’exact inverse de ce qu’avec l’exécutif et la majorité il se propose de faire en France. Mais il faut bien commencer quelque part…
Pour donner « un cap et une impulsion », dixit Gabriel Attal, aucune figure n’a été désignée pour conduire la liste. Ni à la République en marche, ni au gouvernement. Circulent les noms de la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, et de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, soutenue par François Bayrou et qui aurait les faveurs de l’Élysée. Le suspense se dissipera fin mars, lors de la publication de la liste. Jusque-là – et sans doute au-delà –, la tête de liste s’appelle, on l’aura compris, Emmanuel Macron.
Grégory Marin

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