LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 13 mars 2019

« LE PEUPLE ALGÉRIEN N’EST PAS DUPE », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITE


                                    

« Abdelaziz Bouteflika, constatant qu’il ne pouvait briguer un cinquième mandat, a décidé de prolonger le quatrième. »
L’ampleur de la mobilisation populaire algérienne contraint le régime à manœuvrer. Ce que les manifestants résument par la formule paradoxale : « Abdelaziz Bouteflika, constatant qu’il ne pouvait briguer un cinquième mandat, a décidé de prolonger le quatrième. » La ruse est éventée. Le pouvoir n’a plié que pour ne pas rompre et, en violant la Constitution par l’allongement du mandat présidentiel, il cherche à gagner du temps pour bâtir une solution de rechange et édifier une Constitution à sa main. Passé la joie d’avoir marqué un point, les manifestations ont redoublé et réclament un changement radical du système et non seulement un ravalement de façade.
L’archipel d’intérêts privés, de puissances financières, de pouvoirs politiques et militaires qui gouvernent sous Bouteflika veut garder le contrôle du pays. L’avènement comme premier ministre du ministre de l’Intérieur qui avait menacé les protestations démocratiques en affiche la couleur. Quitte à faire cause commune avec l’opposition islamiste qui regarde le tour de passe-passe à l’œuvre, avec la sympathie de l’auteur du livret. Ce sont en effet ses propositions que reprend le clan dirigeant.
Trop peu et trop tard. Il est très probable que le recul attribué au président Bouteflika ne désarmera pas les millions d’Algériens qui font ces dernières semaines une expérience politique accélérée qui avive l’exigence démocratique et les aspirations à la justice sociale. Même tronquée dans sa version officielle, la transition est à l’ordre du jour. Et en dépit des souhaits des gouvernements des grandes puissances – dont la France –, elle ne pourra pas s’accommoder de simulacres. Jusqu’à présent, le mouvement n’a pas été réprimé par une armée et une police qui, dans les rangs de la troupe, éprouvent de la sympathie pour les revendications. Nous n’avons pas fini de regarder, avec passion, voire espoir, vers l’Algérie et sa jeunesse qui reprennent le mot d’ordre de leur grand écrivain Kateb Yacine : « Forçons les portes du doute. »

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