Mercredi noir !!
Le Président s’est exprimé sur l’affaire Cahuzac. Il a décidé d’agir, en dotant la France d’un arsenal de mesures répressives contre les élus parjures. Mais comme pour l’affaire DSK, le cas est individualisé. Le débat engagé sur le seul registre de la bienséance. Total, personne n’est dupe.
Et pourquoi? Parce tous voient bien qu’il n’en va pas du simple parcours d’un individu peu scrupuleux, que ce socialiste-là en devenant l’adjuvant du système est entré dans cette machine infernale de la finance, qui a fini de broyer ce qu’il lui restait d’ « éthiquable ». Les larmes de Gérard Filoche, mardi, en attestaient. Le social libéralisme tue le socialisme. Le Parti Socialiste est en train de s’effondrer, et avec lui, c’est la République qui s’asphyxie.
Bien sûr, certains objecteront qu’à droite, c’est idem. Ils diront que Sarko a sans doute dépouillé Bettencourt, qu’avant lui Chirac en a dépouillé d’autres et que le tandem Copé/Fillon ne vaut pas mieux. Bref tous les politiques seraient corrompus. Sur ce refrain, Marine Le Pen en fait des tonnes même ses connivences avec les milieux des affaires semblent la rattraper.
Pour nous, ce discours est insupportable. Parce que la gauche n’est la droite.
Il y a tout juste, dix jours, Harlem Désir taxait Jean-Luc Mélenchon d’antisémite. A partir de propos tordus et tronqués. Et au travers de son candidat à la Présidentielle, c’est tout le Front de Gauche qu’il stigmatisait sachant pertinemment que de telles accusations ne pouvaient que renforcer le désarroi à gauche et faire le jeu de la droite extrême. Pas grave, le PS entend ne rien céder, quitte à faire enfler le nombre d’abstentionnistes et d’électeurs FN ; il gagne ainsi du temps et de l’espace pour imposer son choix de l’austérité.
Et il est vrai qu’entre mai 2012 et aujourd’hui, il n’a pas lésiné. D’emblée on a eu droit au donnant donnant et au traité européen, dans la foulée au « choc de compétitivité » et aux 20 milliards alloués aux entreprises, maintenant c’est au tour de l’ANI et de la casse du code du travail. Et comme si cela ne suffisait pas, le Président de tous les Français nous en remet une couche lors de son allocution TV en annonçant la réforme des retraites. Comme au bon vieux temps du sarkozysme…
Il n’est qu’à voir la Grèce et ses moins 25% de PIB en 3 ans ou Chypre et ses moins 20% de PIB en 6 mois pour savoir où mènent ces choix : à la misère, à la crise économique, politique et institutionnelle. Et le « choc de simplification » nous l’avons sous les yeux ce matin : on en ressort KO !
François Hollande peut toujours discourir sur la morale, chacun sait désormais que la sortie est politique. Que rien ne stoppera le mouvement de fond qui est en train de grandir dans l’opinion publique, la haine sourde qui contamine le peuple de gauche, exceptées une mise à plat totale et une rupture avec les orientations gouvernementales.
Comment peut-on désormais être crédible et parler rationalisation des dépenses publiques quand le préposé à la bonne marche du budget s’avère lui-même un fraudeur, et pas au RSA. La justice sociale et les 75%, la lutte pour la finance, c’est pour quand ?
Qui croira encore à une République sociale et citoyenne quand la loi anti-cumul, le vote des étrangers sont renvoyés dans les cartons de 2017. La 6ième République, un mot d d’ordre abstrait ? Elle est devenue une urgence.
Le week-end dernier, les spéculations allaient bon train sur un remaniement potentiel et le remplacement de Jean Marc Ayrault. On parlait de Bayrou voire même d’unité nationale face aux périls économiques. Autrement dit, ici comme en Grèce, Italie ou Espagne on nous enfilerait une coalition PS/droite au nom de Bruxelles, du FMI et pourquoi pas du Saint Esprit…Certes vu l’actu, Borloo et les siens risquent de voir l’opération faire "pschitt", encore que, quand on est capable de produire un DSK et un Cahuzac en trois ans, on joue hors compétition.
Le drame c’est qu’une telle recomposition ne fera qu’accélérer le mouvement en cours. Que si la France, son économie et ses institutions ne sont ni la Grèce, ni Chypre, ni l’Espagne ou l’Italie, elle peut tout autant sécréter ses propres formes de régression, de débâcle sociale, de repliements sur soi et rejets.
Citoyen, je suis un témoin de cette lente mais inexorable évolution du PS, de leur mue de socialistes en sociaux- démocrates puis sociaux libéraux voire démocrates. Au début, cela se manifeste par des formules et des postures, puis cela s’accommode de quelques arrangements avec ses valeurs, enfin viennent les premiers dérapages, une école ou un hôpital de proximité que l’on ferme et que l’on justifie à coups de propos dits réalistes « de toute manière çà n’était plus économiquement viable », un livre que l’on commet avec un économiste libéral et dont on s’approprie au passage la rhétorique ( Cf« Décoincer la France » de Martin Malvy) …
On se rassure à bon compte se répétant qu’après tout, on a été élu par le suffrage universel : Ah l’argument massue qui légitime tout ou presque. On se conforte les uns, les autres dans l’hémicycle bien feutré d’une assemblée nationale ou territoriale. Parfois on teste même une petite piqûre de rappel à gauche ; la plupart du temps en se payant un élu UMP encore plus réac que soi… Et puis question de se conforter, on décrète que celui qui n’est pas avec soi est contre le changement. C’’est la seule justification trouvée par le gouvernement pour expliquer son choix d’imposer ses grandes réformes de début de mandat, main dans la main avec la droite. Sauf que l’histoire montre qu’à ce jeu là, c’est toujours la version originale qui finit par s’imposer.
Ce mercredi 2 avril, nous sommes nombreux à enrager…
En mars dernier le candidat socialiste Hollande aurait pu faire le choix du dialogue avec le Front de gauche, plutôt que le mettre sur le même plan que le FN ; il s’est tiré une première balle dans le pied. En juin et juillet dernier, le premier Ministre Ayrault aurait pu répondre favorablement à l’appel des salariés en lutte et du Front de Gauche, et légiférer contre les licenciements boursiers : Cahuzac et Valls n’auraient pas donné le la à une politique de plus en plus ouvertement anti sociale. Cet automne, le Président aurait pu chercher les ressorts populaires comme le demandaient de nombreuses organisations, le Front de gauche, pour affronter l’Allemagne sur le traité européen légué par la droite, et résister : cela priverait de toute assise populaire la montée ultra nationaliste et protectionniste que nous vivons et qui fait des ravages chez nos voisins.
Il est grand temps que les militants, élus, électeurs socialistes, verts, retirent le bandeau placé devant leurs yeux. Non cela n’ira pas mieux demain, car un PS qui se greffe une ADN libérale, ne peut produire que ce que nous vivons depuis presque un an. S’ils aspirent à autre chose, il est cette évidence que c’est maintenant qu’ils doivent relever la tête et se mettre en mouvement. Dans le pays comme dans l’hémicycle, il existe une majorité sociale et politique pour refonder une République solidaire, agir en conformité avec la volonté du suffrage universel. Et cela commence dès cette semaine, en refusant la ratification de l’accord MEDEF.
Pour les communistes, il est aussi cette évidence qu’il existe toujours un peuple de gauche, divers, clivé dans ses expériences, ses contradictions, ses peurs comme ses certitudes et dont on ne pourra pas faire l’économie du rassemblement le plus large. Continuer à tendre la main, sauf à baisser les bras et capituler. Donner plus de force à la dynamique populaire et citoyenne initiée par le Front de gauche.
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