Le problème, M. Hollande, c’est encore et toujours la finance !, par P. Ivorra
On est dans une situation très paradoxale. Les banques centrales des grands pays capitalistes injectent massivement de l’argent dans les tuyaux des économies et cela ne met pas un terme à l’atonie de l’activité et à la dégradation de la situation de l’emploi.
La Banque du Japon a annoncé son intention de doubler la quantité de monnaie en circulation dans le pays. Elle entend racheter aux banques une part importante de leurs actifs risqués et acquérir encore plus d’obligations du Trésor. La Fed, banque centrale des États-Unis, continue elle aussi à faire marcher la planche à billets, tandis que la Banque centrale européenne (BCE), plus frileuse, annonce néanmoins qu’elle poursuivra une politique monétaire accommodante « aussi longtemps que nécessaire ».
Pour autant, ce déluge monétaire, quasiment tombé du ciel, ne produit aucun miracle. Il a manifestement du mal à arroser l’économie réelle. Les banques hésitent à prêter. Ainsi, selon les données de février 2013 de la Banque de France, les encours de crédit aux entreprises n’ont progressé que de 0,2 % en un an dans l’Hexagone. Les PME françaises interrogées par l’institution monétaire, fin 2012, indiquent que l’accès aux crédits de trésorerie s’est compliqué.
Dans la zone euro, l’encours des crédits aux entreprises a continué de reculer en février dernier, baissant de 2,6 % en l’espace d’un an. Il a baissé de 8 % en Espagne, de 4 % au Portugal, de 3 % en Italie. La demande de crédit dans l’Europe du Sud, particulièrement frappée par la récession et les politiques d’austérité, est beaucoup plus faible que dans le reste de la zone euro, et les conditions d’octroi y sont plus dures. Les taux espagnols sont ainsi près du double des taux allemands.
Si elles n’ont pas servi à accorder des crédits aux entreprises, où sont donc passées ces liquidités ? Les banques les utilisent pour intervenir sur les marchés financiers. Elles les placent en achetant des titres de dette publique. Elles gavent les grands groupes privés en achetant leurs obligations et elles boursicotent.
Cela permet de comprendre, par exemple, qu’en dépit de la poursuite de la récession en Espagne, malgré un taux de chômage qui atteint des sommets, bien que les coupes budgétaires ruinent les conditions d’existence de la population, la Bourse de Madrid s’est redressée en 2013 par rapport à 2012. En France, le tour de prestidigitation est tout aussi réussi : le CAC 40 progresse nettement.
Quant à Wall Street, il bat des records. On comprend que le FMI s’inquiète du gonflement de nouvelles bulles spéculatives dans le monde. Le problème, M. Hollande, c’est encore et toujours la finance !
Pierre Ivorra
La Banque du Japon a annoncé son intention de doubler la quantité de monnaie en circulation dans le pays. Elle entend racheter aux banques une part importante de leurs actifs risqués et acquérir encore plus d’obligations du Trésor. La Fed, banque centrale des États-Unis, continue elle aussi à faire marcher la planche à billets, tandis que la Banque centrale européenne (BCE), plus frileuse, annonce néanmoins qu’elle poursuivra une politique monétaire accommodante « aussi longtemps que nécessaire ».
Pour autant, ce déluge monétaire, quasiment tombé du ciel, ne produit aucun miracle. Il a manifestement du mal à arroser l’économie réelle. Les banques hésitent à prêter. Ainsi, selon les données de février 2013 de la Banque de France, les encours de crédit aux entreprises n’ont progressé que de 0,2 % en un an dans l’Hexagone. Les PME françaises interrogées par l’institution monétaire, fin 2012, indiquent que l’accès aux crédits de trésorerie s’est compliqué.
Dans la zone euro, l’encours des crédits aux entreprises a continué de reculer en février dernier, baissant de 2,6 % en l’espace d’un an. Il a baissé de 8 % en Espagne, de 4 % au Portugal, de 3 % en Italie. La demande de crédit dans l’Europe du Sud, particulièrement frappée par la récession et les politiques d’austérité, est beaucoup plus faible que dans le reste de la zone euro, et les conditions d’octroi y sont plus dures. Les taux espagnols sont ainsi près du double des taux allemands.
Si elles n’ont pas servi à accorder des crédits aux entreprises, où sont donc passées ces liquidités ? Les banques les utilisent pour intervenir sur les marchés financiers. Elles les placent en achetant des titres de dette publique. Elles gavent les grands groupes privés en achetant leurs obligations et elles boursicotent.
Cela permet de comprendre, par exemple, qu’en dépit de la poursuite de la récession en Espagne, malgré un taux de chômage qui atteint des sommets, bien que les coupes budgétaires ruinent les conditions d’existence de la population, la Bourse de Madrid s’est redressée en 2013 par rapport à 2012. En France, le tour de prestidigitation est tout aussi réussi : le CAC 40 progresse nettement.
Quant à Wall Street, il bat des records. On comprend que le FMI s’inquiète du gonflement de nouvelles bulles spéculatives dans le monde. Le problème, M. Hollande, c’est encore et toujours la finance !
Pierre Ivorra
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