LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 30 janvier 2019

« TRICHEURS », L’EDITORIAL DE PAULE MASSON DANS L’HUMANITE DE DEMAIN JEUDI



Selon une récente étude de l’université de Londres, la France figure dans le trio de tête européen des pays rois de l’évasion fiscale. L’estimation du manque à gagner pour les recettes de l’État s’élève à plus de 117 milliards d’euros. Le calcul est fait sur l’année 2015. 117 milliards d’euros… Bien plus que la fraude hexagonale jusque-là estimée à 80 milliards environ. Or, depuis cette date, la machine à financer le capital n’a cessé d’accélérer sa cadence avec les 40 milliards de cadeaux fiscaux du Cice ou encore la suppression de l’ISF. Voilà qui anéantit d’un coup toute la rhétorique gouvernementale de cadrage du « grand débat » selon lequel nous n’aurions d’autres choix que de supprimer des services publics pour rester dans les clous du budget.
L’argent est là. Mais il est soustrait à l’État. Planqué dans les paradis fiscaux, il alimente la spéculation et se dérobe aux investissements utiles à la cause commune, l’éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté ou le chômage. La question est donc moins de diminuer les dépenses pour équilibrer les recettes que de faire payer les tricheurs en col blanc pour pouvoir augmenter les dépenses. « Ceux qui déconnent », pour reprendre une des sentences d’Emmanuel Macron, ce ne sont pas les petites gens que ce président dénonce sans relâche, mais les nababs de l’optimisation fiscale.
Il est vrai que faire payer les petits est une obsession de riches. Parmi eux, les géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution font rarement défaut. En matière de consommation, l’argument du prix bas n’est valable que si les marges restent hautes. Il en va ainsi de l’annonce intervenue hier d’une augmentation des prix sur des centaines de produits alimentaires. Au départ, une promesse des états généraux de l’alimentation : mieux rémunérer des producteurs. Au milieu, une flambée de l’addition supportée par l’acheteur sans être sûr que le revenu agricole en profite. Au final, une guerre des prix qui oppose le paysan et le consommateur. Dans le monde des privilèges, les tricheurs ne manquent pas de cynisme.



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