Pierre Laurent : " Nous sommes opposés à la suppression des départements en petite couronne "
Le gouvernement entend réduire le nombre de collectivités pour réaliser des économies, mais rien ne s’annonce évident. Le premier ministre Jean-Marc Ayrault s’est dit jeudi matin favorable à la disparition des départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, dans la lignée des propos tenus par François Hollande lors de sa conférence de presse. Ces départements fusionneraient avec le nouvel ensemble de la métropole du Grand Paris. Mais des freins apparaissent déjà à gauche. Le président PS du conseil général du 93 appelle à ne pas « brûler les étapes ». Chez les communistes, pour qui la petite couronne a longtemps été un bastion, c’est carrément une franche opposition. « Nous exigeons qu’il n’y ait aucune disparition de départements en petite couronne sans une consultation des habitants par référendum », affirme à public sénat.fr Pierre Laurent, sénateur de Paris et secrétaire national du Parti communiste français. « Cette décision qui engage l’avenir des Franciliens ne peut pas être prise dans leur dos, sans eux, sans que cette mesure n’ait jamais été soumise aux Franciliens dans le programme de François Hollande », ajoute-t-il. En cas de projet de loi, les parlementaires PCF s’opposeront « sans nul doute » au texte du gouvernement.
Entretien
Jean-Marc Ayrault souhaite la « suppression des départements de la première couronne » parisienne. Y êtes-vous favorable ?
Nous sommes opposés à la suppression de ces départements qui nous ramènerait à l’époque archaïque du département de la Seine. Les départements de la petite couronne ont construit des politiques publiques utiles. Ils ont acquis une vraie personnalité reconnue par leurs habitants. En vérité, ils ne sont pas un obstacle à la coopération entre les différents niveaux de collectivités. Ils peuvent très bien jouer un rôle utile dans la construction de dynamiques métropolitaines.
Le seul objectif de la proposition de Jean-Marc Ayrault est d’aller vers des économies de dépenses publiques et vers une reconcentration des pouvoirs. Or je crois que les départements sont utiles, ce sont des dépenses de service public. Des dépenses pour les collégiens, des dépenses d’action sociale. La reconcentration éloignerait les Franciliens de ces décisions. Nous exigeons qu’il n’y ait aucune disparition de départements en petite couronne sans une consultation des habitants par référendum. Cette décision qui engage l’avenir des Franciliens ne peut pas être prise dans leur dos, sans eux, sans que cette mesure n’ait jamais été soumise aux Franciliens dans le programme de François Hollande.
Le PCF dispose historiquement d’un certain nombre d’élus en petite couronne, même s’il en a moins que par le passé. S’agit-il aussi pour vous de protéger ces élus ?
Notre position n’est pas déterminée par des arguments boutiquiers. C’est l’intérêt des populations et la qualité des services publics qui existent en petite couronne. C’est vrai que les communistes ont beaucoup fait pour ça, pour défendre les populations ouvrières, les salariés de toutes catégories populaires, les salariés modestes, de condition moyenne. Il y a toujours eu le projet de marginaliser la place et l’influence de ce rôle, sans jamais y parvenir.
Paris n’avait pas de maire à une époque car on lui reprochait son histoire révolutionnaire avec la Commune de Paris. Quand les départements sont créés en 1967, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne sont découpés pour essayer de cantonner les villes populaires à la périphérie de Paris. Mais les communistes ont toujours réussi à mettre en échec ces tentatives de marginalisation à l’égard des populations. L’influence des communistes en Île-de-France correspond à des racines populaires profondes. Notre travail marque de son empreinte le visage de l’Île-de-France.
Si un futur projet de loi propose la fusion des départements de la petite couronne avec Paris, les parlementaires communistes s’y opposeront-ils à l’Assemblée nationale et au Sénat ?
Oui, sans nul doute. Nous nous opposerons à ce texte et nous mènerons campagne pour que les Franciliens soient saisis par référendum de cette question dans les trois départements et à Paris aussi. Le schéma actuel de la métropole du Grand Paris, que nous avons combattu dans la loi, engage ce processus d’une collectivité de 6,5 millions d’habitants où les instances de proximité seraient marginalisées, au profit d’un pouvoir concentré.
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