LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 20 janvier 2014

" Capitulation et résistance " , l'éditorial de Jean-Paul piérot


Où est la gauche ? L’année 2014 égrène ses premières semaines sous d’inquiétants auspices. 
De ses vœux télévisés à sa conférence 
de presse, et demain sans doute lors 
de son allocution aux forces vives (syndicats et associations), François Hollande martèle son credo libéral, 
n’en finit pas de prendre congé du socialisme.
Le débat qui animait historiquement la gauche depuis un siècle sur les moyens à mettre en œuvre, sur le rythme 
à imprimer pour répondre aux demandes du monde du travail, objectif sur lequel tout le monde se déclarait d’accord, semble dépassé. Selon le nouveau paradigme 
de capitulation sociale défendu par l’hôte de l’Élysée, entre la demande de ceux qui n’ont pas grand-chose, 
et l’offre à consentir pour ceux qui ont plus que tout, 
le choix est vite fait. En couvrant les grands patrons 
et les actionnaires de cadeaux – par brassées de baisses 
de cotisations et d’allégements fiscaux –, on espère 
qu’en retour les bénéficiaires feront quelques gestes 
en matière de création d’emploi. C’est la mystification 
du « socialisme de l’offre » : l’offre existe bien, mais où est le socialisme ?
Face à une offensive idéologique visant 
à imposer le modèle social-libéral tel que l’ont forgé au cours des deux dernières décennies Tony Blair 
en Grande-Bretagne 
et Gerhard Schröder 
en Allemagne, la gauche sera-t-elle en capacité 
de se ressaisir ? Le débat n’est pas clos au sein 
du Parti socialiste. 
Le coming out ou 
la conversion – on l’appellera comme on voudra – de François Hollande n’y fait pas l’unanimité. Le désarroi de l’électorat de gauche, 
que traduit la marée basse des sondages de popularité 
de l’exécutif, est devenu une réalité durable.
Dans un tel contexte, le Front de gauche 
est placé devant des responsabilités nouvelles. Pendant plusieurs mois, ce Front, rassemblant les forces de la gauche de transformation sociale, qui s’était 
installé dans le paysage politique depuis sa création 
en 2008, était nettement moins audible. Il apparaissait, au moins à son sommet, comme une sorte de champ clos de controverses sur les alliances locales pour les élections municipales. Ce climat, déjà passablement désespérant pour des dizaines de milliers de citoyens qui avaient, avec le Front de gauche, découvert ou retrouvé des raisons 
de militer, serait devenu tout bonnement inacceptable 
pour le monde du travail à l’heure du pacte de François Hollande. Un pacte d’irresponsabilité applaudi 
par le Medef et approuvé mezzo voce par plusieurs dirigeants de droite conscients d’avoir remporté 
une victoire politique.
La rencontre entre le PCF et le Parti de gauche, la reprise de contact entre Pierre Laurent 
et Jean-Luc Mélenchon, qui ont défilé ensemble 
au cours d’une manifestation samedi à Marseille, devraient permettre de réenclencher une dynamique d’intervention citoyenne à la veille des élections municipales et européennes, même si tous les désaccords n’ont pas été dissipés. Mais, plus généralement, et c’est là l’enjeu principal auquel le Front de gauche est confronté, il s’agit pour lui d’empêcher que l’espace politique 
et idéologique ne soit accaparé et obscurci par 
le consensus à l’œuvre entre l’exécutif, le Medef 
et la droite, toutes chapelles confondues, contre toute perspective de changement. Ni maintenant ni plus tard.
Jean-Paul Piérot

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