Métro Charonne, il y a 50 ans déjà !
Après la dernière déclaration du ministre de l’intérieur sur la prétendue supériorité de notre civilisation (sans doute occidentale !) parce que, selon lui, notre pays respecte la devise républicaine « liberté, égalité, fraternité » on est tenté de rapprocher cette déclaration, purement électorale, à un évènement autrement plus important, qui pourrait à lui seul l’inviter à un peu plus de réserve. Je veux parler du 50ème anniversaire du massacre de Charonne le 8 février 1962. Ce jour là, sous les ordres d’un préfet de police nommé Papon, d’un ministre de l’intérieur, Roger Frey et sous la présidence du Général de Gaulle, la police a osé réprimer une manifestation pacifique qui voulait protester contre les crimes perpétrés par la sinistre OAS (un enfant venait de
perdre la vue après l’explosion d’une bombe). Le bilan fut terrible : 9 morts dont 8 communistes, des centaines de blessés dont 2 Romainvillois, Nicole Léonet et Louis Boutet, conseiller municipal.
Je me souviens que ce 8 février, la place de la Bastille, où était initialement prévue la manifestation, était entièrement investie par les policiers, dont certains ne cachaient pas leur
intention « casser du manifestant … » Très vite les cortèges qui s’étaient reconstitués dans les rues avoisinantes seront chargés brutalement jusqu'au métro Charonne où aura lieu une véritable tuerie. La répression fut d’une violence inouïe, les témoins se souviennent des lourdes grilles d’arbres lancées sur les manifestants coincés dans les escaliers de la station de métro,
des coups de matraque assassins…
Je me souviens que ce soir, de retour à Romainville, j’attendais le bus ramenant quelques camarades qui avaient organisé une sortie à Paris, au TNP. Je devais leur annoncer la triste
nouvelle…(La culture leur a peut-être sauvé la vie…)
Nous étions effondrés mais aussi emplis de colère, de rage : comment un gouvernement avait pu se rendre responsable d’une chose pareille ?
Chaque année, en ce début février, nos pensées vont vers ces militants, victimes innocentes de cette barbarie. Ces femmes, ces hommes, ce jeune qu’un million de citoyens avaient
accompagné le 13 février au Père Lachaise.
Aujourd’hui encore nos pensées vont vers vous : Daniel, Fanny, Anne-Claude, Suzanne, Edouard, Maurice, Hippolyte, Jean-Pierre et Raymond.
Au cours de notre histoire, notre peuple et sa classe ouvrière one porté haut le drapeau de la civilisation en luttant pour le progrès social, la démocratie, la solidarité et la paix.
Pendant que d’autres foulaient au pied ces valeurs et réprimaient parfois férocement celles et ceux qui osaient les défendre.
Alors, monsieur le Ministre, gardez vos leçons pour vous !
UN TÉMOIN ROMAINVILLOIS
* À LIRE LE REPORTAGE DE L’HUMANITÉ-DIMANCHE
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire