Du vent sur un plateau
Monsieur voulait être servi sur un plateau, de préférence convivial avait-il réclamé de TF1. Il ne voulait surtout pas être dérangé. Surtout pas de syndicaliste ! Telle était sa consigne. Jean-Pierre Pernaud faisait le service avec complaisance, coupant systématiquement les membres du pannel pourtant soigneusement sélectionné dès qu’ils se montraient contestataires, comme ce jeune agriculteur, très convaincant. Il ne fallait pas déranger le déroulement prévu et l’animateur avait préparé les tableaux statistiques – certains scandaleux comme sur le nombre des chômeurs réduits à moins de 3 millions ! – assortis au discours prévisible de Nicolas Sarkozy. Il voulait apparaître comme un président protecteur … il s’est révélé comme un président sur-protégé. Pas le genre à prendre des risques avec des interlocuteurs informés et indociles !
Le président était venu faire du vent pour éviter les vrais problèmes. Mais qui aura-t-il convaincu ? Dans ce long exercice d’autojustification, il n’a rien annoncé de nouveau. C’est toujours l’austérité pour le plus grand nombre et les plus grands avantages pour les marchés financiers. Il destine l’école à toujours plus de dégradation et ne lâchera rien de mieux pour la justice. Il n’avait rien de mieux à dire aux magistrats que le fait qu’ils étaient privilégiés en manipulant la douleur des victimes. Il annonce une concertation en prévenant qu’il n’écoutera personne. Il prétend être attentif aux situations humaines qu’il réduit à un « élément de langage » qui ne l’oblige en rien.
A force d’ennui et de lieux communs, le chef de l’Etat a tenté d’anesthésier l’opinion, paraissant totalement dépassé devant les évolutions du monde, incapable de commenter l’actualité de l’Egypte autrement que par ces mots de regret : « C’était inéluctable ». Cette mascarade télévisée prépare sa campagne présidentielle. Nicolas Sarkozy a avoué en creux qu’il espère gagner par défaut, en quelque sorte par forfait de la gauche comme si celle-ci en était réduite à commenter les phrases de la femme d’un hypothétique candidat à la candidature. Cet avenir-là n’est heureusement pas écrit.
Edito de patrick Apel Muller dans l'Humanité du 11 février
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