Débat d'orientations budgétaires : l'intervention de Sofia Dauvergne
Conseil Municipal du mercredi 23 février 2011
Madame Le Maire,
"Comme chaque année, nous avons à débattre des orientations budgétaires. Nous le rappelons une nouvelle fois, pour nous, ce débat devrait permettre aux élus de s’exprimer sur les priorités, les enjeux et les évolutions de la situation financière de notre collectivité.
Mais pour cela, il aurait été nécessaire de pouvoir disposer d’éléments financiers et budgétaires ainsi que du compte-rendu des échanges exprimés lors d’une commission des finances.
Ce débat devrait, y compris, être précédé de débats publics afin que, démocratiquement, la population soit associée à l’élaboration et aux choix qui en découlent.
Au lieu de cela, il a été pris le parti, une fois encore, de privilégier l’information au moment du vote du budget, j’imagine, lorsque que tout sera bouclé. Nous ne pouvons, à nouveau, que le regretter.
Toutefois, tous les élus de cette assemblée ne pourront qu’être d’accord, j’entends naturellement, les élus de gauche, qu’ils soient dans la majorité ou dans l’opposition, sur la nocivité de la politique menée par le couple Sarkozy-Fillon.
Quand cette année, les dividendes pour les actionnaires des entreprises du CAC 40 affichent un record de 40 milliards d’euros (en hausse de 13%), du jamais vu depuis 2001, et dans le même temps 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et la misère progresse de 2,1% en 2010.
Alors que 172 milliards d’euros sont placés dans les paradis fiscaux et, par voie de conséquence, exonérés de toutes charges et que le grand patronat bénéficie de 22 milliards d’euros d’exonération de cotisations sociales, le gouvernement propose d’instaurer une « TVA sociale » afin d’alléger encore plus les cotisations de ces entreprises, grevant dans le même temps encore plus le budget des ménages.
Notre ville compte 1464 bénéficiaires du RSA, soit 5,57% de la population (dernière statistique de la CAF).
20% de la population Romainvilloise est au chômage et ce chiffre atteint plus de 30% pour les jeunes de moins de 25 ans.
Que l’on ne nous réponde pas que c’est la crise ou des difficultés financières!
La crise actuelle est celle du capitalisme. C’est cette crise que la bande du « Fouquets » fait supporter aux français en érigeant, en doctrine absolue, une politique d’injustice fiscale et sociale.
Quand, après la remise en cause du droit à une retraite digne et pleine à 60 ans, une nouvelle régression démocratique majeure nous est imposée avec la réforme des collectivités territoriales: le gel des dotations, la suppression de la TP.
En effet, au moment où les Français, piégés par cette crise, voient leurs conditions de vie quotidienne précarisées et qu’ils attendent des collectivités plus de soutien encore, le gouvernement fait le choix du pire en remettant en cause les principes fondateurs de notre République : l’égalité territoriale et le devoir de solidarité.
Nombreux sont les services publics qui ont d’ores et déjà été supprimés dans la logique d’économie budgétaire : Tribunaux d’instance, trésoreries, hôpitaux, Poste… , alors qu’ils sont plus que jamais sollicités par les populations.
La logique actuelle de la seule diminution de la dépense publique de l’Etat met en difficulté les communes au détriment de l’égalité entre les territoires et du service rendu aux usagers. Et Romainville n’y échappe pas.
Aussi, quitte à nous répéter et employer les mêmes vocables que l’année dernière, nous nous interrogeons, une nouvelle fois, quant au cadre budgétaire pour notre ville pour 2011.
Cette année encore, tout va bien, semble-t-il, à Romainville car le fonctionnement est maîtrisé et le tout investissement peut continuer.
L’autofinancement augmente, passant de 6,9 millions d’euros à 7,3 millions d’euros, reprenant ainsi de la « vigueur » comme vous le faites remarquer dans votre rapport : de la vigueur au détriment de quelles lignes budgétaires ?
Les dépenses de personnel, les prestations sociales, le fonctionnement des services publics?
Je tiens à faire remarquer que:
En 2001, les dépenses réelles de fonctionnement s’élevaient à 39 millions d’euros. En 2010, elles ne sont plus que de 36 millions d’euros soit une diminution de 7,69%.
En 2001, les dépenses réelles d’investissement représentaient 13 millions d’euros. En 2010, elles passent à 33 millions d’euros soit une augmentation de 153,85%.
Il nous est donc dit, dans ce rapport, que nous allons maîtriser les dépenses courantes de fonctionnement.
Mais parler de dépenses de fonctionnement, c’est parler de services rendus à la population.
C’est parler de politique sociale, culturelle, sportive, éducative.
C’est parler des personnels d’accueil dans les services, de la voirie, des espaces verts, du CCAS, de la Caisse des Ecoles. En un mot, c’est parler de la vie quotidienne des gens.
Aussi, au vu de la situation économique qui vient d’être dénoncée précédemment, cette maîtrise des dépenses revient, en fait, à diminuer le service rendu à la population de Romainville.
Cette population qui va peut être connaître, encore cette année et ce, malgré la refonte tant attendue de la grille du quotient familial, des augmentations tarifaires des prestations sociales, augmentation que nous continuerons à ne pas approuver.
Il est indiqué, dans les perspectives de réalisation 2011, l’opération de la ZAC de l’Horloge, projet structurant, qui devra y associer la population et les élus de ce conseil, contrairement, et n’en déplaise à certains, à l’expérience vécue lors de l’élaboration du projet de collecte par pneumatique, projet onéreux, indésirable et non prioritaire.
L’ouverture de la médiathèque et la construction d’un nouveau gymnase au centre ville ne doivent pas nous faire oublier que nous avons privé la population de l’accès à la lecture depuis 18 mois mais également d’un établissement sportif depuis 2 années, pour un « Monoprix » qui a peine à voir le jour…
Dans cette énumération de perspectives, il n’est pas fait référence au projet de reconstruction de l’école du centre ville. Je rappelle que celui-ci avait fait l’objet d’un vote unanime de notre assemblée.
Nous ne le répèterons jamais assez, si nous sommes favorables à l’investissement, nous sommes totalement opposés à l’investissement à n’importe quel prix. Pour nous, ces choix vont plus dans le sens d’un accompagnement aux politiques de droite, qu’aux politiques fidèles aux valeurs de gauche.
Par conséquent, devant ce tsunami économique et ces choix politiques nationaux, notre débat d’orientations budgétaires doit prendre toute sa signification.
Dans l’élaboration de ce budget 2011, les contraintes financières que l’Etat nous impose, ne doivent pas nous installer « dans la gestion pour la gestion » .
Plus que jamais, nous nous devons de répondre aux besoins et aux attentes des Romainvillois,
Plus que jamais, nous nous devons d’accompagner et de soutenir chacun d’entres eux par une vraie politique de gauche.
Face à la droite libérale, il n’est pas question pour nous, élus communistes, de nous résigner.
Nous avons l’ambition de changer la vie des citoyens. C’est une question de démocratie, de justice sociale et d’égalité républicaine.
C’est pourquoi, nous devons agir, avec la population, pour mettre fin à ces situations injustes, inacceptables et indignes d’un pays qui se dit démocratique.
Aussi, vous l’aurez compris Madame Le Maire, comme nous le demande Stéphane HESSEL" :
« Nous nous indignons »
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