"A force d'effets d'annonce, les gens ne nous croient plus" : Quand la vérité sort de la bouche d'un ministre !
A peine nommé, tout nouveau ministre à la ville qui se respecte commence sa tournée des popotes par notre département. C’est du classique. C’est ce que vient de faire Maurice Leroy en présence de nombreux élus, dont deux anciens ministres qui ont assuré les mêmes fonctions, Claude Bartolone et Éric Raoult. A priori tout ce beau monde avait l’air content. Sans doute le doit-on à la méthode de Maurice Leroy, dont la réputation serait de ne jamais déplaire à celles et ceux à qui il s’adresse. Vous savez, c’est ce fameux « pragmatisme » que l’on nous sert à chaque fois que des salarié-e-s, des populations osent défendre leurs droits. La chanson est connue. « Avec la crise que nous connaissons, il faut se montrer raisonnables et réalistes, ne pas vivre au-dessus de ses moyens. » Mais revenons au sujet principal qui semble avoir été évoqué : Les transports collectifs. Nous nous félicitons du soutien apporté par le ministre au tracé alternatif d’Arc Express en Seine-Saint-Denis, parce que « tout progrès aussi minime soit-il, est, comme l’écrivait Jaurès, une force pour de nouveaux progrès ». Mais notre satisfaction s’arrêtera là. Rien de bien concret sur les financements de cette vaste entreprise. Mais surtout, nous sommes en droit de nous poser des questions sur le devenir des projets en attente depuis longtemps, très longtemps. Dans le rapport de la cour des comptes de novembre dernier il était indiqué que « Le délai entre les premières études pour un projet de transport en mode lourd et sa mise en service se situe entre 14 et 17 ans ». Ce même rapport notait également que « sur 41 opérations de transports collectifs, prévues au contrat de plan 2000-2006 pour un total de 3361 millions d’euros, en 2009, c'est-à-dire 3 ans après la fin du contrat, seulement 40% des opérations étaient en service. Quant au contrat de projet 2007-20013 portant sur 2937 millions d’euros : « sur 33 opérations prévues, 23 étaient déjà inscrites au contrat de plan 2000-2006 ». Et à quoi cela est-il dû, sinon à un désengagement massif de l’État ? Que vaut, dans ces conditions, l’annonce faite hier, et selon laquelle l’État s’engagerait à hauteur de 3,6 milliards d’euros pour " la modernisation des réseaux de transports existants, en Île de France, dont plus d'un milliard sur les trois prochaines années". C’est avec cela que le ministre entend "agir tout de suite et massivement sur des projets réalistes et réalisables". Maurice Leroy a parlé de la ligne D du RER. Savait-il qu’au mois de décembre 2010, 17 élus des circonscriptions qui jalonnent la ligne D du RER ont tenu une conférence de presse pour alerter sur la situation d’urgence qui est celle de cette desserte ? Ils ont chiffré les besoins à 2,5 milliards d'investissement. Si nous y ajoutons la ligne B, chacun est à même de mesurer le caractère dérisoire des annonces faites hier. Nous terminerons notre propos par cette formule utilisée par le ministre, et qui nous agrée : « A force d’effets d’annonce, les gens ne nous croient plus ». Il serait inconvenant de penser que cette remarque pouvait s’adresser à celui qui l’a fait roi. Nous n’irons pas non plus, jusqu'à imaginer, qu’elle était destinée à madame VALLS et sa majorité municipale qui nous annonçait en 2007 le début des travaux de la ligne 11 pour 2010.
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