LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 26 juin 2018

« Le choc turc », l’éditorial de Patrick Appel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



L’alliage d’islamisme, de nationalisme et de brutalité incarné par Recep Tayyip Erdogan l’a donc emporté en Turquie. La population rurale et pauvre a voté massivement en faveur et pour les partis qui le soutiennent, jugeant qu’il a imposé son pays sur la scène internationale, tandis que celle de la plupart des villes et les jeunes ont appuyé le CHP ou le HDP, les deux formations de l’opposition. En effet, le président, le « sultan » comme il aime être surnommé, n’a pas tout balayé sur son passage. La répression barbare des Kurdes, les 55 000 arrestations et les 144 000 révocations ou suspension qui avaient suivi la tentative de coup d’État, les poursuites et condamnations qui ont accablé journalistes et universitaires, la mainmise sur les médias…ne seront pas parvenues à étouffer les contestations. Cette épine dans le pied se rappellera au bon souvenir d’Erdogan alors que la situation économique se détériore, même s’il dispose des pleins pouvoirs après le référendum constitutionnel.

Dans le paysage international et aux portes de l’Europe, elle-même contaminée par le virus du nationalisme et de la haine des étrangers, le résultat du scrutin de dimanche ajoutera du combustible au feu qui couve.

Le régime turc a su obtenir la complaisance gênée des grandes puissances en s’affirmant comme un pivot de la situation au Proche et Moyen-Orient, ménageant des alliances avec la Russie et l’Iran (avec lequel il constitue un contrepoids à l’Arabie saoudite), freinant le plus possible d’exilés syriens au bénéfice de l’Union européenne, négociant avec les États-Unis et Israël. Cela lui vaut bien des indulgences, même quand il écrase les alliés kurdes sous les bombes. Il n’hésitera sans doute pas à en abuser si on lui laisse comme aujourd’hui les mains libres. Emmanuel Macron ne déclarait-il pas, début janvier : « J’ai le plus grand respect et la pleine conscience des défis affrontés par la Turquie, comme ceux du terrorisme et des déstabilisations militaires, et à ce titre, je n’ai pas d’ingérence à avoir en tant que chef d’État extérieur. »

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