LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 7 août 2018

UNE AIDE POUR UN LIBRE DÉVELOPPEMENT, L’ÉDITORIAL DE PIERRE CHAILLAN DANS L’HUMANITÉ DU MERCREDI 8 AOÛT



L'éditorial de Pierre Chaillan. L'aide publique au développement va-t-elle normaliser des pratiques néocoloniales du temps pas si lointain de la Françafrique ?
L’aide au développement va-t-elle normaliser des pratiques néocoloniales du temps pas si lointain de la Françafrique ? Ou comment l’annulation de la dette va-t-elle au final être détournée par un système pervers de financiarisation vers une résurgence de dettes tous azimuts. À l’instar de la Côte d’Ivoire, c’est ce qui se passe avec l’essor des contrats de désendettement et de développement (C2D), formes de prêts venant en substitution d’une annulation pure et simple de la dette ou de l’octroi de dons. Cette aide publique au développement dont la France (qui se targue de sa forte augmentation !) est le chantre à l’échelle mondiale oriente les projets vers des investissements juteux en faveur des groupes privés des pays prêteurs...
Plutôt que de répondre aux besoins sociaux et de permettre aux peuples de disposer de leurs biens communs et de leurs choix politiques et économiques, cette nouvelle doctrine de développement financiarisé dégage une manne accaparée à nouveau par les créanciers dominants et capitalistes et aliène les peuples de leur souveraineté et de leur libre indépendance. Sans participation des peuples eux-mêmes et de la « société civile », les subventions publiques à des États en difficulté se transforment en des cadeaux versés aux grandes entreprises et venant renforcer les régimes autoritaires. Depuis les années 2000, sous la pression des citoyens, des organisations politiques et syndicales, des associations et des mouvements altermondialistes, l’exigence de l’annulation de la dette a dû être entendue. Elle s’inscrivait dans un monde de coopération et de co-développement où les intéressés eux-mêmes sont acteurs de leur propre développement.
Figure de cette lutte émancipatrice, Thomas Sankara, le président burkinabé assassiné, avait admirablement décrit le « développement endogène » par ces mots : « Le plus important, je crois, c’est d’avoir amené le peuple à avoir confiance en lui-même, à comprendre que, finalement, il peut s’asseoir et écrire son développement, il peut s’asseoir et écrire son bonheur. »

Soyez le premier à commenter !

Enregistrer un commentaire


  ©Template Blogger Elegance by Dicas Blogger.

TOPO