LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 16 août 2018

« LA CULTURE VAUT MIEUX QUE ÇA », L’ÉDITORIAL DE MAUD VERGNOL DANS L’HUMANITÉ DU VENDREDI 17 AOÛT


« Synergie », « sélectivité », « amélioration de l’efficience » : ces mots ne font pas rêver. Ce sont pourtant ceux utilisés pour évoquer le service public de la culture dans le fameux rapport CAP 22, cette bombe à retardement que le gouvernement n’a toujours pas eu le courage de dévoiler publiquement. Ses préconisations risquent de parachever l’œuvre de destruction massive d’une politique culturelle sans doute inaboutie, mais qui avait le mérite de graver dans le marbre républicain que les arts et la culture, la création et sa diffusion doivent être au cœur des politiques publiques. Certes, Emmanuel Macron n’est pas le premier à s’y attaquer.
Du « temps de cerveau disponible  » à l’« inutile » Princesse de Clèves de Nicolas Sarkozy, l’argent privé et les critères de rentabilité ont sournoisement grignoté le financement de la culture pour tuer à petit feu la décentralisation et étouffer la création. Dans le « nouveau monde » macroniste, le terme même de « politique culturelle » aurait disparu de l’espace public sans ces inépuisables vigies qui résistent aux logiques mercantiles pour faire circuler l’imaginaire. Jack Ralite, disparu cette année, était le premier d’entre eux, rappelant à chaque occasion qu’« un peuple qui abandonne son imaginaire culturel à l’affairisme se condamne à des libertés précaires ». C’est aussi le sens du cri d’alarme du précieux Robin Renucci. Car un an après les publicités mensongères du macronisme, vendant le rêve d’une « réinvention des politiques culturelles », les premiers actes du quinquennat en la matière disent tout le contraire. Sa recherche illusoire de rentabilité des services publics est en passe de vider de sa substance le ministère de la Culture, quasi mis sous tutelle de l’Élysée. Dans la Part maudite, Georges Bataille disait des « dépenses improductives » ceci : « Chaque fois que le sens d’un débat dépend de la valeur fondamentale du mot utile, c’est-à-dire chaque fois qu’une question essentielle touchant la vie des sociétés humaines est abordée, il est possible d’affirmer que le débat est nécessairement faussé et que la question fondamentale est éludée. »

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