LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 24 septembre 2011



Monde - le 24 Septembre 2011

Palestine:un moment historique aux Nations Unies

New-York, envoyé spécial.

Mahmoud Abbas soulève l’Assemblée générale de l’ONU en présentant solennellement la demande d’adhésion de la Palestine.

«J’ai remis au secrétaire général Ban Ki Moon la demande d’adhésion comme membre à part entière des Nations Unies de la Palestine sur la base des lignes du 4 juin 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale» C’est ainsi que Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinienne, a présenté solennellement ce vendredi 23 septembre la requête de reconnaissance d’un Etat palestinien devant l’assemblée générale des Nations Unies. Il a brandi le document au dessus de sa tête et la salle lui a répondu par une longue ovation debout. Signe que la grande majorité des délégués de l’organisation mondiale est convaincue de vivre un moment historique, et de la possibilité, comme l’affirmera un représentant équatorien, «d’enfoncer une nouvelle clé pour la justice à l’égard des peuples.»

« Nous sommes prêts à revenir immédiatement aux négociations sur la base des références fondées sur le droit international et d’un arrêt total de la colonisation », a souligné le président Abbas, précisant qu’avec cette démarche les palestiniens « ne cherchaient pas à isoler ni à délégitimer Israël » mais l’occupation et la colonisation qui «est en train de détruire une solution à deux Etats.». Le pouvoir israélien actuel, a-t-lancé, a «sapé tous les efforts de paix depuis un an»

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a aussitôt réagi en accusant les palestiniens de «bloquer» (sic) les négociations et en plaidant pour un retour aux seuls pourparlers bilatéraux car «la vérité, a-t-il dit, comme l’avait fait Barack Obama 48 heures plus tôt, c’est que nous ne pouvons pas parvenir à la paix par des résolutions de l’ONU.» Le ministre des affaires étrangères israéliens, Avigdor Lieberman, également présent à New – York , a été encore plus vindicatif estimant que le discours d’Abbas constituait «une incitation à la violence.».

Après les pressions pour que le président de l’Autorité palestinienne renonce purement et simplement à sa demande d’adhésion à l’ONU, la partie de bras de fer promet de se poursuivre maintenant avec Tel Aviv, Washington et ses alliés. Compte tenu du maniement des arcanes de la procédure onusienne l’examen de la requête palestinienne pourrait durer plusieurs semaines, voire mois, avant un vote du conseil de sécurité.

Les Etats-Unis sont sur la défensive. Et Barack Obama voudrait mettre à profit ces délais procéduriers pour convaincre un maximum d’Etat membre du conseil de ne pas apporter leur soutien à la reconnaissance de l’Etat palestinien. Et d’empêcher que le cap des 9 voix de majorité requises ne soit franchit. L’administration Obama s’éviterait ainsi d’avoir à recourir à un veto qui serait désastreux pour l’image des Etats-Unis. Au moment même où ils essayent de reprendre la main sur les pays du printemps arabe après avoir été discrédité par leur soutien sans faille durant des décennies aux dictateurs déchus.

La délégation palestinienne a fait savoir qu’elle se réservait d’examiner « en temps voulu »l’option d’un passage devant l’assemblée générale de l’ONU en cas de rejet du conseil de sécurité ou d’allongement sans fin de la procédure. Si une telle option peut lui permettre d’éviter le blocage de Washington, elle n’ouvrirait cependant la voie qu’à une reconnaissance de la Palestine comme état non membre avec statut d’observateur aux Nations Unies.

Les palestiniens passeraient ainsi tout juste au dessus de leur statut actuel d’entité. Et même cette option là, défendue par Nicolas Sarkozy quand il a présenté les propositions «médiatrices» françaises à la tribune de l’ONU, serait assortie de conditions très restrictives. Il faudrait que les palestiniens s’engagent à ne pas recourir à tous leurs nouveaux droits et singulièrement à celui de porter plainte devant la Cour pénale internationale contre Israël. La colonisation ou les crimes de guerre commis par l’armée israélienne resteraient ainsi intouchables. Ce souhait d’installer un droit international «light» pour les palestiniens suscitait d’ailleurs hier l’indignation de l’ONG de défense des droits de l’homme, Human rignts watch.

L’absence de tout préalable serait l’autre condition invoquée par le «médiateur» Sarkozy pour en revenir à un processus de négociation israélo-palestinien que le chef de l’Etat français verrait déboucher d’ici un an. Traduisez: l’autorité palestinienne serait contrainte d’accepter de discuter en dépit de la poursuite de la colonisation. Chose qu’a clairement refusé Mahmoud Abbas à la tribune.

Ces manœuvres d’arrière-garde qui révèlent en fait l’affaiblissement politique de l’Empire ou de ses affidés plus ou moins proches comme ceux de la Sarkozie, sont dangereuses pour la paix. Elles se heurtent aux aspirations démocratiques et sociales nouvelles qui se sont fait jour parmi les populations de la région. Jusque chez les israéliens qui descendent aujourd’hui par milliers dans la rue pour contester la politique du gouvernement Netanyahu – une politique extrémiste sur le plan de l’économie comme sur celui des droits de l’homme et des peuples. Et c’est d’abord en cela que la démarche du président Abbas rencontre aujourd’hui l’histoire.

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