LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 15 avril 2019

UNE UNION DE NATIONS ET DE PEUPLES SOUVERAINS ET ASSOCIÉS (FRANCIS WURTZ). DANS L’HUMANITÉ DE CE JOUR !


"Faire des propositions alternatives pour l’Europe ne vaut que si l’on ne sépare pas le projet en question du chemin susceptible de permettre sa réalisation progressive. Et à cet égard, les grandes ruptures de demain passent par les conquêtes partielles d’aujourd’hui.

Dans cet esprit, je commencerai par évoquer l’enjeu européen immédiat : la possibilité offerte à chacune et  chacun d’entre nous de contribuer à changer la composition du Parlement européen d’ici un peu plus d’un mois. Et ce n’est pas un petit enjeu ! Il nous appartient notamment de faire connaître les véritables pouvoirs de cette Assemblée qui, contrairement à une idée reçue, sont loin d’être négligeables. Combien de nos concitoyennes et concitoyens savent-ils, par exemple, que ce n’est pas la « Commission de Bruxelles » qui décide des « directives » ou des « règlements » européens, mais les parlementaires européens, conjointement aux représentants des 27-28 gouvernements, sur la base de projets de la commission ?

Pour mémoire, la directive européenne sur laquelle s’est appuyé Emmanuel Macron pour justifier l’ouverture totale de la SNCF à la concurrence a failli être rejetée au Parlement européen à…24 voix près ! Si 13 députés (sur 704 votants) avaient voté pour le rejet au lieu de s’y opposer, la donne aurait changé !
Parler de « l’autre Europe » en négligeant ce premier terrain d’intervention politique ne serait donc pas pertinent, à mes yeux. Naturellement, ce premier geste élémentaire doit s’inscrire dans une vision à plus long terme, porteuse d’une ambition politique qui soit en rupture avec la logique libérale et autoritaire des traités actuels.

Quelques axes peuvent illustrer ce projet alternatif.

Le premier est sans doute l’exigence d’un renversement des priorités de la construction européenne. Aujourd’hui, c’est la satisfaction des marchés, notamment financiers. Demain ce doit être l’épanouissement des humains : « L’Europe des gens, pas de l’argent », comme dit IAN BROSSAT. C’est-à-dire que tous les moyens disponibles doivent être mis d’abord et avant tout au service de ces nouvelles priorités. Notamment les moyens financiers colossaux que l’UE est capable de mobiliser : ceux de la Banque centrale européenne (BCE, qui a le pouvoir inouï de créer de l’argent à partir de rien dans des proportions considérables), tout comme ceux qui résulteraient d’une lutte conséquente contre l’évasion fiscale (que la Parlement européen a, lui-même, évaluée à quelques 1000 milliards d’euros par an !). Les dépenses publiques, à l’opposé de leur rationnement actuel, doivent être massivement augmentées en faveur de la promotion des capacités humaines : éducation, formation, santé, recherche, culture…

Autre axe majeur de cette nouvelle Europe à construire : une nouvelle approche sociale de l’écologie. À l’opposé de mesures qui pénalisent les plus modestes – et mettent artificiellement en concurrence l’environnement et le social –, il faut des décisions structurantes qui réorientent les politiques menées pour les rendre « écocompatibles » : développement du rail, ferroutage, taxation du kérosène utilisé par les compagnies aériennes ou du carburant des porte-conteneurs, arrêt des traités de libre-échange, réforme de la PAC dans le sens d’une transition écologique effective…

Un autre axe incontournable d’une « Europe refondée » est la solidarité. Cela vaut pour le fonctionnement interne de l’UE, comme dans les relations extérieures de celles-ci. Ainsi, toute forme de dumping social et fiscal ou de mise en concurrence des travailleurs doit être proscrite. Les services publics sont au cœur de cette réorientation de l’économie. Dans le même esprit, es moyens de la BCE (prêts quasi gratuits à long terme) doivent permettre d’agir contre les inégalités de développement entre pays, à l’opposé de la « libre concurrence libre et non faussée ». Concernant les migrations, les conditions d’un accueil digne des personnes à la recherche d’un havre de paix doivent être créées pour mettre un terme définitif à l’hécatombe criminelle dans laquelle l’Europe actuelle perd son honneur. La politique économique avec les pays tiers doit, à l’opposé du libre-échangisme actuel, reposer sur des coopérations mutuellement bénéfiques, sans domination.

Un quatrième axe est l’engagement pour la paix, en tournant le dos à l’OTAN et en œuvrant pour un traité de sécurité collective pour tout le continent européen. Quant à la vente d’armes, particulièrement à des pays en conflit, elle doit être proscrite.
Enfin, un axe majeur traverse tous les autres : le respect de la souveraineté populaire. Il faut que les coopérations entre Européens soient fondées sur des choix démocratiques de chaque peuple. Tous les peuples de l’UE ne feront pas les mêmes choix. Dans certains domaines, les coopérations européennes se feront à 27 ou plus. Dans d’autres, à 3, à 10 ou à 15. Naturellement, les choix de chaque peuple doivent être cohérents : on ne peut, par exemple, attendre la solidarité des autres et le leur refuser en retour. Bref, en impliquant les citoyens de chaque pays dans la construction de leur Union et en garantissant qu’ils ne seront pas entraînés là où ils n’ont pas décidé d’aller, nous souhaitons lever les réticences de plus en plus fortes à coopérer avec les autres peuples. C’est ce que les communistes appellent une Union de nations et de peuples souverains et associés".

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