LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

samedi 20 avril 2019

Patrimoine : le parc de La Courneuve, nature en ville


Article lu ce matin dans "Le Parisien", et rendant hommage à l'action de Georges Valbon et des élu-e-s communistes !

A cheval sur cinq communes, dont La Courneuve, le parc Georges-Valbon, 3e plus grand espace vert d’Ile-de-France joue à fond la carte de la biodiversité.

Partout autour, les tours, le béton, la grisaille. Soudain, surgi de nulle part, coincé entre l’autoroute, la cité des 4 000 à La Courneuve et celle de la Courtille à Saint-Denis, 420 ha de verdure complètement inattendue. Le parc Georges-Valbon : respiration de près de deux millions de visiteurs chaque année. Son histoire, récente, est intimement liée à celle de la Seine-Saint-Denis.

Construit en même temps que la Seine-Saint-Denis

Colonne vertébrale du parc, le clapotis de l’eau a remplacé le brouhaha du bidonville. « Après guerre, de nombreux Espagnols se sont installés dans la plaine maraîchère de La Courneuve », rappelle Benoit Pinsseau, chef de service du parc Georges-Valbon. Au fil des années, Portugais, Algériens, Yougoslaves… viennent grossir les rangs de « la campa » (NDRL : campagne, en espagnol ) jusqu’à en faire l’un des plus peuplés de Seine-Saint-Denis. Le parc naît, puis grandit, en même temps que le bidonville vieillit, puis disparaît.
Vu du ciel, deux espaces distincts se dessinent. Le premier, au sud, est le plus ancien. Il date du début des années 1960. La végétation est plus dense, les allées plus larges, les constructions plus géométriques. A l’origine, il s’agit de créer, au Nord de Paris, l’équivalent des bois de Boulogne ou de Vincennes. Avant de migrer sur L’aire des Vents en 1999, juste à côté, la Fête de l’Huma rassemble, ici, des centaines de milliers de personnes pendant 25 ans.

L’ambiance est différente sur l’autre rive du grand lac, imaginée dix ans plus tard par les paysagistes Allain Provost et Georges Samel. Le relief, plus marqué, est artificiel. Ce qui implique des travaux pharaoniques : « 15 millions de m3 de terre ont été déplacés pour modeler ce paysage unique », souligne Benoit Pinsseau. « L’équivalent de quatre pyramides de Khéops », écrit Allain Provost dans le livre qu’il consacre au parc en 2005.
Grimpez en haut d’un belvédère et il y a de fortes chances que vous fouliez les déblais du trou des Halles, des tours de La Défense ou de l’A86. Depuis la plage, « le boisement, en face, est composé comme une palette de peintre, avec des dégradés de couleurs », s’enthousiasme Justine Rigault, adjointe du chef de service.
Là-bas, les chemins tortueux — « on dirait des spaghettis » —, invitent les promeneurs à se perdre, loin des tracas du quotidien. Evidemment, sauf à pousser jusqu’à l’étang des brouillards, la ville n’est jamais loin. Il suffit de lever les yeux pour voir les immeubles. Mais les arbres jouent un rôle protecteur.

Les essences, de ce côté, sont aussi plus rustiques. La cerisaie et le vallon, au nord, s’opposent à la roseraie et la vallée des fleurs, au sud. « Les paysages sont plus sauvages, plus naturels », fait remarquer Benoit Pinsseau.
Peu d’arrosage, pas de pesticide : très tôt, le parc applique une politique de préservation de l’environnement. Au pied des cascades, une multitude de petites îles inaccessibles servent de nid à de nombreuses espèces d’oiseaux.
En s’approchant de la grande prairie, on distingue un passage. Pas vraiment un chemin, plutôt une suggestion : l’herbe est tondue à ras. Il suffirait de se déchausser pour se laisser chatouiller par le gazon. « Vous avez le droit ! », insiste Justine Rigault. Regardez tout de même où vous mettez les pieds, c’est aussi le terrain de chasse privilégié du crapaud calamite, petit protégé du parc.
55, avenue Waldeck-Rochet, à La Courneuve. Ouvert tous les jours de 7 à 21 heures du 1er mai au 31 août. Accès libre.

ON DÉCOUVRE... de drôles d’oiseaux

 Fierté du parc Georges-Valbon : le blongios nain, petit héron craintif et très discret, a choisi La Courneuve pour faire son grand retour en Ile-de-France. Cet oiseau migrateur, protégé, revient même tous les ans et fait ses petits ici. « C’est un peu l’emblème du multisite Natura 2000, qui regroupe 15 parcs et forêt du département », sourit Justine Rigault, chef de service adjointe du parc Georges-Valbon.
Les amateurs pourront aussi observer le butor étoilé, qui essaie de se faire passer pour un roseau quand il se sent en danger, le minuscule martin-pêcheur, capable de fondre sur sa proie à 45 km/h, ou le pic noir qui tambourine tellement fort contre les troncs d’arbres qu’on l’entend à plusieurs kilomètres. Que les impatients (dont les enfants) se rassurent : pas besoin d’attendre des heures que Monsieur le blongios nain daigne pointer son bec pour apercevoir des animaux. Les lapins gambadent joyeusement dans les prairies, dont certaines sont tondues par des moutons. Et les renards ne sont jamais bien loin. Ouf !

ON RENCONTRE... Georges Valbon, le père des espaces verts

Les anciens savent qui c’était mais parlent du « parc de La Courneuve ». Les moins de 20 ans se retrouvent volontiers au « parc Georges-Valbon » mais n’ont pas la moindre idée de qui il s’agit. Et pourtant, le premier président du conseil départemental a contribué à transformer le paysage de Seine-Saint-Denis.
Fils d’immigré italien fuyant le fascisme, Georges Valbon grandit dans le quartier ouvrier de la Dhuys, à Bagnolet. Il a 15 ans quand la Seconde Guerre mondiale éclate.
Résistant communiste, il s’implique dans la vie locale peu de temps après la Libération, d’abord au conseil municipal de Bagnolet, puis à Bobigny. Quand il prend la tête du tout nouveau département, en 1968, une équation s’impose : à chaque habitant de Seine-Saint-Denis doit correspondre au moins 12 m² d’espace vert. Il imagine tout un réseau de parcs : le Sausset, l’Ile-Saint-Denis, la Poudrerie, la Bergère… Autant de projets en gestation. A sa mort, en 2009, les élus de Seine-Saint-Denis ont choisi de donner son nom au parc de La Courneuve, le plus grand du département. « L’objectif de 12 m² est dépassé depuis longtemps. On avoisine désormais les 15 m² », se réjouit Benoit Pinsseau, chef de service du parc George-Valbon.


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