LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 14 avril 2011

Ce que gagnent les compagnies pétrolières sur un litre de SP95, par P. Ivorra


Formidable opération d'intox du pouvoir, des médias et des pétroliers : les hausses à la pompe seraient inévitables...mais qui parlent des profits ahurissants des pétroliers: 10 milliards d'euros pour TOTAL, 20 pour Shell, 30 milliards pour Exxon Mobile ?
Et l'Etat, comment ne pas évoquer le siphonage des automobilistes auquel il a recours? Les taxes ( TVA + TIPP) représentent environ 66% du prix payé à la pompe !
Le PCF souhaite aujourd'hui que soit instauré "un prix maximum à la pompe".
Hors taxes publiques, la formation des prix des carburants est de plus en plus opaque et complexe.
En février dernier, le cours de référence OPEP (l’Organisation des pays producteurs de pétrole) était de 100 dollars le baril de 159 litres, ce qui donnait le litre à 0,629 dollar, soit environ 0,46 euro.
Ce prix de référence est déterminé à partir d’un panier de bruts produits par les membres de l’organisation allant du Sahara Blend algérien au Merey vénézuélien. Cependant, au fi l des années, le prix du Brent, le pétrole de la mer du Nord, s’est imposé comme la référence mondiale bien que ses volumes échangés soient très en deçà de ceux de l’Arabie saoudite.
Aujourd’hui, le Brent serait utilisé pour fixer les deux tiers des pétroles bruts vendus dans le monde. Qu’exprime cette évolution ? D’abord cette réalité : les livraisons de l’OPEP ne représentent que 36 % de la production mondiale.
Ensuite et surtout, il y a là l’un des effets de la prise de pouvoir de la finance sur l’activité physique et du rôle grandissant des marchés à terme, notamment celui de Londres, dans le domaine des matières premières. Comme nous l’avons déjà fait remarquer dans nos colonnes, ces marchés sont très spéculatifs. Pour se protéger des évolutions de cours ou de taux de change, les intervenants achètent et vendent du pétrole virtuel dans des quantités bien plus importantes que le pétrole réel sortant effectivement des puits.
Aussi, dans des situations où la demande est supérieure à l’offre, la spéculation fait gonfler les cours comme un soufflé. Elle y parvient d’autant plus facilement qu’en raison de la surexploitation des travailleurs, des économies de coûts permises par les nouvelles technologies et du soutien sans faille des États, il y a une énorme quantité de capitaux accumulés dans le monde qui ne trouvent pas dans l’activité réelle les moyens de se rentabiliser et qui, de ce fait, se rabattent sur les marchés financiers.
Les pétroliers qui interviennent à la fois sur ces marchés spéculatifs, et par ailleurs exploitent et vendent le pétrole réel, en tirent des profits colossaux. En France, pour un litre de SP95 à 1,46 euro, 0,84 euro échoit à l’État.
Sur le prix hors taxe de 0,62 euro, on peut considérer qu’au pire 0,15 euro, soit environ 26 %, tombe dans l’escarcelle des pétroliers. C’est considérable. C’est d’ailleurs ce qui explique les énormes profits réalisés par ces derniers en 2010.
Dix milliards d’euros de bénéfices pour Total qui fait aussi bien qu’en 2009 ; vingt milliards de dollars pour Shell qui les augmente de 61 % ; trente milliards pour Exxon Mobil qui les booste de 58 %.
Pierre Ivorra (source l'Humanité)

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