La vidéosurveillance est-elle une dérive sécuritaire ?

Trois fois plus de caméras de vidéosurveillance (60 000) sur la voie publique en France d’ici à fin 2011, plus d’un millier ajoutées dans Paris, le tout cofinancé par l’État à hauteur d’au moins 21 millions d’euros, rien que pour l’année prochaine… La vidéosurveillance serait-elle la solution miracle contre la délinquance ? C’est en tout cas le « moyen fondamental de la politique de sécurité » désigné par le président de la République, et repris par le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, qui annonçait en septembre dernier que « la vidéoprotection comme le gouvernement aime à la rebaptiser constitue […] un outil majeur de la lutte contre la délinquance ». Dans le même temps, un rapport commandé par le ministère appuyait justement l’efficacité du dispositif tandis qu’un autre réalisé par deux chercheurs français [1] concluait le contraire. De quoi s’interroger : la vidéosurveillance est-elle réellement efficace pour prévenir la délinquance ? Ce dispositif aide-t-il les enquêteurs ou n’est-il que poudre aux yeux pour masquer le manque d’effectifs policiers de proximité ? Et puis les données enregistrées ne risquent-elles pas de menacer les libertés publiques ? L’exemple de la Grande-Bretagne, pays le plus équipé au monde en vidéosurveillance, semble pourtant significatif : en 2008, Scotland Yard a reconnu qu’à Londres, le million de caméras n’a permis de résoudre que mille délits… alors qu’en moyenne, un Londonien est filmé trois cents fois par jour ! Alors prévention de la délinquance ou « société de surveillance » ?
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