LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

jeudi 12 mars 2020

« Audace », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Servir les marchés financiers ou l’activité et l’emploi utiles à la population : en ces heures graves où le coronavirus risque de gripper la machine économique, jamais, depuis la crise d’il y a dix ans, l’alternative posée à la Banque centrale européenne (BCE) n’a été aussi claire. L’épidémie de récession qui menace ne s’attaque pas à un corps sain aux défenses solides : gavée d’une dette privée qui a explosé avec les politiques du crédit à bas coût, rongée par la finance qui a gonflé démesurément dans l’activité et le bilan des banques, l’économie présentait, avant même la survenue du virus, tous les symptômes d’une maladie qui ne demandait qu’à se déclarer, à la faveur d’un choc comme le Covid-19.

De ces signaux d’alerte, la BCE et les gouvernements de la zone euro n’ont jusqu’à la crise sanitaire absolument pas tenu compte. Au contraire, leur politique a agi comme un remède qui a aggravé le mal, en déversant à fonds perdus des milliards d’euros de liquidités au nom de la lutte contre la déflation. De cet océan d’argent, seules quelques gouttes ont dopé la croissance, l’essentiel étant capté par les profits et la finance dont la bulle de grossir au détriment des investissements utiles. Quant aux taux d’intérêt, ils ont tellement baissé qu’ils ont crevé le plancher et sont devenus négatifs, si bien qu’on ne voit pas comment la BCE pourrait aller beaucoup plus loin dans cette politique.

Reste une option pour contrecarrer l’effet du virus sur l’économie : se saisir de cette occasion d’une relance dans l’intérêt des salariés, des PME et des services publics, en conditionnant les prêts consentis par la BCE à l’utilité sociale des projets, sur des critères décidés et contrôlés démocratiquement, via l’implication des élus et des syndicats. Les besoins sont immenses, et les ressources à réorienter quasi illimitées. Cela implique en tout premier lieu de s’extraire de la course au dumping monétaire avec les banques centrales des États-Unis et de Grande-Bretagne qui, au nom de la « compétitivité » tire sans cesse l’emploi et les salaires vers le bas. Amis est-on prêt à une telle audace au siège de la BCE à Francfort ?

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