LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

lundi 3 décembre 2018

« Que le pouvoir réponde à la colère sociale », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !



Le pouvoir macroniste doit cesser de tergiverser, de jouer le pourrissement, la division. Ni la peur, ni des dispositifs sécuritaires supplémentaires ou la menace de l’état d’urgence ne pourront répondre à la puissante exigence d’égalité qui parcourt le pays.

Des entreprises, des quartiers, des villages, un cri s’élève : « Cessez de nous prendre de l’argent. Nous n’en pouvons plus ! » Le pouvoir doit y répondre concrètement, notamment par l’augmentation des salaires et par la justice fiscale. Le débat sur la motion de censure de la politique gouvernementale déposée par les députés communistes et insoumis obligerait à analyser de manière approfondie la nature de l’actuelle crise et les moyens d’en sortir.

Le problème ne réside pas dans un déficit de « pédagogie » en faveur des choix actuels. Cette France qui travaille dur ou est privée de travail a compris que le macronisme consiste à servir toujours plus les plus fortunés, les actionnaires et le capital en général, tout en pompant les revenus du plus grand nombre et en refusant d’augmenter les rémunérations, alors que les grandes entreprises bénéficient de dizaines de milliards d’exonération de cotisations, sans bénéfices ni pour les travailleurs ni pour l’emploi. Cette violente politique de classe détruit à petit feu les solidarités.

Les mouvements en cours n’expriment pas un refus de l’impôt et des taxes, mais la contestation de leur injuste répartition. La droite et l’extrême droite, qui ne cessent de demander la réduction des dépenses publiques, sont très mal placées pour s’immiscer dans les cortèges. Les forces politiques qui, depuis tant d’années, n’ont cessé de promouvoir les choix austéritaires et antidémocratiques des traités européens gagneraient à rester humbles et discrètes.

La colère qui éclate aujourd’hui couve depuis des années sous la violence sociale et l’abandon des territoires. Elle trouve un nouveau ressort avec la suppression de l’impôt sur la fortune, l’évasion fiscale et ces immenses masses monétaires crachées par la Banque centrale européenne qui ne servent ni le travail, ni les biens communs, ni la transition environnementale.

Les refus, ces derniers mois, d’entendre les syndicats mobilisés contre la destruction du droit du  travail et de la SNCF, le mépris vis à vie des maires et des élus, la surdité à l’égard de l’apposition parlementaire ne pouvaient que tendre la situation sociale. C’est le pouvoir, et lui seul, qui en porte la responsabilité. Le gouvernement voulait modifier la Constitution pour verrouiller le système. Voici que, sur les barrages routiers, sur les réseaux sociaux, dans les cortèges, le mouvement s’empare des enjeux démocratiques et pointe la crise de représentativité du Parlement, réclamant écoute et délibérations communes, voire référendums ou élections à la proportionnelle.

Le président de la République doit entendre les responsables des partis et groupes parlementaires, les associations de consommateurs, les représentants des gilets jaunes, les associations d’élus, et lancer une conférence sociale et environnementale, déclinée dans tous les territoires, visant à combattre la vie chère, à augmenter les salaires, les retraites et les prestations sociales, à relancer les services publics partout, à améliorer les finances des collectivités. Un forum national pour la justice fiscale commençant par le rétablissement de l’impôt sur les grandes fortunes et l’instauration d’un impôt progressif doit être organisé. Les responsabilités des grandes entreprises et des banques doivent être mises sur la table. Autant de demandes formulées par les gilets jaunes eux-mêmes. Le peuple crie : « Égalité ! » Il faut répondre d’urgence.

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