LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 4 décembre 2018

« Ne plus laisser du temps au temps », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !



Remparé à l’Élysée, Emmanuel Macron ne peut plus parier sur un pourrissement du mouvement des gilets jaunes. Désormais, chaque jour qui passe corrompt son pouvoir. Son espérance d’imposer, vite et en force, à la France populaire de payer la transition écologique et de somptueux cadeaux aux grandes fortunes vient de se briser sur une puissante exigence de justice sociale. La colère est aujourd’hui le sentiment le mieux partagé, alimenté par l’arrogance des gouvernants, l’opulence des puissants, le sentiment d’urgence qui étreint une majorité des travailleurs. Même les images de violence, répétées sans trêve par les grands médias, n’ont pas fait basculer l’opinion publique dans la peur. L’entourage présidentiel pariait que l’extrême droite prendrait le contrôle et discréditerait cette mobilisation…elle en est loin alors que tout ce qu’elle déteste vient en tête des revendications : le rétablissement de l’ISF et de l’imposition des entreprises, la hausse du Smic et des pensions, le développement des services publics, une démocratie sociale et politique élargie.

Notre pays porte en lui la fibre de l’égalité. Elle vibre plus ou moins mais toujours réapparaît. La politique suivie par Emmanuel Macron l’a réveillée. Elle fait boule de neige parmi les lycéens ou les ambulanciers. Elle secoue aussi les institutions et ajoute des enjeux démocratiques aux exigences sociales.

La tentative d’enterrer le problème en créant des commissions territoriales a fait long feu. Le premier ministre a reçu les partis politiques, hier. Le président est au pied du mur. Il devra parler vite et moins haut. Et céder. Le temps joue contre celui qui se croyait le maître des horloges. S’il devait emboîter le pas au ministre de l’économie, Bruno Le Maire, qui a jugé hier d’accélérer la baisse de la « dépense publique », il risquerait une motion de censure qui déborderait les bancs de l’Assemblée nationale et deviendrait celle du pays lui-même. L’heure de la furie libérale est passée.

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